•   la p'tite mort et puis quoi encore? le feu fouinant. de l'ananas pourri
      ainsi le langage descend-il du chant, qui ne descend de rien, qui monte infiniment qui monte
      qui ne monte sur rien, l'échelle sans barreau

     

     

      camarade morpion, réveillez-vous. réveillez-vous nom d'un chien, je vous dis que votre mère est morte
      faudra t-il l'enterrer ou bien l'incinérer, décidez-vous camarade morpion
      . camarade morpion s'en fout. camarade morpion n'écoute pas. camarade morpion s'énerve contre la borne - il arrive pas à sortir son foutu billet d'train...

     

     

      l'herbe a tellement poussé on n'arrivera plus à rien désormais, on s'en débarrassera plus, plus jamais. elle a reconquis le terrain. c'est pas qu'on y tenait vraiment d'ailleurs, au terrain. on foutra plus les pieds chez nous c'est tout, une bonne fois pour rien

     

     

      mon p'tit machin il est très drôle. je le regarde de travers mais il fait semblant de ne pas s'en apercevoir et il crache par terre. par terre c'est plus propre
      il y a des gens qui se suicident pour un rien c'est pas mon cas. il y a des gens qui se suicident même pas ça me regarde pas non plus

     

     

      pour moi qui déteste les voyages, les résidences et les retours, la vie n'est pas toujours simple
      par exemple quand je croise un ami dans la rue, nous ne nous reconnaissons pas et passons notre chemin sans même nous saluer, sans même nous dire alors ça va, qu'est-ce tu deviens, et ton môme, ça lui fait quel âge maintenant?

     

     

    camarade morpion


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  •   ma main à couper que quoi? de toute façon elle repoussera. sinon ce sera moi

     

     

      je me suis raclé la gorge pour une autre chanson. une chanson non composée, une chanson d'un seul ton

     

     

      alors il se leva. cela l'agrandit tout à coup il fut pris de vertige. le vertige tombe et lui s'élève de lui-même, fusée quittant la planète morte, fumée recrachée du
      crématorium

     

     

      il n'est parfois plus que talon, mouchoir échu. il rentre à la maison. et quand il rentre à la maison, il sent bien que cela ne le regarde plus

     

     

      il jette les dés, en manière de révérence. se disant que c'est par le hasard que s'impose la nécessité. mais quelle autre nécessité que celle du hasard, s'entend-il répliquer

     

     

      finalement il s'en va. comme un cowboy en bout de film, distançant les conclusions. il s'en va comme un trou dans la poche

     

     

      tu joues avec le nombre, dieu indigo. c'est à dire avec la répétition ad nauseam de l'un et de l'unique, avant qu'il ne se retrouve seul
      et définitif

     

     


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  •   il ne bouge pas. il fait ses valises. c'est pourtant lui le mort

     

     

      il se réveille enfin, il se réveille pour de vrai. autrement dit il se réveille nulle part, n'ayant jamais vraiment dormi

     

     

      l'évidence évidemment n'est pas celle qu'on croit - de là la vertu du paradoxe, le koan de l'âne, le petit moment qu'on prend en grignotant son pouce

     

     

      et s'il n'était qu'un homme, tout au fond de la classe, le cancre aux pieds sales, qu'il n'osait te sourire

     

     

      il tourne en rond sans s'en rendre compte, petit hamster-bicyclette. il tourne en rond c'est le chemin le plus court

     

     

      il y a la mort et il y a plus profond que la mort encore, sur lequel la mort ouvre les yeux. quoique cela dépende du mort...

     

     

      les enfants ont le cœur mobile: on leur donne un caillou, ils font une marelle. sautillant sur un pied ils scandent "six et six douze, à trois tu tombes!"

     

     

    gentle people


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  •   demain je m'achète une chemise, ou autre chose
      de main je ne m'achète rien

     

     

      il y a du vent devant ma porte. heureusement la porte

     

     

      un chien ronge mon os. je figure ce chien

     

     

      ne m'appelle pas, crache sur moi
      appelle-moi d'un crachât

     

     

      devant ma porte une autre porte
      se venge

     

     

      n'avoir rien ou donner tout, quelle différence encore

     

     

      puisque le temps le permet, restons chez soi

     

     

      j'abrite un parapluie. je ne savais pas quoi faire alors j'abrite
      un parapluie

     

     

      mourir ne suffira pas, il faudra s'enivrer

     

     

      peut-être un peu de barbe, ou n'importe quoi d'autre
      derrière quoi cacher son visage

     

     

      je suis peut-être ici, mort de ne pas être mort

     

     

      sauve-moi de la façon la plus évidente: ignore-moi

     

     

      aimer ne fait pas un pli - tant pis pour lui

     

     

      tant pis pour moi

     

     


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  •   la petite pluie s'amène, une pluie
      minuscule

     

     

      sous ses mains, sous son creux, qu'en est-il?

     

     

      d'un geste je suis mort, c'est plus fort que moi

     

     

      un jour j'espère retrouver quoi, au fond de soi?

