•   nul ne sera témoin de ce que deux miroirs se faisant face
      se disent, révèlent et reflètent l'un de l'autre, ou leur essence propre. nul n'assistera à la non-image en fond de toute image: on restera
      là à se tourner les pouces, dans un sens ou dans l'autre, envisageant la mort comme la seule résolution possible
      à l'impossibilité-mère

     

     

      jamais ou alors pas longtemps. je siffle entre mes dents, je siffle quelque part, quelque part où ne s'entend
      pas.
      l'ombre s'allonge, pale, redondante. c'est l'écume d'un sabot, l'écume d'un pied nu

     

     

      qui s'y frotte en aura plein les doigts, de la semence monstrueuse, et le petit nougat dominical,
      accompagnon de deuil...
      la mémoire seule n'y suffit pas - un homme doit y sombrer, recourant au sordide
      and so did he

     

     

      le large s'évase, c'est un sexe pour rien
      je monte à bord, je monte à bord de rien
      vertige facile (j'ai le). et d'un coup toute la terre, et l'existence entière se révèlent une bouée
      pagayeur dérisoire - avec les mains bien entendu, avec les mains là jusqu'aux coudes...

     

     

      un jour un homme cagneux, genoux épars
      et qu'il me semble triste, ce jour ou bien cet homme
      cet hôte ou bien cet homme encore, à peine entrebâillé
      et tout comme mort, l'œil poissonneux, un ciel en arrière-fond

     

     

      la source c'est l'abandon, et l'abandon que soi.
      la langue sert de pont, et si langue sert de rivière.
      embrasse la source avec la langue, le doigt dedans toute voile dehors, le loup y rôde en la mort tendre.
      j'entends le large. rappelle-moi que j'entends le large. rappelle-moi,
      que j'entende le large...

     

     

    sous la nuit lumineuse et quel chagrin m'y pousse


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  •   j'achète un couteau - non, un couteau c'est trop chaud. genre un miracle insoupçonné te rends-tu compte? non, tu ne te rends rien du tout, si ce n'est à dieu. du moins au dieu frileusement absent. au dieu qui a renoncé, comment dire, au posséder, au dominer. au dieu malgré soi en quelque sorte. cette métamorphose-là

     

     

      galeux, un chien vibrait en moi. il s'appelait juste comme il faut. erratique racine. carte mouillée - un peu comme un sexe de femme, labyrinthe sans fil. un chien aboyait au fond de mes os, ma déstructure. je croyais rêver or je ne rêvais pas: j'envisageais seulement de me déguiser ne ce que je toujours fus: un pur néant de beauté, de hasard, d'abstraite inattention

     

     

      il fait plus beau dehors qu'ici, par ailleurs tout terrain va miné. ne pas bouger diminue le risque, mais élargit la mine, faut-il sauter d'un bond. le salut ne sauve de rien tu le sais bien, hein, dis-moi que tu le sais bien. tu te ressers un verre, un verre encore, jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus. on se sent vivant tant qu'on meurt, tant qu'on meurt pour rien

     

     

      je ne me souviens plus. ni de ceci, ni de cela. pas même de ceci. et si je m'en souviens c'est tout comme de ne m'en souvenir pas. alors ne m'en veuilles pas. ne m'en veuilles pas surtout si je chante faux. c'est moins grave au bout du compte que si je chante juste. ce qui  n'est heureusement pas le cas. pas le cas. heureusement

     

     

      un chien devant l'autre et la mort à côté. sacrée maraude. le texte comme prétexte, les lignes desservant l'entre-ligne. l'entre-ligne l'entrejambe. je n'étais pas là le jour où, le lieu lorsque, la lèvre sur. le doigt loin dedans, l'œil ou le gîte. sacrée maraude...

