•   tomber des nues, principe charmant, se relever
      se relever, s' frotter les g'noux, j'ai peine à croire
      j'ai peine à croire qu''on y perde son âme, son âme à
      sauter du train en marche

      .

      et il s'en fout, vraiment, vraiment il n'a
      rien mais rien à perdre vraiment
      sauf un petit lit peut-être, un petit linceul peut-être
      avec au-dedans, au-dessus ou au-dessous
      un nom
      qu'il n'arrive plus très bien à lire

      .

      dire l'essentiel, c'est à dire récurer l'écuelle du vain, le fond du fond du rien comme on - mais ce n'est qu'une image - comme on éjaculerait dans la bouche d'un mort
      je me parle, je me couche et je meurs, sur le côté droit c'est à dire dos au surendettement:
      aller l'esprit libre oui, et ne pas rabâcher sa prière comme on se lave les dents non,
      ne pas se laver les dents du tout, se rincer le squelette

      .

      prendre les devants réellement, d'une seule main plonger
      j'irai quand je mourrai, je mourrai quand j'en aurai - d'ici-là...
      d'ici-là les pieds sont froids. on verse l'eau bouillante dans le baquet et après on tempère, on tempère
      on a tout le temps vois-tu, TOUT le temps...

      .

      je ne m'aime pas. je m'ennuierais si je m'aimais. qui giflerais-je si je m'aimais?
      je préfère les histoires qui commencent mal et ne finissent pas je préfère les êtres sans histoire
      qui errent sans conviction dans un paysage minimaliste, un paysage de timbre-poste ou de morne steppe un paysage à la taille
      de leur désolation, leur drame en carton-pâte...

      .

      j'ai pas faim j'ai pas froid, j'ai pas peur et je n' fous rien: ça va
      ça va, une autre fois ça va, où on ne te demande rien
      allez, on va crever l'œil du temps, le silence des dimanches mais tout va bien allez, vivement rien tout va bien
      . gèle à pierre fendre, cette nuit...


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  •   je me calme
      mon souffle puissant, lent, profond - faut dire que je m'entraine
      il charrie toute la vie en lui, et quelque antique prénom en rab, quelques vers oubliés
      les yeux vides, certes, mais vide n'a pas de cerne...

      .

      il n'y a pas d'intrus
      la mort nous viole, mais elle chez elle en nous, après tout...
      je ne supporte plus personne - je hante des absences
      le maillot jaune des non-pédaleux, le maillot jaune-lune, jaune-beurre, jaune-pissenlit
      ou le coquelicot sur un lit de chrysanthèmes, divaguons, le gland sur ta peau blême

      .

      les chiens n'ont pas de race; les races non plus
      il faut sentir toute la souillure du chien pour en comprendre l'innocence. le chien c'est un peu un christ sans croix, qui gambaderait de crotte en crotte ou gésirait en bout de chaine...
      ou bien une humanité sans christ, se frottant la peau contre les os jusqu'à ce que ça gicle, mais ça ne giclerait pas
      pauv'christ, pauv'juif errant, pauv'chien perdu la queue en berne - et tout ça pour racheter quoi?

      .

      à quoi bon jouer si c'est juste pour gagner? gagner défait le jeu
      je grimpe sur mes propres épaules et je me fracasse le crâne, me crève les yeux et me pisse sur la nuque - de quoi te crois-tu à l'abri, connard? m'écriè-je
      j'ai envie de te sucer. tu sais, comme suce un nourrisson, et m'endormir dans ton orgasme:
      c'est tellement mystique un homme, quoi que ça sente; et c'est tellement n'importe quoi un homme
      - oui mais en rêve, toujours en rêve...

      .

      à toujours naviguer de l'un à l'autre, le milieu ne ressemble plus à rien
      je n'ai rien pêché aujourd'hui - l'anguille s'est noyée dans la roche et l'on fait semblant d'avoir oublié de quoi la peur est faite
      j'érigerai un monument aux égarés, un de ces monuments qu'on retrouve dans les contrées où le drame se marie si bien à l'ironie
      et l'odeur du chou aigre


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  • i

      une fois pris mon envol, je reste à quatre pattes:
      le fond d'un homme est sa moustache - trop trash!
      le fond d'un homme est sa culotte - la culotte d'un homme...
      quelque chose de céleste - non, pas le mal de mer, la gastro ni l'erreur judiciaire, quelque chose de céleste je dis
      la vie topless, quoi...

