•  

      les yeux s'embrouillent et il vaut mieux se contenter de peu, ou d'autre chose, d'un autre corps d'un autre mode
      respiratoire

     

     

      j'allais tous les dimanches, pas à la messe non, j'allais tous les dimanches ainsi que
      tous les jours de la semaine. on rentre tard chez soi pas sûr qu'on trouvera quelqu'un, soi-même ou un chez soi pour
      nous accueillir à bras ouverts

     

     

      le ventre est dur. le ventre mais on présume qu'en appuyant fort dessus, un ver en sortira
      ou l'image d'un ver. on a cassé toutes nos lunettes impossible désormais de distinguer
      l'image de son objet ni de déterminer de quel côté penche
      le réel morne

     

     

      moi j'ai mangé du saumon moi j'ai mangé
      des carcasses de saumon, je nage à contre-courant. j'avance pas je nage à contre-sens envers et
      contre toute raison

     

     

      quelqu'un compte avec moi, jusqu'à trois quat' cinq, jusqu'à trois deux un, quelqu'un ça veut dire quasiment n'importe qui
      on avance mais on ne meurt pas. on ne nous tue pas du premier coup. la grâce viendra et, toutes dents cassées,
      on s'essaiera à un sourire...

     

     

      à la fin c'est comme ça qu'on respire : en vivant peu, mais en mâchant consciencieusement
      adieu coupe court à tout - on aime prendre
      le temps de cracher nos poumons le temps de
      flétrir nos mémoires

     

     

    l'œil dans le trou de l'oeil


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  •  

      on se voit là-bas, là-haut, où tu veux, sur le ferry
      on mange avec les doigts. on se touche avec les doigts. on baise avec les doigts
      les vides se percutent, évaluent les dégâts, ramassent les morceaux s'il en reste de beaux

     

     

      alors on a remis ça à plus tard, mais à beaucoup plus tard - on ne vit pas à l'heure
      quelqu'un se lève et monte la garde. au choix. de toute évidence, tout choix ne peut être que le mauvais

     

     

      blotti contre son ombre, il avale les signaux. j'ai bien essayé de lui parler mais rien ne sort
      vivant de là. à quoi bon un shampoing dès lors, sur l'œdème d'un masque dur

     

     

      je rentre chez moi. tu diras ce que tu voudras, moi je rentre chez moi
      cela fait des mois qu'il pleut, et toujours pas de parapluie
      chez moi. de parapluie. n'importe lequel

     

     

      ramasse tes cendres. ramasse tes cendres et gratte-moi le dos, pendant qu't'y es
      et si tu n'y es pas un peu de gras aux lèvres fera l'affaire je veux dire
      qu'il faudra bien faire avec, avec ce sans perpétuel, ce sans congénital

     

     

      elle se brise la joue creuse, c'est quelque chose
      d'ici là on n'en reprendra pas, d'ailleurs on ne
      reprendra de rien, d'ici là. de la poussière dans l'œil ni du spectre des formes - on se tiendra à l'écart
      promis

     

     

      la conscience vidée, bon, on peut passer à autre chose maintenant. le rien se multiplie certes
      mais d'un autre côté les jours rallongent - les jours s'allongent
      jusqu'à l'oubli

     

     

      pensées de l'inessentiel, petit galop tranquille
      cheval de fumée. de suie. non, de fumée
      clopin-clopant...

     

     


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  •  

      divague ou je m'arrache. il parle de beauté et la beauté sa touffe. il, ou selon la version je
      me cache tout au fond de mon œil, pupille iris et cetera, pupille iris dou-
      ce mort au rat

     

     

      sans incidence. rien qu'accroupi. croupissant accroupi
      il y a un mieux et c'est notable, l'horizon maintient sa position. se relever nécessite un équilibre, un appui contre le
      vide omniprésent

     

     

      j'arrive à peine à ma hauteur. le reste s'enfuit. et le reste restant s'ennuie
      comme si le miroir avait immobilisé l'image d'un modèle en cavale
      manigance un genou

     

     

      ou le lézard en deux. repousse la tête repousse la queue, chacun de leur côté. la faille pense au milieu
      rien à dire rien à faire : le temps se perd

