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rien. je vais comme ça vient. je dors quand ça m'éveille
les hommes ont des trous à l'intérieur et ils appellent ça des femmes, quoique plus grave encore
il n'y a pas d'oubliils vivent les uns à côté des autres. ils entendent lhassa et lhassa
ne les entend pasdi'ng ding dong et puis plus rien. ce n'est plus soi qui chante, vagis ou balbutie, c'est le corps qui se penche, penche sur
son propre vertigeil n'a plus qu'un œil et rien ne l'en empêche non rien
ne l'en éloigne. il s'éloigne tout seulmourir assis tenir debout, ne plus savoir quoi faire de vivre et je vivais quand même, tombé des nues
ce n'est plus un noyau et même plus une pomme, c'est un malentendu entre soi
et la route qu'on tracedemain derrière tout l'temps absent. j'y vais j'en reviens pas, j'y vais sans rien, j'en viens quand même
et ton trou mimait ça. j'écris mal ou je jouis de travers, hors propos sauf le temps, obscurément récalcitrant
on ne se vivra plus soi-même en ombres-phénomènes. simplement ressuscitant (outre)
dans l'inexpérience
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sans enracinement possible, sans aile à la dérive
assis là sous la pluie, le cul trempé au bord d'un parapluie, d'une tombe portative
c'est drôle je n'y avais pas pensé, je n'y avais pas pensé vraiment
j'y pense et ça m'échappeça se décante. l'inné refait surface. l'absence de lieu, d'être et même d'obscur. l'impossessible
ça fait un trou dans mon esprit et je respire enfin, je respire
je vais sortir par là, sortir de tout. je serai saoul sans boire
vidé sans mortj'arrête de faire le beau et me voyant tel quel je ne prends peur, je ne me
détourne pas, me caresse la main plutôt, me rassure t'inquiète pas, tout va bien se passer, et puis lâcher maintenant,
laisser aller, aller nulle part, revenir à soi réalisant qu'on ne l'avait jamais quitté, jamais
perdu vraiment, seulement confondu avec la grâce ou la nausée
d'être sans jamais y avoir
été conviéau dernier moment pour survivre, c'est à dire échapper à tout, il suffit de faire n'importe quoi, de se fier à sa plus totale absence d'intuition, toujours juste
le premier pas de côté nous écartant d'un chemin, nous épargnant un destin, nous dissipant nous ravissant, nous soulevant en l'air pour nous botter un peu plus loin en touche, ballon crevé rebondissant
mollement sur le béton gelé, ou toute autre surface nécessairement disgracieuse et hostile, ça me plait mieux ainside l'aveugle à tâtons titubant dans un champ de mines en passant par la boule du flipper et les pannes de courant, me voici devenant
si léger et sans poids, et sans masse, anus tout pimpant frétillant au front de l'ange gaby, ou qui m'en a tout l'air
le chemin me parcourt, en tout sens et à tout âge - je voudrais qu'il me quitte, je voudrais qu'il me largue
bien au-delà
du champ fleuri
ou des brumes encéphales...
