•   la pluie tombe dans ses bras
      pas autre part oui, juste dans ses bras
      à demi ouverts
      à peine de quoi
      se mouiller, oui, je crois
      lui caresser les dents

     

     

      paix à son âme s'il y a une âme
      s'il y en a une et s'il y a
      une paix
      et sinon rien
      sinon dis-lui que moi non plus, je n'existe pas
      et sinon rien

     

     

      un mur de cendres
      un autre mur, à la place
      et celui-là de cendres aussi
      d'usure, si la peine s'usait
      de peau, si la peau
      s'estompait

     

     

      je m'oppose à la venue, la venue rude
      - flotter
      à la surface d'un trou, fébrile
      y laisser tomber quelque chose, quelquefois, se donnant ainsi l'air
      de perdre quelque chose, peut-être même
      de souffrir

     

     

      la nuit des temps
      la nuit des temps n'y compte pas
      d'ailleurs je
      ne compte plus
      à rebours de toute intention, si innocente fut-elle
      or innocente elle ne fut

     

     

      proche, très proche
      d'une absence de but, le slip à la renverse
      et j'en passe... j'en passe comme à travers les fi-
      lets de la maraude
      ...

     

     

    ou la vision d'un homme sa femme


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  •   déchaussé la littéralité et je m'en suis allé
      les pieds gelés le bec en suie
      et je m'en suis allé

     

     

      terre j'y touche pas, je te promets que j'y touche pas
      terre j'y pose pas l'orteil, le genou, terre où tout entier j'ensevelis
      mon corps en son nombril

     

     

      je ne couche pas dans ton cerceau
      je ne couche pas, je ne coule pas sous ton arceau, j'ai d'autres vues, visées visions
      un genre de vérité sans le papier, sans le cadeau
      : le cerceau pur

     

     

      la soupe sans ami, le mistral sans vent
      qu'on touille à la cuillère c'est tout, la soupe sans ortie
      le mental radical

     

     

      quand il fait beau comme ça on se croirait vivant, presque vivant t'entends
      quand il fait beau comme ça sur la
      pelouse ébouriffée

     

     

      détenu pas détenu, sur vos genoux j'ai pas tenu
      de mon loin oh si loin, et de plus loin encore je ne suis
      revenu
      . sur les g'noux

     

     

    nos prêches candélabres


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  •   tout par terre a ses yeux. tout par terre
      ne sait comment y vivre: elle va sucer son pouce, elle va
      parler aux animaux dans la langue des sourds, jamais personne
      n'eut le cœur de
      la démentir

     

     

      elle sait pas comment faire avec les doigts, où se placer les dents, elle se lave
      tous les deux ou trois jours à l'eau froide, à l'eau chaude quand' y en a - ça fait longtemps
      qu'elle a perdu le talent
      elle ralentit un peu
      elle ralentit depuis

     

     

      on passe énormément
      de temps à s'abriter, à s'épouiller la nuque et sous les bras, pour pas dire davantage
      mourir heureux cela n'existe pas, il faudra revoir mon poème - on passe énormément
      de temps à quasi rien

     

     

      ça ne mène à rien, tu vois bien que ça ne mène à rien
      elle se retourne d'un air mi-
      amusé mi-inquiet, elle me dit ça va pas? elle me dit que dis-tu? comme ça, avec l'accent aigu
      à l'étroit dans le creux ne remue
      donc pas trop

     

     

      les boules de neige dans le gris absolu, je ne les ai pas inventées
      les boucles d'oreille ont roulé jusque là, et si les morts entendent ils ne t'entendront pas, qui cherches en toi le doigt
      qui cherches en soi le toi

     

     

      on se repasse de l'un à l'autre le mouchoir, l'anneau, l'envie
      de faire quelque chose avec rien, de faire l'amour depuis
      cette zone trouble entre les jambes, et un peu au-dessus, toute honte bue
      aux lèvres du cloporte...

