•   ce n'est pas une liberté acquise, c'est simplement le temps qu'elle noircisse
      le tableau d'un sourire
      creux

     

     

      l'envie de rester là, assise, envers et contre la joie, du moment qu'elle navigue
      oh qu'elle navigue
      à fond de cale

     

     

      t'es bizarre toi quand on y pense, t'es bizarre telle que tu sembles éclore
      de nulle part à toutes
      petites foulées

     

     

      jamais tranquille, jamais repue - de quelle insécurité suis-je donc devenue
      la mesure, de quelle démesure
      le sens inné?

     

     

      déviant de trajectoire, t'es-tu rompu l'occiput, fêlé l'nombril
      où passais-tu par là la tête
      étanche, le sexe plat?

     

     

      en exclusivité, bien mal appropriée, tu jettes ce que tu jettes, en retombe ce qui
      en retombe et toi d'en ramasser
      le peu de jour restant

     

     

      tous ne se ressemblent pas: j'en ai vu un qui mendiait, paume ouverte
      quelques malheureuses gouttes d'eau
      à la pluie

     

     

      j'étais heureuse comme ça, prête à escalader le premier rêve nu
      qui aurait poussé là
      juste sous moi

     

      pisser du nez, taper du pied
      


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  •   trois fois la mort, trois fois la mort c'est moi qu'est mort, il pleut sur mes lilas
      dès ce moment tout s'éclaircit, tout redevint exactement tel qu'il le fut toujours
      c'est en cela précisément que réside l'inénarrable beauté du monde
      et de ses alentours

     

     

      j'apprenais ma leçon, je pensais vivre un jour, j'apprenais ma leçon
      la leçon oubliée vas t-en courir les champs, faisant preuve tant d'humilité que de bienfaisante
      inconstance.
      je pensais vivre un jour, mirobolante exclusion de tout genre, je pensais à côté
      ça venait de plus loin

     

     

      quelque chose a crissé. dehors reste dehors
      où le rare prend forme, j'ai glissé dans la fente une pièce de cinquante
      pour un café sans sucre

     

     

      l'absence tangible torpillait le gros lot
      est-ce que tu m'écoutes? est-ce que tu m'entends seulement? je dis l'absence rendue tangible
      torpillait le gros lot
      - c'est pourtant pas la lumière qui manque

     

     

      rafraîchissement, rafraîchissement à soif
      la mort à la petite cuillère, on vide ses tripes à peu de frais
      le nombril s'effrite, le miroir ne répond plus
      de rien

     

     

      c'est la dernière fois que j'habite quelque part, quelque part me colle au cul
      on s'arrange au mieux avec la pénurie de rareté, au pire on jette son bouquet
      on s'essuie avec ce qu'on trouve - trouver quelque chose
      réhabilite la chute, ou peu s'en faut

     

     

      et puis après tout, dormir ne brisera
      pas les ponts...

     

    vers la tendre poussière


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  •   la vie telle qu'elle demeure
      en soi, grandiose, inconséquente
      du rimmel et des cernes, les globes mal arrimés
      aux trous, aux fameux trous de nuit
      - on n'en fait pas le tour...

     

     

      on va pas se quitter ainsi
      les mains vides, certes, mais l'esprit libre
      on va pas se mentir debout, déjà que ça tangue
      que ça dérape un peu, cheveu sur la langue
      ou dans la soupe

     

     

      j'étais loin de m'imaginer, et je sais pas
      ce que t'en penses
      l'atmosphère perturbée, le lit n'est plus à deux pourtant
      on cale sa barque au creux d'une vague et on bouge plus - on attend juste
      qu' ça éjacule...

     

     

      terrain vogue terrain vogue, tandis que mer recule
      le soir à la va-vite, on s' fait l'amour entre deux yeux
      dans la boite à somnifères c'est pas pareil, un autre habite
      - pas d' rêve non plus

     

     

      moonless, le temps d'abattre un arbre
      de célébrer une joie, médusante banale - levrette des jours creux
      le haut s'habille en nu, respire enfin
      respire la cime enfin
      - et avec ça?
      un doigt, pas plus...

     

     

      monte d'abord, l'horloge indique le nord
      je rentre chez moi, comme à toute heure comme en tout temps
      je rentre à même le bord, le soir quand on en tombe
      et qu'on en entend
      pas le plouf


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  •   ça pue le sexe à tout va
      à tout venant
      ça chlingue la mort en toute
      âme et conscience, je rectiligne
      l'horizon ma maison
      sort de ses gonds
      la couille de vivre me semble bien
      qu'elle se dégonfle 

     

     

      le terre ferme au milieu
      mais le mou par en-dessous, où l'on s'enfonce
      la nuit pour faire dodo, la corde où se couler
      c'est pâques à toute heure dorénavant nos routes
      mutuellement se séparent, nos odeurs
      se perdent à l'unisson

     

     

      j'ai rendez-vous avec une tique
      c''est tout ce que ça pèse, quelques litres de sang
      le tabou de se toucher l'ombre, s'étendre sur le sol
      - arrache-moi les boules quies, que je m'envole en suie
      vers se triste silence

     

     

      les taupes refont surface, c'est le signe
      le reste du temps
      s'allège comme il peut, se réduisant en poudre
      j'avale mon destin, en fait je pense à rien
      - un poil du cul, un seul poil du cul
      et tout s'arrête là

     

     

      fait pas beau, et c'est encore comme ça
      que je m'aime un peu
      le jour fait son corbeau, je m' pince le nez
      et je respire un peu
      la bouche face aux échanges, la trappe du milieu
      mais tout s'arrange
      à la fin tout s'arrange

     

     

      elles se marient, elles se marient bien vite
      puis elles retournent 
      au coucher du soleil
      - quoi d'autre?

