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comme une odeur de rue
je t'ai arraché une aile du dos, ou de l'omoplate pour être exact
je t'ai arraché une aile pour te faire mal, et au-delà pour me faire mal, j'imagine - pour me faire mal de te faire mal, dans l'espoir fou peut-être
que se mette à saigner mon omoplatenuit d'amour. les chevaux mal partis
et tous à l'arrivée une patte cassée - avant même l'arrivée; qui n'arriveront jamais
la patte cassée, il a fallu la recoller
les jours heureux, il a fallu les autopsierc'était simple : il suffisait d'enfiler un sac, le serrer contre sa hanche, finir par s'endormir
l'eau froide au robinet. tu fermes le robinet, le froid coule toujours - mourir c'est tout d'abord se regarder mourir
ou carrément se voir mort, tout frissonnant encoreje remonte au plus loin. aussi loin que je remonte je me retrouve là, les mains hors poches, les poches sans fond
se tuer est une affaire de médicaments. se tuer est une affaire de corde. se tuer est une affaire d'étage
l'odeur de pisse dans les escaliersquelque part la pluie ne me lâche pas la main
tu sautes pieds joints dans un reflet et te voilà tombant dans tu ne sais quel vide
quel banc m'embarque. ne demeure à jamais qu'une odeur de rue. je traîne à l'intérieur de moi cette odeur de rue
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