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Par lolek le 18 Juillet 2019 à 07:00
je ne manque de rien, il pleut, il ne pleut pas
il pleut, il ne pleut pas
de grandes bassines renversées qu'on aurait soudées au ciel, des bassines funéraires
je ne manque de rien, la mort viendra combler ce vide
ce vide venu combler la mortdepuis peu un humain, un malin, un cafard vient manger dans mon assiette. dès lors je m'amaigris. à vue d'œil m'amaigris, d'une gamelle au dépourvu. depuis peu un cafard, un humain, un trou dans le contexte
tu me traites de girouette, je me cherche un clocher. il y a l'amour, et puis il y a l'amour par-dessus tout. par-dessus par-dessus encore, régnant le manque, la corde dure. tu me prêtes une chanson et moi je m'en frictionne les couilles
elle pleure. dès que je l'aperçois, elle pleure. alors faisant semblant de ne pas l'apercevoir, je m'aperçois qu'elle fait semblant
de ne pas pleurer non plus, pas pleurer pour un sou. nous nous cachons pour ces choses-là, nous nous cachons pour préserver notre douleurj''ai mis deux jours sur quoi la motte, avant de commencer à pourrir, avant de commencer à sentir
que la nuit belle en ce temps-là, radotant l'infinité des fonds, le chant flétri. à l'effroi s'est substitué le néant pur et dur, l'anus primordial, le petit mouchoir en papier dont on s'essuie les coulementson ne s'embrasse pas. on laisse la langue pendre jusqu'à terre, traîner dans la poussière mais on ne s'embrasse pas. on ne picole pas. on s'ahurit de n'être pas déjà mort, l'œil qui cloche et la peau du zob coincée dans la fermeture. si on a soif ce n'est pas parce que l'eau; si on a soif ce n'est pas parce que le nuage; si on a soif ce n'est pas parce que la soif
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Par lolek le 16 Juillet 2019 à 07:09
j'ai à peine pu dormir. des crampes dans les jambes toute la nuit. heureusement que je ne travaille pas. heureusement que les hommes ne travaillent pas. le travail n'existe pas. seules les crampes. les nuits d'où aucune aide ne peut veniron n'attend donc aucun secours d'où que ce soit. il faudra bien que la mort nous accueille quelque part. que la mort ait un lieu, au sens figuré fut-il. que notre néant s'intègre de quelque façon dans la trame du cours universel, universel imaginaire, des choses
je t'ai pressé un citron, ou deux. tu peux l'avaler tel quel ou le diluer dans du jus d'orange. tu peux le prendre d'une rasade au-dessus de l'évier, ou à petites gorgées devant la fenêtre. tu peux attendre mon retour en feignant de ne pas y croire. même s'il n'y a pas de retour possible, où d'autre nous diriger que vers le lieu dont nous venons?
l'idée-même d'une fin suggère un au-delà à cette fin. ce sont les bouts qu'on ne peut joindre, d'une corde rompue. je reste tout près du téléphone, prêt à décrocher, au cas où. le regard ne pouvant se détacher du fil arraché, de la prise débranchée...
bientôt la mer. son odeur de tapis usé, son odeur de pourri. ce qui sort de la mer comme miraculeusement neuf. elle touille son café noir. pourquoi tu touilles ton café noir alors que tu n'y mets pas de sucre? c'est quelque chose d'autre, de bien plus mystérieux, qu'elle touille dans le noir
les humains partent en vacances. moi pas. moi je garde les maisons, je nourris les bêtes. dépoussière les photos de leurs femmes nues, me cache sous les lits. je veille sur leur absence - c'est exactement ça: je veille
sur leur absence...
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Par lolek le 15 Juillet 2019 à 07:18
je marchai longtemps, longtemps, et toujours comme il faut. ma main droite tenant mon bras gauche au niveau de son creux en passant par derrière mon dos. et marcher comme ça, irréprochablement. marcher comme s'il n'y avait nul lieu où arriver, rien de prédestiné vraiment, et que c'était très bien ainsije crois que tu peux retirer ta main maintenant, je n'en aurai plus besoin. je ne sais plus comment te dire. je ne sais plus comment te dire ceci, comment te dire cela - les choses les plus élémentaires. je crois bien qu'il n'y a personne d'autre que moi assis sur cette banquette, et cependant je n'en ressens pas même mon propre poids
ce que j'aime avec l'été, c'est de se réveiller tôt, très tôt, avant même les oiseaux. sortir un bol de l'armoire, le déposer sur la table. mettre de l'eau à bouillir. verser des croquettes dans la gamelle du chat qui bientôt se présente à la fenêtre. puis d'une pensée à l'autre se remémorer tout ce qu'on aurait voulu garder sous les sceau de l'oubli
tu ramasses ce qui traîne. c'est une habitude chez toi, de ne rien laisser traîner. mais que faire de tout ce qu'on ramasse, si ce n'est de l'abandonner de nouveau un peu plus loin? tout traîne, et soi le premier. tout traîne, et soi le dernier
plus un jour sans nager. au fond, en l'air ou même à sec, plus un jour sans flotter. sans poser un verrou sur le désir humain, sur l'urgence d'exister. je nage dans un sens puis dans l'autre. dans un sens et dans l'autre. plus un jour sans ressortir vivant de ce trou malfamé
j'ignore d'où tu me broutes, et pour quel polichinelle tu me prends. j'arrose les plantes les plantes croissent normalement. je n'écoute pas la radio. je regarde la route la route file normalement. je rentre chez moi quand chez moi est en ruine. alors tu sonnes à ma porte.
