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jour après jour, séance tenante
jour après jour, la sainte
panique la très sainte la tranquille
panique, la pitoyable histoire
qui dort toujours et qui m'emmerde
très tranquillement
m'emmerdevivre d'un seul coup, comme ça, comme on écrase par mégarde
le pied d'un célibataire ou l'œil d'une pie
vivre par mégarde, d'un trait, d'un jet fortuit qui vous inonde avant que vous n'ayez eu
le temps de dire ouf, ou quoi que ce soit de concis et de percutant
- la joie totale quoi, en carte postale ou bien au dos
du temps qui lasse...j'avais un végétal - il s'est fait bouffer, le végétal
faut dire qu'il avait déjà de jolies boursouflures au feuillage
et mon itinérance...d'un autre côté j'avais pas mal rêvé non plus
par exemple qu'on pourrait toujours se relever, ou d'une essence
en déshérenceune peur
écrase son mégot sur ma douleur
quelque chose m'enivre et c'est un verre de cendres, la tête qu'on repose
sur un sein de méduse, une peur
enfonce des bouts de miroir brisé
dans les endroits les plus pourris de mon corps
- quand je respire enfin, c'est que la vie m'a quitté
: je suis devenu tiendanse la pluie devant mon blême, ce monde
n'est franchement pas habitable, un lieu peu fréquentable, ma poupée
se dégonfle, j'hésite longuement...la douceur n'étant pas mon métier, je viens finalement
gratter à ta porte - je saigne du nez, me préviens-tu
l'anneau respire, la tourbe retourne
à la tourbe
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ils ont de loin passer le stade où ils pouvaient me décevoir - et toi pareil, mon amour
c'est en vain que le soir nous visitons nos tombes, les fleurs ne repoussent pas
paillons bien les vivaces...on pleure pas devant les autres, on évite si c'est possible
de même on s'explose pas la tête en public - c'est un spectacle peu ragoûtant, une cervelle fracassée
non, on va se pendre à une poutre du grenier, s'ouvrir une veine dans la baignoire dont l'eau refroidit au même rythme que le corps, prendre un tube ou deux de ceci de cela au fond du bois: on reste discret
on pleure pas dans les bras de quelqu'unma sœur habite à fontenay sous bois, c'est ma seule famille alors je passe à fontenay sous bois une ou deux fois l'an, je reste une ou deux nuits
un grec tient le café à la sortie du RER, je m'arrête discuter avec lui un moment - ça fait du bien de parler la langue et je m'enivre un peu
je ne sais plus comment on écrit une lettre d'amourj'ai écrit des centaines de lettres d'amour, et je reste toujours là, dans la douleur et dans le froid
l'abîme ne se referme pas - l'œil de dieu non plus, dit-on
l'incertitude est absolue, le café à un euro dixdes fois on s'embrassait, des fois pas - ça n'a pas d'importance
des arêtes de poiscaille, c'est tout ce qu'il reste de la mer
un billet de car pour chisinau et des spasmes abdominaux, j'ai l'impression d'être enceinte de ma propre mort
et je gonfle, je gonfle...
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l'absence parfaite, l'absence de qui n'existe pas, je m'adresse à cette absence-là, tout près de moi ou tout en moi je tombe en cette absence-là, je m'affaisse
j'attends qu'elle me réponde, comme si l'impossibilité de répondre n'était pas justement ce par lequel elle se définissait, la parole propre à son indéfinition
je crois n'être présent en ce monde et à moi-même qu'afin d'articuler cette absence-là, ouvrir un espace à sa folle irréalité - être moi-même le lieu
de sa dépossessionun jour je retourne au hasard, comme si la mort n'en était pas la fin, ou parce que la mort en est le pur commencement
je prends ta main - j'aurais pu prendre autre chose mais c'est ta main que j'ai trouvée là, caressante de pluie, je m'y suis répandu
au bout de moi finalement court toujours le hasard, entre les doigts vides de toi ou de tout autre chose je glisse, rien désormais ne nous rattraperait -
l'être en moi ne rentre pasce n'est pas peu, soutenir tout un gouffre. par moment un miracle s'opère: il se lève et marche simplement devant soi, comme s'il suffisait de boire pour étancher la soif
ne me pourris pas s'il te plait, la vie - se dit-il en trébuchant sur le premier flocon. aller quelque part quand le chemin coule ailleurs ne va pas de soi, en tout cas pas de moi
en attendant nous nous contenterons de ressusciter ci et là, d'embrasser ce qui ne nous embrasse pas et de nous embraser d'un feu qui ne brûle pas, ou si peu, depuis que sur un jour qui ne se lève plus la nuit non plus
ne tombe pas
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difficile, quoi qu'on en dise, de tuer un mort. quoi qu'on dise ne tuera pas un mort, dit-il. dit le mort. alors dis-le, tue-le encore une fois. tue-le
encore un peul'âme à la bouche et c'est pas évident d'y croire, je crains. je crois, et peut-être je crains, qu'il s'agit là de vous, dit-il. dit le mort, quoi qu'il en dise. et toute lumière
s'éteintperdre pied, perdre espoir ou même le nord - perdre en tout cas quelque chose, et laissé là pantois. je vous croyais partie. je vous croyais partie mais on ne revient pas, tant le lieu sur lequel on revient lui-même ne
revient passuis-je moi-même parti, éjecté permanent. difficile de chasser un absent, quoi qu'on en pense. un absent ne part pas, dit-il. dit l'absent, sans doute. l'absent quant à lui
en doutecouvrir de feuillages le précipice n'empêchera pas d'y tomber, mais j'y tomberai seul, pense t-il. et tout seul, comme on dit tout nu quand il fait froid. comme il fait froid, dit-il
mais elle s'en foutà pleines mains, à pleines brassées. à chaudes larmes recouvrir son corps de sable. son corps de sable jusqu'à ne plus pouvoir bouger le petit doigt. alors la marée monte, la marée morte est-ce donc cela,
perdre pied?
