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Par lolek le 2 Juin 2020 à 07:16
je pars de l'impossible. seul l'impossible s'avère soutenable, tremplin pour le présent - un présent élargi à sa dimension originelle, et non plus déduite ou extraite d'un hypothétique temps global
seul est vivable l'impossible, puisque seul réalisé. l'annihilation des possibles en laquelle il consiste ne souffle que sur des cendres
je ne suis libre qu'à condition, et qu'à condition de n'être libre pour rien, et que cette liberté ne serve à rien, ne soit point force de réalisation mais au contraire principe de déréalisation, instable état de non-réalitéj'élucide l'image du vide dans ma tête
je souffle des bulles de savon dans le cul du poème
je parviens presque à me représenter vivant, tentant désespérément d'embrasser une fille qui tourne sur un manège lancé à toute allure tandis que je reste quant à moi figé au sol, piquet à blanc
ça mériterait des claques, or des claques on n'en a pasc'est un tout petit appareil: il prend des photos sur le vif si vif en est le sujet, des photos sur le mort pour peu que le sujet en ait été réduit au triste état d'objet
il raconte la vie en tout cas, non telle qu'il se l'imagine, mais telle qu'elle s'imagine à travers lui, motus et bouche goulue
il lui faudrait parfois tendre la main, afin d'espérer sentir s'y déposer une pièce, un mollard, le principe aléatoire du point sur une ligne qui déjà ne sait plus si elle est de vie, ou si elle ne fait que tourner en rond comme une bête avant de se coucher, au cas où de mauvais rêves d'hier ou d'avant-hier, de fatidiques points de rupture
viendraient à la piquerque retiendra t-on du fait d'avoir été si ce n'est, après une série douteuse de malencontreux ricochets, d'avoir couler à pic ?
les voyous courent toujours, et les filles à leurs trousses... au lieu de m'envoler je suis tombé enceinte, le parachute d'une pierre pénible, l'alunissage en parallèle
il me faut composer avec la force constamment augmentée de mon auguste inertie. je ne sais pas: en déposant quelques graviers sur sa maigre poitrine en en soufflant dessus jusqu'à ce qu'ils
prennent feu par exemple - ou toute autre chose...
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Par lolek le 31 Mai 2020 à 06:34
je ne mens pas je reste nu
au milieu de la chambre, à portée de fesse tout de même
d'une chaise, par laquelle j'ai remplacé le banc
le banc d'en face, toujours d'en face
d'en face de rien
toujours de rienma nuit mon siège, ma façon d'être en tous les cas
de respirer sans transpirer. quelqu'un me dit méchant, quelqu'un me tape
c'est encore cette impression qui me taraude, de servir de cage de verre
à une mouchemon timbre est inutile, mon timbre ne colle pas. mon timbre
ne sonne pas. nausée ne gerbe pas
qu'y a t-il d'autre qui ne pas, ne plus, ne rien ni ne
qu'y a t-il doncregarde, il reste
du pipi sur tes cuisses. tes lilas sentent la mort
hors-temps, hors-piste, hors-service. ne danse pas
retourne dans le ventre, tout à l'indicatifpas de truelle pour une telle béance. les chiens même n'aboient
en retard à son propre enterrement, les pompes souillées
encore une histoire de chien
montre-moi ton poignet. il est mignon ton poignet, il est finde carreau cassé, d'herbe rasée
je te parle d'amour tu me craches les pépins. il vaut mieux
recracher les pépins, la mer n'y est pour rien:
elle se dit pourquoi moi
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Par lolek le 29 Mai 2020 à 05:43
je ne tiens pas
dans un bateau en papier
lequel ne tient pas l'eau non plus, lequel prend l'eau - voyager
ne semble pas si évident, finalementdéfinitivement. même si
définitivement rien.
