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et puisque rien ne commence, la question close et l'affaire entendue - ainsi errais-je, du genre non-advenu, ou victime d'un simple malentendu...
te touche la joue, mais la joue seulement. te touche les cheveux pas exprès.
puis te crache à la gueule, comme on crache à la gueule des justes, des crapules ou des morts, toi qui n'es rien de tout ça apparemment mais juste une femme
rien qu'une femme
au moins une femmeje ne banderai plus
un peu comme on arrête de fumer, quand on est fumeur avéré
si on ne fume pas, évidemment...
je passe mon temps à tenir en main des coquelicots, qui perdent leurs pétales avant qu'elle ne revienne
- les filles ça met toujours un temps fou à faire ce qu'elles ont à faire, on comprend pas pourquoi
personne ne comprend pourquoi
c'est comme ça pis voilàj'ai tout le temps
je ne m'ennuie pas, justement parce que je m'ennuie tout le temps
et tout le temps c'est le temps qui déborde du temps, et ne sait plus quoi faire
je ne sait pas quoi faire
je ne sais pas quoi faire à part ne pas savoir quoi faire. je ne supporte plus de faire.
je tire la langue, je rentre la langue. finalement je rentre la langueun dieu me gratte le dos, quand c'est le dos qui gratte.
on se cache derrière les arbres, on pense que cela pourrait nous protéger
tout comme les abri-bus, ils abritent de la pluie, du vent
la mort sert de refuge, le refuge en la totale nudité, l'inac
cessibilité.
c'est une rumeur glaciale, un écho ténébreux - on ferait mieux de ne pas l'entendre...la dernière fois que je me couche sur le côté, que je pose la joue, la tempe sur l'oreiller
ou quoi que ce soit d'autre, à défaut d'oreiller
on va pas faire d'histoire à propos d'un banal oreiller. on ne va pas faire d'histoire du tout.
j'ai désappris. le plus beau a finit par s'enlaidir - alors j'ai désappris
je suis plus soulagé comme ça
avec ou sans, en ou hors la réalitéreste couché
debout ou bien sur le côté, reste couché.
noyé dans l'éternité, malgré qu'elle fuie de partout, l'éternité...
je me sens vivant mais vivant de quoi, vivant de rien.
la porte ouverte, les murs tombés, le toit comme soufflé. il ne pleut pas
pour une fois qu'il ne pleut pas
mais puisqu'on te dit qu'il ne pleut pas
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je me promène avec mon chien.
- mais tu n'as pas de chien, s'étonne mon frère
- et toi tu es bien mort, alors de quoi me parles-tu, comme on dit dans les livres.
par ailleurs ça ressemble à son chien. je me demande
si le chien de mon frère mort vit encore
j'ai oublié son nom
mais pas celui de mon frère, mort lui aussi...c'est la montée des eaux
lente, vigoureuse montée des eaux...
il faut bien faire attention à où on éjacule
éjaculer au bon endroit requiert tout son sang froid
nager à reculons de même, quand la mer se retire
or là on n'a pas l'impression qu'elle compte se retirer, la merj'ai toujours dit crève un sou, j'ai toujours parlé comme ça à qui voulait, ou non, m'entendre.
les jours s'accumulent, en un jour de plus en plus nu, à la limite de la transparence
la transparence c'est d'être sans limite, me fais-je la réflexion
elle n'y trouve rien à rediremidi m'achète des frites
ketchup ou mayo, m'annonce la couleur.
ai-je encore la vie à perdre - je te caresse les seins, ou la nuque, je ne sais plus dans quel ordre
je pense entièrement à rien
je sens intimement le rien penser à moi
je ne suis rien d'autre que cette pensée là du rienil faudra libérer les esprits pour d'incommensurables néants, se dit le fils de la beauté saccagée.
ma mère quant à elle était très belle, elle a tenté de se suicider l'autre jour
je doute que c'ait été dans l'intention de rejoindre mon père - se souvient-elle seulement de lui, brève amour de jeunesse?
se souvient-elle seulement de moi?je reste là contre mon corps, léger tourment.
je suis toujours étonné de vivre, de faire partie des vivants
je m'aperçois soudain que nous avons tous perdu nos mains - rien ne dépasse de nos manches
seuls les sexes débordent de leurs gants, et traînent mollement sous les regards lâches et indifférents...
