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il y en a qui languissent toute une vie après leur naissance
des qui soupirent à l'idée symbiotique d'un ventre maternel
d'autres encore en suspens, en équilibristes inquiets sur un cordon ombilical tendu entre le rien et l'horizon de leur débâcle.
le visage blanc, si blanc - qui viendra le lécher si ce n'est moi, ce léger dégoût de parêtreil n'attend rien de rien, il ne s'oppose à rien - on dirait une eau croupie tiédissant dans la baignoire
alors je suis sorti. j'ai mis ma chemise bleu-électrique et je suis sorti
style une mouche aspirée par l'air libre après s'être deux trois fois mangé la vitre fermée du côté droit.
une lucidité te tord la tronche, contre le temps l'ennui ne suffit pastu n'as aucune idée des extrémités mentales auxquelles je fus acculé là-bas, avant, longtemps
me voilà là maintenant, debout oui un pied à l'eau quand même une couille de traviole, un autre pied dans l'eau.
on ne peut pas que survivre, on ne peut pas que rescaper: on peut aussi danser
sur une seul jambe, et sans remuer
olét'es toute petite, si petite qu'on se demande comment tout s'envole autour de toi mais pas toi
toi tu t'envoles pas, j'ai zigouillé la mort, la mort qui plane en moi, j'ai zigouillé le gosse, le putride stagnant, j'ai dès lors embrassé
tout ce qu'il y avait à embrasser, j'ai même mis la langue dedans, au fond du sac
on me l'a arrachée la langue et on l'a recrachée bien loin - bien loin, petit bouchon...
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l'homme évidemment, une fabrique à destin
beaucoup d'entre nous cependant descendent encore là où il n'y a pas d'histoire
où vaque un temps sans dent, et l'action périclite.
les arbres prennent l'air, l'air aussi prend les arbres - chacun finit par y trouver son compteapprends-moi à être sincère
c'est le genre de chose qui justement ne s'apprend pas j'imagine, mais tu saurais comment
j'imagine que tu saurais comment
comment s'abandonner, comment se piquer aux chardons ou pleurer aux oignons.
admettons pour une fois que l'ignorance ne soit la condition de l'innocence, mais que celle-ci au contraire couronne l'expérience
ou du moins une certaine patience...je vis d'une désinvolture crispée.
on peut vivre même avec son passé quand on se noie la dernière chose à faire c'est de se débattre mais quand on se noie pas?
quand on se noie pas, qu'on se débat de toute son impuissance et pourtant rien, pas une goutte d'eau, pas une cuillère où plonger perdre pied se rendre compte enfin
qu'on a vraiment existé, que ÇA existe - que quelque chose purement estdes voix de gosses qui jouent dans l'eau derrière la haie, émergeant sublimement, quoique tout à fait simplement,
du néant.
et ça leur semble si naturel qu'il doit bien y avoir une nature, c'est à dire un lien nécessaire et évident entre le manifeste
et l'inédit, ma belle jambe...
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les hommes s'enlisaient dans leurs cordes mouillées, leurs serviettes musclées - j'ai tout de suite pressenti l'avantage que je pouvais tirer de tout cela: je me suis mis au chômage
sans rémunération, tant il parut clair que celle-ci constituait une forme aboutie de corruption, et y avait pas de raison
la mort m'apprend qu'il n'y a pas de raison
il ne faut surtout pas renoncer à la mortet d'abord t'es pas beau, te crachat-elle à la face après s'être assurée que tu n'étais plus en mesure de lui nuire de quelque façon
or je suis devenu beau, très beau même par la suite - trop beau en tout cas pour être faux, et elle n'en a jamais rien su
la dignité ne consiste pas à renoncer seulement à la soumission, mais aussi à la domination, à cette jouissance que procure tant la vengeance que le pardontrois fois sur quatre je tombe dans l'mille mais ma préférée, c'est quand je tombe dans l'vide
tel que je suis à l'ouest, que je frotte mon nez sur le nez sans écaille de qui n'a pas de flair, de qui n'en a pas l'air
et m'assieds sur la chaise en plastique de l'étranger derrière le port - la dernière idée généreuse que je me sois faite à vrai dire
d'un humain...ça soulage tellement, vivre entre soi
et le dernier souvenir heureux
qu'on eut de soi...
