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Par lolek le 25 Avril 2020 à 06:49
si je t'appelle par ton nom c'est que tu n'as pas de nom
si j'introduis un doigt dans ta souche c'est que tu n'as pas de souche
alors qui meurt mate, dolorosa l'éveil fragilela main moite - finalement à quoi bon une main, fossile d'amoureuse
cinq doigts, une paume, un moignon de fortune
le gland en sang, métaphore existentielle
existe t-il un ciel : non
existe un ciel évidemment, y allant n'y allant pas
de main morteje t'ai caressé le ventre, allons bon
il n'y a pas d'être en moi, qu'un œil écarquillé
et que suis-je sensé faire, ressentir, en déduire ?
je remonte ma braguette - c'est un truc qu'on fait comme ça, machinalement
l'air pas tant satisfait que çarendors-toi
ou si tu ne peux pas, raccroche-toi alors
aux barreaux de ton lit, ton lit contre le mur, c'est un lit réaumur
je ne me rendors pas - de minuscules fusils
me fusillent à bout portant mais non à conséquence, postillons sur moi nu
moi nu le saisis-tu ?quelqu'un me regarde , à blanc
quelqu'un comme on rêve d'un autre que soi, d'une nouvelle mouture
je m'allonge où mes traces s'effacent, je ne demande rien
ou bien le large - rien qu'une odeur de large...le reste c'est le temps, ça ne représente rien
si tu m'appelles par mon nom d'où pourrai-je te répondre, et te répondre quoi ?
je m'abaisse jusqu'en bas ce n'est pas encore assez bas je crains
je réside en l'entre-deux, navigue entre les doigts
j'ai froid la nuit, alors je souffle dessus
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Par lolek le 23 Avril 2020 à 05:25
ne me contredis pas (je suffis à cela), reste auprès de moi
auprès de moi comme au bord d'un précipice
effarée cependant protectrice
entortillant machinalement les poils du pubis
à ton doigt d'ongle courtil me faut moins d'un jour pour succomber, quelques instants même
tête hors l'eau, tête sous l'eau, à ras de fêlure
j'ai l'animal fatigué, l'animal nocturne, je lui donne à rogner
il flaire, il rechigne
puis il se lasse...il faudra bientôt baisser les yeux, qu'il n'y ait plus de place en moi
que pour l'Autre total, l'Hôte de lumière
en attendant je jette du pain aux canards
aux poissons quand les canards se révèlent poissons
aux morts quand les morts se révèlent vivantsrecouvre-moi de ténèbre, de la ténèbre que tu sais
dépose là un petit banc, un simple tabouret, que je m'assoie
me repose un moment
vois-tu je n'ai rien pour m'exploser la tête, je ne dispose
que de l'attente
alors j'attendstu me prends dans tes bras, dans l'ambiance un long cortège facile, une
éjaculation précoce
je me marie cette nuit
j'appelle au secours mais c'est une bouée tranquille, une clé d'étranglement
un mort par contumace
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Par lolek le 21 Avril 2020 à 07:12
un homme c'est creux
d'un creux de haut au moins
je veille à ce que cela ne
se reproduise pas, sachant bien qu'au moindre signe de faiblesse, au moindre affaissement
de paupière, tout sera à recommencer, encore et derechef
mort n'est qu'une hypothèsemon chien durant, ma vie tout autrement
tu me serres dans tes bras, tu as les bras assez larges pour ça
avec des doigts qui dépassent au bout
pour me retenir, au cas où me prendrait l'envie soudaine encore
de m'échapper, de m'échapper mais de quoi ?
s'échappe t-on ?j'arrive quelque part, c'est un rite
toujours quelque part, tel un tremplin vers autre part
quelqu'un
ne me recueille pas, un trou dans le tremplin
n'être que soi cerne une chute, c'est comme ça
qu'on attrape froidje marche sur trois pieds, bancal
peu de morts parmi nous, le reste à l'avenant
un peu
on sue aussi, un peu
d'une sueur froide, d'un givre âcre. il n'y a pas
de façon propre
de partirsilhouette arrachée par le dessus, il s'en fiche
il s'en fiche, il va comme il va, sans caractère
nerf sur la guerre
fais donc le geste qui m'apaise, hors prosodie
tirer le large à soi, ça se dit, ça s'imagine même
ou sinon ça m'annule
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Par lolek le 19 Avril 2020 à 12:18
il en faut peu
il en faut peu pour faire si peu, grandeur nature
je sais que je marche de travers - comment l'ignorerais-je ?
