•   chair de ma chair o
      substance aqueuse - il ne
      se passe rien
      de bien méchant mais le temps presse
      quelqu'un me recevra
      t-il, mains jointes mains ouvertes
      le creux rugueux d'un lit, le
      réveil à sa tête j'y
      travaille non je ne
      travaille pas

     

     

      elle est passée par là, ça
      se sent encore, et partout
      je retire
      un caillou du tas, je défais
      un pas de côté, je tourne en rond
      en rond en rond en rond
      et en dernière instance, il (le rond)
      se couche à mes pieds
      large suspens

     

     

      enfle le froid, l'émo
      tion n'y trempe pas
      un ongle, et vers le sommet, vers
      le sommet plutôt, s'épand
      le large, s'embarque
      un homme jumeau, un homme
      jumeau de rien, sous un
      minuscule parapluie

     

     

      distances
      s'entrechoquent, il faudra bien
      vivre avec ça
      ou même sans, il faudra même
      se passer
      de vivre soit dit en
      passant, comme ça se passe, distances se
      désarticu
      lant c'est bien ça

     

     

      j'en tombe
      et j'y retombe, bras ballants
      bras ballants ombre blanche
      j'en tombe et mon
      bâton d'encens, le jour se lève
      le jour se lève, or, bâton rompu
      le jour se lève mais n'en
      revient toujours
      pas

     


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  •   ça ne me parle pas
      intrinsèquement la pluie
      coule à mon chevet
      je ne
      connais plus la mort, elle me
      dévisage l'hiver, j'y
      songerai demain

     

     

      je ne
      me soigne pas, assis au fond
      d'une pierre sans vitre
      du regard les essuie-glaces, du
      bout du regard les
      essuie-glaces m'essuient
      me glacent
      je ne

     

     

      j'en perds quelque chose
      un aller
      simple sans valise, ou rien
      dans la valise, simple
      coïncidence que l'on
      traîne à la main, ou pousse
      vers l'abîme

     

     

      ne crains rien, je viens
      probablement désarçonné
      en tout cas démuni
      hagard sur les bords
      avec en dedans: une épingle
      à retire du jeu, à
      crever l'œil du lieu
      ou de plus loin

     

     

      j'ai peur en marchant, tu
      passes par là, par ici c'est mon
      tour, mon simple re-
      tour, tu passes par
      là où je ne suis pas mais où je
      reste - chacun son arbre, chacun son
      arbre en soi

     

     

      ça m'impressionne
      la pénombre immortelle ça
      ne nourrit pas son ombre
      un soir un éclair, un
      éclair comme on sait, déchire
      la cause commune, et entendue
      - est-ce que je cours est-ce que
      je me jette en moi, me
      défenestre sur
      commande

     

     

    l'arbre où s'endort


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  •   il ne
      parierait pas un kopeck sur moi, il em-
      brase mon oreiller pourtant, je le
      repère assez souvent, l'air de rien

     

     

      la rivière d'une seule rive, je la connais, elle coule
      de mon répertoire, j'en re-
      configure chaque vague
      chaque vague

     

     

      je ne me comprends plus, je ne
      me comprends pas, j'écarte un peu les jambes ça se
      grève à l'entrejambe, que se
      passe t-il donc, qui parle
      dorénavant

     

     

      tu t'avances
      belle comme un clou, tu t'enfonces, tu t'a-
      vances en enfance, tu poses
      genou à terre - c'est là que tout
      commence

     

     

      si je m'oublie moi oublie-moi
      borde la mer, la mer tu sais comme 
      je la soupçonne, séditieuse
      de se hisser des profondeurs, torchon éjaculé

     

     

      une route en recouvre une autre, une main écarte ses neufs doigts, tirant sur les jointures - j'ai l'impression
      de dormir dans le corps d'un étranger, de m'éveiller
      à l'impropre
      étrangeté du quotidien


      


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  •   il ne s'est pas donné, n'a pas
      donné sa vie, embrassé
      la matriochka sur ses
      grosses lèvres molles
      il s'est trompé de chaise

     

     

      soulève une pierre, lève un lapin, tu concevras l'in-
      fructueuse corrélation, certains debout
      d'autres assis
      tous au bistrot

     

     

      au loin souffle un œil
      quelqu'un se
      reconnaît en soi, on croirait à s'y méprendre
      qu'il chavire

     

     

      je
      ne vois rien
      n'appréhende même pas la mer
      je fais le tour de mon irréversibilité, nul n'apparaît
      aux confins immédiats

     

     

      un silence en tout genre
      amortit les surfaces, en amont un trou noir
      ravale sa salive - au milieu coule un homme, un
      caniveau d'homme

     

     

      je sais qu'il pleut, je sais
      que la pluie tombe à côté aussi, qu'elle, entre ses cils,
      rate le coche et brouille
      un paysage

     

     

    mort-mâchouille


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  •   le chant qu'on revêt mal et l'amour qui crève enfin. c'est un sceau d'eau
      quelqu'un a t-il
      cours après moi?

