•   souffle le grand vide
      et j'ai baissé
      les voiles

      .

      où nous sommes endormis, toujours
      toujours et sur une autre rive...

      .

      quand j'eus fini d'astiquer mes tombes, et quand j'eus fini de creuser la mienne, je partis
      je partis et je ne sais encore
      si j'en revins
      jamais

      .

      du sang sur les doigts
      et toi toute en douleur, toute en apesanteur
      essaimée...

      .

      sortir dehors, longue distance
      rester dedans, le gouffre infâme
      à la lisière, lumière fébrile, vive flagrance
      - l'orée où
      le loup rumine

      .

      trois fois le jour trois fois la nuit je me suis endormie
      ne me fais pas peur, baisse ton masque, relève ton masque
      remonte le chemin
      - errante d'une seule pente...

      .

      pas de mes ronds dans l'eau
      la nuit obscurcit la nuit et rien d'autre
      quelque part la peur se met à fredonner
      - tout l'au-delà
      à ses lèvres suspendu...

      .

      à force de gratter le vide
      quelque chose finira bien
      par saigner...


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