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nul doute, on est vraiment soi-même: en témoigne le reflet sur la vitre me présentant l'image de qui n'existe pas, ou pas très bien en tout cas...
une douleur au coude maintenant. je tends le bras, l'étire: nulle alouette ne s'échappe de ma paume. je replie le bras, le ramène à moi: nulle vague ne meurt, ni même ne gémit
plus loin ne rien trouver - des tessons de bouteille, des débris de pensée, passer outre quand même
on aurait pu rester longtemps comme ça, musardant au soleil - ça n'aurait pas coûté grand chose et on aurait dit oui, ou du moins quelque chose qui s'en approcherait...
en fin de compte toute ressemblance relève de la plus pure coïncidence. et puis je n'ai jamais connu de Marie - j'avais l'esprit ailleurs sans doute...
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je suis un chemin entre les deux
entre les deux quoi je n'sais pas, entre les deux c'est tout
je suis un chemin deboutla pluie qu'on jette partout
à nos pieds comme ailleurs
m'a fait rebrousser cheminplusieurs fois j'errai
ce qui ne sert à rien
mais éboule les apparencesje suis sorti vivant
de la tombe, j'ai demandé une cigarette à un passant
- il ne m'a pas réponduje n'ai pas envie de lui vouer la lumière alors que
la lumière est à portée de chacun
inaccessible...je suis assis sur un néant, bien installé sur un néant
à peine élucidé quand même
- mort pour de fauxj'aspire à autre chose, autre chose se défile
pourquoi n'as-tu pas lieu?
hein?désherber, désherber, arracher l'arbre de mon cœur
jusqu'à trouver sous la racine, puis embrasser
le verj'ai mal à mon corps
j'ai mal à mon corps tu vois, et tout mon corps régresse vers ce point culminant
où je n'existe pasà moins que...
à moins que le regard plein nord tu ne m'aspires, me déportes me crames
en ta sidérationjuste une dernière fois, j'ai dit ça juste une dernière fois
pourquoi n'as-tu
pas lieu?
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dans la version lourde des faits, je fais la voix off. je parle devant sur le côté je fais
la
voix off: pourquoi pars-tu, pars-tu si tôt, toujours à l'aube, toujours si tôt, pourquoi pars-tu...c'est presque un jour de pluie
quand quelqu'un près de moi
ou quelqu'un près de soi
tombec'est pourtant sage, c'est pourtant l'heure
d'attendre
d'attendre et d'oublier pourquoi là, et quand, c'est pourtant sage, et là
d'attendre et d'oublier, oublier en attendant
le jour
le jour avec la nuit au fond, au bord et tout dedans
le jour enfin, de rien
: de çales méandres dans ma paume et puis aux doigts, qui se poursuivent dans les doigts, sur les doigts et tout autour, les méandres
les méandres par lesquels je m'évacue, je passe, fuis, les méandres du fleuve Μαιανδρος, en asie mineure
la mer n'existe pasje ne te parlerai plus
tu auras beau remuer ton cul ton très beau cul ta très belle fente je ne te parlerai plus, mon arc ne banderai plus
le long manteau du deuil revêtirai, m'envelopperai dans le long manteau du deuil et dedans nul corps, nu ni nul feu, un long silence en guise de
renoncement que dis-je un long silence en guise de
gémissementje suis pris de vertige
quand le vertige tourne à la nausée je me penche et je vomis un peu
sur les genoux de la place
vide next to me
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j'avais une chose, j'avais une chose dans la main on la referme et y a plus rien
il ne faut pas fermer la main; fermer la main ne retient riende l'eau dans les guibolles, les guibolles flasques - redresse-moi je t'en prie, ne laisse pas l'effraie en moi
faire le sale boulotj'ai pleuré dans ton mouchoir, t'as repris ton mouchoir
t'as repris ton mouchoir - qu'as-tu fait de ton mouchoir
où j'ai pleuré dedans?les nuits sont fécondes - on se touche le bras, le bras en tombe
le bras tombe des nuits et on appelle encore, et on appelle encore, mais la mort ne vient pas
- je crois qu'elle ne viendra plus: elle est déjà passée quand tu bordais ma voix
d'un silence ahuri...le chignon qui prend feu, j'aurais aimé qu'un signe me convie - or une vie
me congédie...la pluie sous ton balcon, et ton balcon suintait
- serais-je l'éternel étranger passant les dimanches d'hiver
par le chemin du fond?j'abuse pas, je ne dis rien
je ravale chaque mot qui déborde, je reglutis mon œil jusqu'à l'ultime vision de très propres adieux
juste sous le genou j'essuyais la poussière, j'essuyais la poussière
mais le nuage restaitl'impossible a pris possession de mon banc, alors je dors dessous
ce n'est pas mieux dessous
l'impossible a pris possession de mon banc
depuis je dors dehorsj'ai retroussé mes manches. je les ai retroussées plus haut encore jusqu'à découvrir mes seins blancs
mes seins blancs ne nourrissent pas, ils sont creux en dedans
j'ai retroussé mes manches et je n'étais plus rien, il n' y avait plus personne en moi
à qui même pardonnerquelque chose parait, qui disparaît au loin
regarde là, là-bas déjà ou tout en soi:quelque chose parait
qui disparait au loin
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