     

     

     


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  •  
      je suis déjà perdu, et qu'est-ce que ça me soulage. on dirait qu'on compte ses doigts au-delà même du nombre de ses doigts. on dirait qu'on compte sur ses doigts alors même qu'on n'a pas un seul doigt. on dirait que le compte à rebours est clos depuis longtemps, et ça fait vraiment bizarre cette vide éternité du temps vacant

     

     

      je te présente mes excuses. je te demande pardon. je lâche tout, le hameçon avec la ligne d'horizon, le poisson avec la rivière, et je n'y comprends rien. ça m'aide un peu, tu diras. tu diras que rien ne vient sans qu'on y aille et bla bla bla. perdre le goût de dire, perdre le goût de surplomber suffira pour cette semaine

     

     

      l'œuvre me lasse. d'emblée je me situe hors œuvre, comme on dit d'un bâti qu'il est hors d'eau. sauf que je ne suis pas le bâti, mais le flux sous le bâti, le mouvant dans le sable. la rose frileuse du vent et j'en passe. j'en passe tant qu'il n'en reste rien. et rien ça fait pas grand chose

     

     

      et rien sentait si bon. quand je dis rien je ne parle pas simplement du néant bien entendu. je parle de ça, là, dans le temps qui passe et néanmoins ne passe pas. de l'évidence commune sans cette pesanteur habituelle aux choses dès qu'on s'appuie dessus. non je ne m'appuie sur rien et c'est de cette apesanteur-là dont je parle. ou que j'évoque en sous-main

     

     

      sauver son âme c'est beaucoup trop. sauver son âme risquerait de la damner. l'âme  est le salut. ce n'est qu'un au-revoir mon frère, ce n'est qu'un au-revoir ma sœur, ce n'est qu'un au-revoir, petits canards tout cafardeux qui n'êtes que pour être, ne vivez que pour vivre, ne mourez que pour rien. ainsi soit-il

     

     

    le bleu sur le bleu s'est tranché les poignets


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  •   qu'il vente ou ne vente pas, il vente toujours. quand même et malgré tout. que je sois là ou que je sois ailleurs, toujours ailleurs j'imagine, fatalement là. ce n'est pas se plier au destin, que de juste ramer sous la pluie...

     

     

      les naufragés se doivent d'échouer quelque part, sur quelque grève miteuse de l'urbaine périphérie. j'ai mon sac, et tout ce qu'il faut dans mon sac pour épuiser le rien, remédier au manque qui nous châtie bien oui mais de rien

     

     

      nous ne l'emmènerons pas dans la tombe, avaient-ils coutume de dire. alors j'ai fait un bisou à mon ours pelé, un bisou à ma chanson trouée sur la cassette rayée. un bisou au rhododendron qui se desséchait seul dans son coin. tu vois, je ne suis pas rancunier

     

     

      quarante jours quarante nuits, et toujours pas de terre ni la mer. ce n'est plus la soif, c'est le trou qu'on arrose. je la baise par devant je la baise par derrière, je retombe inévitablement sur le côté nord. que j'aime le calme de ces bas-côtés, haute paresse des nuits sans lune...

     

     

      dans toutes les langues parlées je me roule un accent. j'ai beau me laver la bouche à grande eau blanche et lisse, je garde la gueule d'un étranger. un étranger reste muet sauf à l'intérieur. à l'intérieur un étranger ne trouve plus de place que sous un accent grave

     

     


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  •   être heureux effectivement consistait à glisser à la surface des choses, tant que celle-ci ne s'avérait trop rugueuse, ou carrément cédait sous le pas, hasardeux certes mais pas tout de même

     

     

      une seule mesure allait tout ordonner, mais vraiment tout, régler dans le moindre détail et nous n'y verrions que du feu même pas, qu'un petit tas de cendres pendant au mégot de vivre, et de respirer pour autant qu'il nous restait de souffle

     

     

      nous ne nous y attendions pas. il faut bien l'avouer nous ne nous y attendions pas. ainsi ne nous y arrêterons peu, le moins possible s'entend. quant à la suite, nulle illusion ne nous faisions, les désillusions elles-mêmes ayant capitulé face à tel désastre, à tel désastre en somme

     

     

      dans les couches inférieures de l'étant nous ne parlons pas de destruction, mais de réorganisation du chaos, de restructuration du vivant. mourir s'appliquait à chacun et de là chacun pouvait se revendiquer une âme. une âme se paie de la perte de cette âme et ce n'est pas rien

     

     

      un ciel sur trois nous donnait presque raison, nous accordait presque pardon. nous semblions si beaux dans nos habits de deuil, bien pliés bien rangés durant ce temps de la pluie d'à côté, ce temps où nous mations le corps nu d'à côté

     

     

      un homme sensible, pas si sensible que ça, à quel point nous concernait. être heureux consistait à danser sur les tombes, à ricocher sur le gouffre funèbre et ces petites médailles qu'on vous agrafait au téton chaque fois que vous pensiez en avoir fait le tour...