     

     

      où comme il y a l'ombre et la douleur, j'avance d'un pas

     

     

      j'achève de me contourner: toujours le même vide-ardent

     

     

      un ciel trop bas ce matin - j'abdique

     

     

      il ne sait plus qui pardonner, alors il pardonne à tous. moi pas

     

     

      survivre rase mourir

     

     

      du plus haut au plus bas une pente se redresse, s'élève

     

     

      ici est ailleurs, un peu plus loin encore - et donc?

     

     

      les doigts teints de myrtille

     

     

      mendier un brin de soleil à un ciel gris, c'est tout

     

     

    sur un bout de carton


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  •   quelqu'un de moi est mort il s'arrache une dent
      quelqu'un de moi meurt au présent tandis qu'un autre me tend le miroir d'oubli
      quelqu'un de moi ne veut pas entendre cette histoire - ses yeux ont pourtant
      la couleur des miens

     

     

      peut-être nous aimions-nous comme on aime une fille
      les filles dépérissent, les herbes coupées fraîches m'ont filé la jaunisse
      mauvaise langue, mauvaise fourche, si les mots sont une insulte à qui d'autre les adresser
      qu'au mécréant auquel je sers de caveau, de cerveau
      ou même de mégaphone?

     

     

      trompe-toi quand tu chemines, ou ravale
      chaque gravillon du chemin. j'ai soupiré
      soupirer en dit long
      quelqu'un monte à mon bord c'est sans doute un mauvais vent, un mauvais bougre
      ou l'absence se prolongeant jusqu'à l'heure tardive...

     

     

      je me promène, je me promène en nous et que nous sommes vastes...!
      le garde a déserté, abandonnant son poste aux hurlements des mouches, aux heures pesantes
      il suffirait de regarder du bon côté mais nul n'ose lever les yeux du côté où l'on sait
      du côté où l'on voit
      en tout cas pas pur l'instant

     

     

      j'embrasse une mine, je la serre amoureusement contre moi, j'embrasse
      une mine - je ne sais quand
      elle explose, ne saurais le savoir, sautant avec
      peut-être ai-je fini par l'avaler, peut-être a t-elle
      explosé depuis longtemps déjà peut-être
      est-elle désamorcée de toute éternité, me berçant d'illusions...

     

     


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  •   s'asseoir
      à l'ombre de soi-même, un moment seulement, pas trop longtemps
      juste de quoi s'assurer en se penchant un peu
      qu'un vide nous soutient, accentuant le vertige
      - se relever, oui, mais pour aller où, faire face à quoi?

     

     

      il y a un Refus en moi, je m'ancre dans un Refus
      tant qu'il dure il n'y aura pas d'issue. tant qu'il dure néanmoins je ne m'effondre pas, je reste droit
      sur mon céans, sur mon ci-gît
      sur ma queue nauséeux

     

     

      il n'y aura pas de comptes à rendre, il n'y en eut jamais
      il bruine. imperturbable il bruine
      c'est sans savon que je vais, sans la marque d'aucune repentance. rien ne me lave
      quelqu'un a joui. je ne crois pas que ce fut moi

     

     

      j'ai ri avec mes dents - il me faudra apprendre désormais à rire sans, à rire outre
      bouche close, muscles détendus, de la boue dans les chaussettes
      - est-ce vraiment avancer que glisser sur la pente rase
      et retenir le souffle?

     

     

      une fois encore une fois dis-moi: que discernes-tu dans ta boule de mistral, ta baudruche ton cerf-volant
      on dissèque le cerf on déchiffre les entrailles et on voit bien qu'il eut été plus heureux
      à planer dans ses bois...

     

     

    l'amour sous camisole


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  •   puisque deux murmurent et trois sentent la mort, je restai seul
      en proie à ce vide, comme un bout de gingembre à l'étal d'un boucher
      - ce n'est pas en garnissant le vase de quelques fleurs qu'on en corrompra le profond désarroi

     

     

      de l'eau sur le continent, l'idée courte qu'une idée longue...
      enfin, j'insiste pas... j'arrange ma demeure comme je peux, cassant tout ce qui n'est pas indispensable, ne laissant que les murs, l'évacuation des murs
      quand quelqu'un m'appelle je ne lui réponds pas, me dirigeant incrédule et effaré
      vers l'abrupte du pur instant

     

     

      d'où viendra le temps, et d'où viendra la venue?
      quelqu'un s'assoit près de moi c'est comme si on me regardait droit dans l'œil moi qui suis tout œil, ou qui ne suis qu'un œil
      cerné d'un pantin.
      où je me jette un trou se forme, d'où je me jette un pont se dresse
      c'est la forme liquide du vide...

     

     

      serre-toi contre moi, rends-moi mon corps - la mort ne sent rien, n'attend rien
      rends son corps à la mort, qu'elle se mette à danser, au moins à tituber d'une ivresse facile
      je passe au travers: il n'est de mur plus sournois que celui qui ne retient rien

     

     

      pleure avec moi, du nulle part le pochon exorcisera nos hontes
      l'éternité moment zéro, plein phares perce les allées noires - je me maintiens en toi
      quand tout bascule retiens-moi, la porte de derrière ne vole

     

     


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