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je ne sais pas mourir. je suis
né de mauvaise mère
un trou
rêche à la place du
ventre doux, et ça ne
se répare pas, ça on en a
déjà parlémon
cheval en p'tits morceaux, mon ours
à la patte arrachée
je berce une peur, une peur en moi, do-do l'enfant-do, une angoisse
fondamentaleje ne suis pas
le fils d'une mère, ni l'homme
d'une quelconque humanité - j'ai perdu
mon chausson c'est grave, j'ai perdu
mes mitaines, perdues où - je
ne suis pas: j'erre
sur placenique ta mort
à tous les stades du manque, ou de la déficience
alors je dors avec mon rat
je dors, avec ou contre la porte fermée
je dors tout nu
sous cent tonnes de boue
- la nuit aspirerait-elle
à plus de nuit encore?c'est la même mer, elle pue pareil, à peine moins froide. il faut bien
habiter quelque part, ici ou là
- je n'y arrive pas, jamais
à être là, où justement
je ne suis pas
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l'homme est la maison de l'homme, au toit crevéles yeux fermés les yeux - peut-être y verrons-nous enfin
cette clarté ni oui ni non, noyau et vaste, en laquelle se dissolvent tant l'identité que l'altérité, une clarté
que rien n'ébranle quand peu m'ébranle
- que faire d'autre en hiver
de cet hiver pouilleux?le drame de toute âme est qu'en son âme le vent se lève et emporte le drap, nudité d'asticot
revêts mon corps, ô tête de chiotte, souffle avec moi
contre la houle, et d'une vanité recouds le trou
béant
- on n'y verra que dalle...un ciel crasseux, d'un blanc douteux qu'on dirait même un œil pourri, chialeux véreux
on tâchera de faire mieux la prochaine fois, il n'y
aura pas de prochaine fois, allez rentre,
rentre à la maison, rentre là où
rien ne t'attendquelqu'un est-il en train de me dire qu'il n'y a pas de vaccin contre cela
soit, mais envisageons un instant le cas où
cela n'existe pas...j'ai achevé ma mission - elle n'était pas très importante cette mission
consistant à marquer d'un croix
les quelques arbrisseaux malingres, les sinistres sous-entendus
qui jalonnaient la route, oui la route, quelle route d'ailleurs?
: une route, d'ailleurs
n'importe quelle
route
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notre poignée de main
à la porte ferméej'ai déjà ensablé la majeure partie de mon poumon. reste un palmier, tout miteux
certes mais il tend les yeux vers dieu et même plus: vers le vide qui englobe celui-ci
et le sous-tendde l'effarement à l'émerveillement, de la perplexité à la sidération, de la stupeur à l'ébahissement - la conscience est un étonnement, un détonnement d'être
que ça m'arrache un cri ou démine un silence, je n'ai d'autre raison
que d'être sans fonction, homme sans ponctuationle pire est d'arriver. le pire est dans le bonheur d'arriver - nous qui vivons dans l'angoisse de
ne jamais y arriver, d'être arrêté en cours, crever un pneu que sais-je, nous qui vivons dans
le seul espace à la fois libre et nécessaire de l'angoisse, de l'indigence, de la vulnérabilité bien dissimulée sous couvert
d'immaculée disgrâcele pardon offense la honte, corrompt cela-même qui en tant que honte mérite le pardon. car le pardon se trouve dans la honte
non plus, je ne mérite de pardonner - qui serais-je pour reporter sur quiconque la responsabilité de ma douleur, et la culpabilité en découlant?
j'endosse et la douleur, et la faute, et la honte de la faute. j'assume toute l'irresponsabilité du fait d'être, c'est à dire irrévocablement en-deçà
de l'être, charmant soupiren la saison où tout s'achève, seules réelles:
les mirabelles.
contre-miracle il n'y a pas
de mirabelle en cette saison - gravats et post-mortems, toute dépenaillée, morte saison des
pas sans talon, des
non-mirabelles...
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l'érotisme accru d'une intelligence pure
j'ai couché avec ça, je danse
pour ça - j'ai bien peur en dernier lieu
de crever d'soifsavoir à quoi s'en tenir, mais s'en tenir
à rien.
rien est la condition sine qua non à ce qu'il y ait, apparaisse, se reconnaisse
quelque chose
ou quelque chose
qui y ressemblerait...creuser la soif.