      .

      t'es triste; tu pleures
      t'es triste alors tu pleures; ou tu ne pleures pas
      une lame te trépane le crâne, te traverse la tête et toi t'es triste
      tu pisses le sang
      tu pisses le sang tout l'temps

      .

      un chemin nous contient, qui coule en dedans nous
      les pattes de devant te lacèrent le dos en prière continue
      la pensée filtre tout, n'est pas filtre d'amour
      parce que la vie est déjà assez compliquée comme ça

      .

      le rituel sort du temps - il fait déjà poème
      tout comme les pierres en travers du torrent font déjà ricochet mais je saute à l'envers, gazelle estropiée, et tout se dit mine sous mon pas, tout se dit sexe sous mon ventre, croix de fer ou crois de bois, qui se passerait d'ordre ou de chaos se frotterait tout le corps d'orties
      j'ai bien dit tout le corps

      .

      l'implicite et l'ambigu me servent de testicules
      souvent j'ai rongé mes anneaux - il y a si longtemps que tu ne m'écris plus...
      en comptant jusqu'à i, trois fois au moins j'ai joui

     

      i


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  •   on ne voit pas de dos, on ne voit pas de folie
      l'homme n'écoute pas l'homme, l'homme tord la bouche de l'homme
      avec ses doigts gras, ses ongles crades, son sale dégoût, il lui tord la bouche

     

      la lampe est morte, tu vas nu-pieds
      la lampe est morte - plus luisante, plus brillante la lampe morte
      d'un haut-fourneau le siècle s'évapore, les chairs s'évaporent
      les souvenirs aussi

     

      il ne se souvient
      de rien
      on a beau lui rappeler, lui parler d'autrefois, et même lui montrer des photos - lui ne se souvient
      de rien

     

      il erre à présent
      il erre hors-présent
      il erre en soi, là où soi-même ne l'atteint ps
      nul ne l'attend, ni de ce côté-ci de la barrière
      ni de ce côté-là de la barrière

     

      le fleuve est mort, et la lampe également
      seul remue encore son reflet sur le sol, poulpe à l'agonie
      la porte est morte, qui n'ouvre plus sur rien
      qui n'ouvre plus du tout

     

      autrefois tu mourais
      sous n'importe quel prétexte tu mourais
      la mort s'est rassasiée, puis t'a laissé tomber
      il ne reste plus grand chose de toi, tu ne la mérites pas


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  •   la lampe est morte, grillée sans doute
      quelques courants d'air passent, sans arrière-pensée
      debout sur les genoux, un homme ne prie pas
      qu'il perde ou reprenne connaissance
      ne modifie pas sa position

     

      je me suis laissé dire - par qui par quoi? - que la mort était blanche
      ils se promènent nus sur le rivage, ramassent des cailloux de couleur
      parfois la marée en prend un, parfois elle en dépose
      on m'a laissé entendre qu'une fois tout nettoyé, elle ne remonterait plus

     

      là où je vais il n'y a pas de retour. il n'y a pas d'arrivée non plus
      là où je vais on ne va pas. on n'y reste pas davantage, et pourtant j'y demeure
      je m'y recueille un peu, mais cherche vainement à me toucher le bras
      - là où je suis va loin derrière mon bras, et rien n'y pousse vraiment

     

      il n'y a pas de miroir ici - qu'une étendue de sable clair
      des cailloux de couleur finissent par perdre leur couleur
      à l'heure du thé l'eau se met à frémir tranquillement
      pire que la mort peut-être, est pas de mort du tout

     

      la lampe est morte, c'est sa seule raison d'être
      les cerceaux roulent toujours, le long de petites filles
      une goutte de sang a souillé tout le temps
      dans ma mémoire encore, et pour l'éternité, la lampe est morte

     

      je n'ai plus d'cheveux

     

      la lampe est morte


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  •   il y a ce vide, là
      un puits en plein espace, un trou dans l'absence muette, un non-lieu où peut-être frémit l'informulable, bref,
      il y a ce vide, là, autour duquel
      tourne tourne tourne
      on peut dire mon ombre
      on peut dire cette ombre que je suis de mon ombre, errante sépulture
      tourne tourne tourne
      autour de ce vide, là
      - on appelle ça l'ennui, des fois
      des fois un merle ou une grive le traverse, surtout quand le temps est au gris, ou entre deux averses
      on se demande alors à quoi ça sert, qu'il pleuve dans le vide, et qu'est-ce que ça arrose
      ça sert peut-être à creuser un peu plus le vide
      et ça n'arrose rien

      .

      il fait un peu froid quand même dans la bouteille, mais au moins on est au sec
      pas de message pour vous aujourd'hui, monsieur l'facteur!
      et pas de lait non plus pour vous ce matin, mister milkman!
      les voyages ne sont pas d'un grand secours - il y a la houle, les forbans... et les vœux sont devenus si maigres!
      ça caille bien quand même dans c'te foutue bouteille
      mais au moins on est au sec

      .

