•  

      habitant des marges et régions frontalières. espaces vacants, absences non remarquées. les ailes m'en tombent

     

     

      rien-à-dire ne conclut pas d'histoire, rien-à-dire en constitue le cœur battant. sous fleur de peau battue, les caresses minées

     

     

      sautiller derrière un pauvre caillou nous mène jusqu'au ciel, par un jeu de miroirs brouillés. pour finalement nous retrouver ici-même, nommément le nulle part

     

     

      aller ailleurs, prendre un autre chemin, changer de lagune - et tout cela afin de demeurer fidèle à, et... l'absence à vif

     

     

      c'est conscient d'être conscient que je pars en vacances - de ces vacances dont on ne revient pas, vacances qui n'accrochent pas. άγονη γραμμή...

     

     

    άγονη γραμμή


    votre commentaire
  •  

      les caresses on en fait ce qu'on veut, on se les fourre là où on veut
      il suffit de flotter, de retarder le plus possible l'instant où l'on coule
      l'on coule désolément

     

     

      j'ai peur de rentrer quelque part
      de me dire ben voilà, maintenant que t'es rentré quelque part, tu vas pouvoir te reposer
      te gratter
      jusqu'au sang
      jusqu'à l'os
      jusqu'à la moelle
      et puis quand tu auras fini de te terroriser, si tu n'arrives toujours pas à jouir, enfonce la langue

     

     

      je m'assois
      sauf que cette fois-ci, je ne m'assois devant rien, aucune eau ne coule
      aucun loup ne hurle
      les morts à la marelle, on les voit sautillant c'est ridicule
      obscène
      sont morts pour rien en plus
      et rien ne rattrapera cela

     

     

      je crois bien que c'est fini
      tu peux l'affirmer dorénavant, définitivement fini
      ce qui jamais ne cesse, une fois fini, rien ne l'arrête
      une vraie rage de dent
      un vrai mal de chien
      une fois fini, commence l'éternité, laquelle jamais ne rompt, ne cède ni ne trahit
      dimanches et jours fériés, mais vraiment sans pitié

     

     

      j'ai déchiré ma chemise
      déchiré mon torse nu
      le cœur au chien, la pâtée au zombi
      si on était équipé de bouches on s'embrasserait sans faute ni limite, de bave à peine
      si on était équipé de sexes on se niquerait le sexe, ça nous ferait du bien
      ça nous apaiserait en quelque sorte, ça nous réconforterait
      même si ça sent bizarre

     

     


    votre commentaire
  •  

      pourtant je l'ai entendue. je l'ai entendue chanter. voire fredonner. timide c'est fredonner. il faut plus qu'une oreille pour faire un homme. il faut plus qu'une intériorité inquiète, abîmée. plus qu'un rouleau de pansement. il faut un homme pour faire un homme, et puis ce quelque chose de vivant qui va avec

     

     

      je tremble des viscères. tellement j'ai peur. de je ne sais quoi, de je ne veux même plus savoir quoi. faux-semblant que de savoir. je ne marche que faute d'un lieu qui m'accueille, me retienne. je ne marche que faute d'assise. assis sur un vide mouvant

     

     

      je ne mangerai pas mes morts. je ne veux rien avoir à faire avec mes morts. je coupe les liens qui les font miens. je ne suis personne, enfin. enfin je ne suis personne. pourquoi est-ce donc si lourd encore ?

     

     

      tout ce qui s'oublie ne parle que de moi. en être réduit à la mémoire, quand ce bond soudain dans l'oubli comme un orgasme non-désiré, non prémédité. qu'on te soutire à l'improviste, en état de grimace. et se tenir en cet écart-là de l'improviste - entre la mort se lève et la tombe-tampon, d'autre part les framboisiers

     

     

      j'ai bien cru ne pas m'en relever et effectivement, je ne m'en suis pas relevé. j'ai néanmoins rampé, comme on flotte sur des débris de coquilles. ça fait mal mais c'est toujours quelque chose, avoir mal. je ne dirais pas mieux que rien, mais quand même quelque chose, de plus que rien

     

     

    d'une fois la rue montreuil gentil


    votre commentaire
  •  

      dieu me distance. bon, je le laisse courir devant. je traîne sale, derrière. je me touche le sale. la pureté en chacun, je pleure dessus c'est tout. ou plutôt je pisse mes yeux dessus

     

     

      ça fait longtemps que je n'aime personne. est-ce cela, vieillir ? est-ce cela dont on parle quand on se dit mort ? je tire sur les oreillettes, je déplie le papier, mais pas de bonbon dedans. pas de bonbon dans le bonbon, que dalle

     

     

      je n'ai jamais rien compris à rien. ni aux premiers amours, comme s'il pouvait y en avoir de seconds, ou de suivants. je me bats contre le vide et c'est à vide que je me bats. je me bats contre le vide et c'est le vide qui me bat

     

     

      je rampe. je rampe. ce n'est pourtant pas le charnier, mais je m'enlise. j'essaie de formuler un vœu, rien ne vient. je tente un saut approximatif, le sol fait défaut, où s'écraser. mon ombre s'empale sur mon ombre

     

     

      un peu plus tard n'existe pas. un peu plus tard est déjà toujours depuis toujours, abominable perpétuité. je me sens comme dépecé. la mort sent la mort et l'air ne pénètre pas, fenêtres closes, volets croisés

     

     


    votre commentaire
  •  

      comment se fait-il qu'on soit mort, déjà, depuis toujours, et cependant vivant ? pour quoi la chose, pour quoi la mort, pourquoi quand on rit jaunissent nos dents ?