ça ne sert à rien d'être l'omnipotent quand l'omniscient
a écrasé ses lunettes en se levant la nuit
pour aller pisserà l'ombre de la lumière
comme si la lumière avait besoin, se couchant là
de disparaître à soi, se confier à l'oubli - juste se libérer du poids
de soi, et de clartéslalomant entre les aléas du contingent et les diktats de l'idéal, parlant le verlan de l'hébreu,
revenir à soi revenir partout, s'appeler par son nom, tout nom
- je m'appelle par tout nommouvante immobilité, genèse intermittente, lever de lune grise..
c'est l'hiver et dans l'hiver
mon cœur battait -
il ne savait pas lire
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partir est une douleur que même revenir ne soulagera pas.
alors rien, si ce n'est veiller
veiller sur quoi: veiller. veiller à quoi: veiller. mais veiller qui: veiller
dans l'ici de l'au-delà tout comme dans
l'au-delà de l'iciballon flottant entre deux eaux - la terre et son miroir, le ciel et son cauchemar
le point de jonction sur le point de rupture
absence vive au cœur de la matière ou détresse extrême de dieu
- l'homme
est un destinau commencement était le verbe - mais lequel?
être?
commencer?
énoncer?
triphasé métaphysique, petite bulle d'un
naufrage vagabond...être
rien qu'être
être pour rien, être pour l'être
être de l'être, voire être d'être
être de riende mèche avec le vent, tressaille
la flamme.
le reste du temps: je dors
je n'empêche rien - témoin, complice passif, absenthéiste.
la montre au bras du christ
en croix
nous mène jusqu'à pas d'heure...
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octroyer nos petites baffes
aux joues compatissantes, dire je t'aime
à l'hirondelle gelée, la pauvre petite
vulve briséeil n'embrasse pas
marie mais que lui a t-elle donc fait, ou pas il n'embrasse pas
marie, il ne fait que baver
sur sa propre extinction il n'a
plus de lumièrela seule issue à l'homme pour l'homme, c'est dieu - la sortie par le haut comme on dit
sinon il allume une clope, se disant que tout est foutu
c'est si bon, fumer...d'un autre marche-pied tu ressuscites les tombes
t'es tranquille, chat perché, tu crois bien
y avoir échappé, chat cloutél'innocence inassouvie tu
n'as pas le pouvoir de relever les morts, mais celui de
soigner les rescapés, voire lessiver leurs loquespas que je sois insensible aux charmes, ni inapte à la grâce, mais avant tout j'ai soif
d'âme, c'est à dire de pitié,
te pisser sur les pieds
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j'ai plus de route que toi, même à marcher sans phare, les freins lâchés les chiens
définitivement hors aboisrentre à travers moi, pense à la maison - elle ne reviendra pas te
lécher les genouxla souffrance ou la pitié à l'égard de soi-même, bénissant les espaces auxquels je
ne participe pasj'aime ta vie sans rien sentir de mal, sans que s'y pose au creux d'un geste las
le regard d'un absenton se croit un homme dès lors qu'on tient debout, on se rassied
pour nos communs besoins, nos
paresses exclusives, passions térébenthineje sais pas ce que tu attends de moi. probablement rien. probablement le froid
errant dans les couloirs
à l'affût de l'homme tombé
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j'attache ma chèvre à un piquet et elle se met à bêler, cette conne
heureusement je puis contempler la mer de là où je suis
et de là où je ne suis pas aussi, je contemple la mertu n'auras qu'un doigt sur mille, et c'est justement ce doigt-là
que l'on te coupera
non tu n'y couperas
pas et dans un instant, un seul et bref instant d'ailleurs, tout châtré tu seras
tu ressembleras dès lors et comme une goutte de lait
stérilisé
à ta mamantu ne sais pas pourquoi tu gueules comme ça, tu gueules
à l'inverse de tout, éructant de toute part toi si calme d'habitude, si docile, même que ta nourrice elle disait mais bon sang qu'est-ce qu'on va faire
de c'te gosse-là, cette mine insonoreje te dérange pas si tu veux, si tu veux je t'encule
juste dans l'imaginaire, comme ça ça fait pas de vague, de volonté derrière, d'épigrammes connotées en marge
du parchemin des damestu me parlais un peu tu me parlais de soi, comme si nous étions morts
comme si tout n'était plus que question
de douleur ou de plaisir auxquels nous ne prenions pas part
avoir raison, raison de rien, assassinait le dernier mot
- nous étions-nous donc enfin
rendus à l'âme?mon dernier souffle aura l'air vrai, éparpillant les cendres
d'un premier baiser, j'avais si peur de moi or je sais à présent
que des spectres seule est réelle la peur - j'avance devant
où veux-tu donc que j'avance si jamais c'était derrière alors j'aurais dit ben,
que j'recule...
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