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Par lolek le 13 Mars 2023 à 05:39
je n'en parle à personne. je le ronge en dedans comme s'il s'agissait de mon os propre - une côte ou une vertèbre que sais-je ? je creuserais un trou et l'y déposerais au fond si je ne craignais que la terre me recouvre avec ça
une fois la chose partie, on reste assis. le temps qu'il faudra, on reste assis. ceux qui se lèvent à la première heure ne rentreront pas avant le soir et trouveront place vide. une fois la chose partie on le sait désormais : plus rien ne viendra nous sauver
tout l'espace s'écroule seule demeure l'âme, droite, immobile. . on aurait voulu voir ça mais on ne l'a pas vu. et lorsque l'âme à son tour s'effondre, que se révèle enfin, sans queue ni corne, socle ni cerne ?
détrempé, je me fais la bise non par amitié, mais plutôt par pitié. on s'esquive par le plus petit chemin possible, par quelque sinistre issue de secours au bout de la quelle une ruelle nous ramène face à nous-mêmes, les deux joues blêmes
quelquefois on y croit. quelquefois on fait juste semblant d'y croire, ou de ne pas y croire. on constate en outre que le vide croît. sous la poussée des océans le vide croît. on y oppose un veto de principe il avale et le principe et le veto
vivre cul nu, sur un banc froid mouillé. on récidivera. les matins gris et la mort au milieu, on récidivera. le zénith a déchu. descellé, fracassé. vivre en peine, en telle peine et le cul nu
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Par lolek le 11 Mars 2023 à 06:07
derrière le baiser dur s'enchaînent les nuits. rien à redire, seul je transpire. ce à quoi cela sert ne sert à rien. derrière le baiser dur claquent les dents
claque la route, au vent mauvais. que tu partes de ce côté-ci ou de côté-là, claque la route au cœur du sens. alors je plante l'auriculaire dans le trou de l'oreille et j'enfonce, jusqu'à ce que crève l'abcès
il reluit sous ses loques. il donne à voir un pays qui n'existe pas, qui a manqué sa chance de faire surface. l'ont-ils foutu en l'air, l'ont-ils au contraire mis en terre, le pays racine abstraite
de ce jour ininterrompu. de ce jour au long cours. il m'a suffi d'une fable pour nourrir un oiseau de sang froid. depuis disons trois jours je gis de côté nord, je gis en couche morte
kermesse en terrain vague. on aurait du s'y attendre mais non, on avait d'autres poules à fouetter, d'autres extrêmes à réconcilier. un chien m'a mangé dans la manche jusqu'au coude. depuis je vais bras nu, bras nu jusqu'au moignon originel
il s'envole. on ne dirait pas comme ça, il ne dit rien mais il s'envole. il s'envole au fond du trou. au fond du trou un ciel patauge. tu le retournes et vois : du fond du ciel un trou émerge...
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Par lolek le 9 Mars 2023 à 06:05
il me reste quelqu'un à qui dire bonjour. croisé au hasard dans la rue. quelqu'un. qu'il me réponde ou non ne fait, bonjour, aucune différence
passe devantelle s'amuse à ça. ça l'amuse. ça lui dit cours par ci, ça lui dit cours par là, surtout ne t'affole pas. je lui ferais bien quelque chose mais quelque chose m'a dit :
pas toucheil ou elle vent debout. vent couché quant à l'autre. j'absorbe les coups. les silences. j'absorbe les coups même quand ils sont en silence on les
absorbe mieux comme çaje rentre à laval. une rame à la main et la rivière à vide. je rentre je. rentre à laval. il faut mourir un certain temps puis se. réveiller pour
se voir mourir, un certain tempscaresse la balustrade. par dessus la balustrade il n'y a rien. rien m'entends-tu comment. entendre le rien, le rien ne s'entend pas il se tire une balle dans
le pied, la tête. le pied de la tête. le plein nulle partcaresse la balustrade. par dessus la balustrade naît le vide. le vide à soi, le vide hors-sol. quelque chose m'a dit touche pas alors je lève les mains, je lève
les mains au vide* tam, tady : ici, là (en tchèque)
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Par lolek le 6 Mars 2023 à 12:56
on passait son temps assis, on passait son temps à ça. on passait son temps à rien. cela soulage un peu. enfin bon, cela soulage un peu. un peu quand même
quand même malgré touton pense ce qu'on veut ou on ne pense à rien. ou si peu. presque à rien. presqu'île de rien. on dit on pense à ça or c'est ça qui nous pense, le rien qui nous pense, se pense à travers on
ou si peuelle mange partout. j'ai l'impression d'être table. pieds et miettes. je mange à part. ma part. ma part de rien. durant tant de silence je pense à rien
ou je m'abstienson pleure le temps de quoi, on pleure le temps de rien. et ça s'imbibe. se dessèche. on regarde la mer pour rien. la mer à l'intérieur. elle garde
les jambes toutes serréesje vais m'étendre là-bas je crois je serais mieux tout seul, à m'étendre là-bas. je caresse une ordure, la main. dans le sac à ordures. au hasard je caresse je crois. quand la mer se retire je bande
à marée basseun seul ennui, un seul. et la terre se rendort. arriver à penser que seule la mort est innocente. au fond. au fond comme à ras bord on se fout de l'innocence on saute
par dessus bord par dessus...mort.