on plie bagage, on range la mer, on attrape froid
fallait pas sortir nu, comme ça, en plein milieu de la chambre
ou de son rêve - surtout quand on ne, comme ça,
rêve de rienun léger mieux, ainsi que le décrit
le nouveau-mort, rasé de frais, le tout juste
ressuscité des vivants, en nage-arrière, le sexe qu'on recrache
qu'on rechie
qu'on ravalej'enjambe un corps, une nuit, le saint esprit
je marche sur mon ombre. non, je marche dans
mon ombre. mon ombre sans corps, sans moi comme je m'enjambe
si peu d'issuele temps que la pierre
jetée en l'air me retombe dessus, je réfléchis, j'écris ces quelques mots, je fignole
mon épitaphe
mais j'y arrive pas. rien n'en ressort vraiment. tout ça finit
par retomberil se sert de ses jambes comme de rames, repoussant la terre derrière lui
il aime ses épaules aussi, fuyant sur les côtés, aériens précipices
il cherche en vain son point de départ, d'appui branlant - le départ c'est du facultatif
le départ c'est une bouche
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Par lolek le 27 Mai 2020 à 20:42
mordre le corps. mordre
à travers tout le corps. d'immenses voyages
échouent là sur la grève, tout contre moi grêle poitrine
ils repartent chez euxje dois être percé, je ne retiens rien
du sable que le crissement
du creux la griffe grave
de l'image le tranchant du miroir - ils abandonnent
mon corps à sa putréfactioncomme je vous vois venir, de loin
et de plus en plus loin, comme si venir vous éloignait, ou renchérissait
sur mon inaccessibilité
je me quitteune fois encore il se lève. en pensée il se lève
il ne va pas bien loin, en pensée quelques pas, l'idée
de quelques pas - pour ne pas
mourir tout de suite. pas immédiatement du moins. plus tard seulement. un peu plus tard
dans quelques pas peut-être
ou d'ici quelques pasnaviguer entre les
brisants, fêlures, ruptures, semer tout ce qui casse
- un beau néant
respire, dont on ne déchire plus
d'image. ça fait d'la peine quand même...
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Par lolek le 26 Mai 2020 à 06:18
il ne mange pas assez, il se
suce le moignon, le mordille. il recopie ses textes au stylo-bille
la mort dans l'âme, et le reste à l'écran. que cela n'engage à rien l'arrange, d'une certaine façon
mourir prend peu de place. peu de place tout l'espaceil se souvient comme elle lui caressait le bras, d'un doigt
c'est fou tout ce que peut faire un doigt, puis se désiste
il plie et range soigneusement sa pénurie dans un sac, c'est fou tout ce que peut
contenir un sac, d'absences de carences, d'un tiens deux tu l'auras pasquelque chose de sale prend soin de la pureté, la préserve la cajole, l'entoure de quelques précautions
il cherche une tête dans l'espace, les têtes ne poussent pas comme ça, ne repoussent
pas d'aussitôt
ni les paysages spontanément à la fenêtre - il faut auparavant souffler dessus
longuementil tourne machinalement
l'anneau à son doigt, pensant qu'il finira bien par jouir
ou s'irriter
quelque chose le crispe, qui n'entre pas en considération
il y a comme une atteinte à la pudeur dans le fait même d'y penserun trou dans le néant, une tasse d'un liquide tiédasse
marcher ne fait que déporter l'impuissance à se trouver là, l'imprévisible lui n'a pas bougé d'un pouce
il se touche les lèvres - du moins a t-il encore une bouche, c'est toujours ça
de gagné sur l'e muetil tombe
en désuétude, en homme sur les rails pour faire l'amour au tram, il tombe
c'est sa route, son tacle
à force de se retourner se confondent en son esprit l'arrière et le devant, le vertige et la ligne assidue
de l'horizon quand tout s'effondre, tandis qu'il
se remet à pleuvoir...
