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on ne peut nourrir la foule avec plus d'un petit pain de mie. on ne peut désaltérer les multitudes avec plus d'un gobelet de cidre. on ne peut assouvir sa soif d'absolu avec plus d'un mégot...
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évidemment il est essentiel que tout se passe à notre insu, que les vérités ne soient que pressenties, et vagues les promesses, afin de préserver en nous la possibilité de l'orgasme, de la conjonction, en un éclair de temps, de l'immanent et du transcendant
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j'aime la nuit où les chasseurs m'ont tué. quand je me suis relevé je n'étais plus la symbiose douteuse d'un spectre et d'une larve, mais l'imminent salut de la population locale
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aller droit au but se révélant la manière la plus sûre de le manquer, je me suis perdu en chemin. un chemin sans s'y perdre fait l'effet d'un tas de caillasse, et les pansements emportés par précaution s'avèrent de grande utilité, quoique d'efficacité restreinte...
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un arbre s'est bien caché derrière le mot arbre, pourquoi donc ne tirerais-je pas la langue jusqu'à ce qu'elle envahisse ta bouche, ou rampante sur le gravier ne s'y plante en piercings les arêtes du Verbe. certes je nage, mais je nage en amont...
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chacun vide son sac. on en sort des crapauds, des trombones, des miettes de chips - et même les saluts que ne vous ont pas adressés les gens croisés dans les villages traversés. chacun vide son sac et ne garde en dedans qu'un ricanement de tête de mort, ou la mince pellicule de matière gélatineuse recouvrant le gland du sud
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cela est nécessaire, incontournable - malheur cependant à celui qui sifflera la fin de la récré.
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il ne fera pas bon chanter la miséricorde avec de la confiture plein les doigts
je ne rêvais à rien. quelque chose qui n'était pas encore le destin remuait au bout de mon bâton
la dernière goutte de lumière vient s'étaler sur l'icône de bouddha juste face à mon lit, d'où j'aurais pu jaillir vainqueur
tout pourrait arriver, sans racines. sans racines soufflerait le vent, vers l'est. vers l'est, m'arrêtant de temps en temps pour faire le plein d'essence, me dégourdir les jambes
quand le doute te prend, le trouble te floute, d'instinct tu cherches la mer, une mer, une prairie permanente - la pointe d'un couteau...
il fallait tout oublier pour se souvenir de maintenant, baisser son froc et chier sur le miroir
comment l'avouerais-je, des chardons en guise de doigts: la mort me priverait de ce sentiment de solitude, de ce désarroi intérieur - de cet égarement-là...
dieu n'a pas une pomme, pas une pomme et pourtant dieu n'a pas une pomme. je prie l'arbre de tomber
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toutes les ombres, je les ai bues
alors je fais pas trop le mariole
je délaisse le poème
- je pisse dessus.
on s'arrêtait là
on s'arrêtait là et on n'allait pas plus loin
ça aurait servi à quoi, plus loin?
on éjaculait là, très tristes....
il n"y avait pas de pays, ça ressemble
à belgrade
j'étais fou désœuvré, et j'arpentais les rues
il n'y a plus d'amour, plus de ville plus rien
je marche dans belgrade.
il y a des chiens, des chiens qui traînent
ils aboient de temps à autre, ils aboient au vide
alors on les mord.
aime, aime on ne s'aimera point, et tout l'été durant
on s'habituera à paresser ainsi, à traverser la cour et regarder au loin
on n'aura plus de poids et ça vaudra mieux...
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mais la pluie s'arrête quand la pluie veut s'arrêter
mais la pluie s'arrête
quand la pluie veut s'arrêter
sinon elle s'arrête pas.
on n 'arrête pas de travailler
jour et nuit, on travaille
alors on a abandonné, et sous le radiateur on s'est blotti
l'un contre l'autre.
je ne suis le chemin de rien, j'ai juste
effacé mes mains de tes hanches, de tes épaules, de ta peau
- sauf accident, tu n'existes pas.
tiens, le jour se lève
je crois qu'il reste un fond de bouteille
je suis là juste pour avoir vécu
et quand jouir ni mourir ne surprennent plus, que fait-on?.
c'est étrange, et pourtant rien n'est étrange
je t'embrasse sur la bouche - ce sont les bouches qui nous gênent
le passeport est valide.
j'aime ta langue, c'est fou ce que j'aime ta langue
je suis un homme sans femme, un homme sans homme non plus
je suis un homme sans soi
juste à côté de rien
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le jour se meurt doucement dans mon dos, s'amenuise se dissout, et je n'ai quant à moi qu'un poème pour toute respiration
tu ne me comprends pas, tu ne me comprends rien - de mon œil incurvé je ne te regarde pas car je ne te vois jamais qu'en moi.
il faudrait d'abord enlever le son, faire de la vie un film muet. au bout d'un moment on se lasserait de l'image également. la conscience de soi deviendrait alors vite insupportable
ne resterait plus de l'être que la sensation brute de mon cri dans ta bouche.
j'acquiesce - cela suffit
herbe de juillet, les hommes jaunissent, s'appauvrissent. on les retrouve un jour à l'état de cadavre et on s'en débarrasse
les cadavres nous encombrent, l'esprit ne les conçoit pas, l'estomac ne les digère pas
on se débarrasse du chat par la même occasion.
je parle dans le vide, je parle au vide, au néant du temps et de l'espace - je lui parle en semblants de poèmes, en prières balbutiées
prières de rien, d'éteindre nos cigarettes, de ne pas malencontreusement marcher ou buter sur un mort
même à moitié mort.