     

     

    être heureux


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  •   les mains sur la tête et la tête dans le dos, que pond-il? ma vie ne recommence pas assez. j'ai donc recouvert ton corps de lettres, jusqu'à ce qu'on n'en voie plus le bout

     

     

      il n'y a rien à se dire. qu'à se cracher le silence à son propre visage, et ranger le reste dans l'armoire aux secrets mous. je vivrai peut-être un peu encore, un peu à tout casser

     

     

      ces oiseaux malheureux, ces oiseaux qui ont soif. ou alors au contraire qui moisissent sous la pluie, qui pourrissent sur pattes. on leur déchiquettera les ailes avec nos petits ciseaux à bouts ronds

     

     

      j'avance d'un faux pas. seule la route est droite, sourde comme un pot. elle ne reconnait pas tout le monde des fois faut soulever une jupe, baisser un slip, renifler ça

     

     

      je ne sais plus combien je pèse. je crois bien je pèse rien. pas même un souci. on entre par la mauvaise porte on se dit tiens, me v'là encore dehors. il y a de quoi se faire du souci

     

     

      il y a les autres aussi, comme à la malaimante. je redresse le chemin le chemin va toujours tors. il n'apprend pas. quand il saigne du nez il faut lui mettre un bout de papier dans la narine

     

     

      la mer ne mesure rien, je l'ai testé. elle rentre de bon matin elle demande si ça va. comment peut-elle juste demander comme ça si ça va. à quel guichet coule t-elle. c'est la mer

     

     


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  •   et sur le vrai courage s'en fout, et sur la vraie vie s'en fout, un petit cheval gris - était-il si petit, vraiment cheval, ou même gris? - trottait

     

     

      je n'ai rien de fond en comble, pourquoi cela persiste t-il à ne pas s'effondrer. devant moi tout va blanc, devant moi tout dans l'noir. range donc ta colère dans le sac à billes

     

     

      pourtant je croyais bien. encore fallait-il s'y faire et je ne m'y faisais point. la muerte libérera tout ça. la peur régresse, la digue cède. la digue ding dong

     

     

      ma maîtresse au paravent, ma maîtresse à l'abri du vent. et il ventait devant ma porte que veux-tu c'est comme ça. comme ça c'est un auto stoppeur sur une route déserte

     

     

      j'ai les amygdales. je les recrache. je recrache les chez-moi. près de chez moi la pierre tombale. d'ailleurs je ne fis vraiment que m'y promener. vraiment

     

     

      des petits hameaux de circonstance. des petits gruaux d'orgasme. c'est la précarité à tous les étages. l'éternel après bien des ravages, des acrimonies

     

     

      ça menace de tomber mais ça ne tombe pas. c'est là tout l'effondrer, la gageure d'un doigt se noyant dans l'colon. à contre-courant de vivre, comme le reste dirais-je. ou ne le dirais-je pas. non, je ne le dirais-je pas

     

     

    les anciennes mesures


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  •   sens dessus dessous, la porte. la porte ou quoi. la tombe

     

     

      porte à ton homme un cageot de lumière, de lumière triste c'est pas grave

     

     

      les amis du sol et les amis d'la braguette ne sont pas les amis du tout. ils bavent sur ta mère

     

     

      les gens viennent de loin, de toujours plus loin pour voir. pour voir quoi c'est ça l'ennui

     

     

      il y a des vacances, il y a des vacances partout. mon corps est en vacances, c'est la grande mort

     

     

      partir enfin, partir d'abord. mourir à tout, mourir à soi, mais pas mourir du tout - en tout cas pas pour ça

     

     

      cinq ou six nuits que je t'attends et toujours rien, que dalle, nada. est-ce vraiment douloureux

     

     

      qu'ils ne t'attendent plus, de pied ferme ou de main molle. tu passeras par derrière, hors le son

     

     

      carnet de chanson, carnet de crevaison, il n'y a pas de raison. il n'y a pas de raison non plus

     

     

      caresser la boucle, caresser le chenil ça mord. ça mord ça tue. ça tue la mort en vrai

     

     


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