on s'approche timidement, faisant semblant de ne pas se reconnaître alors qu'on sait très bien au fond qu'on ne reconnait vraiment rien
ni du domicile fixe
ni des ailes goudronnées -
on n'a jamais fait que pendre à la bave d'une horloge parlante, que se branler tout au fond, maudite immunité,
de la piscine municipale...je déteste le soleil, c'est la pire ombre à dieu
et comme tu l'as compris (depuis le temps...), je n'aime que dieu
qui seul a le courage de me haïr pour ce que je suis
et de ne pas me pardonner, ni me trouver de justification
mais juste par pure haine, comme on hait son néant comme on
aime sa haine
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qui n'aspire à strictement rien et ne se laisse réduire à quoi que ce soit
j'avance comme je respire, il n'y a pas vraiment besoin de rythme à cela
accueillant cette averse comme la seule et belle chose qui soit arrivée
au néant par devant, au néant par dedansl'inappropriation comme ultime tentative de survie morale
le cercle me fait peur, un scorpion en hante le centre, une traînée de pisse en trace la circonférence, et les bouffons de circonstance
c'est une accolade fraternelle - alors pourquoi y mets-tu la langue, me tanne t-elle
parce qu'il ne nous reste plus que les mots en commun, semble t-il...j'ai renoncé à comprendre dès que j'ai cru commencer à comprendre - à voir ce que l'intention-même de comprendre contenait de pervers
appréhender une chose/un être tel qu'il est en in/essence - c'est à dire d'un seul regard embrasser son absoluté et sa parfaite insignifiance, son néant et sa pure vérité telle que celui-ci la révèle - n'est pas encore l'amour
parce que ce n'est encore
que de l'amourj'ai respiré à bras ouverts
ça secoue beaucoup, comme cette sensation d'apesanteur en retournant le petit flacon de neige
je suis à l'imparfait la couille en suspens du subjonctif
ça veut dire que l'infini qui m'explose la mémoire commence exactement là où la raison cède à ses propres limites...à la place de l'ego tu peux mettre un mégot, ton doigt dans l'œil ou la tête dans l'miroir
n'importe quel symbole phallique comme un champignon des sous-bois, par exemple
ou alors rien: laisser là le lieu palpitant, sublimement désemparé
- rien d'autre à faire que d'être conscient après tout, et on s'arrange avec ça comme on peut
ce qui revient précisément au même
ou au pire
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des arbres de papier
se promènent à contre-sens tout le long de la route, je passe ces heures là
au volant de souvenirs que j'ai probablement inventé
ou seulement failli vivre, quand vivre était encore une histoire
à laquelle on pouvait croireet la route file droite, perpendiculaire je suppose
à l'horizon tel qu'il achevait de se dépeindre la dernière fois
que je le vis, en son essentielle nudité peut-être, mais avec à la lèvre déjà
toute la grâce du mensonge, la sensuelle âcreté d'un sourire...je voulais quelque chose de simple, de dépouillé
de suffisamment nu en tout cas pour avoir froid
quand il fait froid
une peau de pluie sous le pas d'une araignée mutique, je n'irai pas plus loin je laisserai les choses
s'en aller, diminuer, s'effacer
leur nom doucement fondant au creux de ma langue endormie...le vent mort dans les maisons - sans les volets il reste un peu de jour
où peu de jour clapote
un vertige m'arrache à l'épaisseur de l'ombre, j'aurais aimé que tu ne souilles pas mes jouets
même s'ils se font vieux, usés
et je n'y pense plus guère...je n'arrive pas quelque part, je ne fais qu'en partir, fouiller ma poche pour le billet valide
de mon prochain naufrage, je jeûne
je jeûne de l'esprit, c'est encore le moyen le plus sûr
de se maintenir en apesanteur quand le sol tente désespérément de me retenir par les pieds
et remonte peu à peu, m'embourber m'engloutir, une route me fuit,
des arbres de papier...
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c'est sans compter sur moi, or c'est moi sans compter.