     

     

      on est mort comme si on ne l'était pas, ou que vivre faisait seulement semblant de vivre. on est mort comme si la tache au fond n'était pas l'origine

     

     

      je n'ai pas de chien. je n'ai pas d'os de chien non plus. je ne sais pas ce que j'ai - juste la nausée qui me prend face à tout ce qui me manque, face à tout ce qui n'existe pas

     

     

      mourir ne me réconciliera pas. mourir ne me sert définitivement à rien. un plat de fèves, l'irritation de la gorge au passage de la fumée. même le bref soulagement que procurerait la mort m'abîmerait

     

     

      je suis mort comme si mourir ne m'en coûtait. je suis mort pour rester fidèle aux abandons. je marche dans la nature et oh combien je déteste la nature. quitte à trouver refuge en ma propre nudité

     

     

    brouillard sur toute la ligne


    votre commentaire
  •  

      les nuits
      ne veulent plus rien dire, c'est la guerre dans les deux camps
      je ne suis pas aveugle c'est le néant total qui
      m'écarquille les yeux et s'y déverse à jeun, tiens, remplis ton verre
      tiens, vide ton verre

     

     

      nous sommes si froids parmi les neutres
      je suis un imbécile, je suis un point commun, je me faufile
      entre les jambes de femmes sans jambe, j'arrive au bout
      je suis à bout
      mourir à l'instant t

     

     

      j'transporte les vitres
      d'une rive à l'autre, passeur de chants muets
      il n'y a rien entre moi et moi que
      l'infinitude d'un néant, les traits troubles des quelques visages le composant
      le décomposant
      le questionnant perplexes : loup y es-tu ?

     

     

      d'un côté dieu, de l'autre le chemin parcouru
      et cette envie d'gerber qui me tord les boyaux, qui me tient par les couilles, un peu par l'océan
      un jour discret, un jour tout en
      haussement d'épaules, je ne m'attendais à rien, quand bien même je
      ne m'y sentais pas vraiment prêt

     

     

      la voix perce-misére, or c'est de la misère qu'on fait les tas
      je soigne mon look - tout crâne rasé que je sois, j'arrange mon ch'veu
      il y a des hommes qu'on embrasse sans trop bien les connaître
      et puis la fin du monde, une seconde à peine avant l'é-
      jaculation

     

     


    votre commentaire
  •  

      il a peu de peau sur les mains, et encore moins de main sur les g'noux
      cela fait transe alors transe avec moi, raconte-moi comment s'enfuir
      avec tes gestes à toi

     

     

      manque d'eau, manque de fesse, l'absence plane où s'enlise ma relique
      où prendre forme, où s'installer dans la godasse noire ?
      on va de ci on va de là, et tout lieu commémore ce départ manqué,
      ce retour sans fanfare

     

     

      ce qui manque à mon jour c'est d'être un jour tout nu, une lumière à cru
      il me semble n'avoir invité personne à mon incinération je n'ai même pas
      sorti les cacahuètes, grillées à sec, ou couché sur le dos
      je m'arrange l'ennui

     

     

      je me gratte la mésange, me voilà cerné par l'entre-moi
      s'il ouvre une porte c'est la porte qui le bat - pas moi, pas lui, ni celui qui dit moi ou celui qui dit lui, les confondant parfois, parfois les séparant, quand ils en viennent aux mains
      non : la porte, rien que la porte, toute la porte, sortie de mes gonds et prête à tout
      pour ne pas y rentrer

     

     

      comment fait-il pour ne pas s'endormir, lui qui s'endort si vieux
      sous la flaque une femme s'amenuise, il prend garde de ne
      pas marcher dedans, n'en point froisser l'image - peut-être se retient-il
      de jouir, quand l'os à bout s'y rompt

     

     

      victoire adossée à son mort, il déroute
      finir en dure beauté oui, mais finir quand même
      avec les dents du haut, avec les dents du bas, et les trous tout autour, les trous à l'évidence les trous
      à perte de raison

     

     

    portrait craché


    votre commentaire
  •  

      cette odeur me rappelle un homme, car c'est là l'odeur d'un homme
      et tout homme en fait part à sa chemise
      à force de nuits vertes
      d'engins mal contrôlés
      ou si peu contrôlables...
      j'ai piqué vers la mer

     

     

      chante et déchante. petit animal blessé...
      d'une blessure un lampadaire
      la nudité qu'on cache sous la blouse, les points d'un permanent suspens
      comme quand t'as mal quelque part et que soudain, ben t'as plus mal

     

     

      venir de très loin et compter jusqu'à un
      un d'un extrême hasard
      et puis recommencer - recommencer jusqu'à tomber sur, je ne sais quoi moi : un
      cerisier sans noyau
      ou de plus loin encore

     

     

      le chien qui sommeille en moi a mangé son gadjo
      et nul ne le retient, quand n'en reste que les eaux
      j'ai flaque qui jouit sous le pied gauche, et qui se retourne s'appuie
      sur un vide à propulsion

     

     

      ils redeviennent lointains, les horizons - et leurs troupeaux s'égarent
      c'est comme un homme l'œil vide, saute à la corde un homme en corps
      se prend la porte ouverte, ou pour un courant d'air - se détraque
      oui, se détraque

     

     


    votre commentaire