•   le crâne d' un mort
      ne donc t-il pas?
      il pleut, il pleut sur tous les ch'veux. alors
      alors on s'est rasé le crâne: plus rien ne mouille
      d'en haut ni de côté, plus rien ne mouille.
      les substances de côté

     

     

      en te vidant, en te vidant d'amour, après
      t'en avoir cajolé la vulve, quelle mouche
      te pique, non mais dis-moi quelle
      mouche te pique pour que tu te dandines ainsi, gros tas
      d'os et de merde, les yeux ouverts, hermétiquement
      ouverts
      - sur quoi, dis

     

     

      ça s'appelle bouffer des prunes
      quand elles sont pas
      encore mûres, ça s'appelle suer du cul, alors même
      qu'on n'en a plus, usé jusqu'à la corde et la chaise vide, la chaise s'envide -
      quelqu'un est parti
      par là, ou bien par là
      toujours dans la même direction, la même
      absence de direction, ça va tout droit

     

     

      tu craches un peu
      dans la bouteille, tu craches un peu mais c'est pas grave, ça s'accumule
      quand même un peu, ça s'accumule, mais c'est pas grave
      car tu m'oublies, la mer
      déborde sur mon lit, déborde un peu
      mais c'est pas grave, non c'est pas grave, tu craches un peu
      dans mon cercueil
      : je vis à temps perdu

     

     

      silhouette ô ma silhouette, découpée dans la vase
      découpée à l'œil nu, dans la vase, ou le miroir vaseux
      j'en fais presque le tour, j'imite un homme, peut-être un homme mort, mais comment
      un homme
      peut-il être mort
      : sans attendre
      sans attendre on s'en doute
      on sait pas

     


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  •   pour ressembler à quelque chose, pousse-toi, allez, pousse-toi d'là
      recommande aux corbeaux et aux pies de te béqueter les globes et de leur chier dedans, ça fait
      l'écume quand on y pense, ça fait
      la gelée vive des morts et de tous
      leurs compagnons
      le mal-route, de triste oubli

     

     

      marcher
      devant - l'écueil du sans-relâche.
      qui vient donc sur ma tombe, éradiquer
      ces fleurs motus, ces bouches à décousu
      en bout de souffle un épitaphe, j'm'en tape - sais-tu,
      sais-tu seulement quel cœur m'abrite, quand rien
      ne m'abrite, même pas la peur du loup
      ou de la louve

     

     

      il faut quelque chose de simple alors donc, j'ai mis un paysage
      devant, là juste sous mes yeux - un paysage de pluie, c'est tout ce que j'ai trouvé
      et puis moi derrière, à faire un jour le chardon, un autre
      le garde-champêtre avec son épaisse moustache, sa nostalgie
      de clandestin

     

     

      nuit et jour la
      grenadine, grise et plutôt malveillante, on s'endort
      sur la paillasse d'un cœur creux on s'endort, c'est comme ça, on s'effilasse 
      j'ai peur de quelque chose quelque chose me mord est-ce que ce serait pas, par hasard,
      ta bouche, ta joue collée au nord, vitreux
      souvent vitreux?

     

     

      j'ai pas d'malchance, j'ai pas d'malchance mais ça m'tourmente
      veux-tu écrire une vague avec moi, comment s'écrit la vague, sans moi
      et même très loin de moi, de tout individu, d'un chapitre très haut tout en haut - d'un somptueux chapiteau,
      couvrant le vide, courant le risque
      d'y succomber

     

     

      il ne fait pas noir, il ne fait rien
      c'est ainsi qu'on s'y plait, ou pas
      si on s'y plait pas, fait pas noir pour autant
      mais rien, sublimement
      rien

     

    cheptel
      


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  •   je ne
      ferai rien, glisserai aérien
      sur l'esplanade de
      vivre, ensemble ou esseulé, parapluie élimé, la verge ensorcelée je ne
      ferai rien te dis-je, idé-
      alement rien, jusqu'à
      en crever te dis-je, en crever là

     

     

      c'est un beau musicien, musicien plutôt nu
      et sans voix, c'est un repas sans pain, ni repas, un triste verre
      d'eau plate, et vide, c'est un beau musicien, éteint
      : il faut lui pardonner

     

     

      pourtant j'ai une morale: la pluie
      qui traîne sur le bourg-sud, et tout le long de
      la façade ouest
      atlantique en ces termes
      nécrologique, ces bruines sem-
      piternelles, ces estivales - pourtant
      je n'ai qu'une morale...

     

     

      d'emblée, d'emblée en sorte
      que tu n'y reviennes, ni n'en reviennes
      d'emblée mais c'est trop tôt, trop tôt un
      jour après le temps, les pots éculés de yaourt 
      ou l'âme aigrie...
      je singe l'être sachant qu'un être
      ne passe pas par là

     

     

      juste un soupir mais pourquoi (warum, γιατι, pourquoi) pousses-tu
      si gros soupir? ta maman
      t'a cassé ton bonbon? ou bien
      tu penses à quoi tu penses à rien et ça sent
      pas vraiment bon? ou bien
      quoi? t'es pas contente? t'aurais voulu
      t'appeler je sais pas, au subjonctif plus que parfait
      du féminin...?