je ne sais plus quoi dire. je n'ai pas peur au fond de moi - le fond de moi se trouve derrière la peur
jouir et mourir c'est la même chose quand plus rien ne fait un, que plus rien ne fait rien
et que je tombe dedans.
je voudrais ne pas mentir mais je ne sais pas comment faire, comme si le néant finissait toujours par avoir le dernier mot
on pourrait aller n'importe où, si n'importe où avait un sens - et même tendre les mains quelque part vers ailleurs, mais pas soi.
peut-on s'empêcher de sentir le sang fuir, le pouls s'affaisser, le souffle s'épuiser? peut-on s'empêcher de sentir l'âme se dépêtrer, se retirer, s'éloigner et grandir?
empêcher la gorge de se nouer, la pitié de nous envahir, ou la pluie de tomber?
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l'herbe ne poussait plus. on avait beau souffler dessus, elle ne pousserait plus
de larges tombes s'ouvraient de sous nos pieds, mais ça aussi on s'en foutait
on rayait les lignes de nos mains, on n'avait pas de cœur mais on aurait voulu au moins qu'il fut pur
on a tout perdu à la fin, alors on a allumé une cigarette, comme dans un vieux film américain.
nous perdions beaucoup de sang, toi et moi
toi parce que tu es femme, et moi parce que moi
toi parce que tu es nue, et moi de m'arracher les ongles, me dépecer me désosser
- à chacun sa façon d'être nu n'est-ce pas, de porter sa nudité
me manquaient la bouche, les mains de me saisir de la tienne.
nous perdions tant de sang, et nos vies s'enlisaient
nous étions flaques de sang dans le bourdon des mouches
le seul moyen de se sentir libre, de respirer, c'était de toujours dire adieu
même lorsqu'il ne resta plus rien ni personne auquel dire adieu.
dentellier de la perte, j'ai besoin d'un récipient, percé de préférence
et puis les jours de soif, me délecter de mon humeur amère, et sombre
nous perdions notre sang vainement, vainement nous le réinjections-nous, sale, contaminé,
infecte, oui, mais du sang tout de même.
l"autre jour, quand j'ai une fois de plus survécu à moi-même, j'aurais voulu t'écrire un mot
me manquaient probablement la feuille ou le stylo, la pierre ou les ciseaux...
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je monte sur une jambe, je te dis: où tu passes? je te serre très fort contre moi - j'ai peur que tout cela ne se réduise à rien, peur d'être réduit à rien. si tu n'es pas morte, pourquoi m'aspires-tu dans ta mort?
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qui m'a mordu la main, s'en est allé polir le ciel, et malgré moi je chemine
les puces chopées sur ton corps me racontent l'ivresse, à l'envers je chemine
écroué - m'entend-elle? l'oblique me déviant toujours d'un pas vers l'invraissemblable
et nue rumeur
l'infinissant.
elle jouait à la poupée; elle lui brossait les cheveux soigneusement. cela pouvait durer longtemps, je ne sais pas. quelqu'un alors m'a tapoté l'épaule et je me suis retourné - pour toujours
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je me suis endormi la tête entre tes jambes, comme un souvenir du vide, et du vide entre nous. je crois que je suis sorti de mon sommeil par la porte d'un autre rêve, et me retrouvai dans un monde où tu n'existes pas
j'errai alors sans raison, né d'un refus et hors saison.
trois fois rien font déjà deux fois trop, mais ne suffit pas à se taire
ce n'est pas entre les lignes qu'il convient de lire, mais carrément au-dessus ou au-dessous du texte - la peau de la langue prise dans la braguette d'un discours métaphysérotique, à moins qu'elle ne serve d'aile sauvage ou de tumeur maligne à l'esprit qui s'essouffle
je crains bien c'est entendu, que trois fois rien fasse déjà deux fois trop, et manque encore se taire...
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remonter le chemin
simplement remonter le chemin
qui descend jusqu'au lieu
où il n'y a plus de cheminle chemin sans feu ni lieu
va loin
de plus en plus loin
l'horizon fait une boucle à son oreillequand n'est plus resté de dieu que le bois tout pourri d'une croix dans la boue...
tout est parfait dans l'inabouti, et dans l'insignifiant tout est parfait aussi. nous ricochons de mort en mort vers une existence toujours plus hautement précaire
il y a la bouteille, il y a le verre
et sur l'entre-deux vide, le geste de l'homme
jette une lumière cruele carnet d'adresse redevenu vierge, je le jette
la ligne muette du téléphone, je la résilie
lorsqu'ils ouvrirent le tombeau, ils n'y trouvèrent personneje suis une chambre vide, que traversent
les luminosités saisonnières et les regards
cinglants ou adoucis
de l'au-delàsimple, c'est à dire à la fois un et infini, a senti tomber en soi la pierre d'un cri
alors il a ouvert les yeuxje cherche une jouissance toujours plus grande, une jouissance sur laquelle la jouissance ne pèserait plus, qu'elle ne brouillerait plus: la pure folie d'une liberté sans contenu
n'ayant rien récolté de n'avoir rien semé, ce n'est pas le vent qui me porte ni me soutient, mais son absence en tout point nette
tout rayonne d'un amour sans amour, illimité et sans dégoûtpuisqu'il n'y a de justification à quoi que ce soit, que survivre en la substance libre de l'univers imite le cri déchirant de jouir, on pourrait peut-être maintenant
relever les stores...
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