-
c'est juste cette tristesse qui nous submerge quand le désespoir s'enlise. rien de substantiel en somme: quelqu'un danse, ou alors c'est une histoire de marée découvrant et recouvrant les indices, les doutes irréfutables, de cailloux mordorés ponctuant le cours de nos désolations - là où tout un chacun trouvera une raison de se mordre la lèvre, jusqu'au sang s'il le faut... mais le faut-il vraiment?
j'avais mal quelque part, je ne me suis donc pas retourné
les enfants partout autour de soi, on les a supprimé
il faut bien dire depuis lors nous nous sentons un peu seul
c'est d'un attrait particulier, mais non sans conséquence
on se mariera sous le mauvais angle. on s'embrassera de la mauvaise langue. on se sucera le tampon
je voudrais survivre, à quoi
caresser un chien. sentir la pisse, la neige ou l'origan. mieux encore que de changer de sujet, autant ne pas l'aborder
portant ses seins bien hauts, il ne lui serait jamais venu à l'esprit de me dire s'enfuir mais où
je quémande toujours, je quémande où
ça n'existe pasou alors j'emboîte le pas
à la cheville foulée...qui n'avait ja ja, jamais navigué
votre commentaire -
la pure insignifiance évacue le mensonge, et s'il ne reste de moi qu'une âme en perdition, il faut s'attendre à ce qu'on l'extermine, elle aussi
qui ne rêve pas? qui ne s'éveille pas du cauchemar de ne pas s'éveiller d'un cauchemar? qui entre dans la salle, commande à boire, sachant qu'il n'y aura pas d'issue?
nous sommes si délaissés, et tellement hors sujet. y avait des pierres dans les lentilles, un caillou dans la godasse alors j'ai abandonné la godasse. je jure que je n'éprouve aucune haine
j'ai rechaulé la chambre, comme l'exige la coutume après tout décès, alors que j'aurais tant voulu conserver son regard sur les murs, son haleine près de moi, son dernier souffle parmi nos ombres
il pleure il pleure et il est même pas mort. il ne s'imagine pas combien c'est ravissant d'émerger du néant pour en être immédiatement, ou presque (en léger différé) submergé. il a dit quelque chose à l'oreille de la fille et elle a fait comme si elle n'avait rien entendu
la vie sans doute sert à quelque chose, mais pas la mienne. peut-être au bout de mille ans me permettras-tu de te sucer le lobe - ce sera trop tard alors, vivre aura perdu toute saveur, toute troublante résonance
une fois qu'on a raflé et perdu tout ce qu'il y avait à rafler et à perdre, qu'est-ce qu'on fait? rien. évidemment rien. et voilà ce à quoi nous nous adonnons
relève-moi. relève-moi juste un tout petit peu. mouche-moi. appelle-moi par mon nom même si je n'ai pas de nom - inventes-en un au pire
recouvre-moi d'un voileallez, et tant pis si je pars un peu de traviole. je n'ai besoin ni de pardon ni de lumière: je n'ai besoin que de la mort. la sexy mort. avec ses dents cariées
je t'en supplie, anéantis-moi
(tandis qu'insouciemment je vaque
à mon imminent retour...
votre commentaire -
dans sa petite quatrelle rouge, non-non bat la campagne. et cependant rien n'en sort, pas un cri pas un aveu. vivre pour ne pas mourir le bordera de cendres, d'impavides barbelés. il n'aura plus qu'à se contenter de n'y comprendre rien
rejoins-moi dans la mort - où donc ailleurs? si tu as froid aux pieds je te les réchaufferai. si tu pleures en chemin je te déplumerai les glandes. je te dépucellerai le cœur
quelqu'un nage à contre-courant. retournons le courant il fait poisson crevant, haletant, il rêve araméen. si je ne te dis rien ce n'est faute de mots mais d'horizon
où se pendre haut et court
et par le petit boutentre la boue et dieu il n'y a qu'un homme. et la boue ne serait que boue, dieu que dieu si cet homme les sublimant n'en extorquait la flamme, n'en extrayait le sens. j'avoue parfois j'ai encore du mal à faire le lien
- alors veux-tu de moi?ils ont pris des marteaux, piqueurs et des fraiseuses
des tire-jus des tire-bottes, tire-larigots et autres sculpteurs de trognons
ils sont même allés trouver ces infâmes tziganes qui forgèrent pour deux sous les clous qui crucifièrent mon oncle ils ont pris des machines
mais ils n'ont pas réussi
à vaincre, déboulonner, percer, casser, défigurer
ce masque, simple voilette entre deux eauxpas qu'on aime parce qu'on aime, mais parce qu'en nous l'amour détruit tout, jusqu'à ce qu'il ne reste de notre souffle qu'un baiser sans lèvres ni désir, ballon métaphysique, et l'antidépresseur
les yeux ont des yeux, plus excentrés encore. tout est bon pour les en empêcher, en épouiller la cécité. d'autre part je n'ai mal nulle part - j'ai juste besoin qu'on me pardonne infiniment, je ne sais plus de quoi...
