•   je suis mort d'une balle dans la tête - ça me démangeait la cervelle depuis un moment
      à moins que ce ne soit de fatigue, tout simplement
      tout simplement ne veut rien dire, comme tout le reste, mais l'avouant volontiers - ne s'y je crois
      oppose pas

     

     

      mon train a du retard, non, ton train n'a pas de retard: c'est juste le mauvais train, partant
      du mauvais quai, dans la mauvais sens
      et du coup y a plus rien

     

     

      mon petit cheval blanc n'est ni blanc, ni petit, et probablement n'a t-il jamais été un cheval
      il était là pourtant, et j'en suis convaincu, en chacun de mes muscles et tendons, en chaque renvoi de mon dégoût
      ainsi qu'en ma singulière inaptitude
      à faire partie de ce monde, en être partie prenante

     

     

      le dernier ressort à mon humanité c'est la pitié, je ferme les yeux et je compte jusqu'à trois
      comme rien ne se passe, je serre plus fort et je recompte jusqu'à trois, et encore et encore...
      rien ne se passe jamais - du coup je garde les yeux
      indéfiniment fermés.
      jusqu'à trois

     

     

      je présume que ce qui nous définit émotionnellement avant tout, c'est de s'être senti trahi, et les formes particulières sous lesquelles nous avons été trahi
      plus difficilement tolérable, l'image nette de nos propres trahisons
      la question dès lors ne se résout plus à pour/quoi vivre, mais comment endurer de vivre sous le poids de cette humiliation, de cette honte...

     

     

      tout casse, tout supporte, ou ne supporte pas, d'avoir été
      l'innocence perdue, non ,l'innocence jamais acquise - la peau de chagrin d'un présent vide de soi, de vérité
      et finalement de beauté
      c'est quand même pourtant pas compliqué, la beauté...

     

     

    les nœuds marins, les femmes enceintes


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  •   alors on a repris nos clics, nos claques. on a fermé l'eau, le gaz, sa gueule et le courant. la mort dans l'âme et en avant, hop en avant. en avant rien

     

     

      muré le paradis. nos bénitiers jusqu'à rebord de crachât. on se retrouvera bientôt, ici là-bas ou bien nulle part. on est déjà perdus

     

     

      à partir d'un moment on lâche l'affaire. ça nous déchire un peu, bon, ça nous étripe en vol. à partir d'un moment je me déchire c'est sûr

     

     

      qui que quoi je, l'abcès crevé. le genre qui te caresse à rebrousse-poil. avec la langue. avec les dents. avec les doigts tout s'écartant, si on fait pas gaffe

     

     

      il pleut et pour pas un radis, c'est comme ça tout le temps. ça tombe dans ton bol c'est comme ça. ça tombe de toi en toi. pathétique

     

     

      je ne manque de rien, sauf de rien. alors je m'assieds là tranquille - j'imite un mort et je regarde passer. limite je laisse couler

     

     

      trop vieux pour se souvenir. à lécher le glaviot dans la soupe. la soupe froide la langue s'y brûle, pourtant

     

     

      quand vivre est au suicide. quand marcher sous et quelle absence, un ciel pouilleux. j'accueille les jours heureux, semblables et miséricordieux, je me dis c'est donc à ça...

     

     


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  •   mon jeu ne s'accorde plus, ma pierre ne coule pas. à l'espace qui me lie, s'accouple et me délie je dis que
      je n'ai rien vu

     

     

      longtemps encore, ou très longtemps
      très à la marge ou sur l'épaule d'un dos
      essuyai-je l'averse

     

     

      je renais de mes cendres, à quelques cendres près. si pour moi rien n'existe, n'existe rien pour moi

     

     

      eau de cervelle, vide le sceau et vide la pelle. ne me contredis pas cette fois ne me
      contredis plus

     

     

      on s'en va et on oublie. on s'en va bien quand même

     

     

      je me suis laissé dire que c'est mort. je me suis laissé dire que c'est pas une raison. je me suis laissé dire qu'une chute semblable

     

     

      je n'arrête pas d'y penser. je n'arrête pas de m'en, te de m'y, soustraire
      eh ben dis donc...

     

     

      pourquoi tu ne t'arranges pas avec moi? pourquoi tu m'objectes que tu ne sais, grosse, y faire? hein, pourquoi?

     

     

      la gloire est éternelle, oh la gloire éternelle, et la misère me tue.
      mais putain transgresse ma vie, o dieu décapotable

     

     

      comme qui dit quoi, qui dit mieux, je m'appelle adam, j'ai perdu toutes mes lèvres, et mes dents
      la peur suinte au milieu

     

     

    je m'suis dit que je m'suis dit quoi je m'suis dit


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  •   la flamme tue la mouche, c'est fatal
      la lumière naît du néant, mais de quoi le néant naît-il, si ce n'est de ma peur de la perdre?
      la lumière naît de ma peur de la perdre
      dieu: la peur à l'état pur

     

     

      je marche dans le vide et chaque pas en brise l'éternité. j'ambrasse sur les deux joues ma cousine, j'embrasse sur ses deux mamelles ma cousine. ma cousine me dit: je suis la croix en toi

     

     

      la douleur suggère un dieu en nous, la simple mécanique ne pouvant justifier la douleur
      seul un dieu souffre en nous, écartelé entre sa propre infinitude et la condition finie de sa manifestation
      autrement dit tout parle de soi tandis que soi
      regarde ailleurs, distrait d'un rien

     

     

      je ne suis jamais venu, je ne suis jamais parti
      où et d'où que ce soit. les murs, les toits, les paysages se sont peu à peu érigés autour de moi
      lesquels présentement se désagrègent - le cul nu d'exister en dernière instance
      cet appel alors, de partout tout à la fois,, n'était donc que le reflet de mon regard dans l'angle mort
      de mon carreau...