     

     

      mouille ta barbe. avant de passer à table, ou de pousser le bouchon un peu trop loin, mouille ta barbe
      un peu trop loin c'est moi. encore plus loin c'est moi aussi
      toujours plus loin me manque déjà

     

     

      parcourant la famine. j'espère que tu tiens le coup j'espère
      que tu n'as pas épuisé toute ta réserve de bonbons, j'en ai pris un la main dans le sac
      jusqu'au moignon

     

     

      il a fait beau jusqu'à jeudi, puis je me suis réveillé. des flaques de sommeil ça existe vraiment paraît-il
      même après la bagarre

     

     

    à l'abri d'un ballon


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  •  

      ils se sont fait des montagnes de mensonges, ils ont même dit au chien: aboie - mais le chien lui n'a pas répondu le chien lui
      n'a pipé mot il n'en a
      pas le temps, pas ce temps-là du moins

     

     

      tu sais que je ne t'embarque pas dans une légende, ni dans un succédané de réel - je t'emmène aux lampions, tout feux tout clairs je t'emmène aux
      lampions

     

     

      machine arrière n'est pas crédible, machine arrière
      va de l'avant. tandis que sur mon ballon rond, moi sur mon ballon dos je piétine, je piétine éperdument

     

     

      ne rien dire, pas un mot pas un geste, qui puisse compromettre... alors on s'abandonne
      à l'in-nature des non-choses, saule en pleurs bien triste épanchement, on s'abandonne
      et puis on s'abandonne

     

     

      déplorable conséquence, y a plus rien à manger. on se sent rogner les ailes on se sent
      battre des cernes. un jour fait le vilain on lui balance une froide poignée de
      fraises tagada

     

     

      une patte cassée de canard s'étant substituée à ma conscience effarée, je
      rentre bredouille. on reprendra le cours
      débonnaire de nos pensées lors d'une prochaine éternité. retour au sas

     

     

      il se dit quoi, de se dire soi, il se dit soit. ou sois. au pire
      au moment de me dire adieu ne lorgne pas vers le bout de tes pieds fixe bien
      clairement l'horizon - on y arrivera se dit-on, même si on n'y
      arrive pas

     

     


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  •  

      ma langue est tellement sale...
      j'aurais voulu te lécher le bras, dans le sens des épines autrement dit du poignet
      jusqu'à la clavicule

     

     

      je suis un être à court, à court de quoi, à court de soi. est-ce qu'on meurt si on embrasse une fille dans la bouche ?
      ou si on lui touche la couche ?

     

     

      j'achève quelqu'un, mais quelqu'un semble grave, quelqu'un se rase le mou. j'achève quelqu'un car il est temps
      de tomber en dedans

     

     

      vivre c'est mort, alors on s'est gratté la joue, on s'est souvenu de
      j'étais homme mais je n'étais rien. j'étais homme de n'être rien. je n'étais rien, rien ne pouvant être qu'homme
      et on faisait aller...

     

     

      les hommes n'ont pas de taches de rousseur partout sur le visage les hommes sont
      juste des hommes - ils ne se suffisent pas mais peut-être que
      rien ne suffit à rien

     

     

      je ne m'appelle plus par mon nom, ni par aucun autre nom, je ne m'appelle plus
      il va falloir rester vivant pourtant
      assumer d'être vivant
      supporter d'être vivant

     

     

      mentir ça veut dire quoi mentir ça veut dire
      supporter d'être vivant. je garde un cheval dans le creux de la main. un tout petit cheval
      qu'il galope, qu'il trotte ou qu'il aille au pas, on ne tombe amoureux que d'une solitude
      forcément infinie, la solitude...

     

     

      j'ai donc léché
      ta langue par hasard, sans conviction ni intention de blesser qui que ce soit, de mettre le doigt là où il ne faut pas et ça ne marque pas - ça rend les choses
      un peu plus incertaines, c'est tout

     

     

    ailleurs c'est l'angleterre


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  •  

      tu pleus quand il pleut, mais quand il ne pleut pas tu fais quoi, hein, tu fais quoi le reste des lundis ?

