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la nuit colmate aussi les brèches - c'est pour ça qu'elle est nuit
pour ça que je pousse là mirobolant, tragique entre deux bornes
il y a le jour où je ne suis pas et l'absence
où je fais nuitnon vraiment la mort est si fragile
que l'on n'ose y toucher, je n'ai plus d'expérience
j'embrasse entre les lèvres dans la mesure où les lèvres
s'entrouvrent, létalesqu'un homme viendrait qui ne servirait à rien, sauf à épeler les vagues
quand elles échouent, puis quand elles se retirent, c'est un parcours étrange et je n'en suis
ni le traceur, le géographe
ni l'ironique épitaphetu pleures à quelque chose, c'est à dire que tu pleures
à presque rien, ou à quelque chose qui côtoyant le rien finit par signifier le rien
une chute imite un chant, un homme
ne se rend coupable de rienil est là, en partance
une vie ne lui indique ni le sens de la pluie quand elle tombe, ni la route
d'un éventuel retour. un ciel
s'étonne encore de s'étonner - en s'approchant et en regardant au travers, on a l'impression
de revisiter l'origine à
bien peu de frais
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je suis un homme dedans, un homme à reculons. je vous souris debout mais bon, tuez-moi d'abord...
il y a une vie après la vie, et c'est la vie qu'on mène. je n'espère rien, j'attribue les fonctions et les fonctions... ne répondent plus
toute vie ne repose que sur un bonheur mal acquis or ce bonheur c'est moi, petit gingembre confit, bout de limace crue. on croirait qu'elle va nue...
renoncer à soi engendre un dieu en rut. la gueule de traviole, de bois sec, de bois vert ou volé. l'autre jour j'étais chez toi, penchée sur l'autre vide...
un chantier de lumière: un homme ne fait pas l'poids, pas même son propre poids. la trachée de lumière: un homme moins un homme fait encore un homme, fut-ce à l'envers
le reste du temps je t'aime, quoique jamais ne l'avouerais. n'avouerai bras en l'air, l'œil braqué sur l'exil, formez-vous en quinconce. et priez pour qu'il pleuve...
chien, loup, cheval, une nuit tu t"endors, jamais ne t'en éveilles. tu n'es pas un homme pieux tu es la tête mal pensante d'une matière semblable, universelle
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je n'ai pas l'habitude d'aimer alors laisse-moi là, et permets-moi d'être lent. de ne surtout pas profiter de l'instant, ni de quoi que ce soit
long est le chemin, mais pas dans l'autre sens. il y a des peines de même, tout intériorisées, et qui s'esclaffent entre autres, et qui s'enlacent entre elles
un chien rebrousse chemin, de nature incertain. la mort démocratique et la bise à marie. à marie va de soi
et cependant chaque fois qu'on fait l'amour, qu'une queue plonge son chien, qu'une barque tire à soi le fleuve, et le fleuve, et le fleuve...
on pourrait marcher de travers, s'élever en transfuge dans la couche stratosphère - non, on n'en fera rien. on lèvera les bras et on brassera de l'air, je le jure
parfois on ne fait rien - on raccroche un destin à la potence hideuse. parfois on détache un chien de pluie, on libère... l'hébreu caché en nous
la soif de moi c'est toi, la loi. et l'on s'enferme dedans, petit placard tout vide. une fois l'amour rompu, l'amour se rompt encore
une fois le jour l'autre parti. partir à jeun maigre chemin, fais comme ça vient. et toi des fois, tu pleures à quoi?
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je manque d'oubli. de perspective aussi, d'où s'élancer comme on se joue aux dés. jamais je ne suis loin - mort sans doute mais loin, jamais
tranquille tant qu'on y est. j'essaie de respirer. aspire fort des narines, gueule ouverte au néant. l'air, l'air ne respire plus
l'insomniaque organisation des heures, jours et des secondes. j'accouche d'un phoque. un phoque est toujours là, pudiquement gisant, imperturbable en soi
la nuit je fais cadeau. aux premières lueurs aussi je fais cadeau. de ma jouissance, de ma décrépitude. je suis mon propre troll, et mon troll meurt avec moi
toute une pente à pas feutrés, un couloir où se glisser, l'échafaud où se hisser. ôte donc ta cagoule, christ de misère
mourir pour rien, exactement pour que ça serve à rien. d'ici-bas tout va plat, la vulve tire son lot. j'exorcise un cafard, un cafard hors tension
à moi qui dors tout l'temps, ne lève pas une patte ou seulement par dépit. ouvre la fenêtre aux mouches noires, aux impétueux courants, d'air et dégoulinant de lumière...
