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j'indique mes points faibles, j'exhibe mes souillures, comme çà tu sauras où frapper, comment m'humilier, tu pourras rire de me piétiner
faisant cela tu te condamneras à m'aimer. tu m'aimeras car seul l'amour pourra sauvegarder ta culpabilité, la justifier et ainsi préserver ta propre dignité
tu m'aimeras parce que ma soumission, mon pardon et mon intégrité auront su rompre la digue de ta méfiance
alors tu pleureras
tu pleureras, tu t'effondreras
dans les bras de ta victime
et tout ira bien.
je me suis entièrement projetée dans l'espace symbolique et désormais je n'existe plus
que symboliquement.
j'ai aimé les avions, les cargos les canons, et tous ces trucs susceptibles de déclencher en moi l'orgasme pur
mais au fond, je ne fus que ruines
braises tout juste fumantes
rouge aux lèvres de l'anus.
convoite-moi
convoite-moi, rien qu'un peu je t'en supplie
- tu sais tout ce que çà sous-entend "je t'en supplie"? tu sais tout ce que çà implique "je t'en supplie"?
et tu n'as pas peur?
tu n'as pas peur du démon que tu nourris de tes viscères en détournant de moi le regard vers tes saintetés de morts, tes figures d'innocence violée?
hein, tu n'as pas peur?
tu n'as pas peur de la malédiction proférée par une âme perdue, une âme suppliante?
ne crains-tu pas le gouffre en toi qui déjà ouvre énorme sa gueule, son sexe, son rosaire, tout prêt de t'engloutir?
tu n'as pas peur je t'en supplie allons nous laver la bouche.
je hais la vie
je m'assassine et on est tranquille
ça fait longtemps que je n'existe plus, plus que comme un ver sifflé dans le tube digestif de la vie, de la fille qui là-bas
me sourit sans savoir à quoi s'en tenir
- comment supporterions-nous l'amour de dieu alors que nous ne sommes pas seulement capables de supporter l'amour que nous éprouvons ou subissons
l'un pour l'autre, ou l'un de l'autre?.
il n'y a ni coupable ni innocent
rien que bouse et nuages
bouse
et nuages...
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elle sent mauvais
elle sent la pisse
je la protège dans mes bras
mes tout-petits bras
mes bras contre la nuit, contre la pluie
mes bras une nuit chaude, mes bras une pluie douce
je la protège des miroirs qui mordent, des miroirs qui crient
je la protège des mains qui giflent
dans mes tout-petits bras
je la renifle
je sens qu'elle pue
qu'elle pue la pisse
je la renifle
je la protège
enfin je suis heureux.
nulle-part n'écrit mon nom
je dis mon nom mais rien ne sort
j'articule mon nom mais seul un silence s'en va rejoindre le silence
je hurle mon nom mais rien n'entend mon nom
parce que je n'ai pas de nom
parce que je ne repose sur rien
et rien ne repose sur moi
j'admets tous les dictons, car les dictons s'inscrivent
j'entonne toutes les chansons, car les chansons s'entendent
mais mon nom reste là, comme une balla tirée dans le crâne de ton oubli
sans même y avoir creusé de trou....
tendre les bras
tendre les bras bien devant soi, comme s'il y avait la possibilité d'un mur que l'on ne verrait pas
or il n'y a rien, et l'on ne se protège pas de rien
ni avec les signes
ni avec les croix
je t'ai amenée là et tu y danses tout au bord du vide, sur le mince fil d'un horizon qui se délite
tu danses dans le vide
rien ne protège de rien dis-tu
tandis que je m'enfonce
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l'histoire ne se répètera pas
l'histoire s'ennuiera à mourir
l'histoire ira se coucher dans un coin, en boule dans un coin
et l'histoire cuvera tout son sang.