     

     

      à l'origine des choses il y a bien une balayette, une ampoule grésilleuse, un torchon
      qu'on essore jusqu'à l'os
      ou la corde

     

     

      tu vas de ville en ville, de porte close en porte à faux faisant le siège
      d'un abri-bus, et de fil en aiguille observes en toi le monde se
      détricoter...

     

     

      marcher, crouler, s'envoler - tout se réduirait donc à une
      simple question de lest, de
      longueur de corde...

     

     

      la nuit sauvage m'arrache un cri, ou n'en suis-je moi-même
      que l'odieux cri, le cri moche
      d'un hurlement l'étouffe-chrétien

     

     

      prêter foi à de grêles sons de cloche - amours intermittentes, charniers désopilants
      un vide qui s'entrouvre ne se
      referme plus, grandeur nature...

     


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  •   la flamme se détend - c'est un sinistre heureux
      un présage maladif

      avalé le hameçon
      tire par là, tire par là

      reste la peau à sauver
      et très peu d'os, un cas parmi tant
      d'autres tas

      limite n'importe quoi

     

     

     

      quelqu'un glisse avec ça
      glisse dessous

      ou bien glousse en coulisses
      il se rend con

      j'ai l'habitude, c'est ce que je
      réponds toujours, j'ai l'habitude

      mais l'habitude de rien, l'habitude
      à l'arrachée

     

     

     

      quelqu'un
      me soulève une paupière pour voir

      si y a un œil dedans, et quelqu'un
      dedans l'œil

      dedans l'œil un homme
      flotte
      à la dérive, sirène phallique, hareng saur

      simulacre ophélique...

     

     

     

      une dernière fois, dors
      endors-toi, casque au poing
      mange le néant

      une pierre
      d'achoppement c'est grave
      - mange la pierre, gave la pierre

      une dernière fois dors, endors
      la paille dans le dos, rond

      ou le poison sous l'eau

     

     

     

      je me suis imaginé
      quoi, j'en sais rien, que j'en
      sortirais grandi, en quelque sorte 

      à quoi
      dire adieu, s'avouer vaincu, jeter son mouchoir
      par la fenêtre aveugle

      à quoi
      se rendre, nulle évidence ne venant
      me contredire, ni contrebalancer
      la chute...

     

     

    requiem pour un vivant


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  •   ça me démange

      je m'y abrite, j'y abrite
      quelque chose

      le temps de se
      dératiser, au peigne fin
      - mais jamais assez fin, assez fin

      (légèrement agressif:)
      quoi, post mortem?

     

     

     

      une heure ne tient
      pas la route

      on n'imagine pas, mais rien
      ne nous imagine
      pas non soi, non plus

      à part ça, mais alors quoi
      alors qu'est-ce qu'on
      meurt le premier?

     

     

     

      être quand même

      sans raison
      apparente ni voilée
      dissimulée sous
      la transgression

      la mort parle à son aînée, je suis
      l'aînée des deux

     

     

     

      tôt le matin tombe la nuit
      et le mal qu'on se donne
      le mal qu'on s'échange

      un petit préavis, je pars demain
      demain c'est
      une autre nuit

      et je pars en courant, quitte en me traînant
      par
      la peau du crâne

     

     

     

      quelque part
      est une vue
      de l'esprit, et l'esprit également

      nous vivons
      à l'envers, banalement
      à l'envers

      qui de nous, racaille
      glanera le pompon?

     


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  •   bout d'ficelle, et pis rien

      rien au bout rien
      à l'autre bout non plus

      alors l'errance, le vide en soi
      le temps s'écaille

      un peuple tout à son
      colin-maillard -
      le cœur décroche

     

     

     

      un cil dans l'œil, la poutre
      de l'os

      pousse un peu par ci, pousse un peu par là
      tombe dedans
      dedans dehors

      la ligne jetée dans le lit asséché
      d'une lune aux abois
      - nul n'y mord

     

     

     

      la mort repeinte en jaune

      au point de fusion entre
      l'être et l'Être, le cri de l'œuf

      et quand la pierre retombe, pile ou face qu'importe
      qu'importe si elle tombe, et si d'un seul côté

     

     

     

      chuchote à l'oreille
      du mur, jambes croisées

      au-dessus de la mêlée, l'écuelle
      sauvagement vide

      un jour peut-être, un jour parfois
      - un jour jamais

     

     

     

      d'un ennui prophétique, puis l'urge convulsion

      inaugure un naufrage

      une pompe à essence

      le néant bouche bée, un lien préalablement
      distendu

      - comment marcher dessus?

     

     

    ce dernier lieu du tram s'en-va
     
      


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