     

     

      ma tête de mec, essai transfoireux entre deux pigeons-vole. alors je me dis, porter court, soit,
      mais mourir haut

     

     

      allez, j'arrête de vivre : en cet instant, mourir, c'est accoucher de l'éternité

     

     

      pas de roulettes sous ma valise, de quille sous mon radeau de réacteur sous ma fusée - je fais, de tout et par tout temps,
      l'amour à l'ombre triste

     

     

      un chien sans dents, un chien sans voix, a enculé le vide
      ma révolte n'a rien d'une éjaculation faciale ma révolte
      déverse clous et punaises dans ton lit de nature

     

     

      des trous aux genoux, des trous aux coudes - seul au milieu néanmoins,
      respire le trou

     

     

      les enfants ne meurent pas les enfants ont la décence
      de mourir adolescents les adolescents l'indécence, une vie durant de
      persévérer dans leur crime

     

     

      mourir se rapprochait le plus de vivre, mourir c'était
      éjaculer hors femme, éjaculer quand même, jouir dans et
      ou de sa propre béance

     

     

      ta chatte elle a deux dents, ta chatte elle porte un masque, ta chatte elle ne passe
      pas le cap de bonne espérance - on ne pouvait
      rêver mieux, rêver plus haut

     

     

      à part avoir pitié je ne vois pas ce que je pourrais faire, non, je ne vois pas ce que je pourrais être
      toucher du fer, dévider les marées...

     

     


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  •  

      tu recouvres ton corps de carton il faut bien qu'on se protège
      tu fais caca à l'extérieur des maisons, c'est déjà ça

     

     

      manger avec les doigts, ne pas se faire d'ami
      on a vécu tranquille, comme en villégiature - les doigts
      pas vraiment propres non plus

     

     

      si tu manges quelque chose dans ma main, ne plante pas tes dents dans la chair de ma main
      demeure un animal paisible, un animal entre les clous

     

     

      je crois que les hommes ont disparu. et même les femmes ne semblent
      servir à rien. on les voit dériver en pleine
      déréliction

     

     

      je boucle ma ceinture, c'est plus prudent, je ne l'attache à rien
      à rien ne m'attend pas

     

     

      soif de je ne sais quoi, quels postillons de source
      soif d'une salive élémentaire. la fusion en sourdine

     

     

      le ciel est venu à moi le geste large, le sexe fluide, et je l'ai laissé faire
      un équilibre instable sur la terre en roue libre m'a mené là

     

     

      chaque jour je saigne du nez. je me tourne de l'autre côté ou je tende la joue opposée, toujours je saigne du nez
      je sais plus comment faire

     

     

      cela ne fait plus d'effet, qu'on tape tant qu'on veuille
      une détresse persistante par ailleurs, et se passant de cause

     

     

    j'aime pas les petites filles


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  •  

      tout un halo d'éternité lancinante au-dessus de moi
      et même au-dessous, quand je penche la tête

     

     

      ne sachant pas où vivre, je ne vivais pas
      ne sachant où dormir, je me couchais ivre là-même où je tombais

     

     

      je me métamorphoserais soudain en animal fabuleux devant tes yeux que tu ne me verrais pas. du coup je ne me change en rien, tout comme on butte
      sur une transparence aiguë

     

     

      genre plus loin. n'importe où mais plus loin - un pas
      au-delà de l'ailleurs, qui nous tournait le dos

     

     

      que j'aie traversé toute la ville à pied ou que je n'aie bougé d'un pouce, je ne me suis
      jamais senti si mort, pour autant que mort se sente

     

     

      dormir délimitait les îles, dormir faisait la mer
      dormir tout cru, à peine nu

     

     

      je me mange. quand je n'ai rien à manger, je me mange
      je me recrache aussi, quelquefois

     

     

      il ne te manque rien. s'il te manque quelque chose, tu fais mine de le chercher, sans savoir vraiment au fond
      de quoi il est question

     

     

      je n'ai pas rougi lorsque tu as pissé ton regard nu sur moi, j'ai juste continué à attendre d'être
      enfin
      délivré du dégoût de moi

     

     


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