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à ciel ouvert
à ciel, désespérément
ouvert
sans crier gare
ni famine
les gens s'arrêtent, quelqu'un s'arrête
sans crier gare ni famine
à genoux sur un rail
deux rails
entre
les railsdieu sans descendance, condescendance
pulsion morbide, erratique méandre, un sexe
en transe
dans la bouche lactée du néant
et il n'en reste rien, rien
qu'un refrain sans les notes
les paroles
ni le timbrema p'tite machine mais elle t'a dit comment elle marche ma p'tite machine - je mets un
jeton dedans la fente, un jeton c'est parti, reparti, l'accor-
déonisation d'une âme en la mineur et c'est parti, c'est reparti
avant même que d'avoir
décollémariée, pas mariée
mariée ou pas mariée
mariée ou pas -
un homme, parfois
se sent si seul
qu'il se rêverait femme
animal
petit vent froid contre n'importe quoi, contre la porte
d'une grange pour souffrir, ou sur les tombes serrées
les unes contre les autres comme si les morts
entassés, alignés, se caressant la joue, le tibia
pouvaient se tenir chaud...tu ne me pleures pas - quelle veuve
es-tu donc devenue
et rebelotte. j'ai envie
de sourire malgré tout, et cela même
et en raison duquel
je m'apprête à mourir, relativement et m'apprête tant et tant
que j'en suis toute nue
et si nue devenue
que j'y passe mon temps - c'est dire
à quel point je suis lâche
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que le vent souffle fort, et que la vie en tant que telle.
un certain jour je tremble, un certain autre, j'en tremble encore. un millier de verges
ne feront pas la forêt sur le dos, global et perméable
de la toute, mais toute petite
fille
que je fus à l'instantla pluie
tombe de mon honneur. la pluie
tombe
de mon bonheur la pluie
n'a pas de fosse, je me couche dedans
je me couche dedans et j'attends
sous la pluie
que la pluie tombe.
ou bien qu'il pleuveje vous fait, de tout mon cœur inconséquemment vide, un immense non-cadeau.
et parce que j'aime un peu, je souhaiterais que le temps
change, même quand il ne change pas
et qu'il ne change pas, même
quand il change - sauriez-vous me rejoindre, madame,
à ce non rendez-vous?l'étranger nous ouvre un chemin vers l'au-delà
l'au-delà: là où à force de ne pas ressembler à nous-mêmes, nous finissons par
nous y confondre sous la forme d'un temps
plus ou moins suspendu.
d'une pommej'aime au quart de tour comme j'aime à
360°.
la vue large et l'effort vain, sans objectif
le zoom à l'envers de la vie oh la vie, oh dis-moi comment tu sens
la vie toute à l'envers
et comme à contre-jour
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mon dieu je ne suis d'une seule
digitale
et j'ai peur que tu me manques alors s'il te plait
ne me manque pas, laisse-moi tanguer sur la croix
ou un peu au-dessousma chienne elle perd ses poils, il faudra bien un jour
crever sa chienne, je veux dire l'euthanasier - quelle bonté m'eu-
thanasiera, me sucera d'entre les jambes
l'infini nauséeux?qu'on ne me diverge pas, qu'on ne me tonde pas - on lave les morts
parce que les morts puent, les morts se chient dessus, ne me délabre pas retire ce pieu
de dans mon œil, laisse-moi pleurer dans les larmes des autres, laisse-moi pleurer
tout courtun chien s'aggrave. faut dire qu'il n'aboie plus, et que la haine désormais, ni la raison
ne lui serviront de boussole - donne-moi un toit
donne-moi un toit sous lequel ne plus être ni ressembler à
un chien, une bête courante, un homme qui ne sait plus où il va tant il sent que s'y glisse
un ver chemin de boueje te touche du bout
des doigts de la mémoire, je ne sais plus pourquoi
un nombre est un nombre qu'on dévisse, un chiffre réduit
à l'inessentiel - mon âme à l'abandon, mon âme c'st quelque chose,
c'est quelque chose de crud'ailleurs le reste du temps, je danse sur un seul pied
même pas: je danse
sur aucun pied
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tu niques le bateau
je sais, c'était pas vraiment un beau bateau, mais tu niques le bateau quand même
et la mer trinqueje survis, c'est tout
n'est-ce pas suffisant
je ne comprends pas
comment la mort a pris tant de place, je crois bien
m'être pincé pour rienun homme ne vaut pas un homme, on l'a donc déguisé en femme, on lui a fait croire
que c'était de sa faute
alors que sa faute à lui
le cherche encore, et lui la cherche encore, on lui a fait croire
que l'homme n'était qu'un homme, quoiqu'en fait
ce fusse d'abord une femmetout l'art de n'être rien, j'ai mis
des rideaux à ma fenêtre, des fenêtres à mon mur
pour mieux voir au travers, au cas où
je n'aurais pas d'enfantl'amour ne me rend responsable de rien, je ne crois
qu'en un seul dieu, un dieu paraplégique, un dieu si torturé qu'il ne sait
plus comment s'appeler - je lui prête ton nom, je lui prête mon nom, je lui prête
tout ce que je n'ai pas, tout ce que je
ne serai jamais
la perte de mes sens...