nous habiterons loin
ici c'est déjà loin tu sais, mais pas encore assez loin
d"un pas énorme nous franchirons le minuscule
le futur et le passé nous aurons courbé l'échine
et nous nous jetterons l'un sur l'autre comme des bêtes féroces, jusqu'à ce que plus rien ne résiste, les os broyés, la volonté pulvérisée
nous nous traverserons alors, nous nous confondrons, et nous réciterons en chœur
la prière du soir.
il est mort
oui je sais qu'il est mort
il, ou elle, est morte
sept ans de malheur pour un miroir, quinze jours d'arrêt pour une simple entorse
- mais pour la mort qui emplit notre cœur?
mais pour la mort qui nous rogne et dévore le sexe?
mais pour la mort qui en tuant la mort nous laisse tout seul et tout froid devant le feu éteint?
et s'il ressuscitait, ressusciterait-il le feu?
si il, ou elle, ressuscite, ressuscites-tu aussi?
récites-tu suscite t-elle?
et si tu restes ici, que court-elle?
et qu'encours-tu?.
j'ai mal au ventre
depuis la nuit des temps j'ai mal au ventre
je saupoudre mon nombril de poison, au cas où le mal extérieur parviendrait à atténuer le mal intérieur
à nettoyer la racine pourrie
je voudrais me dévitaliser, vomir de moi et le ciel et la terre, vomir le ventre aussi
j'ai mal au ventre, à l'enfant nu
le ventre-là ma mère, est un enfant perdu
un enfant perdu
un enfant perdu
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ceux qui s'échappèrent, en quête de lumière, d'un rayon de lumière, nous ne les reverrons pas
le pays sous la pluie noyait tout dans les gris...
si tu soulevais un pan de ma mémoire, tu pourrais certes y lire maintes histoires
mais baisse une paupière pudique, laisse la nostalgie du vide mêler le jour à l'absence
et les fondre en une même instance grise
: ce n'est pas que rien ne se perde, c'est que rien ne se trouve vraiment....
à force de négation s'érode le néant. le non s'effrite et finit par laisser transparaitre en lui le oui - un simple oui, un oui sans prétention, un oui qui n'affirme rien
un oui comme quand on sort dans la nuit fraiche, l'herbe mouillée et la clarté grise d'une paisible inquiétude
un oui comme un dessin d'enfant ou une paire de fesses - enfin... un oui qui ne s'entend pas, et ne va pas plus loin....
parfois suffit l'idée de la réalité: un corbeau traverse le vent gris
c'est l'image de rien qui creuse le rien et révèle une profondeur au détour de chaque apparence
je reviens au nulle-part: parfois l'idée dénude toute réalité...
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pluies d'automne, ciel d'automne: c'est donc l'automne, compte tenu des ruisseaux, courants d'eaux et rivières
tu baisses un peu plus les yeux, toute tremblante d'un rêve sous-jacent - pas un cheveu ne bouge derrière ce qui s'écroule
plus rien alors que l'idée d'une immanence tirant à soi le gris, d'une vacance délabrée...
il pleut sur Deauville; il pleut même sur la mer au large de Deauville; il pleut à l'intérieur des terres je te préviens,
au cas où se résoudrait d'un coup comme par miracle la panne d'être, se dégonflerait incrédule
l'outre de nos crépuscules....
après la pluie, le tracé à la craie de la marelle s'est estompé. on ne distingue plus vraiment le bas du haut, l'avant de l'ensuite,
le ciel quasiment de la terre. l'espoir et le retour se confondant je crois que la gare
désaffectée du présent hébergera désormais notre pieux désœuvrement, et ses boiteux orgasmes.
couleurs d'automne. la mort épouse la grâce sous le regard d'un azur ahuri
le miracle d'être ne se dissocie plus de la plus pure angoisse du néant
couleurs d'automne - et je ne m'en souviens presque pas...
