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un orage exprès, un orage mutant
j'ai à peine pu dormir. des crampes dans les jambes toute la nuit. heureusement que je ne travaille pas. heureusement que les hommes ne travaillent pas. le travail n'existe pas. seules les crampes. les nuits d'où aucune aide ne peut veniron n'attend donc aucun secours d'où que ce soit. il faudra bien que la mort nous accueille quelque part. que la mort ait un lieu, au sens figuré fut-il. que notre néant s'intègre de quelque façon dans la trame du cours universel, universel imaginaire, des choses
je t'ai pressé un citron, ou deux. tu peux l'avaler tel quel ou le diluer dans du jus d'orange. tu peux le prendre d'une rasade au-dessus de l'évier, ou à petites gorgées devant la fenêtre. tu peux attendre mon retour en feignant de ne pas y croire. même s'il n'y a pas de retour possible, où d'autre nous diriger que vers le lieu dont nous venons?
l'idée-même d'une fin suggère un au-delà à cette fin. ce sont les bouts qu'on ne peut joindre, d'une corde rompue. je reste tout près du téléphone, prêt à décrocher, au cas où. le regard ne pouvant se détacher du fil arraché, de la prise débranchée...
bientôt la mer. son odeur de tapis usé, son odeur de pourri. ce qui sort de la mer comme miraculeusement neuf. elle touille son café noir. pourquoi tu touilles ton café noir alors que tu n'y mets pas de sucre? c'est quelque chose d'autre, de bien plus mystérieux, qu'elle touille dans le noir
les humains partent en vacances. moi pas. moi je garde les maisons, je nourris les bêtes. dépoussière les photos de leurs femmes nues, me cache sous les lits. je veille sur leur absence - c'est exactement ça: je veille
sur leur absence...
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