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dans un square parisien, un tout petit, square parisien
friable, la soif.
c'est toi, tu t'assieds
peut-être n'aurais-tu jamais du
commencer à compter à rebours depuis l'infini
fasciné par le un
qui n'existe que tant qu'on ne s'y
réduit pas - parce qu'après...les hommes d'ici savent si peu...
je t'ai sucé
la chatte j'étais le ressac j'étais
démosthène sur la grève, un rouleau-compresseur
je baptisais dieu par procuration
et ça m'allait bienils lient l'érotisme
à la morbidité, ils écrivent
des poèmes, ou montent au front, détruisent les ponts...
parfois ils en oublient
être nés d'une mère dégueulant tout son sang par la même occasion
le même trou
et ils ont honte, honte de tout ça, des ponts des poèmes, d'une mère et d'eux-mêmes
ils se châtrent à leur manière...quand on se fout de tout on peut mourir tranquille
tranquille ça veut dire
dans l'angoisse
parce que sans l'angoisse ça servirait à rien, mourir
ça ne délivrerait de rien
ça ne nous grandirait pas
d'horreur tranquilleles bombes, elles éclatent toujours à côté
alors on a volé
au secours de l'ennui
et depuis mille et mille ans
qu'on encule pénélope
on n'a toujours pas réussi
à jouir dedans, on a
raté le cochemôme, on a tellement besoin d'être rassuré
: c'est traumatisant, être
et puis subitement on vous coupe la main qui vous caressait,
on la change en fouet
- c'est traumatisant, un fouet
on t'enlève tout, un à un, jusqu'à ce qu'il
ne reste rien de toi, ou seulement
un chien, un os - une âme malgré toutje ne peux vivre sans être l'homme
qui est là mort devant toi
qui sait même pas la tombe
qui sait même pas s'branler
qu'est qu'un cours d'eau à sec qui n'aura
jamais trouvé la mer
faut dire qu'ça pue, la mer...je me méfie du bonheur, j'arrive vraiment pas
à m'y accoutumer
je préfère baver dans la bouche d'une fille qui ne sait plus pourquoi, je préfère
dépérir, je préfère dépérir dans un square parisien
un tout petit
square parisien
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c'est pas le cœur qui manque c'est juste le sang, qui circule plus
je me suis vraiment demandé
quelle était la nature
du rat qui grouille en moi
et quand il remonte en toi
ou toute autre suppliante
je veux que tu le sentes, là
et sans périduraleon a de plus en plus de mal
à croire à la mort, ultime certitude pourtant
il faudrait fermer les yeux, ceux du dedans, les fermer pour de bon
peut-être qu'alors, et qu'alors seulement
une porte s'ouvrirait, dans l'encadrure de laquelle
tu ne ferais plus
qu'apparaître...même au cimetière elle ne saurait
se retenir de danser, se trémousser
peut-être afin de ne pas
succomber, enfin pas totalement
- c'est une fine pluie
d'angleterre et j'ignore comment
ou bien de quoi
elle m'essuie...elle s'appelait service compris
ça allait plus vite comme ça
d'un autre côté on n'était pas
pressés, alors on a pris tout le temps
de panser nos plaies
en les léchant
comme des dinguesil nous faut toujours
montrer quelque chose
à celles qui s'appellent
am stram gram:
son cul, sa triste grenouille
son langoureux soupir
enfin, quelque chose...et rien en bout de laisse
pas un souffle de vent
pas l'ombre d'un pendu:
ce son les évadés - il s'évadent
de nulle part
ils s'évacuent
par l'œil ou même pire...est-ce que tu crois
qu'on est des êtres dansant
sur une seule jambe est-ce que tu crois
qu'on est malin alors qu'on a
tout perdu et qu'on n'a peur
de rien
parce qu'on cherche pas?est-ce que tu m'embrasseras
quand t'auras une bouche, des lèvres
deux longs bras dont tu ne sauras
que faire, c'est tellement triste
de n'être que l'idée de ce qu'on est alors qu'un seul
mort, mais un vrai
suffirait
à ruiner notre dame
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la vérité si j't'aime à fond, c'est qu'en fait je ne t'aime pas, notre dame d'hellespont
au commencement était le mythe, le mythe du commencement et donc d'avant le commencement, cette irrépressible nostalgie concernant le perpétuel ressac d'un éternel absent
une poignée de mots, guère plus, osselets du grand cadavre tout à coup ressuscitant là d'entre nos doigts, ne s'élevant que pour mieux retomber, s'éveillant à la douleur de sombrer - bref l'histoire (il n'y en a pas d'autre) recommencée du commencement et de la fin
une poignée de mots c'est tout
ce qu'il nous reste de la mer
pour traverser la mer...la limace qu'on porte dans son ventre, nourrie aux neuroleptiques les longs mois d'hiver - avec une aiguille à tricoter on tente de l'embrocher, de lui crever les yeux mais chaque trou qu'on pique en sa chair flasque lui en fait un, qui nous fixe d'un air triste en pensant pauvre petit bonhomme, je vais te bouffer tout entier pauvre petit bonhomme...