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une large vitrine
une simple et large vitrine.
un beau pavé
un lourd et beau pavé.
un homme en moi se fracasse t-il, ou se fait-il l'écho de ce fracas
un ami de cet homme m'a t-il demandé du feu, si par hasard j'avais du feu
- à quoi donc le hasard s'amuse t-il?j'esquive la question.
j'esquive tout ce qui peut s'esquiver.
cela ne suffit pas à tracer une route, mais aligne des pas l'un derrière l'autre
l'un devant l'autre également
jusqu'à ce qu'un jour l'image ne surgisse plus sur le miroir glissant
et reste collée au fond...il avait beaucoup neigé les jours précédant celui de mon premier mariage
cinquante centimètres
on a du creusé un chemin de la maison à la mairie, lequel se trouva verglacé le matin du dit-jour.
quel temps fera t-il lors de mon enterrement? devrai-je à cette occasion
sortir mon parapluie?
cette fois je n'inviterai personne. une rakia pour les quatre porteurs et basta!un homme se dit blessé
un homme se dit toujours blessé, sans quoi il ment.
on ment tant il est dur de s'avouer blessé - dur et blessant
on se coupe le doigt
on fait aïe, on crie eh merde, on gueule putain. ça pisse le sang
le temps de se dégoter un pansement, on en fout partout, du sang.
mais ce n'est pas de ce genre de blessure dont je voulais parlerun ami porte mon nom, la sainte croix - du coup je lui jette une pierre.
je ne veux pas d'ami, je n'aime pas les amis: quand je croise un ami je lui lance la pierre
la première pierre venue, et je vise la tête
la première tête venue, qu'elle ne revienne pas.
qu'on ne me fasse pas chier avec des amis, moi qui aime tous les humains
tous les animaux
et les paysages vides...
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j'attends le miracle; j'épie
que le miracle se produise ne fait aucun doute, mais saurai-je avant tout le distinguer, le reconnaître comme tel dans la foule des non-lieux et faux-semblants égrenant les jours sans?
le miracle est permanent - seul le regard glisse et ne se pose pas...tout tourne, le vertige arrache ma chemise, déboulonne un cercueil
il n'y a plus rien à dire de soi, que disparaître dans un effet de miroir dévoyant, renvoyant dos à dos l'essence
et le lacet défait...elle regardait ailleurs. elle ne m'a pas vu peu à peu m'estomper derrière elle, se rassurant de ma simple image, papier froissé, glacé décoloré
elle perdait l'essentiel pour d'insipides babioles...il n'y a rien là-dedans qui soit pour moi. j'ai du avaler toute une route, et jusqu'au moindre gravillon débordant sur les champs...
on ne se reconnait pas. on ne se reconnait plus. on passe la main au travers du visage mais c'est une manche sans bras - pire même et par l'endurcissement des cœurs: un homme sans accent...eurydice à la mort
vouée non par un serpent, mais de ne t'être pas retourné, ne pas l'avoir contemplée ne serait-ce que dans le cadre du petit miroir de lune que l'on porte par précaution en lieu et place d'un troisième œil et qu'on finit par rendre et jeter
au courant des nuits froides...
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cette armée de phares jaunes déchirant la grande bouillasse, transgressant la règle de plomb de l'insignifiance, l'absurde condition faite au renard ambré
quelle forme prendra le temps qui passe, hors conscience ou dans une conscience hors temps? une sorte de caillou - une sorte de caillou ordonne nos faux pas, nos faux nez de tristes sires, nos fumeuses fausses couches...
quelle étrange manière que le déni de grâce, l'évacuation systématique du miracle ou l'imperméabilité à toute transcendance... suffirait-il à petits mots d'éroder le rocher, à petits pas de débouter l'absence inique...
