• les limbes qu'on auditionne

      le monde existe par chacun d'entre nous, dit-on
      chacun d'entre nous en résume l'expérience unique, irréversible
      or en moi le monde est mort - je suis
      la tombe du soldat nu, l'univers anonyme, en moi le monde rumine
      son immense néant, je suis croix, taillée dans le bois
      d'un dieu sans espérance, le vide où lentement 
      le vide se consume, dit-on...

     

     

      quatrième jour dans la grotte et toujours rien
      rien et toujours rien, le quarante-millième jour - j'étais enfant je crois, lorsque me fut ôtée
      non la vue, mais l'image
      non la joie, mais l'ivresse d'en jouir
      ainsi quoique incurablement présent je manquais à l'appel, la liste des noms défilant
      dans le noir et sans le son

     

     

      la longue, œuvre de clandestinité - tu vas attraper froid dans les bois, et y a plus de mouchoirs,
      y a plus de mouchoirs pour rien, tout bande en ma mémoire - sauf les larmes, d'odile en ma mémoire
      j'ai fait du thé pour nous réchauffer
      parce que je n'avais rien d'autre, je n'ai jamais rien d'autre, pour nous réchauffer

     

     

      la fin de cette histoire tu la connais déjà, car c'est fatidiquement post mortem, ou à titre posthume
      que l'on meurt et demeure, la nuit éternelle rabattue sur soi ou au contraire le sexe à l'air, à l'air méchant
      à qui donc en vouloir: il n'y a personne ici, personne à qui montrer ses dents, et le tu que j'invoque, équivoque,
      c'est celui dans la glace, portant à son visage les doigts d'un regard rapiécé et n'y trouvant
      que dalle...

    « venir lui diredimanche et jours fériés »

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