     

     


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  •   les chemins m'emmènent loin mais guère plus loin
      que ne m'emmènent les chemins, et quand pleurent les hommes, les bêtes les nourrissons
      et quand pleurent à leur tour par exemple les femmes, les chevaux les sangsues, reprenant le
      flambeau veuf - chacun son tour c'est comme ça, comme ça la ronde, la ronde tourne c'est comme ça et
      tout au milieu, seul au milieu:
      le mouchoir mouillé...

     

     

      je pars comme je pars, comme toute histoire en queue d'poisson
      se tranche une veine, aspire un cachet libre j'entonne
      un petit requiem, un soupçon de mouron, il ne m'arrivera plus
      de crier sous les toits, bassement sous les toits

     

     

      fuir ne se commande pas - la mort s'improvise, à fond elle s'improvise
      cet espace infini où nul ne m'attend décidément me tente, je pars sans couche
      sans carte interactive
      :je sais que je vais mourir
      d'un soleil en plein cœur

     

     

      je me détache, de dieu même je me détache, l'ivresse en toute chose explose toute chose
      j'ai des tout petits patins à roulettes pour naviguer sur le grand océan - je suis un homme
      sans garantie, sans certitude, un homme n'est pas coutume il va sous
      la pluie qui pleut quand pluie il pleut

     

     

    les habitants qui s'demandent quoi


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  •   
      je ne supporte sur mon corps d'autre poids que celui de l'air
      déplacé par l'esquive d'un regard je suis l'amour impur, forcément impur
      impur puisque amour, je ne supporte sur mon corps que l'ombre
      de ce qui n'a pas été, n'aurait pu être combien même
      il l'eut du

     

     

      sous le seuil de pauvreté mais
      fenêtres grand'ouvertes au bénéfice du doute, au bénéfice
      de toute dent chancelante, le poumon déchaussé et les chemins de ronde
      sur l'œuf fragile
      fragile existentiel

     

     

      hors-mode un chien crachait ses dents, poil hérissé, bavant de rage
      la pureté sans antécédent n'existe pas, le mal
      me lave, lave mon dos
      lave mes pieds
      lave mon sexe
      - ne reste qu'une voix, innocente à force de n'être
      qu'une voix, auréolée

     

     

      y a t-il seulement un espace où grandir, la hauteur d'être grand - non de soi mais de l'être, quel que soi?
      les ailes au dos
      du plongeon dans le vide, la merde au cul d'la vache, m'entends-tu camarade?
      camarade m'entends-tu?
      comment survivrons-nous sans défaillir
      dans les bras l'un de l'autre?

     

     

      c'est à la marge que tout bascule, la part occulte, en ce temps où rien ne passe
      que le temps: il m'attrape la main, il me lâche la main c'est dans la marge
      que tout vacille et que chacun, socle d'un pas, clé d'un possible, rebrousse poil
      poil et chemin...

     

     


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  •   une fois pour
      s'écrabouiller d'amour, c'est la main bleue. une fois pour
      crever comme un chien au fond d'une cour sans air
      et une fois pour partir loin, loin, toujours plus loin vers
      le centre exorbité de soi

     

     

      basiquement : survivre - c'est le nord-sud, le b-a-ba de toute convulsion
      et de surcroît si on veut : sauver sa peau, l'arracher à toute
      cette misère dont on s'imprègne en regardant par ci, en regardant par là
      en serrant les yeux très fort et tant pis si il pleut

     

     

      tout amour me dégoûte, tant que tout amour
      n'est pas mon amour.
      mais là encore, dire ne dit rien, dire
      bourre l'oreille de cire, dire
      brouille l'horizon
      et demande pardon

     

     

      la soif
      n'a plus envie de boire
      plus envie d'eau de pluie de vie plus envie
      de soif
      mais d'abreuvoir

     

     

      il nous faudra au moins mourir pour retrouver l'innocence
      jusqu'alors la coupe est pleine, jusqu'alors la coupe est vide, j'ai cet instinct de nudité
      de nez cassé de fée toute
      cabossée

     

     

      cracher dans l'vide, cracher, sur mon petit cheval mort.
      cette universelle défection, désertion de toute vérité, matelas gonflable
      matelas gonflable matelas crevé, caresse-moi
      la joue. le reste ça compte pas caresse-moi
      la joue...