c'est pas la peur du vide c'est un peu le trou
que chaque pas creuse sous soi, et ne s'en remet pas
il faudrait une caresse, une caresse: jouir
mais sans strass ni paillettes, rien
qu'entre les dents, du bout des lèvres à peine...juste de quoi décoller, actionner sans malice
la pédale de vivre - on avait si peur de se retrouver seul face
à notre sale conscience, c'était pas des vacances mais quand même, imagine, imagine seulement
qu'on ait eu un destin, un genre de retournement une putain d'histoire
à se lécher le cul...un silex frappé
contre la bruine, la nostalgie d'une fille dont on
se souvient pas des traits, et pourquoi pas, pourquoi pas une vie
à faire semblant, semblant d'être
là, juste à côté
de soi, la main piochant nerveusement dans l'sac
à cacahuètestraverser la basse-région
d'est en ouest voir la mer
se retirer traverser la basse-
région d'ouest en est et s'asseoir sur sa chaise, se dire
qu'on aurait pu ne jamais
voir la mer ni même
en renifler l'odeur, ne pas pleurer et même presque
jouir, un tout petit peu...j'avais envie de toi mais plus encore à travers toi d'un au-delà
à moi-même, un peu comme
un cerf-volant sous un cimetière, butinant
de tombe en tombe, s'endormant sur l'épaule
toute osseuse d'une fidélité trahie, ou alors
aller simplement me saouler
au kebab du coin...depuis trois quarts d'heure j'ai plus peur de mourir je découvre
ma poitrine aux balles
à blanc, je bouffe du tramadol, j'encule une poupée ça ne lui
fait ni froid ni chaud c'est frustrant, ou d'autant plus excitant je ne sais plus je voudrais bien
me noyer, appeler supplier et personne
ne venir me sauver, j'ai plus peur de mourir je flotte en a-
pnée j'ai plus d'âme non plus d'âme je suis
toute âme...
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des poèmes-boomerang, qui te reviennent à la gueule
mais te ratent toujours, comme ça la perte
n'est pas perdue, pas tout à fait
perdue je ne sais pas ce qui me prend - peut-être au fond rien ne me
prend-il rienje n'ai pas de complice, c'est tout seul que j'ai sans vergogne
violé ton absence - ç'aurait pu être pire: au lieu de ne pas jouir j'aurais très bien pu
éjaculer sur tes pieds, tu te serais alors
essuyé le pied droit sur le mollet gauche, le pied gauche sur le
mollet droit, parce que sans inverse une chose
n'existe pas elle ne fait
qu'être, condamnée à soi-même...je voudrais que la mort soit
comme à la rivière le passage sous un pont, et la révélation l'exact bombar-
dement de ce pont à novi sad durant la guerre, et après la guerre et
après après la guerre - il n'y aurait plus d'oubli: rien
que la mortil faut que je revienne
que je revienne n'importe où, quelque part sur les lieux
d'un crime dont je fus la victime, celle dont on arrache le consentement à coups
de trique, salle omnisport, et j'ai beaucoup pleuré même si c'était
pour de faux, le plus souvent
pour de fauxnon que tu n'aies de fond, ni de grand-fond, mais pas de vrai contact avec ce fond, et sans plonger racine dans cet
irréel essentiel, ou bien l'inverse parce qu'une chose sans son inverse, visage hors du miroir n'est qu'une
tête de mort, mort sans sa tête, tête
loin de son nord - si loin
du nord...le monde est triste et cependant j'échoue
à incarner cette tristesse - c'est de jamais dont il s'agit:
jamais engendre
jamais explore les sexes
jamais traverse la seine à la nage mais choisit
bien son endroit
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plus pur était le rêve, l'immaculée
vérité d'un irréel, d'ailleurs j'étais là je
l'ai vue - dire que j'aurais pu
l'aimer, ou presque pu tenir
debout, si debout du moins n'était
déjà couché, voire effondré...mort sans abri. quelqu'un n'a peur de rien
on a plongé dans l'outre-là mais ça n'a rien changé
ça n'a rien changé
: les mêmes lacets, quelle que soit la route
la même route, quelle que soit l'allure
- sous une simple pluie la
décapotable...au bout du champ pas même le bout - pire: le début pour ainsi dire
d'un autre champ - est-ce le cancer, je
prends la barque manquent les rames, je ne
rame pas, ne flotte pas non plus:
le courant a découché je
reste la queue sèche...l'herbe sèche, l'herbe rare, l'herbe
rare et sèche
. fonctionne un paysage.
un comme un autre, lorsque tout contre
soi mais jamais jusque là -
n'exagérons rien, demeurons
calmement en-dessous de la
réalité, fantasme collectifrien de plus éloigné de la mort que ce qui justement la côtoie: l'obsédant sentiment
de la mort - la peur comme un désir perverti, inverti, le nutela servi sur
les frites - je ne veux pas de quelqu'un qui
me comprenne mais de quelqu'un partageant
la perplexité de ne pas se
comprendre...y a pas de solution, pas de libération - que la pitié vas, caressant
la joue du lépreux que chacun cache en soi et je voudrais bien
que tu aies suffisamment rien à faire pour enfin lever
ton œil sur moi et l'au-delà de moi, que
je suis ou sur lequel je donne, fenêtre
désespérément ouverte
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