•   les hommes auront disparu que les grillons continueront de chanter. chanter, se frotter les ailes, se gratter le mollet mine de rien. pensé d'une tombe vivre semble inimaginable. juste un terrain à vendre, ou quelques mètres carrés de boue, de mollard et d'agonie...

     

     

      nature à demi morte, la morte à demi nue. tremble-moi, dans l'ordre du fémur tremble-moi. on s'expliquera après. plus tard. et tout redeviendra comme avant à supposer qu'il y ait jamais eu un avant, et un avant d'avant

     

     

      d'un chat perché la queue mouillée. et je n'sais pas vraiment si j'aime que tu m'embrasses. j'ai vu des hommes tomber de telle hauteur front contre l'air - la corde du milieu ne bandait plus grand chose. je reviens de partout vers le nulle part central, paradoxal, et même un peu bancal...

     

     

      qui se souviendrait de moi, et moi de qui me souviendrais-je - de tous c'est beaucoup dire, le manque marque infâme. mourir sera si simple dénouement qu'on ne comprendra pas en avoir fait tant d'histoires. surtout qu'elle m'aimait bien...

     

     

      on ne se reverra pas, et alors? les yeux sont accessoires, roulant leur bosse sur le réseau secondaire, et s'engluent de misère. les hommes ont les cheveux longs. alors les hommes ont les cheveux ras. seuls les poux savent la substance du monde, et sucent les écarts

     

     

      prête-moi ta main, ma chandelle est morte. j'irai faire un tour du côté des buttes-chaumont, comme ça me balader, transgresser le présent, et le confondre peut-être d'avec tes seins tombants, tes seins mouillés, les seins de fille-moi l'camp

     

     

    ça mange pas d'pain


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  •   ça marche ou ça ne marche pas. des fois ça marche, et des fois ne marche pas. je n'ai pas de destin. j'appuie sur la pédale et toujours pas de destin. je te regarde faire, sauvagement nue

     

     

      tu me prends la tête entre tes mains. d'un geste brusque, d'un agile coup de chatte, tu me rabats la joie. il n'y a que moi qui tremble, quand tremble tout autour

     

     

      je ne suis pas parti loin - juste de quoi susciter l'idée vague d'un retour. tout au long de la nuit la nuit me manque, je place un bol dessous. j'écoute le ploc, je guette le floc. tu me dis prends-moi par derrière, je ne veux pas que tu vois mon visage

     

     

      déduis-moi de l'amour. de toute forme d'amour. de cet amour qui fait que les mères n'abandonnent pas leurs petits, ne les laissent pas crever de faim. laisse-moi crever de soif je t"en prie - les pitiés changent de trottoir

     

     

      regarde-moi t'aimer et tire la chevillette. les héros ne choisissent pas, élus d'une nécessité qui les dépasse. et moi je revois passer le film, repasse la scène, lever la jambe et s'affaisser l'épaule. je jouis d'un rien vois-tu - tout ici est vivant

     

     

      le dernière ligne. presque la dernière ligne. et pas tout à fait droite non plus. on ne peut décemment pas se contenter d'un destin. alors on s'torche le bras on se dit bon, on continue. on continue mais ça ne mène guère plus loin. on joue de la braguette c'est bête

     

     


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  •   qu'est-ce qu tu fais, bah, je regarde passer le temps c'est tout. passer le temps voilà. passer sur le côté, le bas-côté des choses. passer outre voilà tout. je regarde sans voir

     

     

      ceux qui souffrent se réveillent un matin. il ne faut pas le dire. il ne faut pas leur dire. la surface est si lisse qu'on la croirait dure. n'en voulons pas à ceux qui souffrent. surtout là

     

     

      il n'y en a pas. qu'ils gardent au creux de leur vide. leur vide sidérant. les yeux écarquillés de leur vide sidérant. moi ça me sidère également. tout comme leur façon de tourner en rond mais dans aucun sens. ça me sidère et d'ailleurs, il n'y en a pas

     

     

      qu'on aime au point de non-retour. le regard fatigué sans doute, les cernes sous la sève. mais un homme surmonte tout, c'est à ça qu'il se reconnait homme. en haut c'est le point dont il tombe. et en bas ce n'est rien

     