     

      brouillard en la matière


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  •   tourne-douleur et ça fait mal
      mais on s'plaint pas
      le bec contre la vitre, évite
      le gris contre l'oubli
      - on aurait tort
      de ne pas y penser

     

     

      qui mal y pense y r'tourne encore
      et encore
      et ça chuinte, et ça râle - ça finit par brouiller
      tout le corps d'une femme
      d'une femme en soi, somnambulant tout au fond
      de soi, morte ou pas

     

     

      le chien qui s'mange la tête
      d'un autre côté tu repars à la hausse
      t'encules un trottoir
      au passage, soit dit au passage
      c'est ce qu'il manque à ta grâce
      toute la grâce qu'il te manque

     

     

      dans le ventre d'ici-bas, tu fais pas de grands adieux
      les bras en moulinets, ni ne lèves le pied
      tu la prends comme elle vient, t'arrachant comme tu peux
      au ventre
      d'ici-bas

     

     

      à quinze tu cours encore
      la moitié perdue en route, au moins
      l'autre à bout de souffle, s'acharne sur la flamme
      un peu trop tu l'éteins, un peu moins tu l'attises
      un peu trop moins tu expires
      mais si loin, si loin en vérité
      de soi, du reste

     

     

      qu'est-ce qui me cache, qu'est-ce qui me cache comme ça
      ma lâche
      et le silence quasi nul qu'on fait en tombant
      en claquant net
      les portes sans battant -
      à plus d'un demi-sourire la bouche
      se contorsionne
      et c'est vilain


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  •   il est
      plein de douleur
      plein de douleur quand il s'endort
      qu'à défaut de mouchoir, de pouce ou de meilleure idée
      il suce le bord

     

     

      il pleut
      dans son berceau
      comment dire, son berceau prend l'eau
      alors il navigue, du mieux qu'il peut
      et jusqu'à preuve du contraire

     

     

      n'empêche qu'elle est pas morte
      qu'elle trempe son aiguille, je pense
      dans la ciguë
      avec ce sens aigu, qu'on lui connait
      de la déclinivé
      reste à savoir pourquoi

     

     

      il ne s'encombre plus
      que d'une pierre
      c'est lourd à charrier, une pierre
      surtout quand on ne sait
      dans quel puits
      s'y jeter

     

     

      alors il est mort - ça avait beau
      être l'été, il est mort
      un peu avant
      d'être mort il avouait
      que le bord était plat
      si plat
      le reste ça s'oublie

     

     

      quand on lui tend la main elle dit qu'elle l'a pas prise, qu'elle l'a même pas vue
      elle s'enfonce un boudoir
      dans le vagin,
      tout au fond, ça fait pas d' bulles
      puis se met à pleurer
      tressaillant des épaules

     

     

      un homme a fait une fugue
      il a poussé une porte, s'est retrouvé dedans
      il a fini par soupirer
      le dos appuyé au mur, le mur à la pénombre
      il s'est souvenu d'un champ
      de coquelicots dans un champ

     

     

      je ne vais pas faire de bruit
      pas faire de vague
      je caresserai mon ombre, par terre
      jusqu'à ce qu'elle s'éveille, s'étonne, se lève
      et m'abandonne

     

      vas t'en pas les pieds nus
      


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  •   la pierre à rebours
      ricoche vers ma, main soluble à l'air libre
      j'ai la tronche de travers
      de travers à l'air libre
      mon dieu

     

     

      une mélancolie
      m'a rongé le sexe, m'a ravagé le foie
      alors j'ai pris une pelle
      puis je suis resté là, debout, immobile
      avec ma pelle

     

     

      quand je pense à mon banc me prend grande tristesse
      quelque chose s'envole, et ne retombe pas
      je ne me souviens pas
      de ma naissance, ni du nom
      de la toute première femme

     

     

      quand j'ai envie de mourir j'ouvre les yeux
      je vois les choses s'effriter, s'éroder
      je n'ai rien à dire
      à personne
      mais il me tarde...

     

     

      un jour j'ai pas d' retour
      pas d'endroit où dormir
      j'exclus la vie, je me caresse un peu
      un trou à même le trou, la chute suspendue
      un jour y a pas d' retour...


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  •   et l'on prendra le temps
      à un ou à deux, si je ne m'oublie pas
      de descendre les marches
      vers un ciel plus haut
      un beau ruban de ciel

     

     

      tous ces déracinés, à l'ouest
      tous ces démantelés, à l'est et au milieu
      ces chiffouilles en morceaux
      tous ces voleurs de prunes, ces
      petites miettes de christ, imperturbable

     

     

      il me manque un instant, un seul
      où je touche le fond
      en caressant la  lune
      - simplement je me tais
      la bouche entièrement vide

     

     

      petit mouchoir de rouille, et le chien gris
      devant le magasin
      je mange une pomme, deux pommes
      à la troisième je m'affaisse, m'évanouis
      j'oublie de me compter

     

     

      t'es pas belle et moi non plus
      on fait le tour de l'arbre
      on se prend pour des r'nards
      et puis on rentre, tête au nord et on s'enfonce
      dans la terre

     

     

      mon chien ne mord pas
      mon chien ne meurt pas
      et quand moi je suis mort, mon chien lui court toujours
      sans souvenir de moi
      ni moi de lui

     

      tête au nord


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