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Par lolek le 24 Mai 2020 à 07:26
tout à sa porte et tout à son odeur, il se mange un pion
accentuant la déroute, demain même il
jette sa baraque au feu, il attend un enfant - ce qui ne lui sera évidemment
d'aucun secoursmalgré tout, et les portes qui claquent, il ne
reconnait plus personne autour de lui, ni en soi
jour après jour il arrose son gouffre, lequel progresse, lequel remonte et bientôt
oh très bientôt
le déborderail ne pleuvra plus
sauf dans le souvenir têtu
de son désespoir, recouvert par un désespoir plus grand encore - il ne tient plus
que par l'idée qu'il tient encore, et la colère sans doute - une colère froide, sourde
sourde et froideun poumon se promène
seul dans le vide, puisqu'il n'y a plus de ville, que la ville s'est rétrécie au point de tenir toute sur le dos
d'un coléoptère
il s'est assis au fond d'une cour. dire qu'il s'est mis à sangloter
manquerait de rigueuril ne reverra plus sa femme, son chien
ni le dos de sa propre main - ce ne sont cependant pas des vacances, même s'il s'est arrêté
de pleuvoir ou d'ailleurs
quelqu'un se trompe de litil a cessé de chanter, comme on arrête de fumer, par abjecte nécessité d'une part
de l'autre par simple dégoût, et ce qu'il y a de pur dans le dégoût
une fois quitté, le sol
ne se reconstitue pas
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Par lolek le 22 Mai 2020 à 18:17
il n'y avait
pas de message dans la bouteille, ce qui m'a plutôt rassuré au fond - rassuré de
me savoir vivre sur le bord, tout au bord, légèrement penché sur
mon propre vertige, ou l'abyssale
solitude de dieu(si) t'as pas d'mémoire t'as pas d'honneur. les jours débordent de la semaine - c'est les temps qui veulent ça
l'éternité yoyo zéro. piqûres d'abeille mauvais sommeil. et se surprendre à
bander sur l'échafaudil faut vraiment qu'il fasse beau pour que je me décide à sortir et justement, aujourd'hui il fait beau
je retourne le miroir du côté pile, du côté ciel, du côté qui dédaignant les côtés prend tout dans ses bras
ivre émerge des mortsbanana-split, ou même un peu plus haut sur la carte des non-lieux
non, rien
aller jusqu'au bout on n'en demande pas tant non: juste aller vers le bout
mon chien ma femme, mon SDF - ne faisant partie de rien, j'en suis quand même
j'en suis j'en restele seul moment où je me sens encore un peu vivant, le seul moment où je ne m'abandonne pas. le seul présent préhensible, seule lueur dans l'incom-
préhensible - drunk, afin de sauver ce qu'il reste de beauté, l'arracher
aux maudits subterfuges...
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Par lolek le 21 Mai 2020 à 06:36
ton jeu
ton jeu d'vilaine, ton ciel et terre, ta pratique douce, je me baisse
passe le vent, je me baisse
j'aimerais t'écouter mais tant de bruit on ne peut pas s'entendre rejoins moi
dans le couloir au fond, le couloir-firmament, celui d'après
la fin du monde et des poussièresconfinement, des nœuds dedans
je ne m'attends pas à grand chose, je tombe dedans
la bassine. la gamelle.
tu veux coucher avec moi ? je te préviens j'suis pas en règles - je veux dire je
veux pas t'effaroucher, te casser ta chanson mais bon, tu me comprends...
vas-y crache ton noyauta nuit elle sent quoi ?
j'entends j'm'abrite, la pluie tombe quand même
on ne sert à rien, sinon une paume qui s'y glisse, un point vertigineux d'appui, un râle et on jure, on jure
qu'on ne recommencera pas, qu'on ne nous
y reprendra pas, et dès le lendemain nous voilà, glandes ballantes
la voix en moinsêtre mort ce n'est rien: avoir vécu si tu savais...
on se terrait derrière nos montres, on faisait semblant de ne pas voir, de ne pas croire
la mort c'est si facile, on n'a jamais fait plus léger - en attendant on s'est laissé aller on a laissé
tomber la pluie, pisser le temps...ne me pardonne pas ou je ne te
le pardonnerai pas et
c'est pire que de se tuer une fois encore, c'est aller déféquer dans nos lits, c'est nous cracher
en pleine bouche, en pleine bouche putain
- non, j'ai pas la bouche à ça...
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