votre commentaire -
n'importe quoi nous sauve. n'importe quoi flotte, d'une pression nous maintenant la tête hors de l'eau, et non précisément par compassion
une toute petite voix m'assure que seule est nécessaire la pitié, tout comme il s'avère indispensable de la fouler. d'un pas léger d'un astre mort m'élançant, j'enjambe ma propre déchéance
des taupinières, partout dans mon champ des taupinières. je n'arrive plus à être malheureux, pour une raison qui m'échappe évidemment, mais se raccroche au lien unissant ces deux axiomes clandestins
une tension émotionnelle plutôt basse, conjuguée à une teneur en conscience suffisante à détacher celle-ce de son volatile contenu, son trouble cours, mais pas au point cependant de les dissoudre en son anonymat. bref une indifférence sensible, un désespoir tranquille - le maillot jaune de l'insignifiance
parfois je doute. parfois je guette la résurgence ex nihilo d'une absence dévolue
et parfois simplement je dévie, je dévie simplementon reste sans nouvelles d'un homme-et-des-poussières. ainsi donc je te mets à contribution, pour frotter le miroir sans en griffer la joue, en érafler la bienveillance innée
et que veux-tu que je fasses de la poésie, de la rage (l'œuvre et la douleur) ou autres frivolités? je survis à moi-même c'est tout. il suffirait même de bouger les bras pour paraître nager, tandis que je n'aspire en fait qu'à la pureté de ce qui n'existe pas
je te disais couche-toi là et toi tu te couchais là. c'est quelque chose que je n'arrive toujours pas à comprendre: tant de rébellion dans cette obéissance ...
votre commentaire -
je vous écris d'un pays lointain. ici tout va bien, nous ne manquons de rien. nous décorons sans un sourire, sans une ride
les arbres de quiconqueallez vas-y enfonce, enfonce le clou: c'est un christ vermoulu - il ne tient plus que par une
pince à lingeje me plante dans ton œil, piquet de tente en pleine débâcle. le sol est meuble, d'une instabilité systémique
et la vie pas si courte, finalementà force de banalité nous ruinerons la langue à même la bouche, et les espoirs saugrenus de qui y fonde sa vanité
sans ça on restera au rouge, puis au vert, puis au rouge et ainsi de suite, hébété face au feu
jusqu'à s'en rendre foula pierre a deux niveaux: celui où on la chope, la basse-cour en ces termes, et la vitre qu'elle fracasse, janus au nu visage
on assiste à une accélération de l'ennui. le désœuvrement fait de nous des frères de larmes, des naufragés très méthodiques en ce qui concerne l'ordonnance du temps
et son épanchementun céleste mécanicien a du intervenir lors de mon sommeil sans fond: ma montre à battre s'est remise
fut-ce à l'enversce soleil en pleine tête, paisible désarroi. ce ciel toujours possible, genoux en éventail. même la mort suppose un espace
en lequel m'engloutirun cocu gigantesque s'est attelé à la tâche. tu me dis toujours tu - or en toi je suis je, que tu ne maîtrises pas
votre commentaire -
parle en-dedans, vas-y parle en-dedans - ébrèche l'horizon; rapièce ton accent
pas de trop haut car chaque dixième de seconde compte pour une éternité
les yeux ouverts ou non, la question reste en suspensil enlace un autre regard; il plonge dans l'ailleurs intérieur
et ça fait ploufse parler en-dedans, remuer un peu psychiquement, bref s'assurer que l'on existe - vraiment ou pas ça ça compte plus
sans reste, sans réserve: le grand soulagement de mourir, un chrysanthème en guise de cervelle
je te parle et tu ne me réponds pas. ou alors tu me réponds, mais c'est encore moi qui parle. à mots couverts
