•   je passe sur ta main la main de mon visage
      je ne passe qu'une fois, et je repasse toujours
      un jour il ne faudra plus se regarder, ni avec le visage ni avec les mains
      un jour il faudra tenir son zizi entre ses doigts, et toi tu t'accroupiras un peu plus loin
      un jour mais pas maintenant, parce que maintenant c'est l'éternité
      et que je passe sur ta main  la main de mon visage

      .

      nous étions pieux, puisque nous n'étions pas vierges
      nous restions un peu vierge pourtant, ainsi n'étions-nous pas vraiment pieux non plus
      nos doigts ahuris découvraient nos parties génitales, les inventant presque
      nous ne parlions pas, puisque nous n'étions que vivants
      nous n'étions plus seulement vivants vraiment, ainsi ne restions-nous pas tout à fait muets non plus

      .

      tous ces actes qui me survivent, un peu comme tes cheveux continuant de pousser dans la tombe
      je ne me souviens pas de grand chose - peut-être jouais-tu à la balle avec ce grand blond
      un certitude c'est qu'il ne s'agissait pas de moi - caché dans les fourrés - étant donné que je n'ai jamais été blond, que je me suis toujours méfié des blonds et des coups de soleil.
      j'étais un trou perforant ton néant.
      alors tu t'es coupé les cheveux, ce qui m'a en quelque sorte contraint à me raser les miens, qui ne repoussèrent plus
      les miens ne repoussèrent plus

     

      elle au toucher


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  •   la pluie ouvre ses ailes et c'est déjà la flotte. la flotte qui flotte vraiment et tout s'y noie. le linge étendu dehors n'y échappe pas. rien n'y échappe. je lèche la vitre de l'aquarium. je lèche la vitre de l'émancipation universelle. je lèche la vitre à l'intersection de tes deux jambes lisses. je casse la vitre. je casse l'intersection universelle. la pluie ouvre ses ailes et ce n'est plus cela déjà, comment dit-on déjà, mais carrément l'arc-en-ciel, parce que je me lasse du deuil alors je repense à l'alliance.

      .

      on peut appeler destin le chemin issu de chaque titubement, de chaque pierre qu'on nous lance, de chaque dérapage incontrôlable ou violente bousculade. on peut également appeler destin ce qui perdure, quel que chemin pris, quelle que vicissitude endurée, quel qu'obstacle en suspens. on appelle destin par ailleurs chaque pas retroussant le chemin jusqu'à l'affranchir de tout but, avant terme tout autant qu'ultérieurement dans l'au-delà. on parle de destin comme si la mort avait encore un sens, n'est-ce pas?

      .

     

    j'attendis très longtemps. j'attendis très longtemps que la nuit se dissipe et n'obstrue plus le jour. une fois le jour restitué que ferais-je? rien, bien entendu. faire, il n'en est pas question - cela se fera sans moi. quant à attendre... à quoi sert donc de ne pas attendre? à quoi sert donc de ne plus se demander à quoi sert donc? tout ne s'éclaire peut-être pas malgré moi, mais en tout cas sans mon aval. car je ne veux rien mériter ni rien me devoir. je dirais donc que je ne fais que consentir à ce que tout s'éclaire (même si l'éclaircie se passe volontiers de tout consentement). et j'y croirais vraiment si ne subsistait en moi une inquiétude, une poche d'ombre récalcitrante à si laisser dissoudre. c'est un peu comme si on demandait mais que serait le christ sans sa croix? n'importe quoi. n'importe quoi mais pas le christ.


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  •   je me suis jeté dans la lutte. de haute lutte, quoique de basse extraction, je me suis jeté dans la lutte. un peu poussé il est vrai, peut-être même légèrement bousculé. brutalement jeté dans la lutte disons-le clairement, dont je ne sortis vainqueur qu'à la faveur d'une fuite exquise, c'est à dire devançant la défaite à tire-jambes, à tire-au-flanc.

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      j'aimais le son de vos cloches, et la langue de la bouche, la langue dans la bouche, la bouche qui s'ouvre et qui se ferme - trappe, porte, fenêtre ouverte et que j'aimais le son de vos cloches, la langue de nos bouches dans la bouche de nos langues.

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      oh qu'elle est belle, l'action où je me suis dit tu, tu vas à droite et moi à gauche. mais je venais toujours d'en face, braqué sur moi. alors je me suis assassiné. suicide! s'écria t-on, mais je m'étais abandonné bien auparavant. auparavant et des poussières. bref je n'en sus jamais rien, et c'est à vous désormais que je dis tu.

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      et ainsi de suite.

     

      ne touche pas aux cailloux


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  •   je n'entends plus l'appel
      du large je n'entends plus l'appel
      du fond je n'entends plus
      l'appel et cependant la voix
      ne se tait pas, lancinante...

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      peut-être finirai-je par me résoudre à la délivrance. mieux: peut-être finirai-je par assumer le fait d'être libre, c'est à dire d'être, quand être ne tient à rien.

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      il n'y a pas de mur abstrait, mais un vide réel qui retient la chute droite dans son ultimatum, un vide qui nous renvoie au jour premier où nous osâmes dire oui.

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      assis sur soi-même, de quelques centimètres surplombant notre propre ombre. le monde se regarde par nos yeux, se regarde danser, vaciller, sombrer. l'ombre alors se dissout, et nous ne reposons plus sur quoi que ce soit.

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      je ne veux entre moi et dieu nulle autre distance que celle de mon propre néant, c'est à dire de son absence en moi, ou de ma nudité face à cette altérité à la fois radicale et intime, et en laquelle s'écoule et coule le monde, la vibrante objectivité de dieu.

      .

      on peut toujours trouver quelque chose, mais je ne trouve rien. je parlerai donc (en l'air éminemment) de ce que je ne trouve pas. le plus souvent d'ailleurs.


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