• mon sentiment profond

      tu ne l'embrasseras point. d'ailleurs
      elle se souvient de rien
      quand tu lui dis tu, c'est qu'elle n'est pas trop loin, ou alors abstenue, prise au piège
      d'une flaque nue
      la nudité c'est ce qui ne s'offre pas, d'un être
      ou d'un mal-être

     

     

      tu chantes avec moi mais garde-toi
      de chanter juste. je n'y comprends rien
      au rayon dans la roue, au bâton dans la boue, j'espère
      que tu vas pas me foutre à la porte encore, il fait si froid dehors - or de quoi
      pourrait se repentir
      une impasse telle que moi?

     

     

      j'ai fait l'effort
      de vivre, jusqu'à présent.
      main dans la main tu m"enlèves la peau, décalottes
      la main, ça se présente mal - moi quand je te touche je retire pas
      mes gants, mes dents alors quoi, se torchant l'un
      dans le dégoût de l'autre, de quel soi parlons-nous d'abord?

     

     

      j'encaisse mal. je ne te reconnais pas
      parmi mon moi, j'me secoue les grelots, nul son
      n'en sort, c'est donc par où le nord, et ça fait quoi
      toujours de se gratter le dos, gratter le dos, de la cuillère jusqu'à l'os
      jusqu'à le cœur de l'os

     

     

      j'abdique à ta rencontre, je me bouche les yeux
      avec un mélange de paille et de boue, avec le fumier
      des jours courants. si tu te baisses je n'accours pas, je me retiens
      te redressant j'ravale mon ombre, je me dis
      que j'aurais pu partir à temps, ou entre-temps

     

     

      partir de l'abdomen, le silence pesant.
      sans destination, sans rame, quelle différence entre la barque
      et le cercueil -
      le khôl peut-être, ou  le solstice
      d'hiver figé en sexe


      

    « mémoire en berne carnet de pluies »

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