      c'était déjà comme ça la s'maine dernière
      d'ailleurs vous n'y étiez pas, vous ne pouvez pas savoir - vous n'é-xis-tiez pas
      ou alors seulement à l'état de larves, de liquide amniotique
      et cependant vous n'avez rien perdu, croyez-moi - vous pouvez bien faire l'idiot(e) ou l'innocent(e), tourner des yeux tout ronds ou vous extasier béat(e) quand ça gicle, rien là de bien nouveau :
      c'était déjà comme ça la s'maine dernière, que je vous dis
      mais comptez pas sur moi pour voir ça encore la s'maine prochaine, non parce que moi la s'maine prochaine... (il soulève son chapeau en signe de salut, sans pour autant quitter sa place)

      .

      machinalement. machinalement je me porte bien. un homme m'a essuyé le visage. un homme ou une femme, je ne me souviens pas très bien.
      je ne me souviens pas très bien, vraiment. pas très bien en général mais, dieu soit loué, je me porte plutôt bien. machinalement mais plutôt bien.
      et puis il y a tous ces petits riens qui nous distraient alors on n'y pense pas vraiment. enfin, moi j'y pense pas vraiment. ou pas trop souvent en tout cas. de moins en moins à vrai dire.
      à vrai dire je pense plus vraiment à rien. je me porte bien c'est tout. je me porte bien naturellement.

     

      rase-motte
     


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  •   tu me fais la réflexion: abrite-moi, prends-moi chez toi
      je ne sais pas si tu l'as faite à voix haute il m'a semblé percevoir un cri
      rayer ton visage de craie
      alors j'ai pris mon chapeau (cette fois un bonnet marin, à cause du froid) et je suis sorti
      je sortis pour toujours même s'il était évident déjà
      que l'odeur de la soupe
      me ramènerait là dès avant le soir...

      .

      un arbre foudroyé, éclaté éviscéré - quelle importance qu'il fut poirier, charme ou noyer?
      comme tout un chacun je finirai par me rendre à l'amour, puisque il n'y a pas le choix
      puisque arrachée à soi - les dents tombent de soi - puisque arrachée à soi l'ombre foulée s'est relevée
      échevelée s'est repeignée
      vers le bistrot s'en est allée...

      .

      tu me parles de toi mais je ne t'écoute pas
      tu me parles de ci de ça mais je m'en fous - je guette dans le ciel le point précis d'où surgiront
      les canards du milieu, printemps des migrations je guette dans le ciel l'instant précieux
      où elle apparaitra, vierge aux sept couleurs, dispensatrice des sept souffles,
      une pomme d'or dans la main droite (c'est à dire du côté gauche quand on la regarde de face), et dans la gauche: rien
      - rien que le poids de mon âme...

      .

      et puis le temps a passé. les bêtes cessèrent de nous épier, le mauvais sort
      semblait s'être épuisé
      pour l'occasion je m'étais même lavé les pieds - faut dire que c'était dimanche
      et que ce serait éternellement dimanche désormais - la grève permanente, les pendus de leurs arbres descendus
      bref une histoire improbable, mais pas plus que l'ancienne, celle des lundis perpétuels et des pendus montant aux arbres alors qu'ils ne savaient
      même pas voler...


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  •   tourner en rond. chercher son dos se gratter l'ventre, tourner en rond
      je t'aimais bien aussi. je te fourrais dans l'noir je t'enfonçais dedans tout au fond je t'enfonçais dans l'noir - je t'aimais bien aussi
      un râle en chasse un autre, un silence qui cède une corde qui pète - c'est pas grave, j'irai à pieds
      c'est pas grave je te dis: j'irai à pieds

      .

      le pôle nord c'est par où
      on passe à Dunkerque
      la route du pôle nord passe par Dunkerque
      c'est triste
      vous vous attendiez à la révolution et vous voilà paniquant à travers tout l'appartement à chercher vos chassons...
      quand je me suis retiré mon sexe saignait - pas seulement sanguinolent: il pissait vraiment le sang
      je sais plus comment ça s'est passé je prenais juste la route
      du pôle nord
      qui passe bien par Dunkerque apparemment
      apparemment évidement

      .

      ce n'est pas que j'aie mal aux yeux, mais je me demande si des trous à la place de ces yeux
      ne laisseraient pas mieux pénétrer le paysage ou si deux charbons éteints par exemple
      n'assimileraient pas mieux les ultimes pâleurs d'un monde agonisant...
      c'est vrai c'est plutôt joli un monde agonisant, tous ces gens qui dans les parcs, avec des crois avec des clous et même des bouts de ficelle
      font leurs exercices physiques

      .

      j'aboie
      l'autre moitié du temps, je me mords
      les distances intersidérales aboutissent chez moi exténuées - compatissant je les recueille
      je laisse infuser à leur intention quelques herbes des montagnes, ça me distrait un peu du temps de moi
      du temps de me mordre dedans et de ne plus me lâcher
      l'autre moitié du temps j'aboie
      j'aboie n'importe comment dans n'importe quel sens et sans raison aucune j'aboie
      - c'est tellement con un homme...

     

      se lèche les plaies


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