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j'ai peur de t'ennuyer avec mes histoires
toute ma vie je t'ai parlé, et toute ma vie s'est tue pourtant, grattant jusqu'au sang le silence endémique
frotter, frotter sans jamais éjaculer, c'est bien triste tu trouves pas? c'était malgré tout
la seule option moraledans mon jardin j'ai enterré plein de morts. j'ai même le sentiment d'être devenu le mort en ce jardin
j'ai la bouche pleine de terre
j'ai le cul plein de morve
je voudrais te caresser mais ta chatte déjà mouille pour un autre, et j'en vois pas l'intérêt
personne n'a voulu prendre la place du pendu - mais pourquoi donc mouilles-tu ainsi?je vis dans un monde de nains de jardin et de mines antipersonnel, je ne me sens pas trop à l'aise, un peu à l'étroit même
j'ai tout autant peur de tomber sur les uns que de sauter sur les autres - on n'est jamais libre que de mourir après tout
admettons que cela veuille dire quelque chose...il y a sur son lit un homme luttant contre l'horizontalité
c'est un être en suspens, un homme sans bander, il lui faudrait s'accrocher, assumer le temps - peut-être même incarner un destin
ou alors tout simplement s'écarter
devant le vide de soije ne suis rien. je ne prétends à rien. j'ouvre la bouche et l'ortie n'y entre pas
face au néant seule la douleur me dresse, je lui dois une chandelle. puis deux, et trois
supposant qu'un mourant ne ment pas, je finis en tant qu'idée sans contenu, moulure d'une robe sans corps en-dedans
ni apparence externe
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je voudrais te parler si bas, tout bas à l'oreille sans cerne, là où l'on s'ignore soi-même
on a enterré mon frère cet après-midi. je n'y étais pas évidemment, n'étant nulle part assurément
des pans d'histoire s'effondrent à la fin il ne reste rien de soi, acculé au néant, l'esprit amoureux du néantje n'ai pas de couteau sous la gorge, j'ai juste le couteau
la gorge est celle de chacun, et je sais que chacun a viscéralement pitié de moi
il faudrait frapper quelqu'un en pleine gueule mais chacun m'aime, nul ne m'offre le prétextej'ai bouffé ta poitrine des années durant et il n'en reste rien
je me suis nourri de ton cancer, tu m'as allaité de cette haine qui pousse entre les bris de glace, qui déchire quelque chose en vous de pas forcément inestimable mais bon, et finalement vous crève
je t'ai crevée
j'suis désolémaintenant que tout est mort et bien mort, maintenant qu'on est libre enfin, notamment de tout espoir - je veux dire inutile, absolument
inutile et vain,
on va cueillir des choses
qui ne poussent pas, et nous ressemblent un peu c'est à dire ne ressemblent, même de loin
à rien
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maintenant que je ne suis plus là, que je n'habite plus les lieux, tu pourrais venir me voir
tu m'apporterais un quelconque recueil de poèmes, même si tu sais à quel point la poésie me dégoûte, mais tu ne saurais pas quoi d'autre
tu ne saurais pas qu'à un homme tel que moi on peut sans gêne offrir
un géraniumles hommes qui m'ont vu naître sont morts, ou se masturbent non stop dans les recoins douteux
quelques uns ne me reconnaissent pas
quant à ceux qui se masturbent, j'imagine qu'ils font ça dans les règles, me regardant mourir
ou plutôt faire semblantje craignais tellement m'être trompé d'adresse, et ça me rassurait au fond d'alunir là où je ne me sentais pas le bienvenu, d'où il faudrait tout honteux rebrousser chemin, navré d'avoir osé, d'avoir interrompu quelque chose comme le sinistre et banal
coït d'existerse sentir étranger c'est tout un art: d'abord, il faut que personne ne s'en aperçoive; ensuite, que chacun le soupçonne
mais au-delà, très au-delà, il faut soi-même s'appeler sans jamais espérer
de réponse, d'écho, ni même s'être entendu, de si loin fut-ilj'ai du parler tout bas, j'ai du parler trop haut aussi - en tout cas j'ai chanté faux
si j'avais survécu à chaque fois que j'étais mort je n'aurais jamais su comment me débarrasser de moi - et ça encombre tellement, un soi
alors que faire semblant de jouir, ça ne prend guère de place...
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au moins on aura l'air de rien, on lèvera les bras, en l'air - peut-être qu'on aura froid sous les aisselles
ou entre, selon l'état des creuxj'ai bifurqué, là, pris un chemin qui n'existe pas. j'ai aligné mes pas perdu le long de l'achemin - du coup marée jamais n'osa
se remonterj'aurais voulu vivre autrement, jouir à même ton ventre un peu comme on dérape, hébété mal nourri, sur une flaque herbeuse
en héron fatiguéj'avais l'image d'un homme... légèrement courbé sur on ne sait quoi, et quand il se redresse il ne voit plus personne, par les yeux du soupir
mais d'un soupir ardentil est très très beau, il a peut-être une fenêtre à lui tout seul. il aurait sûrement plu au miroir si celui-ci n'avait eu les yeux bandés de ne savoir si oui, si non, c'était le jour,
c'était l'endroitdésolidarisé de la vie-même, admis à l'absence mirobolante - tremblant encore un peu pourtant
quand on appuie dessus
alors on n'appuie pasen homme flottant, la couille entre deux eaux. en homme à qui l'on s'adresse du plus haut des mensonges. en homme-chagrin, s'évanouissant
dans l'appareil levant...
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