c'est vrai t'il est mignon l'grillon, une flamme sur pattes qui vomit les heures creuses, et soulève le couvercle
selon qu'on est content ou pas, qu'on relève sa jupe ou pas cette histoire de trognon, de moignon, quelque chose sonne creux
rester là, poirier de plein champ à attendre la foudre or foudre ne s'abat - c'est juste le crachin...j'coupe le chignon
la couleur noire s'achève là, je ne peux voir une flaque sans y sauter pieds joints, m'imaginant plonger en un ciel inversé, une intime béance
né d'une overdose d'absence, j'ai le vertige générique et celle aussi, d'une traite omphallique, ombilicale ivresse d'un murmure en cascade et y a plus d'ombre, plus le khôl d'une ombre sous les pierres fondues...descendre en roue libre sur les chemins du pardon néanmoins, néanmoins lâcher l'guidon
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mon petit navire basculait dans le froid, dans le froid oh, pauvre petit navire
je ne savais pas quoi faire alors j'ai jeté une pierre dans le vide de mon esprit, puis j'ai médité intensément dessus pendant trois jours et trois nuits et au bout de la troisième nuit, je décidai de ressusciter
l'aube parut verdâtre et sans bruit, glauque à souhait - je m'imaginais bien de toute façon que ça allait pas être la joietous sont morts, il ne me reste que ma mère, et je ne sais qui de nous deux s'éteindra le premier - celle qui tint le fouet ou celui qui compte les os
si je possédais les photos des quelques femmes que j'ai aimées je pourrais me les passer en boucle à longueur de journée. ça passerait le temps et le cœur débranché, je me tripoterais le gourdin ou bien m'arracherais un à un les poils en récitant face à chaque visage le mantra des pendus c'est à dire un peu, beaucoup, pass...un chef de gare qui ne saurait même pas d'où vient le train on l'enverrait chercher un autre emploi. avec ma mentalité de passager clandestin moi je me fous d'où va le train - j'ai jamais payé de billet et je me contentais d'être au chaud, côté hublot de préférence pour rêvasser aux paysages, c'est si paisible les paysages
j'ai vraiment du m'entraîner longtemps pour avoir l'air de riendès la troisième lettre que j'écrivis j'abandonnai les majuscules. mes parents m'ont abandonné à la naissance mais je ne leur en veux pas: ils ne sont plus en état qu'on leur en veuille de quoi que ce soit, surtout le mort (celui que je ne connais pas)
je n'ai jamais vécu en couple - d'abord parce que le sexe, la bouche et tout ça je trouvais ça dégueulasse, et qu'ensuite habiter à deux mon trou fondamental ça n'aurait pas paru crédiblej'ai fait un vœu, comme ça dans le vide, sachant qu'il ne saurait s'exaucer. rien ne se réalise vraiment, c'est juste une brouette de caca qui passe en grinçant de l'essieu
l'autre jour par exemple j'ai embrassé la vitre sur la bouche elle m'a giflé aussi sèchement. je suis allé à la salle d'eau essuyer le sang qui bavait de ma lèvre et lorsque je remontai je la trouvai brisée, j'en restai bouche béej'évite les ennuis, je me lave les pieds de temps en temps - en général je referme mal les robinets
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je n'en rêve pas, inutile de couler lors de piscines bondées, voire de gares vaugirard
on traîne une soif avec soi
on l'emmène partout, partout
c"est de l'enfantillage, je sais
mourir de soif ça c'est grave
avec tout ces robinetson part de zéro pour arriver
à rien
entre-temps l'infini nous sourit
et mouille
- c'est là qu'on chope la chtouilleétrange nuit du chauffeur debout
et qui arrive à pied, toujours à pied
et seul, seul ente le mur
et la nuit, la nuit parce qu'il fait nuit, dedans et tout autour
de ce chauffeur deboutj'ai pris froid à la tête, ou l'esprit congelé
je ne sais plus souffrir
j'appelle en vain, seul le vain
me revient en écho
en échosur la neige j'ai posé mes deux mains, à plat
et j'ai pissé dessus - mes mains, la neige
on peut croire qu'il s'agit d'une solitude sans borne, on aurait tort
on aurait tort au moins
une solitude sans borne, d'y croirej'aime pas manier la pelle
le trou aussi j'le fiche en l'air
je n'aime plus rien
à la pomme de l'arrosoir, j'arrose ça
ces graines mortes dans un sol stérileune histoire de miracle
on s'y attend même pas
on regarde sa montre machinalement, et tout à coup la pluie se met à tomber
on ne demande rien, on lève la tête, on boit
