•   l'ivresse d'être, parfois jusqu'à la nausée. et ça tombe comme des mouches les mouches tombent comme quoi, pensives? j'en sais rien - je resurgis pêle-mêle, indemne de l'histoire, de toute histoire, rebondissant d'un fébrile mot de la fin en l'abîme d'un présent
      qui n'est déjà
      plus le mien

     

     

      on met de la distance, toute la distance qu'on peut, entre Paris et soi-même, la route qui monte et celle qui descend, l'animal et ses taches
      j'aurais eu raison de vivre
      et la mort de me tuer

     

     

      imagine tout ce dont on doit s'échapper: le présent, la mort, soi-même et j'en passe. j'en reviens également. par quasiment le même chemin. il me semble qu'il y avait là des lauriers roses à l'aller ou je me trompe?
      je me trompe sûrement
      je me trompe intimement

     

     

      j'ai mangé trop de prunes, je crois je vais avoir la chiasse. tu me diras où t'as trouvé des prunes vertes en cette saison, des prunes prunes en plein hiver, et je te répondrai ch'sais pas quand
      probablement du prunier
      qui pousse tout seul

     

     

      je croise. au large de quelque ambiance famélique je croise. j'ai parlé tout bas, afin de ne pas réveiller le rêve, endormir le sommeil. j'espère qu'il n'y aura rien entre nous, ça m'emmerderait un peu - même s'il faut bien, d'une façon ou d'une autre,
      propager la
      raréfaction

     

      les mutilés de rare douleur

     

     

      


    votre commentaire
  •   je marchais lentement, j'avais le corps à moitié désossé, aigri. il fallait bien que quelque chose finisse par me rejoindre, peut-être même m'atteigne

     

     

      on se retourne dans sa tombe, saisi de constater que l'on respire encore. après cela s'assoit bien tranquillement, à le manière d'une ride au front d'un astre prétendu mort depuis des lustres, alors qu'en fait ce n'est qu'un genre de bus en détresse

     

     

      ces pulsions de vide, écho répondant à d'obstinés silences, ces sourires sous cape - au dégel de mes chairs tu me traites de con, de connard de salope, et je ne comprends pas

     

     

      on se mange dans la main. en dernier lieu on se mange la main. la main qu'en a vu d'autres, et qui compte sur ses doigts les doigts qui lui manquèrent pour compter jusqu'à toi

     

     

      (j'eus la) révélation fortuite d'un univers habité, hanté d'une présence, et auquel une voix originelle et sans visage confère une profondeur insoupçonnée: l'écho creusant dans l'éveil un éveil plus vaste encore, puis finit par tomber - plouf


    votre commentaire
  •   je ne me présente pas comme le fil d'ariane, coupé non coupé, ni comme ariane elle-même, nue sous sa camisole de force et rasée d'à peu près tout ce qui l'encombrerait
      d'ailleurs l'idée ne m'en effleura pas l'esprit

     

     

      j'ai renversé la bouteille d'encre, sur ses genoux
      sur ses genoux comme c'est dommage, dommage et noir
      noirci le vol de ces oiseaux migrateurs dont on se
      languit su retour, petits bâtons rompus de nos
      divinations, j'ai renversé 

     

     

      le kung fu du mouton jamais n'effraiera le loup, alors range-toi donc
      du bon côté d'la route, côté des arbres morts, troncs oscillant entre leur raison d'être
      et leur irrépressible envie de fuir

     

     

      on ne se demande guère
      comment on en est arrivé là, quel jour ni par quel train, on se tourne les pouces,
      se les retourne jusqu'à ce qu'ils craquent, cèdent, intercèdent en notre défaveur, renonçant à toute dignité
      à toute dignité c'est sûr

     

     

      d'y attribuer un sens ou d'en conclure au non-sens, je ne sais lequel s'avérera le plus dangereux
      j'aspire encore à la lumière c'est banal et tant pis si tu m'ignores, si tu penses qu'une fois de plus je bluffe
      après tout, c'est l'hiver...