     

      le vent sur un crâne rasé. j'aime ceux qui n'y connaissent rien, ceux avec lesquels il n'est pas nécessaire d'émettre un quelconque avis. j'ai délié le cordon de ma bourse et tu en as profité, en as profité pour jouir un peu. il faut bien jouir un peu

     

     

      tout le cercueil est là, dans un sens vertical. parce que c'est à la verticale qu'on rejoint le ciel, l'homme est l'être vertical. ainsi va l'être vertical, il paie cash. son cercueil vertical

     

     

    crescendo la torgnole


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  •   l'eau rouille, regarde-moi dans les yeux. vraiment dans, les yeux, et pas juste les yeux. je dors le plus loin possible de moi-même maintenant, j'évite les courants d'air froids

     

     

      as-tu seulement poser la main sur moi pour en chasser le doute, en dissoudre le vide et me garder dans le giron vivant, étant dit parmi les vivants, ces mêmes vivants. qui un jour me crièrent allez saute, eh t'es même pas cap'

     

     

      depuis longtemps la nuit est chose à prendre avec des pincettes. la nuit dedans. la nuit noire du dedans. et c'est dans le noir qu'on voit le plus loin, le plus effroyablement loin. soit dit en passant

     

     

      la misère est humaine, mais seulement si elle paie son verre. ou qu'elle boive au goulot, je le crains. et passe de main en main, sans filtre, sans préservatif. la misère humaine ne se lave plus les dents

     

     

      ne m'oublie pas. laisse-moi traîner quelque part mais ne m'oublie pas. au fond d'un sac ou quelque part, vibrant désert. il arrive que l'on s'oublie et que le reste ferme en même temps. que l'épicerie ferme en même temps

     

     

      quel saccage. et quelle mesure dans le saccage. d'une beauté confidentielle je ne remarque rien. je reste à tes côtés pourtant, je reste à tes côtés. malgré ça je ne représente rien

     

     


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  •   range-moi contre l'oreille, que je t'entende m'écouter. le lent roulement de ma respiration sur tes parois très acoustiques. range-moi contre l'oreille

     

     

      je n(ai pas toujours été la brute que tu as connue - derrière moi une dentelle d'ombres suggère d'autres fragilités. devant, la mer amère à boire, le frottement des os contre tes maigres seins

     

     

      je ne me suis jamais habitué, à rien. chaque jour retournait un peu plus son couteau dans ma plaie. qu'elle saignât me confirmait dans mon sentiment d'exister, bien que de toute évidence le sang ne soit inépuisable, ni toujours de fiable consistance

     

     

      pas un seul jour ne manque à la semaine - je les ai tous pointés, marqués d'une croix comme les portes des futurs massacrés. j'en parle à tous ceux que je croise, leur demande où ils vont, s'ils vont bien où ils vont, et comment comptent-ils en revenir

     

     

      éperdu. un peu comme si tu ne me touchais pas. ou comme si le froid frappait les parties nues de la peau du mendiant, et s'immisçait dessous. je ne raisonne plus. je reviens sans cesse au même endroit, pour en retrouver l'envers toujours aussi désespérément vide

     

     

      quelqu'un devra payer pour mes obsèques, et j'en suis sincèrement désolé. les morts ont en général une vie sexuelle plutôt médiocre. disons que là n'est pas leur fort. je reviens à toi les mains vides. je reviens à toi sans main du tout

     

     

    à l'ombre du vivant s'entend


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  •  
      je crois bien cette fois n'avoir pas le vertige. vent ne me pousse, ni ne me tient. j'en ai fini avec tout ça, je ne parle plus aux figures du destin. du haut d'un pas j'épouse le vide, le vide sans confusion

     

     

      si quelqu'un me crache au visage c'est qu'il ne m'a pas vu. et s'il ne m'a pas vu, c'est que je ne me cache plus. derrière mon doigt on a coupé le doigt. derrière les apparences, on a dissout les apparences

     

     

      il y a les amis morts à la fenêtre, et les vivants aussi les accompagnent. ils font la fête ensemble. quel genre de fête je n'en ai pas la moindre idée. ils me regardent mais ne semblent pas vouloir s'adresser directement à moi. pas même un signe de la main

     

     

      un carnet, un stylo, vivre ne sert à rien. je compte revenir demain, retâter le terrain, me dire c'est bon, cette fois c'est bon, et repartir bredouille. parce que repartir c'est comme ça, toujours bredouille. seul partir fait mouche