on boit, c'est tout
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c'est tellement simple de ne penser à rien, tellement simple qu'on ne pense plus à rien
terre à bascule, douce terre à bascule, que faire de mon bébé
la bouche pleine de neige et l'essor en bouteille, ai-je de quoi payer
au fond des chambres mortes, où le miroir n'affleure, ai-je élu domicile?le tao de la croix nous parle t-il de fornication, et de vent sous les bras
ai-je beau ramer, beau ramer, les rames brassent le vide, et d'obole une langue
amère et qui reflue, tout être est-il de paille sous l'étincelle humide, la chute remontanteje me suis lavé dans tes bras, o putride; je me suis écarté au passage du temps
j'ai même failli tomber quand la chute en douceur se glissa sous mon pas, aveugle et nu
mais là vois-tu j'ai plus d'monnaie pour le tram du retour
tu pourrais pas me passer un peu d'monnaie s'te plait, pour le tram du retour
me laisse pas icicadenassées, les portes ont dévoré leurs enfants, connasses de portes
j'ai crevé les tympans de mes murs, rabattu les volets, comme ça on n'en entendra plus parler
on s'épelle son nom, lettre après lettre comme on s'épluche, on épelle son nom
mais non ça ne nous dit rien, aucun souvenir ne remonte, n'éveille en soi d'écho
je rêve de quoic'est bon de savoir qu'on a toute l'éternité devant, derrière et dedans soi, même si on s'attarde pas
le loup avale le loup mais n'en fait pas toute une histoire, ou alors si
je te confie ma montre, je te donne le bras, je vais jusqu'à oser quelques pas avec toi
ça coûte riennon, vraiment, (vivre) ça coûte rien
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j'aimais bien qu'on se touche, comme ça, d'angle mort en val de marne
c'est un faux, reflet mat dans le bleu gris de l'œil, un appareil fictif
toute une grammaire d'onomatopées, les puces de l'altruisme or je m'en vais, moi je m'en vais j'ai dit
et maintenant que j'l'ai dit, que j'ai dit que j'm'en allais, maintenant qu'est-ce que j'fais?ben j'sais pas moi, où tsé qu'on va, durant qu'c'est froid, et qu'ça gratte encore un peu quand même
quoique...
les bras ballants qu'on les laisse flotter en ballons, ronds et de pure
coïncidence, nous ferions trois fois le tour de nous-mêmes que nous y coulerions en dansant ou à cloche-pied, as-
censionnellement du moins
je croiset là et moi, je m'en vais en hoquetant, marée lasse à l'accent grave
te reverrai-je nue, liège à flot ou le corps flux, rompu
non, cela n'a jamais été évoqué et il ne sert à rien, mais alors vraiment à rien
d'y penser, d'en méditer la rouille, ni même d'en émettre l'idée triste, hématomevide le sceau essore la voile écope: il va falloir passer outre... bien des choses et telle houle
ce que nous avions apporté il nous faut maintenant le rapporter - un cri cricri, la morsure d'un scorpion, le susurrant-à-l'oreille
colmate la brèche, améliore ton accent, lève et fous-moi le camp: on s'en va quelque part j'ai dit - où ça - quelque
partles grandes vacances ça se résume à ça
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tu sais comment c'est, la vie la mort, les flandres, la mort...
assis là sur un banc, grenouille froissée
entre ciel et terre idéogramme, là flottant sur un banc, grenouille rouillée
les os phosphorescents et le reste poussière, entre un ciel mou et la
terre provisoire, ment morte
ou soit dit en passantventre adorable, en loque ou adorable
ventre-calèche - juste comme il faut c'est ça, en chrysalide
sous le soleil vacantil dit le rho comme on s'errote, c'est de petit bonheur
en petit bonheur qu'on progresse, sans jamais aboutir évidemment
évidemment. à rien. ou même à pertela pluie seule en déchet, mourir debout fonction mourir debout
alors nous jetterons-nous à l'eau non, pas à l'eau plouf plouf, ni dans le vide non,
nous jetterons-nous les uns SUR, les autres les uns CONTRE, les autres et les uns DANS, les autres jusqu'à
jusqu'à c'est moi c'est toi, bonjour c'est toi oui c'est bien moi fonction mourir debout fonction, la pluie seule en déchetil dit non c'est pas possible ça, non là c'est pas possible - et pourtant...
pourtant le jour va comme il veut, clopin-clopant, va où il veut
pourtant j'essuie ton visage-mendiant de tous les crachats amoureux
avec la manche et quand ça suffit pas, avec les doigts, avec les doigts effectivement
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