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j'arrive à temps perdu, à temps perdu j'arrive enfin - zoom sur la faille du temps perdu
: un bout de lard au bout d'une pique...il y a l'art de vivre, et cel océanique de crever
entre les deux, juste au milieu, coït annexe, tu me demandes et l'heure et le cadran
l'aiguille défaillante...chien de merde et chien qui ne renonce à rien, quel jour fait-il?
quel mort se souvient-il de moi, le veuf universel, l'éploré
veuf de compagnie...j'arrache mot à mot les os du nuage - marie nue vêtue d'un simple gilet jaune
l'innocence déborde, nous n'avons plus de bouche pour vous, nous n'avons plus de sein, cancéreuse amazone
en nous plus le remous
du jour tant attendu...mourir debout c'est plus sportif - maudites soient
les immortelles d'un jour. j'ai des jonquilles, et des jonquilles en touffes - maudits soient
ceux qui n'ont que leurs bras
pour rames et d'ici-là
le vent les amaigrit
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tu as rompu l'alliance
maintenant l'air passe en dedans, le chardon en travers
il n'y a qu'un homme, un brave, pour mourir sans bavure...je n'accepte que les cadeaux
mais les cadeaux désargentés, les cadeaux sans ruban
vivre par exemple, jusqu'à demain ou se bourrer la gueule
afin d'aller plus loin derrière la gueule, tout au fond du chenil
et d'un air repenti...un chien ne me vend rien. je n'ai pas de chien parce que je ne veux être le maître de personne
du coup pleure le chien, le chien sans maître, le frère de tous les hommes sans homme
girouette énuclééeje ne nourris plus d'exception, j'espère m'avoir compris
la peur est entrée dans l'autre camp, profondément à l'intérieur du mien, l'immatériel
du mien, où rien ne me retienttout est tellement beau que cela nous interdit d'y vivre, ou seulement d'y
participer - la gare fermée, le train ne s'arrête plus chez nous
d'ailleurs il n'y a plus de chez nous, et je ne loge pas
chez moi ni dans le cercle froid
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pluie d'en-soleil connais-tu le soleil, ou crèves-tu gratos
bouche ouverte et raison close?je n'm'appelle plus personne, au congé de toute race - j'en perds la trace, j'en perds l'intime sentiment
de légitime décenceet si mourir entrait mon âme, mon âme, profond
et si profond en extrayait l'essence, au fond, l'essence
- j'ai bâtis tout un rond à en faire le tour...j'accouche de mes mains, puis j'accouche d'un silence-crachin - que l'une ou l'un se tienne à l'autre
et sautent en riantentre elle et soi. entre elle et soi tu m'abandonnes, à la merci d'un autre temps, triste incommode où l'aléa
d'une idée fumigène...venir de loin ne nous résume à rien, tandis qu'y revenir
n'en verra pas le boutj'ignore par quelle douleur, par quel secret douleur, elle est en paille
et l'y mis-je le feu, le feu d'un doigt éteintplus loin je m'en souvienne, plus loin n'était plus rien. plus rien n'y était pas, non plus
sans peine un peu plus loin
...
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la vérité n'est pas seulement le fond, la vérité meurt aussi
de quelque chosenon, je ne veux pas en dire davantage. je veux en dire moins, et moins, et toujours moins
jusqu'à en épuiser le souffleun œil parfois me rouvrira la terre. un œil en trop
un œil en verreracine voyageuse, en poudre et à diluer
dans un peu d'air vivant - vivant de quoi ça on ne nous le
dira pasla putride elle boit son âme, elle boit son âme en lapant fort. elle en bave
l'autre part du tempsl'arbre qu'on abat repousse sous mon vêtement. j'en appelle au cœur tendre. j''en appelle à la paume légendaire
j'en appelle à l'air libretu creuses un vide et te blottis dans ce creux, je veux dire dans ce vide. tu penses vider comme ça tout un instant
de son éternitéà mirabelle, tu peux compter comme ça jusqu'à trois, trente ou treize: elle ne
tombera pas
...
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