     

      qui ressemble au pain, au sel, aux petits matins froids
      


    votre commentaire
  •   il s'éveille de la mort (il a rêvé d'un trou noir et sans fond). le voici qui baille et s'étire à présent, se redresse et se cogne à l'éblouissante lumière du jour (c'est pourtant bien un de ces petits matins gris qui nous chagrinent plus que de raison)

      ses yeux s'accoutumant progressivement à la lumière ambiante lui découvrent le monde tel quel, mu de sa seule et fausse nécessité

       sans but ni appréhension il marche devant lui, tout épris de l'idée que l'histoire n'a pas encore commencé, et que la nature elle aussi a reculé d'un pas
     
      ressusciter ne coûte rien, conclue t-il. l'extrême facilité de l'être à s'offrir à l'existence tient autant du miracle que de la plus froide évidence. dit autrement, l'oubli en l'esprit ne sauve que l'essentiel, et c'est déjà presque trop

     

     

      on ne dit rien, on s'arrête. c'est l'immobilité qui nous prend en stop. l'immobilité d'un sort aux ressorts distendus

      on lève un bras, voir comment elle va réagir, si elle va suivre: l'immobilité reste coi. calme. calme et coi. il s'agit donc d'un parfait lever de bras immobile, nous sommes bien d'accord

      tandis qu'on baisse le bras, un peu comme on dépose les armes, l'éclair d'un instant j'ai cru voir, entrevu l'origine des choses, rien que ça

      la pupille a tremblé, léger sursaut du nerf optique, l'immobilité trahie. et puis plus rien. plus rien: le grand Là, l'ogresque Présent, la douloureuse sensation de n'y être pour rien

      il fallait s'y attendre. ou pas. on ne parle pas. on continue on poursuit on avance - à vide. on se redresse enfin - à vide. on y croit vraiment, cette fois on y croit - à vide

      il y a longtemps que je t'aime

     

     

      comme rien ne se passait, ne dépassait de la manche ni dieu ni néant, il est sorti du tombeau et il aurait bien fumé une cigarette s'il lui en était resté une. du feu ça il aurait pu en demander à n'importe qui, quoiqu'il n'eut guère envie de s'adresser à quiconque

      les belles personnes condensent la présence, soit, mais il ne fait plus vraiment la distinction. par exemple il n'avait de sa vie eu de contact charnel avec une grosse, et il éprouvait maintenant comme une vague honte de ces fausses pudeurs

      ressusciter ne m'a pris qu'un quart d'heure, mourir tout le reste du temps. et le reste du temps c'est déjà presque l'éternité. il a fallu faire coîncider ou  concorder ces temps, histoire de s'envoler un peu

      rien qu'un peu

      quand le temps le permet...


    votre commentaire
  •   je vis à côté. à côté des choses, des gens, de moi-même. je vis d'à-côtés. sans doute un jour n'y ai-je pas prêté attention, et cela m'a coulé sous le nez, avec ses deux narines

     

     

      un homme est mort à côté de moi. peut-être en moi, vu comment ça pue... je voudrais que cet homme aille ressusciter ailleurs et qu'on n'en parle plus. que du moins moi je n'en entende plus parler. j'ai des oreilles pour ça, reliées je ne sais comment à ma conscience

     

     

      il fait noir. une grande fenêtre noire reflète l'intérieur de la chambre éclairée. je continue de regarder dehors, par habitude, ne rencontrant à la fenêtre noire que le reflet de la chambre éclairée parce que si elle ne l'était pas je ne pourrais pas l'écrire, écrire tout court, ou autre chose

     

     

      j'ai sommeil en partant. en soufflant. ce n'est jamais de moi que je parle, ni de toi. ce n'est pas moi qui parle, ni de toi. ce n'est pas vraiment ma faute, ni la tienne. une alouette a muté en chauve-souris, ou vice-versa. ou vice-versa, t'entends ça?

     

     

      je n'ai plus peur de la bouche. seulement faut pas l'ouvrir en grand. mais en baille, en sourdine. on pense que quelqu'un pourrait passer par là alors on se prépare: on a mis son manteau, ses gants, sorti son parapluie, même si ça sert à rien un parapluie. un parapluie ça sert vraiment à rien, même ici

     

     

      j'ai une dernière cartouche. je n'y touche pas, de peur de me coincer le doigt dedans. une carte de la région traîne aussi dans la voiture, au cas où. c'est vrai ça, un homme sans véhicule n'est rien, dans le désert de nos campagnes

     

     

    je peux vivre sans toi seulement si je vis avec toi. on met des roues sous ce qui ne marche pas. on en prend plus ou moins soin. plutôt moins que plus, par principe. puis on finit par lâcher l'affaire

     

      du lait de chienne


    votre commentaire
  •   de quelle couleur te nommes-tu, dis-le moi pour cette fois, juste pour cette fois - les autres fois tu me mentiras d'accord, comme toutes les autres fois, mais pas celle-là. celle-là je sais que c'est tout bonnement impossible