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Par lolek le 13 Juillet 2019 à 06:44
tu manges avec moi. tu manges avec moi de côté, et il me suffirait d'oser lever les yeux pour contempler ton profil. je préfère imaginer des trucs sexuels sur toi, des trucs qu'on n'aborde pas pendant les repas. pas la bouche pleineun homme me met en joue. il parait qu'on n'entend pas le coup partir - alors comment savoir si je ne suis déjà mort, déjà absent. le dernier rêve est perpétuel, dit-on, puisqu'on ne s'en réveille pas, dit-on. on prétend tant et tant de choses, et sur tant de sujets...
je m'arrange comme je peux, je m'arrange du mieux quand tu viens. je me coiffe le poil, je me brosse le gland - je me fais presque beau. je garde l'odeur sous les bras ça je ne m'en sépare jamais. j'aurais trop l'impression de ne pas exister sans sentir sous les bras. l'origan sauvage
peu importe ce que tu crois de moi. peu importe ce que tu penses de moi. c'est comme si on voulait donner une forme à la mer - ça n'a pas de sens. ou un nom (un projet, une destinée) à une mouche. il y a quelque chose de brutal en moi qu'on ne peut éteindre que brutalement. il faut y réfléchir avant. il faut y réfléchir à deux fois
je me trompe peut-être de chambre. je ne pensais pas venir à bout de ça, ni d'autre chose d'ailleurs. j'espère que tu ne m'en veux pas. et que tu ne m'en veuilles pas non plus que je te tutoie, que j'use du subjonctif. je peux laisser ma brosse à dents - pour le cas par exemple où je reviendrais. ou tu perdrais la tienne. un prétexte à repasser mais je ne pense pas: il ne m'est jamais arrivé encore de repasser où que ce soit
je vis vieux. c'est dans mes habitudes. je veux dire, ça rentre dans le cadre de mes habitudes. c'est comme un homme dont on n'aurait rien su s'il ne nous avait légué quelque papier, quelque lettre, l'endroit marqué où il a enterré son chien. peut-être n'a t-il jamais connu de femme.
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Par lolek le 12 Juillet 2019 à 06:15
surtout ne lui dis rien, genre parle avec les mains. mais pas en langue des signes, non, juste en langue des mains, réduite à l'essentiel. ou du moins à pas grand chosej'habitais toujours quelque part plus haut que chez moi, comme si j'enjambais un obstacle, une bouse, une claque. je me suis retrouvé au crépuscule du lieu, où même ce qui parle fait silence. car le bruit délivré du sens ne porte pas
je t'embrassais bien sur les coudes, et de l'autre côté aussi, au creux du bras. nous mesurons les conséquences, nous évaluons la situation, tout cela grandeur nature. franchement grandeur nature
je parle d'un très doux esprit. non, je n'en parle. pas, j'y pense simplement. non je n'y pense pas: il émane en quelque sorte des choses telles que je ne les avais pas prévues, du monde tel que j'ai du mal à l'imaginer, mais l'imagine tout de même
ce regard froid, ce regard angulaire, ce regard qui met à nu toute ma fragilité. car je suis fragile vois-tu - du coup j'évite de me raser. j'évite de serrer des poignes, ce claquer ces plâtreuses bises qui rapprochent dangereusement les visages. les visages pleins de crocs
si elle se souvient de moi c'est qu'elle n'a pas tout à fait sa tête. c'est qu'elle ne sait plus lequel de ses pieds danse en l'air et lequel s'appuie sur terre, où va l'un où reste l'autre. elle ne sait plus. elle se souvient de moi sans se douter de qui il s'agit, sans savoir qui je suis, ni à quoi me relier. sur ce coup-là elle n'a peut-être pas tort
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Par lolek le 10 Juillet 2019 à 06:50
vils reflets
je veux dire la soupe opaque
où se noie ma chansonpersonne ne t'attend
peut-être même pas dieu - pourquoi donc dieu t'attendrait-il, ou attendrait quoi que de soit?