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dieu d'une seule croix, dieu de petite couronne - l'amour en ces temps-là, vacance entre deux trous
un homme de courte haleine. simple visée de l'esprit. je t'aime bien quand tu pleures. lacrymogène
issu du désespoir, prolongé dans la douleur. la mère d'un matricide. tout le reste meurt comptant
en voie de dématérialisation. pas devenir un ange, mais le zizi d'un ange. la pipe fumante d'un ange
j'abandonnerai tout. jetterai la mer par-dessus bord. me délesterai de mes odeurs de croûte, de couille et de destin fétide. humerai l'air frais du matin pur
j'ai un vaste bonhomme. une façon particulière à moi de le maltraiter. plus j'appuie plus il s'enfonce. une vague remonte
une vague. une vague réparera tout. un chemin de traverse mais pas tant que ça, halé dans la poussière. une plaie par dedans s'entaille toute veine
petite prière des morts. plaque tombale mais pas de trop haut. un phoque en la matière, houleuse par endroits
un homme meurt, pas plus qu'un autre en somme. ce qui les distingue se réconcilie dans une échappée belle. le reste reste assis
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un seul ne suffira pas mais on n'a pas voulu m'en donner d'autre. je me suis donc mis à l'écart et j'ai rogné mon bout, poussant de petits cris de bête
laver les carreaux. laver laver mais ils sont toujours plus sales. il faudrait jeter l'éponge avec l'eau de la cuvette. se masturber contre la vitre n'arrivera pas à ton visage. alors l'horizon, n'y pensons pas
je caresse la tombe, elle reste de marbre - j'y casse une pomme. je me demande quelle heure il est, je regarde le ciel: je me dis déjà tard, il est temps d'y aller
le soleil en face, et la mort au milieu. je frappe les mains une fois, deux fois, plusieurs fois: l'écho ne revient pas. je frappe les mains une fois, deux fois, plusieurs fois: même les mains ne produisent plus de son
à l'écoute du temps qui passe, il creuse les distances. respire dans les marges. largue ce qui est largable et se ressert une tasse. un silence s'élève - il n'en demandait pas tant
ça fait pourtant longtemps que j'existe - j'existais avant vous. avant votre mère, votre père. avant même leurs mères et leurs pères. et encore avant les mères et les pères de ceux-ci. j'existais avant tout. je suis pourtant, pour toi et par tous les temps, né de la toute
dernière pluie...
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je vis près d'un silence. ça se décante, un silence. je ne t'apprends rien en te disant ceci, ou cela. j'ai les pieds trempés sans même être sorti, avant même que de les avoir posés au sol. un truc se passe mal avec tout ça
tout l'art de l'inadaptation m'écorche gravement les doigts, il faut fumer. rester à l'affût. surveiller la mort, survoler les pendus. ou se toucher le sexe, ça marche un peu
et quelque chose part en vacances. il se nomme loin de lui. il tourne à gauche et il s'en va. le temps de rallumer son clope et il s'en va
ce n'est pas de manière récurrente, c'est juste de ramasser un clou par terre et de comprendre qu'il est fait pour soi, pour sa main, qu'elle lui va comme un gant et le serre contre soi. jusque ça fasse un trou
il se passe quelque chose. il ne se passe rien mais je te vois filer là-bas, foulant une lande quasi hérétique tellement elle est banale. je me repère un peu - juste de quoi me savoir réellement perdu, pas plus
en frottant suffisamment fort et longtemps de haut en bas, on aboutit à un genre de tristesse, d'élégance morbide. flotte sur l'océan une odeur d'océan. comme une nostalgie sans objet, et qui répond au gong profond
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après une bonne averse, plus rien ne vit chez moi. la ligne est morte, la chaise - il faut que je t'explique - la chaise, tient à peine debout. elle branle sur ses pieds
les étrangers font la queue. les autochtones eux auraient plutôt tendance à s'éparpiller, se confondre aux tendances du moment. parfois l'un ou l'autre s'échappe, se goure de chemin. alors on sait plus si c'est lui l'étranger, ou si c'est l'autochtone
caresse-moi l'dindon. et quand je lui sort ça elle dit tout simplement ne tremble pas. tout simplement donc je tremble pas or ça s'avère pas si simple que ça. elle boit une gorgée de travers alors moi d'un coup sec: ne t'étouffe pas
c'est tellement triste chez toi. les vivants n'y restent pas longtemps. juste le temps de tirer un coup, même pas. ils ressortent le pantalon sur les genoux, pendant que je me gave de friandises
ressusciter ne fut pas le plus dur. je me mets mollement à courir de temps en temps, mu par l'idée stupide qu'ainsi je serai moins mouillé, ou mouillé moins longtemps. tu parles...
il ne faut pas s'attendre à grand chose. surtout depuis qu'on ne s'attend plus à rien. et si un fait se produit exceptionnellement, mécaniquement j'allais dire même accidentellement, mieux vaut ne pas lui accorder crédit
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