une fois trois fois j'ai le jour à côté - il me faudra réitérer l'acte originel, défrichement virginal. ou regarder de l'autre côté, comme si de rien n'était et vraiment l'air de rien, respirer par le nez
une fois la ceinture mise, les homme pleuvent un petit peu, s'appuient sur les talons et remuent leurs labiales, marmonnant quelque prière incongrue, faisant mine de s'extraire du contexte
quel espoir en une roue sur elle-même emballée? je me passe de l'un à l'autre, et soudainement lâché dans l'espace nu - pour toute aile le vertige, c'est à dire à tout rompre l'angoisse sous vide...
rivé à la grande souffrance - mon petit père m'a dit... crève les yeux ouverts, rêvent les yeux fermés, garçon creusé d'inaimables ruptures, piégé là comme un con
dans l'incommensurable...
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sous le régime de l'insécurité sociale, existentielle, ontologique... sol dégradé, très dégradé - la voix passe au travers
la consolatrice. celle qui nous réconcilie à notre douleur. qui souffle sur le mal intérieur. en atténue ainsi l'offense...
la plus compliqué: garder l'équilibre. tenir debout sur presque rien. sur même rien du tout. éviter de retomber au stade où la douleur fait de vous une bête...
il faut chuter oui mais à l'envers: dans la gueule de dieu. j'ignore comment on s'y prend - on s'y prend à l'envers, j'imagine...
quelques mots comme des plots, comme des flocs, des flotteurs qui nous empêchent de couler et qui nous font prendre les mouettes carnassières là-haut pour une nuée de chérubins béats
il y a une résurrection. sans doute se confond-elle avec la mort. ou la mort en est-elle l'amorce
vois je n'ai rien à dire - qu'à maintenir le cap, me faufilant entre néant et dieu. qu'à rendre à la marée le sable des châteaux...
éviter surtout les questions essentielles - genre dans quel trou on tombe; ou la crucifixion sur pied...
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il y a des années, disons, il y a des années, des choses qui ne meurent plus
vivre souffre, un homme avant.
j'ai perdu toutes mes jonquilles, qui donc a piétiné
toutes mes jonquilles?
c'est pas moi, c'est ps le sol c'est pas l'arête
c'est la merde au paysl'homme est la tombe de l'homme
alors il creuse, il pelte - il grave son nom
sur l'abîme frigideje t'embrasse là, juste derrière l'oreille, où il n'y a pas de poils
j'ai peur pour moi j'ai peur pour toi, j'ai peur pour tous
cela ne semble rien, c'est pourtant bien un champs
où s'essaiment...ma nuit donc et partout se promène.
elle rêve de toine pardonnerons-nous pas à dieu d'avoir créé, donc d'avoir tout de même servi à quelque chose?
on entre en dieu quand tomber amoureux ne suffit plus, par exemple
à cloche-pied sur une seul jambeou sur une seul jambe
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il ne me plait pas de te regarder en face
transcendant récidiviste, petit chien rase-partout
et pisse-deboutil y a une horloge à chaque mur et certaines fenêtres sont des horloges à part entière.
elles (qui d'autre?) cassent leur jouet en mille morceaux, affligeante multitude
elles baisent le bitumecalibre ton mouchoir, à la mesure de ton renoncement.
le reste du temps reste chez lui, non, oui, chez toi, en lequel tu marches à l'envers, cent pas à pas
n'est pas d'accordni un mur ni un gouffre (μπρος γρεμος και πισω ρεμα), le mur suspens de dieu.
le quotidien végète, déambule crâne rasé, mange des nouilles
et lorsqu'il ne pleut pas, lorsque d'un jour s'en tape on oublie
le mot de passe...je viens couler ma vie dans un parfait néant
m'appelle une femelle, me fait toc toc toc à la vitre blindée
la voix ne porte pas, qui traverse d'un trait le vide sans cillerils (mais qui donc?) reviennent ailleurs, d'ici vers l'ailleurs, traînant derrière eux l'idée d'un retour impossible
il manque quelque chose, comme du sucre au malabar mille fois remâché, une ouverture,
quelque chose qu'on ne salisse pas
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