     

     

      le seul oubli, la mer. elle ne décolle pas. tu arraches mes vêtements avec tes dents. tu fais le reste avec la langue. et le reste ne pleure pas, le reste est brave. le reste est plongé nu dans un froid immense, une notion toute intérieure

     

     

      dans un autre endroit tu danses. avec le ventre notamment. tu danses avec le ventre. ici rien, tandis qu'il vente. tout simplement, il vente. sinon rien

     

     


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  •   je n'habite pas dans ma maison. je n'habite pas dans mon pays. je n'habite nulle part j'ai l'impression. où m'accueilleras-tu donc?

     

     

      dans ma main. tu ne prends rien dans ma main. en forme de pierre, c'est qu'elle n'ouvre pas. en forme de rien, c'est qu'elle ne ferme pas. petit bouquet d'orties

     

     

      sans s'inquiéter vraiment, sans se faire de mouron - de la paisible insouciance précédant les hécatombes. il faut y aller maintenant, et qu'importe où

     

     

      je ne parle plus je tète. un sceau à la main va savoir de quoi, les yeux bandés peut-être. si ce n'est dans ce sens on part dans l'autre sens. entre les deux manque une marche

     

     

      une petite cuillère, et tout ce tas d'inepties. je n'y arriverai pas. je n'y arriverai pas je crains. mon doigt ressort intact, entier - autre chose s'est dilué

     

     

      tu marches dans la rue. si on passe le film à l'envers, je veux dire rembobine, tu marches à reculons. dans la même rue exactement. celle où je ne passe pas

     

     

      pour la dernière fois, fais semblant de m'écouter, semblant de me comprendre. hoche la tête là où il faut, ponctue d'un regard à l'oblique impeccable. une fois pour toutes n'entends-tu pas
      ce qu'ils ont fait de ma chanson?

     

     

    le reflet dans l'moteur


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  •   de quelle vache es-tu le gardien, de quelle contrée le trou de serrure, le regard sec. tu te présentes à moi sous l'instinct d'une fille et moi tu sais bien je ne lis pas de livres - je ne lis que les lettres qu'on ne m'envoya jamais, et je n'ai pas déboursé le prix d'un timbre toutes ces années durant, ces années durant lesquelles, et ce n'est pas fini

     

     

      elle s'y prête à moitié. c'est comme si le cancer m'avait déjà bouffé un sein, et le truc du coup c'est, mais à quoi peut donc servir l'autre désormais. désormais tout est nickel, raide mort mais d'aspect net, courtois. je te suce le nez tu ne dis rien, je te suce la bouche tu te retiens. nos bouteilles sont vides, brisons nos bouteilles vides

     

     

      un homme disait tout un tas de rossignols là-haut au petit matin, et ma femme ne jouit pas. je jouis tout seul dedans et c'est bien triste, mais là-haut si haut, dessus des gens de la plaine au tout petit matin, c'est dingue, cette pagaille de rossignols

     

     

      tu as bu dans mon verre. c'est que ce n'était déjà plus vraiment mon verre. dans mon verre trempe un cloporte, un unique cloporte. un cloporte très vieux, déjà. tel un marrant éjaculant dans la dentelle, le dire mort ou vivant ce cloporte, qui l'oserait? je me mets à ta place - par pur bonheur ou par simple hasard la place est libre, vacante

     

     

      jusqu'à la nuque aller-retour. le capital décès. tu peux raconter ce que tu veux maintenant, tout ça ne compte plus. lève les bras au ciel si tu ne crains pas les chatouilles. lève les bras au ciel si le ciel ne craint pas les chatouilles. dieu le marteau et dieu la pince. dieu la croix dieu le gitan. dieu la résurrection, et nos provisions de nougat...

     

     

      de toute ma salive, j'ai fabriqué un plongeon - suis-je un trou, tout être ne renferme t-il pas l'abîme, puits de nescience, acropole inversée. tout être ne se transforme t-il pas
      en crapaud dès qu'on lui pisse dessus
      un baiser mal claqué? et alors tout reviendra ce qu'il n'aura jamais cessé d'être: regard oblique, message non reçu que dites-vous, répétez je vous prie, message non reçu

     

     


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