     

     

    cracher tout mon sport


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  •   miracle au bout du chemin: un chemin.
      et un miracle encore, tout au bout du miracle.
      rien ne se passe
      tu as beau le remuer dans tous les sens, rien ne se passe
      les morts sodomisent les morts, les vivants font la queue
      la queue plutôt basse, ceci dit

     

     

      soi-disant qu'ils s'en foutent, qu'ils clament loin devant le chant rauque ou le rire
      fou de leur innocence.
      moi aussi je m'en fous: je suis atemporel après tout
      atemporel pas pour longtemps, un semblant d'éternel
      avec un doigt d'honneur en forme de souvenance, adressé
      pour tous ceux qui s'ensuivent
      pour tous ceux qui s'enfuient
      à mon singe mécanique

     

     

      la balle hors de tout camp, le registre défunt
      j'assassine ma mémoire et me retrouve le pantin de ma mémoire
      je coupe les fils - mon dieu que la mer est mauvaise
      la mer est mauvaise, la mer sent mauvais, la mer
      me rabâche-mémoire, boucle teigneuse

     

     

      je n'ai pas d'âme non plus. il faut bien
      faire avec
      faire avec sans, il faut bien
      descendre dans la rue, hurler
      ou simplement déambuler: il n'y a pas de rue sans marcher - marcher
      invente la rue, redresse un spot
      s'assied là sur un banc, en suspens sur un banc, se réfutant
      à mesure qu'il avance...

     

     

      une deux trois je suis mort
      une deux trois non, finalement je ne suis
      pas mort, pas tout à fait encore - juste assez pour
      qu'on appelle ça vivant, et d'autant plus
      d'autant plus vivant que je suis mort, une parodie
      d'être humain, mon je est une parodie
      d'être humain et pourtant
      - non, pourtant rien

     

     

      mon petit frère
      les oreilles décollées
      de mon tout petit frère
      gisent en paix les toutes petites
      oreilles décollées de
      mon tout petit frère
      là en paix

     

     

      


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  •   j'admire un portrait tout craché, je suis
      l'homme qui ne te ressemble pas or l'homme
      ne se ressemble pas:
      un vase lacrymo
      un peu plus encore
      un graal lacrymo, ta vie
      vient d'être couronnée dame-lacrymo
      à l'humain sans pareil...

     

     

      j'encule un ch'val, mais quand je dis j'encule un ch'val, c'est que le ch'val
      n'y est pas.
      au garde-à-vous tu te rends compte, au garde-à-vous tu t'imagines - j'ai
      les mains sales d'un SDF, j'ai
      les pieds sales d'un SDF, j'ai
      la queue sale d'un SDF, j'ai
      le cœur de tout le monde je te jure, le cœur
      de tout le monde ad nauseam

     

     

      un pays qu'on enterre, un pays
      au ras des pissenlits - les gens
      n'y dansent point
      et c'est pas la tête dans l'guidon qu'on verra l'horizon, se consolent-ils
      trépignant sur leur chaise
      et levant le verre vide
      à leurs lèvres gercées
      toutes sèches
      toutes creuses
      toutes mortes à présent et si sèches
      incroyablement sèches
      et en larmes

     

     

      poison d'avril, poison de mai, poison de juin
      tu ne me détourneras pas
      de la voie sans issue, l'impasse majestueuse
      j'ai le coude fragile, tu le sais
      j'ai le coude fragile, et la soif en roue libre

     

     

      la mort avait la joie, et la joie le lui rend.
      je marche toujours à l'envers toujours, je marche encore
      et encore, on croirait
      que je ne dors plus, tellement j'ai les ongles, les cors
      qui dépassent, dépassent de mon corps
      et d'un puits si profond
      qu'il ne renverse rien

     

     

    leur penchant guillotine

     

     

     


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