il est de chacun et pour toujours l'éternel déjà-làtransmuer la douleur en conscience n'atténuera pas la douleur, mais en approfondira la conscience, douleur de la douleur au-dessus de toute douleur...
prendre conscience de ma conscience refoule le néant, tout en instaurant le lieu et la condition de son surgissement - incarnation de l'absence comme dure à surmonter, perpétuel manque à gagner,
l'écume du crottin...j'achève de t'embrasser
c'est maraude à la dérive dans le petit matin pale, presque aussi pale que toi, vêtue du seul baiser mortuaire qui me vienne à la bouche
"il faudra les recoudre", en parlant de mes lèvres comme d'une
innocence perdue...ce qu'il y a au-dessus de dieu m'épouvante et cependant m'attire irrésistiblement
j'ai des puces à foison, des puces sur tout le corps, tandis qu'au-delà de l'au-delà je crève d'un rêve muet, d'une minute
d'éternel silence...
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Par lolek le 9 Juillet 2019 à 07:12
elles m'ont dit
que le jeu n'en valait pas la chandelle, que
je ferais mieux de rentrer chez moi, retourner d'où je vais, n'en parler à personne, alors elles m'ont dit
de ne pas faire de bruit, de ne pas ébruiter l'affaire, que tout ça passerait, que tout passe, que la résurrection enfin
n'apporte pas les beaux joursl'ennui c'est une souris
morte depuis des années, et dont je conserve le corps tout au fond du casier. l'ennui
meurt avec moi. l'ennui ne me dit pas bonjour, ni bonjour à personne. l'ennui chie par le nombril
pas vraiment du persilce qu'un homme est heureux, il faut le rendre heureux
pourrir sa vie ne lui rendra pas ses rêves, pas plus que pourrir son matelas ne lui allégera le sommeil
car le sommeil a été abrogé
de toute part, en tout pays et de tout temps, le sommeil ne marche plusconforme à ce qu'on n'a jamais attendu de moi, près de revivre un peu - elles ont dit
ne te cache pas derrière ton petit doigt, derrière ton gros doigt non plus, ni ton orteil
c'est la forêt qui cache l'arbre, la mort qui te protège
elles ont dit de ne pas y aller voir, que je n'avais pas à fourrer mon nez là-dedans, ou autre chose
elles n'en référeraient pas, pour cette foistout cela va mal finir, qui finit mal déjà, toujours mal. ou si pas toujours, du moins la plupart du temps. et la plupart du temps c'est déjà beaucoup. beaucoup trop même
alors je lève un pouce, voir ce qui peut en advenir
s'il n'en advient rien, admettons qu'il n'en advienne rien, je pourrais toujours essayer
avec l'autre pouce
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Par lolek le 7 Juillet 2019 à 06:33
il y a là quelqu'un, quelqu'un
qui n'ose se dire personne
on en ouvre un dedans ses bras: c'est un feu-lieu
une histoire de compas
je ne m'aime pas dedans, je ne m'aime pas
dehors non plus je ne m'aime pas
j'y laisse des traces, stigmates de l'absence
tags de pur ennui, minuscules billes bleues
de la dératisationcontre toute attente aime-moi
et l'attente a le dos lourd
des piquants imperceptibles à l'œil nu
l'odeur d'un cahier de mots léchés, croisés, pipés
dans l'air le plus précieux j'encule un cheveu
tu me demandes comment je fais, ou comment je m'y prends
pour enculer un cheveu
sans même souffler dessusl'étroitesse de l'esprit on s'y morfond
un homme bat un homme - aux cartes, aux dames
à la matraque
y a t-il une marge à tout, oui mais y a t-il une marge absolue
une marge totale, qui ne soit
la marge de rien, une marge au vide
sans faire exprès, je marche dessuspetit tour canapé, allez hop, petit tour canapé
y a qu'une chaise dure
dure au cul, dure à la longue
je n'attache guère d'importance
en général, ou par principe
quand un enfant casse son jouet, il pleure
un homme, pareil - nul ne mérite çamourir épuise
j'ai donc fait quatre points de suture, comme quatre vis au cercueil
afin que de l'horizon, le ciel ne se déboîte de la mer
mourir épuise, mais là n'est pas l'essentiel
ni les points de suture ne referment la plaie
la plaie ne se referme pas
ou alors sur rien d'autre que moi
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