     


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  •   une minute, de silence
      nous réchauffera les glandes.
      en attendant ne t'en fais pas, parcours montreuil, déclare forfait,
      embrasse maman - on peut bien lui
      accorder ça

     

     

      en attendant perds tout espoir, déborde un peu
      du temps.
      une seule minute, de silence - c'est pas bézef
      et te fais pas d'illusion: l'éternité ça
      n'existe pas

     

     

      on a pris un chemin, par là, comme on ne s'y attend pas
      une grosse fatigue s'est envolée à l'idée qu'une issue n'était pas néces-
      saire à un labyrinthe dépourvu de tout mur, tout corridor, à un labyrinthe
      d'espace pur...

     

     

      soigner l'allure, changer l'cardan - j'veux pas d'embrouille
      une poignée de raisins secs, et muni d'un immense courage - la face cachée
      d'un immense courage.
      on en a débattu, longtemps
      puis on s'est tu

     

     

      et quoi mon existence
      un caillou dans la mare
      j'irai jeter du pain aux canards et quand j'en aurai marre, je me lèverai, je partirai
      tremper ma face au côté lumineux
      de l'être, pourquoi pas

     

     

      pourquoi tu rêves dormir dehors


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  •   

      je suis une bête, là, elle nage dans l'air
      d'un moindre geste refonder l'es-
      pace mais là tu pisses
      dans mes rosiers
      petite loque

     

     

      allez j'me casse
      et pis d'ailleurs j'te cause plus
      assis nulle part debout partout j'm'en fous, j'traverse
      la picardie, à contre-sens
      pas gris le ciel
      de picardie
      pas gris, pas gris du tout
      - j'traverse

     

     

      maussade esprit, maussade
      d'alignée la pêche heureuse, la maldone
      l'harmonie libre d'un désaccord
      ou d'un accord rompu, j'encaisse
      je dis rien, j'encaisse

     

     

      l'ombre du pommier, véreuse, j'en sors
      il fait pas peur, le jour des morts, enfle les voiles
      j'ai rien fait pour cela j'ai juste
      passé le temps, serré les dents

     

     

      panier percé, la pensée
      clairsemée
      attendre fait un trou, le vide emplit les trous, les trous faisant
      office d'orifice, ne servent pas
      en tout cas pas dans mon cas

     

     

      j'avance, j'emboîte le pas
      à rien, mais ça
      souffle derrière - devant
      me rappelle devant, lequel ne se souvient
      de rien, ne me demande, pas,
      comment j'm'appelle

     

      alors je m'appelle pas

     


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  •  

      un peu
      un peu d'argent ou pas
      parler d'un truc ou bien d'un autre, se larder l'chou, et puis soudain
      la mort en trop
      la mort au moins

     

     

      bête à plein temps
      et le reste du temps, rien - cerne à temps vide
      il faut beaucoup, mourir et au-delà
      pour être là, et au-delà.
      un bouquet d'frites

     

     

      j'irai voler votre ombre
      la glisser nue, là, sous votre porte
      je ne sais pas où aller
      par là trop compliqué
      par ici c'est tout petit

     

     

      les soirs pavillonnaires
      en inversant les pôles, on a suggéré que la matière était un attribut de l'espace
      puis on a vidé son verre, vidé son verre
      ça sert à ça, un verre

     

     

      unilatérale, planche mâle, objet létal
      je crains quelque chose
      or quelque chose n'arrive
      il était un petit
      n'arrive

     

     

      je sais pas pourquoi je te dis tu alors que je te dis vous
      tu
      un ciel reporte, souvenir maussade
      un ciel, c'est pas grand chose

     

     

    au-d'ssus d'chez soi


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  •   même à fond dans l'expression, il faut sentir la distance incompressible qui nous en abstrait, l'absence à soi-même sous-entendant l'incandescence de la passion comme le fait d'un cœur mort
      l'énergie ne s'appuie pas sur le moi mais jaillit spontanément d'un néant-en-tout-sens, ne dérivant d'aucun pressentiment 

     

     

      j'ouvre la vanne à la débâcle sans même présumer que se rejoindre puisse passer par se perdre - juste comme ça, fidèle à ce en lequel le hasard en tous et en personne aveuglément, évidemment aveuglément, obéit

     

     

      on ne saurait cerner ce qui est sans contour, et ramasser une simple pomme ne peut plus se prétendre innocent
      je garde l'allure d'un vif et le charme d'un veuf - comment concevoir le tout sans être rien soi-même?

     

     

      je parle à mon frère et mon frère ne répond pas, il faut dire
      que nous sommes la mère coupée en deux, cisaillée par le milieu, il faut dire
      que mon frère se parle et se rêve à travers moi tandis que ce dernier, en quittant le navire
      assécha toute la mer

     

     

      il n'y a pas d'ordre. c'est à dire pas de préséance ni de hiérarchie d'une part, de l'un ne trouvant sa raison qu'en rapport à l'autre, et ne se définissant que par sa fonction ou position
      et pas de somation à la soumission d'autre part, d'injonction assénée jusqu'à l'intériorisation de la contrainte non, il n'y a pas d'ordre - et donc pas de culture

     


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