on portera nos cendres à la gueule du vent et on lui demandera, comme c'est charmant, d'y restituer l'idée d'un amour infini
je me touche la main, et la main reste morte
je dors au rebord d'un vide abyssal - je ne sais qui de l'un veille l'autre
et rouilleparfois me harponne une douleur. parfois rien
il faut que je m'endorme, il faut que je m'endorme enfin. que je trouve un oreiller à ma tête, un lieu pouvant accueillir ma perpétuelle absence. un sommeil nucléaire
cesse de me tracasser. rien au bout; rien avant; rien au milieu. seul le néant semble encore vivant, tréssaillant légèrement quand on lui pisse dedans
partir dans l'autre sens, mais il n'y a pas d'autre sens
s'enfuir, mais nulle part d'où s'enfuiréteindre le feu
éteindre l'extinction
fermer l'idée
votre commentaire -
tu te teins les cheveux en bleu de méthylène. tu te teins les cheveux en gris métal. tu passes des heures assise à te mater la chatte, n'en revenant toujours pas et n'y comprenant rien, désespérément sidérée. t'échappe le cœur des choses, comme il échappe à chacun. il y a un insupportable suspense à l'ennui, et mille et une manières de s'exploser la cervelle au sol ou en plein vol. t'essaies d'imaginer quelle serait la plus jolie d'entre elles, ou la plus sexy, et te mets alors à méditer la différence entre jolie et sexy...
un jour j'irai plus loin, plus loin mais pas plus loin, et c'est même pas certain
on se resserre. un peu de bave au menton, un bouchon enfoncé profond dans le nombril, on n'en sort pas. on n'en sort pas c'est vrai
et quand on en sort enfin, c'est à poil sous la pluie, dans le froid jusqu'au vif du sujet, et je sais pas c'est qui c'est quoi le sujet, je connais que le vif.
un jour j'irai plus loin, plus loin mais pas plus loin. je te dirai adieu, adieu mais pas au-delà parce qu'au-delà il n'y a rien et là j'y vais tout seul, j'y tienstu ne te caches plus. depuis que tu admets ne plus te trouver, tu ne te caches plus. tu te vautres dans l'oubli, à cloper, surcloper, t'écrasant le mégot sur le clito et tu sens même plus rien, tu t'arroses d'essences tu te pisses dessus et pis voilà. je te plais comme ça mon amour? tu me demandes ou plutôt non, tu me demandes pas: tu m'infliges ta douleur et ta haine, tu te venges sur toi-même de tout, du fait entre autres que mon amour ne t'atteint pas. tu as fait tout ton possible pour qu'il ne soit plus possible de rien. puis t'éteins la radio
tes pulsions mortifères t'as qu'à te les foutre dans le cul. d'ailleurs ça n'existe pas. il fait beau depuis trois quarts d'heure et je reste quand même tout habillé. je ne me déshabillerai plus. j'aurais aimé allé me poser sur un banc or il n'y a pas de banc pour des gens comme ça ici, je veux dire comme toi, comme toi ou moi. il fait beau depuis trois quarts d'heure mais on n'en finira jamais de geler, je te le promets
tout le temps que ça dure, et ça durait encore...
pourquoi, ne sommes-nous morts
on s'aidait mutuellement - une pelletée toi, une pelletée moi - à s'enterrer l'un l'autre
la ligne est morte - on s'en souviendra de ça: la ligne
est morteet que face à toi j'ai eu honte de moi, et j'ai honte de moi. aucun pont n'enjambe cette honte, aucun gué ne la franchit
je ne dors pas beaucoup la nuit, enfin... je dors ce que je dors. je crois que je me suis mal exprimé; je crois que l'on reste inconnu l'un à l'autre - on a beau supplier, l'autre ne trouve pas la main, le lieu où la rattraper, le temps de s'y noyer lui aussi
peut-être que tu seras heureuse de savoir que je n'existe pas
votre commentaire