• je pisse debout

      je voudrais te parler si bas, tout bas à l'oreille sans cerne, là où l'on s'ignore soi-même
      on a enterré mon frère cet après-midi. je n'y étais pas évidemment, n'étant nulle part assurément
      des pans d'histoire s'effondrent à la fin il ne reste rien de soi, acculé au néant, l'esprit amoureux du néant

     

     

      je n'ai pas de couteau sous la gorge, j'ai juste le couteau
      la gorge est celle de chacun, et je sais que chacun a viscéralement pitié de moi
      il faudrait frapper quelqu'un en pleine gueule mais chacun m'aime, nul ne m'offre le prétexte

     

     

      j'ai bouffé ta poitrine des années durant et il n'en reste rien
      je me suis nourri de ton cancer, tu m'as allaité de cette haine qui pousse entre les bris de glace, qui déchire quelque chose en vous de pas forcément inestimable mais bon, et finalement vous crève
      je t'ai crevée
      j'suis désolé

     

     

      maintenant que tout est mort et bien mort, maintenant qu'on est libre enfin, notamment de tout espoir - je veux dire inutile, absolument
      inutile et vain,
       on va cueillir des choses
       qui ne poussent pas, et nous ressemblent un peu c'est à dire ne ressemblent, même de loin
      à rien

    « saigner à froidles gens mauvais »

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