•   et c'est pour pas crever qu'on aime, juste ça, rien que ça
      le reste c'est pas grave - on entend néanmoins
      le petit corps qui grince, peu de volume
      le petit corps qui grince, mais cependant ne cède...

     

     

      un stylo, une tente, un mort - je n'ai pas de réponse
      quelqu'un parle tout seul. tout bas. vraisemblablement bas
      on suppose qu'il se coupe les ongles, de temps à autre
      mais n'en profite guère...

     

     

      j'ai tort
      tort d'insister, alors
      je lâche un ballon, voir où le vent le porte, un bout de bois
      dans le foutu canal s'il y avait un canal, et s'il était foutu
      quant au ballon, d'où me viendrait un ballon, qu'on gonfle et se dégonfle?
      le vent certes souffle ce soir, mais de l'autre côté...

     

     

      ne m'embrasse pas. ne m'embrasse pas partout frénétiquement comme ça - on pourrait se douter
      on pourrait même se demander
      fais donc semblant de m'ignorer, de passer devant moi sans t'en apercevoir
      t'apercevoir de quoi d'ailleurs, puisqu'il rentre chez soi
      convaincu de mort lente

     

     

      tous les animaux ne dorment pas la nuit
      les prédateurs, les humains non plus
      je veille sur une fosse
      chacun vaque à ses occupations. les fainéants non plus
      n'ayant rendez-vous nulle part, je ne peux le manquer

     

     

    la nuit s'en garde à vue


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  •   il n'y a plus de serpents chez moi, je leur ai tous broyé la tête, broyé le gland
      guirlande de queues mortes, petit souper aux chandelles essoufflées...
      j'ai peur des morts, mais guère plus que de moi-même
      d'ailleurs je nous maudis bien fort, que dis-je, je nous pisse à la raie

     

     

      symbole à quatre pattes, drap que l'on tire à soi quand le désert s'enlise
      j'ai crié une deux trois - il était trop tard certes et déjà, mais j'ai crié quand même: une, deux, trois, et ça m'a rassuré
      quant à ce qui fut trop tard, et à jamais perdu...

     

     

      mourir assis, mourir assis c'est mieux. il n'y a
      que dalle à becqueter c'est pas grave il n'y a
      que dalle à ramasser - et se dénouant les becs tondirent ras
      les sexes hérissés c'est pas grave, les sexes à pile ou face

     

     

      ma fin ne produit rien, ce qui n'enlève rien
      à sa beauté crachée, son sexe ouvert sur la nuit translucide, j'éjacule tout chaud
      dans
      le vide inconsistant
      de notre insignifiance, j'y discerne mon profil éteint, j'y redessine mon
      profil ardent

     

     

      il y a quelque chose qui s'en va
      et dont rien ne revient, ni l'ombre, je n'ai lors plus la force
      d'aimer, plus la force de rien, je jette la pierre au ciel et même lui, taudis,
      ne me la renvoie pas
      - on ne se sortira de là que par
      une folie exemplaire, un pas fiche de travers...

     

     


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  •   la porte a tout détruit la porte
      a chié sur la lumière, je me promène là, mains trouées dans les poches
      je me promène c'est beaucoup dire, disons plutôt que
      le vent me pousse, le vent m'expulse
      vers les déserts sans dent, ni langue

     

     

      toute vie ratiboisée, tout amour défiguré, je jette
      les pelures par la f'nêt' je jette
      les pépins dans la cendre, le cendrier le vieux mégot, le vieux mégot cramé, seul le mort
      saigne encore

     

     

      ma mère m'a dit va te faire foutre, sors de mon trou, maudit
      je voudrais bien mourir, me manque
      le pissenlit - j'imagine pas ça avec
      une corde ou une flaque. ça sent bizarre, le pissenlit...

     

     

      arrête avec ta chatte, arrête!
      à cheval sur un âne, je viens si près, si près de toi que
      j'en toucherai jamais la ligne, d'horizon de flottaison, ni le premier atome
      de l'haleine à ta bouche, j'ai le sang vermoulu

     

     

      j'envie ma mort, j'envie ma mort en tout
      je respire à contre-temps, une baise d'amour en guise de langue chaude
      ou de queue de cerise - c'est à dire que
      je ne pense à rien, esthétique cadavre, petite dent raclant
      le cercueil vivant...

     

     

    collapse


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  •   souffle après souffle j'arrache
      à la matière de pauvres lambeaux d'âme, on croirait qu'il fait beau or
      il ne fait rien
      de beau ni d'autre, il se touche entre deux arbres en écartant les branches
      où deux arbres se touchent...

     

     

      chien de moi, poker menteur ou
      pouilleux déshabilleur - les vacances arrivent
      de plus en plus tôt chaque année, jusqu'à la recouvrir toute et dissoudre le temps dans
      un non-être fragile, chignon mélancolique...

     

     

      ta bulle est ainsi faite, elle crève à deux fois l'nord
      : une pour l'enfance éradiquée, la pire en plan et les bouquets pantelants
      au cimetière communal - l'autre pour ce rire gluant, éjaculé à la face
      d'une fille édentée et sans autre pouvoir
      que celui ras d'en jouir...