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Par lolek le 4 Mars 2023 à 06:37
je me suis enfermé dans une chambre avec. vue sur la mer mais j'ai fermé les volets j'ai voulu. laisser flotter la mer en moi. lui épargner la brutalité de la réalité physique pour la plonger dans
la pure brutalité du rêveon se mettait à dieu comme. on se serait mis au vert. le vide c'est pour se jeter, le vide où l'on se jette. puis je l'ai embrassée soudainement avant qu'elle n'ait le temps
d'ouvrir les yeuxtu parles de pisser sur les tulipes. les bulbes de tulipes. le terre qui recouvre les bulbes de tulipes. accroupie comme un garçon non pas comme un garçon mais
comme une filleton métier détruisait les sentiers, sabordait les autoroutes. ton métier consistait, consistait à gratter la litière, gratter la mélancolie. la litière, la mélancolie
de se sentir un peuil y avait comme un loup il y avait comme. la laisse d'un loup. embrassés soudainement embrassés avant qu'elle n'ait le temps de
fermer les yeux. ferme-les tout de même, à tout hasardje me suis refroidi. au début non, plutôt en cours de route. il vaudrait mieux que je me rende si seulement il y avait quelqu'un à qui, quelque part où
se rendre
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Par lolek le 2 Mars 2023 à 06:10
j'existe
un peu après minuit j'existe
d'une courte tombele premier jour, on la tond ras
on dépose les barrettes
sur la table, le buffetj'habite un bateau et ce bateau
prend l'eau, un nuage
et le nuage fondsur le rivage d'un homme
on a beau dire
il casse devantbeauté que l'on divulgue
cela n'empêche pas
la mort d'aimer, de susurrerpuis on rentre à la nage
battant l'air des mains
des pieds et du ressacd'une main saisissant
le savon, la barre et l'horizon
- dedans se cherche encore
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Par lolek le 27 Février 2023 à 06:47
j'habite là
ou pas très loin de là
disons dans l'ombre de làje ne suis d'un homme ni d'ailleurs
juste l'os
d'un enfant non désiréla demie d'un poisson-lune
l'autre voguant
vers le plus bas néantsous-la-pluie jour de l'an
ouvre la gueule en grand
tombent les dentscaresses d'un instant
profondes éphémères
j'en ai perdu le compte, rompu la sondeau bout d'un an ou deux
un an ou deux pas plus
l'oubli s'installe, l'ennui régressed'une main saisissant
le savon, la barre et l'horizon
- dehors se cherche encore
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Par lolek le 25 Février 2023 à 06:28
six heures trente, un trou dans le béant
pas grand chose de plus à attendre, à creuser
- à part peut-être la levée d'un miracle...à la plupart des yeux je cède un champ de vue miné
quelqu'un dort auprès de moi, une ombre
que je ne parviens pas à rattacherj'étais là, mais jamais qu'à moitié
on meurt tranquille un soir de pluie - on se dit ça, discrètement
à peine plus que de ne rien se diremoitié homme moitié seuil, j'ai marché sur la queue d'un silence
la nuit regagne du terrain
en toute circonstance me précède t-ellepuisque l'amour va sans se dire, on a réservé un miracle
ou alors on s'est mis nu sous un œil en plan fixe
un œil irréversibleen sortant de la ronde, de la cohorte des hommes
qui ne tiennent pas debout
ni à rien, pour la formeune vie
restée là en travers, un aboiement qui
aurait perdu son chien, rien qu'un écho
coincé entre deux dents - ça se termine ainsi
... tout se termine ainsi
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