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tu as soif?
tu me demandes si j'ai soif
tu me donnes à boire
la gourde, la bouteille, un verre - peut-être la pluie à même la porte ouverte
tu me donnes à boire mais ce n'est que du sable
tu ne l'avais sans doute pas remarqué
je suppose que tu ne l'avais pas remarqué
ou bien alors avais-tu l'intention de me verser la soif
la brûlure
le vertige
mais c'est fini.
non. je n'ai pas froid
ça va merci, garde-le
avant j'avais froid. j'avais tout le temps froid. mais plus maintenant
le froid est parti peu à peu
à la place du froid il n'y a rien
c'est peut-être ça la mort au fond: ne plus avoir froid
alors pourquoi se défaire de son pull pour en recouvrir la mort, la mort au fond de moi
non je ne sais pas, je ne sais pas si un baiser, même du bout des lèvres, peut ressusciter un mort
je pense que c'est le genre de choses qu'il vaut mieux
continuer d'ignorer, mon amour....
ton ventre doux
parfois tu me laisses le caresser, sauf avec les mains
je ne t'ai pas demandé pourquoi pas avec les mains - j'ai reçu ça comme une évidence
je te caresse le ventre autrement. des fois même c'est toi qui me demandes:
caresse-moi le ventre
c'est à peine une demande - plutôt un ordre déguisé en demande, et une supplique cachée sous un ordre
tu m'attires vers ton nombril
tu veux que ce soit sur l'autel de ton ventre et pas ailleurs que je passe de l'autre côté
comme on déchire un miroir ou comme on froisse tout le temps
que nous passâmes ensemble...
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ne dis rien
peut-être une araignée s'est-elle emmêlée à tes cheveux, peut-être faudra t-il tout défaire
avant de tout refaire
ne dis rien
ne dis rien ça ne sert à rien de
tisser les rêves, passer les rêves au tamis de l'horizon
le vide est plus propre
- sauter quand même pieds joints dans la flaque, comme ça, même pas pour rire....
on se sourit
je voudrais parler comme je parlais adolescent, alors que je ne savais comment dire, ni n'avais le loisir d'y réfléchir
tout à l'urgence de l'évacuation
sauf qu'il n'y a maintenant plus aucune urgence
et que le cours s'est fait lent, large méandre et banc de sable....
je te suis
j'ignore où je vais: simplement je te suis
toi aussi tu ignores où tu vas: tu m'entraines à ta suite
on se sourit
tu souris de m'entrainer et je souris de te suivre
souriant d'ignorer où nous allons, l'un suivant l'autre et c'est tout
- est-ce là donc tout le secret de la ronde?
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rôder dans l'immobile, broder sur l'identique - n'appartiendrais-je en bout de souffle qu'au langage?
tâtonnant entre le son et le sens, ânonnant ces hypnotiques bruissements d'eau, à l'affût de la moindre brisure ou de toute confluence - tout ne serait-il pas dès l'origine langue de bois, langue de feu?.
j'entre nu dans l'appréhension de mon intime et universelle nudité, la chose n'étant plus que le vestige de sa propre profondeur
la pensée littéralement décongelant l' objet...
jeter du pain dur au poissons, accroupi en bout de ponton, me semble une occupation idéale, pour ne pas dire doucement convenable.
on se contentera d'être conscient, quelque forme puisse prendre la conscience
on se contentera du néant, si muet entre les nombres
on se contentera de couler tout au-dedans de soi, les mains tendues vers toi.
j'ai peu de souvenirs, mais la mémoire énorme, nébuleuse, comme l'univers tout entier tenant en équilibre sur la pointe d'un cheveu, ou le temps qu'on rabat sur la tempe et qu'on entend gargouiller...
les voix, les visages s'enlisent; le silence submerge les noms, défait les rides.
à force de regarder le vide dans les yeux, je finis par percevoir le jour à la fenêtre. se lève t-il? tombe t-il? ou demeure t-il ainsi toujours présent, épiant mon estime avant de se dissoudre dans la rétine, dissolvant celle-ci par la même occasion?
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