je sais que quand plus de pitié, plus grande est la pitié
nous en sommes làje ne pense pas. je ne tiens même pas
à garder l'équilibre
le cap, le nord
ou quoi que l'on garde dans ces situations-là, particulièrement compliquées à première vue
mais simples au fond, puisque dépourvues d'horizonj'attache une chèvre
à mon piquet
ou le contraire, si seulement j'avais une chèvre
ou un piquet
- que faire sinon de cette corde, la corde, toujours
la même corde, dangereuse, lascive
et prête à toutc'est avec haine que je cours
et non les lèvres ramollies sur les pieds de jésus et d'ailleurs mort, mort vaut toujours mieux
que rien
et rien que soi, ou que l'idée de rien
il neige à béthléem aussiune ombre ça s'efface
d'un simple trait de lumière
mais on n'est pas obligé
d'en arriver là
ni la chance non plus d'agonir entre deux seins
l'un se dissimulant dans la pénombre prénatale, l'autre, téton têtu
chamboulant nos arrières
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Par lolek le 18 Avril 2020 à 07:20
la dernière fois que je suis mort, je me suis ravisé
c'était au carrefour d'une rue qui montait, et d'une qui descendait
par pure coïncidence j'imagine, ou comme par hasard
j'aurais pu me trouver n'importe où - d'ailleurs je me trouvais n'importe où
sauf chez soije suis l'homme certes mais l'homme de pas un cri
d'un soupçon de travers, comme on porte un œil de travers, un binocle de bigleux
et j'aime encore, et j'aime malgré tout
et malgré tout ça commence à faire beaucoupce n'est plus une question d'homme ou de femme, les uns se font tabasser
les autres aussi
on parle avec les mains, on parle avec les pieds, seul face au miroir
un miroir vous veut du biendieu n'est pas un homme mort, il a mûri depuis
il s'est maté des séries en boucle
il a senti l'odeur du sexe livré à soi-même
il s'est battu sur les chantiers
je voudrais mettre ma vie en pause, et mettre en pause celle de tous les résidents de mon quartier c'est mon quartier, mon quartier
est en vieles pleurs qu'on pleure, ils comptent pour du beurre
le problème c'est pas de mourir, le problème c'est le sens
des cheveux blancs des cheveux noirs, des cheveux châtains aussi, d'une mer d'huile
alors qu'il n'y a plus de feuj'ai que mon amour contre rien, ça me suffit
et même si ça ne sert à rien, servir ne sert à rien
j'ai mon amour contre rien, tant pis si ça
ne suffit pas
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Par lolek le 16 Avril 2020 à 07:08
le vent s'imprime, mais non, le vent justement, est qu'il ne s'imprime pas
et je défends mon nom
et je défends ma race
moi qui suis sans nom, sans race
et qui assure une circulation fluide entre par exemple le vide
et ce que fut l'amourun chien c'est égal, un chien c'est mort-né mais moi
mais toi petite souillon, la radio dans l'oreille
il faudra rendre des comptes s'il reste qui que ce soit auquel rendre des comptes
place de grève déserte
un monde sans bruitta mère oh la raciole, le rhésus posinégatif
j'aime une denrée, une denrée c'est rare, aujourd'hui nous sommes armés
nous sommes
armés
un monde sans mèresnos ancêtres ont la vie dure, la verge récalcitrante - des hommes persistent malgré tout
à désirer des femmes, sévices versa
des murs invisibles à l'œil nu, des barrières virtuelles, ne tenant que par des bouts de larmes, des palettes de chantier
de solides nerfs de bœufs
je crache dans la bouche de ton âme et ton âme
reste coiun siècle plus tard je fus un homme, je fus une femme, je fus
l'enfant de l'enfant de mon enfant
l'animal régnant
la lumière régnant
le silence régnant
bref rien dans les poches, que des doigts au compte-goutteles chiens se sont répandus, les chevaux
me regardent froidement dans les yeux, je suis descendu à la mauvaise station, toutes les stations
déclarées désormais mauvaises, j'ai attendu quoi, j'ai attendu qu'ça passe
que tout passe
et l'attente. après quoi les animaux
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Par lolek le 15 Avril 2020 à 07:16
dieu est un homme heureux, il est mort sur la croix mais bon, ça c'est du passé, maintenant dieu est un homme heureux
testé négatif
en l'homme qui n'a pas lieuun homme n'est pas tout à fait mort, il se traîne
chez sa voisine parturiente, en roi-mage lui apportant
un paquet de nounours en guimauve et la bonne parole
tout est à dieu, tout vient de dieu et tout
revient à dieu qui sait attendre, le cachet de la poste
faisant foiqui ne sourit aura une tapette
je parle à vide mais le vide ne répond pas, sauf à considérer le vide comme
la seule et unique réponse
à la question précise, quoique informulable et
recyclable à l'infiniles hommes meurent mais de quoi meurent les hommes, si ce n'est de la mort, les cierges
les femmes ne meurent pas, elles doivent au préalable se transformer en hommes pour mourir
les enfants eux ne meurent pas
les bêtes si, la gueule ouvertema terre est ronde ma terre est plate
ma plate est ronde
une fois n'est pas coutume, ce sont nos yeux qui débordent de nos larmes, or je ne pleure pas
or je ne pleure pas écoute-moi bien, duduk o mon duduk
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Par lolek le 13 Avril 2020 à 06:21
très peu d'angoisse au demeurant - la réalité dès qu'elle s'impose ne se dément plus, et cela nous dégage d'une paralysante ambiguïté
pas d'analyse, pas de synthèse, les commentaires eux-mêmes se révèlent superflus, anodins. le poème peut-être
à fleur de peau et d'eczéma
le poème fil à lingeon n'est plus habitué à ça, aux petites choses qu'on découvre finalement reliées aux grandes, et qu'il existe une totalité qui justifie que l'on parle de réalité, non comme d'un argument de masse mais comme d'un état englobant l'ici et l'au-delà, l'universel non-événement
accordé au fait brutil est normal du coup que le ciel vire au bleu, que l'air se fasse vif. tu lèves la main et tu touches au sommet. tu te baisses et te grattes le mollet. tout revient à l'ordre primordial, au chaos printanier quoique outre-temps
la tête du mort dans le panier neufpersonne ne sait si le chien continue d'aboyer une fois l'homme parti, ni si cela résonnerait comme un espoir futile ou comme un enterrement définitif
je ne me reconnais en rien, ni même dans le fait de ne me reconnaître en rien - et cela m'ouvre le large, la friche herbeuse d'un hors-champ
oublieux des limitesoù le temps est à perdre, fuite salutaire. ce n'est pas un vol de canards qui me fera rentrer chez moi
j'inocule la peur dans les yeux des chevaux, ne t'inquiète pas pour moi ce n'est pas vraiment grave: je ferai
le reste du trajet à piedà telle heure du jour ou de la nuit, rien ne se passe, rien n'advient, murmure quant au néant
le beau néant
ni rond ni droit
ni dans l'détail, ni infini
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