     

     

      rescapé de rien, mais franchement de rien - je te touches tu me touches, à tâtons et en vain recherchons-nous
      l'anus, et d'anus bouche cousue: pire que rien fleurit partout
      un amour sans espoir

     

     

      le chien philosophal, celui que l'on attrape
      par les oreilles et auquel on crie: alors tu les entends les cloches, hein, tu les entends les cloches qui
      ne sonneront jamais, ni jamais ne sonnèrent - le piteux goutte à
      goutte d'une chatte, rigole amère...

     

     


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  •   les ongles enfoncés
      dans le vif de l'air, je perds mes eaux, je te dis que
      je perds mes eaux

     

     

      éternel broussaileur, débroussailleur des sentes, rappelle-moi ton nom, rappelle-
      moi hors la saison - cela devrait se faire, cela devrait faire sens, faire sens dessus dessous

     

     

      je suis un homme sans pisser d'sus, je suis un homme sans tromper d'femme, je suis un homme
      en marche arrière

     

     

      tout est venu
      d'un homme en marche arrière ne ris pas regarde-
      moi dans les bleus, pardonne aux innocents pardonne leur
      les crimes de leurs bourreaux

     

     

      le maigre baluchon, le maigre
      le sexe droit d'une éolienne - brasse, ronron brasse
      à remonter le temps qui ne remonte rien: la chute sans tomber...

     

     

      et voguent les cercueils. ma mère appelle un chat un chat - où donc m'y retrouver?
      à la verticale d'un homme, l'arête tout en travers la
      gorge de plain chant

     

     

      tire-toi, juste tire-toi, et du coup n'oublie pas
      les larmes de ton corps, la larve d'un tombeau n'oublie pas, non surtout n'oublie pas
      de n'être personne en refermant le nord, en claquant des talons
      - pauv' bête va, pauvre chantier...

     

     

    l'homme la taupe


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  •   et si nos deux langues n'en formaient qu'une, inextricable, comment délier le mot du suc, la pierre de la marelle - nos affections libidinales
      de nos pulsions limite carnassières...

     

     

      tu te couvriras de honte et ce tout en marchant, seul dans la rue, en pleine rue, en plein milieu de la rue
      le mur d'en face et l'âme en rade...

     

     

      prétendre asseoir une vie sur ce trottoir béant, cette marche qui glisse... où tout a commencé convergent mes débris, lambeaux de cerf-volants
      - la lumière dure hier

     

     

      mon dieu comment peux-tu abandonner l'homme à ce point, tant le priver de ton esprit et de ta grâce qu'il ne sache plus se reconnaître, ni toi à travers lui? aveugle à son propre destin, il ne ressemble à rien, et face à son naufrage ne peut réprimer un pathétique "merci pour le spectacle..."

     

     

      je ne prends pas la parole. d'ailleurs que ferais-je de la parole, que ferais-je de la robe envolée, des motifs à douleur? ou chuchotée au mur, intimement friable: de quel côté la ruine, et de quel côté l'ombre?...

     

     

      peut-être dieu n'est-il que l'expression ultime de notre instinct de survie, pris par le bout mauvais de la lorgnette. peut-être dieu est-il
      la caresse essentielle et sensible nous extirpant du néant - ce qui ne revient pas
      au même exactement, mais tout de même...

     

     


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  •   ils ont construit leurs maisons pour habiter la rue
      et la rue leur demeure...

     

     

      on ne passe pas à gauche d'un homme blessé, d'un homme à terre
      on lève les yeux le plus haut possible, sans même penser au bonheur
      on raserait les murs, quand bien même il n'y aurait plus de murs...

     

     

      on finira bien par trouver
      la pendule ou le lieu, la borne ou la marge bref, quelque part où mourir, une berge
      où accoster notre naufrage...

     

     

      bref ils s'aimèrent à plusieurs
      le temps leur parut long, le temps leur parut court
      ils partageaient l'idée, mais gardèrent la monnaie...

     

     

      par le chemin le plus long, l'allier de lents détours
      de méandres échappant à toute nécessité, broutant à même la fleur l'illustre
      futilité d'être,
      d'aller...

     

     

      tu te couvriras de mort et tu ne diras rien. tu ploieras sous le vide
      et nul ne te plaindra.

     

     

    chien méchant mord pas l'gitan


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  •   à la tombée-merci, tu es tellement... tu es tellement... à la tombée-merci
      et puis on s'y est mis - à un, à soi, à tout seul on s'y est mis
      à la fin se tenant
      déjà loin derrière soi

     

     

      tu t'adresses à qui donc, dans le silence du son
      je m'apprête à quoi donc, à qui que quoi, à y a pas d'quoi - je m'apprête à sortir
      pas nu non, mais de nuit tout de même
      de nuit c'est plus que nu
      et à peine moins que moche

     

     

      quatrain, et pas d'ami en route
      juste le sens, tout somme inné, de la désorientation
      on apprend à se mentir - même pas: on apprend
      à ne pas
      se prendre en compte et caetera

     

     

      je m'infrarouge. dorénavant
      dorénavant les branches ploient
      tout contre moi - je n'entends faire naufrage, ni rede-
      venir racine. dorénavant
      dorénavant je
      m'infrarouge

     

     

      le doigt sur le coccyx, tu prétends à quoi, que je ne puisse
      assumer. les larmes d'un homme
      tombent
      de ce côté-ci seulement, grège,
      du mur

     

     


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