     

     

      ils avaient beaucoup d'orgueil et les voilà en haillons. ils portaient tous mon nom, scandaient d'insignes slogans, proféraient des jurons. désormais ils vivent tous sous mon toit, à titre gracieux mais bouches cousues. sinon pan-pan cul-cul

     

     

      tiens, on va marcher ensemble, au pas - ça changera le moral. tu préfères le côté gauche ou le côté droit. le côté où tu dors échoit, de l'autre quelqu'un coule. il fera pas de bulles - promis

     

     

      j'avais peur de rester près de toi, alors j'ai lévité et je me suis élevé, quelques mètres au-dessus - une autre couche atmosphérique, une autre ambiance sonore. pas que tu sentes mauvais ou quelque chose comme ça, mais c'est juste un autre jour, tu dois comprendre ça

     

     

      à raison de trois fois par jour et ce pendant six mois, j'ai mangé à ma faim, je peux dire. j'ai changé quelques ampoules, elles étaient simplement grillées. comme les clopes, on dit qu'on grille une clope, allez, on va s'en griller une. c'est pas mal comme expression

     

     

      il faudrait qu'un pan de mur s'effondre pour comprendre vraiment ce que chuinte le brouillard, ou la raison d'un hurlement de chien
      des patiences s'affrontent (le mur, l'esprit...) à la passion (passionnément), et même un peu moins

     


    votre commentaire
  •   d'abord tu achètes une paire d'essuie-glaces, pour la pluie, la bruine ou le brouillard. ils sont faciles à installer, ils ne savent même pas comment tu t'appelles. ils ne se le demandent pas, se contentant de balayer le pare-brise quand il flotte, brouillasse ou bien crachine 

     

     

      plusieurs fois par jour tu te rabats sur moi. ou tu me fous des claques, c'est comme tu préfères. plusieurs fois par jour j'habite une autre chambre, une autre planète. avec les pleins pouvoirs pour aérer tes pleins nichons

     

     

      ça tourne en rond c'est con. c'est con, tourner en rond. ça tourne en rond, tout le temps. même le reste du temps. le reste du temps tourne en rond lui aussi. c'est con

     

     

      j'ai mis des années à me barrer d'ici. et j'y reviens en un clin d'œil. rien ne s'y trouve quand j'y reviens, je n'y reviens pour rien. comme ça, pour passer le temps, disons

     

     

      on a toujours quelque chose à se reprocher n'est-ce pas. et si on trouve pas on invente. par exemple le trou d'une serrure. on s'imagine le trou d'une serrure. on y glisse un regard, pour voir. on se demande ce qu'on va voir

     

     

      le chemin le plus court passe juste derrière chez moi. du moins il passait là, naguère. à présent je ne sais pas: ça fait si longtemps que je ne suis pas sorti de ce côté-là. de l'autre côté non plus d'ailleurs. au bout de combien de tours de et sur soi en décolle t-on?

     

     

      il y a au moins un chien, un seul sur la route d'en face, et je pense qu'il m'épie. c'est peut-être une chienne vas savoir, mais alors elle n'incarne pas le même dieu. elle n'incarne pas le même chien. et c'est toujours d'une autre mort que je meurs

     

    dieu d'un malheur paisible


    votre commentaire
  •   tu n'avais qu'à tendre les bras, tordre les bras. tu n'avais qu'à chanter tout bas
      tu n'avais qu'à tu n'avais qu'à
      c'est comme ça
      tant pis pour toi

     

     

      je ne sais pas comment ça marche. du bout d'un doigt peut-être, ou de plusieurs doigts en même temps, d'une seule pression
      j'avais juste peur du mouillé, ou de mouiller quelque chose. on ne doit pas penser à ces choses-là
      ni à d'autres

     

     

      la métaphysique nous cause bien du malheur. je l'ai dit à papa. papa a dit de ne pas s'en faire, avec sa voix des jours impairs

     

     

      tu fous le camp. tu fous le camp sans rien dire. les trois mots qui traînent derrière toi c'est pour faire peur aux lapins, refermer le clapier - en tout cas t'assurer qu'on ne te suivra pas
      ou qu'on se suicidera pas. pour l'exemple

     

     

      j'ai été heureux, je ne sais plus trop quand. je crois que ça m'a échappé. c'était peut-être lundi dernier, ou quand ma mère m'a foutu à la porte, puceau imberbe - je ne me rappelle pas vraiment
      c'est pas grave
      


    votre commentaire