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t'es mort t'es pas mort, tu ne sais plus très bien en fait
tu demandes du feu à giordano bruno tu lui dis monsieur, z'auriez pas du feu s'il vous plait
la fumée te picote les yeux, t'en as marre que la fumée te picte l'orbite, te tricote le nerf optique
la pure puissance de jouir n'hésite pas, tu persistes à gratter ton nounours tout pelé,
et lui ne répond pasest-ce que tu m'aimes, est-ce que tu m'aimes ainsi, à deux contre soi à un
contre huit cent quatre-vingt-huit?
quand un homme sait tout et qu'il n'a rien compris, vers où se tourne t-il pour demander de l'aide?
c'est ce fichu bonheur qui explose alors qu'on ne lui a rien demandé, ce bonheur hors-propos
et qui veut rien entendreles hommes sont les hommes ils font ce qu'ils peuvent, mais pas plus de trois fois par jour, et pas toute l'année évidemment
évidemment
les hommes
ne sont pas les hommes, ils font ce qu'on leur dit des fois ils y arrivent, plutôt rarement faut dire
par exemple moi, j'ai un défaut
affalé sous le radiateur je sais plus comment je m'appelle comment tu t'appelles, c'est tout ce que j'ai à offrir
à la mortsans rien faire. et sans rien faire je te baise les mains tu vois, j'arrête le hoquet
tu jouis toute seule, comme ça sur un fil de laine, tu vis pour toi toute seule
j'aurais voulu ne pas être, n'avoir jamais été. j'ai l'impression d'avoir souillé la vie, pissé sur la devise - je suis rien
un homme mort
la résurrection permanente
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les sources tarissent, je suis de moins en moins celui que toujours fus
on ne devrait mourir qu'à force de n'être rien - ainsi m'efforcé-je de ralentir, le saut de la limace ou le gaz inodore
: rien qu'une pulsion dans le cul du néantpartout la grâce
la plus petite chute de la plus petite feuille déchire la lumière, qui n'est que déchirure
je crève de disgrâce et j'appelle ça la grâce, les tombes sautent de joie
ça jouit de partout, ça fuit de partout, l'orgasme nous afflige, je relève ce mioche
tombé là sur ses genoux, et que panique la douleur...c'est la grâce, la gratuité, les glaces à la pistache la sieste du dimanche, c'est l'ivresse macabre
de chaque jour, de chaque souffle
- qu'avons-nous fait de la vie et qu'est-ce que la vie a fait de nous? nous ne méritons rien
nous sommes aimables c'est tout
aimablement laidson s'excuse de quoi au juste? il y a des hommes des fois, et des fois c'est rien que la lumière
et parce que l'extinction ne saurait être assimilée à une déchéance, tout est libre
libre enfin, et définitivement
c'est le chant de la chute et ce n'est rien du tout
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les arbres
sont les arbres, les autres
tombèrent les premiers, il ne faut pas mentir
pas se mentir du moins
ou alors seulement un peu, juste ce qu'il faut
pour ne pas s'abuser: les arbres
ne sont que les ombres des arbres
et les autres sans broncher
abandonnèrent l'navireaux hommes qui chantent la mort échoient les femmes les plus belles - c'est la loi
une autre loi dit que les femmes les plus belles ne le supporteront pas
mais trop tard, elles ont pondu leur œuf et en éclot toujours la même ritournelle, l'éternelle
damnation, ou comment dire - célébration?
sur les hommes qui chantent la mort échouent les femmes, comment dire...j'étais quasiment aveugle de l'œil gauche, le marabout m'a dit
regarde de l'œil droit dis-moi, de combien l'homme dépasse t-il son ombre?
d'une femme, qu'on remue à bâbord qu'on chahute à tribord sans oser faire de vague?
d'une âme et conscience déposant sa morve on dirait sur une feuille à rouler?
de quoi j'étais mort et de quoi vieillissais-je qu'est-ce que j'en sais qu'est-ce que j'en fous dis-moi seulement où je peux poser mon avion, où retirer mes grolles où cramer
mon ultime bougie...où le bât blesse, et la boue se fait bouche - je fais ce que je peux à un deux trois je fais semblant d'avoir été
j'avancerai bout à bout mot à mot et je dirai ma p'tite panique, je raclerai ma gorge j'éclaircirai ma voix et je dirai
ma p'tite panique j'irai comme tu voudras, les yeux crépis ou les yeux vides - qui me tiendra rigueur de ces détails-là, vivre?