     

     

      à quoi l'univers servirait-il? à quoi le rien servirait-il? à quoi être servirait-il? la pensée du tout ruine le sens - c'est le néant de dieu, l'abîme de conscience
      nous descellons les cercueils. la mort s'apparaît à elle-même, ahurissant miroir et larme sèche
      l'amour ne sera plus que la vague nous emportant

     

     

      ils demandent qu'on les aime comme si cela pouvait leur suffire, comme si cela au contraire ne les divertissait pas
      de leur seule et aimante
      déraison d'être

     

     

      à ceux qui au fond d'eux veulent mourir - ou plutôt ceux à qui la vie ne peut suffire, ceux que leur condition entrave douloureusement
      à ceux-là sans espoir, à ceux qui ne savent pourquoi, ceux n'ayant intérêt à rien: ces purs glandeurs de l'absence éternelle...

     

     


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  •   qui coupe la poire en deux... n'en aura qu'un morceau.
      c'est avec fureur que j'avance vers dieu, contraint par l'odiosité de toute fausse route fausse couche de route, et les dents de travers
      toute ma vie souffre de cette inutile tension

     

     

      il y a des osselets dans la main: quatre gris un seul rouge.
      tu pleures à l'abandon, et l'abandon te suit, te rogne la queue.
      quatre gris un seul rouge - avant qu'ils ne touchent le sol je récupère mon geste
      je ravale ma langue

     

     

      les gens ne sont pas saouls ils titubent tout à fait gracieusement (sans intérêt perso).
      je me parle de bonheur, ce qui ne répond pas à la question.
      je l'ai déjà croisé quelque part, ce regard paradoxalement glacial
      et empli de pitié...

     

     

      une heure entre deux heures, à l'intercale, lesquelles entre deux heures encore, et ce jusqu'au péché originel d'un côté, à la condamnation définitive de l'autre.
      pas grave, j'irai pêcher ailleurs, un peu plus loin en contrebas si nécessaire
      pêcher sans canne ni appât, pêcher sans réelle conviction
      ni rivière au demeurant

     

     

      radio ouverte à tout néant, ou dans l'intimité creuse du tombeau
      voix dérisoire en continu, rayée railleuse et éraillée - morceaux choisis d'un continent perdu
      voix off, voix on
      par procuration mastectomie...

     

     

    dormir à deux


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  •   dormir oui, s'endormir oui, et de plus en plus tôt
      et de plus en plus tôt dans la nuit cryogène: veiller - c'est à dire dériver hors hypnose
      or y a plus rien à rêver, plus rien qu'à se débattre dans le grand silence, persévérer
      dans l'exclusion

     

     

      je regarde tout là-haut et je ne sais rien de ce que tout là-haut s'endort. ça me donne le tournis sur place
      exister marche sur des œufs. on ne peut pas tomber d'accord

     

     

      le large cercle
      les petites bavures noires
      j'arpente mon jardin. je hais mon jardin. ce jardin-là
      n'est pas mon jardin. je n'ai pas de jardin. je hais tous les jardins
      sauf les jardins publics, ça va de soi

     

     

      la nuit me mange dans la main
      plus exactement, elle vient picorer dans ma main
      les grains dans le creux de ma main
      - grains de sable j'imagine, mais dont chacun contient au moins un mirage et demi

     

     

      il y a des parts où l'on s'emmène, il y a des parts où l'on s'ennuie
      et les parts nulles se résolvant à nulle part.
      j'aboie vers toi mon silence, écho muet, réversible mémoire
      ce que j'attends ne viendra pas, ni même la mort

     

     

      il y a des puces elles crient le long de mon sommeil. une goutte de sang les repaît
      des draps blancs nous avons fait des serpillères, des draps rouges nous avons essoré jusqu'à la
      dernière goutte de sang

     


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  •   d'ailleurs
      d'ailleurs c'est une mer, un accident

      je couche une prière, je couche partout

      d'ailleurs les gens s'en foutent
      et les lucioles

      d'ailleurs...

     

    d'ailleurs


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  •   j'irai là-bas
      maintenant que je ne suis plus rien, j'irai là-bas nulle part
      j'irai nulle part
      maintenant que je ne suis
      nulle part
      je resterai correct, les lèvres sèches, le slip crépusculaire
      j'attendrai qu'on me dise

     

     

      dieu y a pas d'pognon, non, y a pas d'pognon chez moi
      on vit à perte, c'est l'éclat le plus pur
      le feu d'artifice d'une prise sans bastille, juste au milieu des champs
      - la mort dans l'âme, on vit pas

     

     

      tout mène à dieu, sauf dieu
      lequel mène à tout, et ne s'en prive pas, ne s'en porte
      pas plus mal, du moins on le suppose
      il est des bleds par ci, des bleds par là, disséminés de par le paysage
      - les humains parlent entre eux

     

     

      la mort est-elle aussi évanescente, insipide, insignifiante que l'existence?
      je cherche mon cheval mais mon cheval il est pas là - on ne se retrouve jamais nulle part, moi et mon cheval
      sans s'en apercevoir, on finit par avoir définitivement
      renoncé à soi

     

     

      un chien m'aboie dessus. il est con ou quoi. j'aime pas ça
      je m'embrouille avec les machines, je m'embrouille avec les gens, j'ai la nostalgie des lieux où la mort pousse un cri de joie, et notre déchirement
      fonde la réalité - je suis vivant, de tout éternité je
      suis vivant, un œil dedans

     


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