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comme on se raccroche à son propre poing quand on coule et qu'on coule quand même. on se raccroche encore
je n'ai pas tant d'images que ça. j'ai rien laissé bercer. un taureau face à une petite fille - et c'est le taureau qui tombe...
j'ai mal à rien plus jamais, rien foutre. dehors tu chiales un peu, tu te les pèles surtout. dedans ils se roulent des joints, ils se roulent des pelles
j'ai tellement mal à toi, à l'autre nuit de toi. je parle de la neige qui tombait ces jours-là - et moi la neige j'y peux rien, ça me fout la chiasse
un ruban est tombé, personne ne l'a ramassé. je me regarde dans la vitre et je vois la mer derrière moi, les quais crasseux
tout est simple. si on te dit que tout est simple, tout est simple. reste plus qu'à trouver la sortie. à genoux
quelqu'un s'est coulé derrière toi. tu n'as jamais su qui te bandait les yeux, qui te clouait le bec - qui te soutirait l'âme avec sa poigne de velours
on ne manque de rien ici - on n'a rien non plus. on vit comme on peut, on passe à côté. comme ça sur le côté
celle, la seule chose qu'on ait à dire, que la vie ait à dire. et tant pis si ça ne sert à rien, si c'est pour rien. tant pis si on dit rien...
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elles ne savent plus lire sur les lignes de ma main. monsieur, votre mère a été hospitalisée hier matin etc etc...
la mère de l'humanité se cache dans un village des balkans, en uranium appauvri. il m'a fallu deux ans
j'aimais te sucer le sein, jusqu'à quand tu n'en pouvais plus alors tu me foutais des gifles. comme elle
personne ne s'est jamais présenté aux rendez-vous. qu'une tasse de café vide, l'aiguille des secondes, un chien auquel on ne trouva pas de nom
j'ai deux-trois photos avec mon père mais je me rappelle mieux celle avec le corps de che guevara. je me rappelle mieux la tête de che guevara mort
je ne me souviens que de deux rêves érotiques dans ma vie, pour leur virulence. l'un où mon premier amour se révélait, au moment crucial, être un garçon. et l'autre avec cette femme plus âgée, tout nerf vibrant noir, qui m'avait conseillé tu devrais te réconcilier avec la vie, lolek...
alors j'ai préféré mourir, parce que je suis un garçon décent, comment dire... pudique, et qu'on aurait pas du me faire ça
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une figure de là
pas grand chose
quelqu'un bruine derrière moilégère chute. j'esquive le ruisseau
quelqu'un reprend sa main
je lèche les doigts
que je n'ai pason n'a plus le droit de s'effondrer
on s'effondre quand même
présumée innocente, l'ombre
se rapproche, lape mon ombreje ne sais pas. je passe par ma tête
et ma tête se répand vers le nord
au dunkerque de ma viele ferrry qu'on aurait pu prendre
a coulé - reste la terre, ferme
et fermée.
j'ai la bouche si sèche...je vais sur un pied et si je tombe est-ce que tu me rattrapes, est-ce que tu me rattrapes vraiment
je n'ai pas le choix vraiment, étrangement je vais, marche sur un pied. et si je tombe
si tu me rattrapes je tombe. sinon d'après moi, je tombe...
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partir à la dérive - quoi donc? partir
à la dérive il n'y a pas de mais qui compte j'achoppe
là je te dis que j'achoppe
ne me tourne pas le dos je te dis que j'achoppe, et puis
rien ne m'excite davantage qu'un verre d'eau
vide
et mortele long de toi ai-je soulagé ma route
tu me dégoûtes un peu
un peu comme on se dégoûte un peu soi-même, où fuir
où fuir quand les traces te piétinent le corps et c'est la route que tu portes
sur les épaules et te passe dessus, et te pisse dessus
et te pousse dehors -
le long de toi ai-je jamais dit stop, on r'commence?partir, foi d'alouette, le long
quelle m'obsède, torpeur en la demeure - j'ai froid
jusqu'au fin fond de ma mort j'ai froid, et dès le premier pas, figé
quelque chose m'oblige, te dis-je
à te passer dessus
à fuir par en-dessous
en douceune légère, oh si légère
chute...
rien là ne me retienne, le bras brasse l'espace la main ne trouve rien où se raccrocher la chute
est libre, si libre, légère
légère où se raccrocher
démailler les sources sèches, les sources sèchesôte-toi de mon chemin, grandiose immobilité
grandiose spectacle de mon immobilité
charnier réel, imminent, de quoi ai-je l'air
je monte au ciel et le ciel redescend, charnier profond
tout ce qui crève en moi, et celle
réelle, réelle et imminente
s'en allant s'en venant
claudicante...une lettre d'adieu, c'est mieux
bien mieux que toutes les croûtes recouvrant la cornée, la bouillie des jours sans
devant soi: devant soi
et rien d'autre, même pas
une lettre d'adieu, une seule, l'oméga du voyage
devant soi, rien: c'est déjà derrière soi
- pauv' tâche...
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