•   j'ai
      la tombe débonnaire
      la marelle de travers
      les fées à la buvette, sexe gracile, la mèche en vrille
      bang, t'es mort !

     

     

      caresse ton mort, reverdis en hiver
      un scarabée remue dans
      le fond de mon slip
      lucy - je l'appelle lucy
      son poing traverse la vitre

     

     

      chien méchant coulé du cul
      aboie au vide
      le vide est grand, grand est le vide
      et plutôt vide sera le mieux
      coulé à vif

     

     

      je ne suis jamais allé au havre
      c'est pourtant pas loin, le havre
      à un jet de caillou tout au plus
      je crois que ça me ressemble, le havre
      entre le large, l'égout de vivre
      à un jet de caillou

     

     

      un jour j'irai au havre, en docker de l'ennui, la bruine eucharistique
      en naufragé du genre
      un jour j'irai au havre, ou ailleurs
      on est partout au havre quand on n'est nulle part chez soi
      nulle part ailleurs non plus

     

     

      ma vie s'appelle nulle part, mon briquet pisse au lit - il est temps
      de
      changer d'adresse
      changer de nom
      celui qu'on a gravé sur ma tombe ne me
      convient pas

     

     

    seine maritime et puis quoi


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  •   mâchonner des ronces
      retourner au jardin quand rien ne pousse
      que mousse

     

     

      j'abrite quelqu'un
      qui dit je sans vraiment le penser
      quelqu'un m'abrite
      j'ignore de quoi - du vent peut-être
      d'une pensée pour rien

     

     

      malgré ça
      ou malgré soi
      malgré la corde qui se rompt, la voix
      qui ne déborde pas
      reste coincée
      entre le gosier et les mots défendus

     

     

      vivre aux dépens de
      du temps qui fuit
      des travailleurs et des
      travailleuses
      qui travaillent
      du temps qui fuit
      donne le là à la fuite

     

     

      on n'accouche pas debout
      moi par exemple, du genre humain
      si mal enclin
      j'accouche à reculons, à rebours ou assis
      sournoisement assis

     

     

      peu d'ours, quelques feux rouges
      il ne faut pas plus d'une goutte pour faire
      déborder le vase
      ne reste de moi qu'un sexe nu
      le vent s'y frotte

     

     


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  •   faut que j'bouge: j'en ai marre
      d'attendre le miracle, le miracle m'use, et quand il survient je n'y crois déjà plus - pathétique miracle...
      il fait froid quelque part
      ailleurs on assassine

     

     

      tu me parlais tout bas, mais si bas
      que je n'entendis pas, du coup me sentant renvoyé à mon propre silence, épais, récitatif
      le sexe ébréché, la langue rêche et puis tout ravaler, la langue avec le sang
      l'air moite avec les dents

     

     

      l'oreille dans l'tas putain, l'oreille dans l'tas
      j'ai des bouches qui me mordent, mais pas tant de chair que ça finalement
      réciter les sutras ne m'aura pas fait débander, question de cadence apparemment
      lundi matin. tout m'est permis

     

     

      je parle pas dans ton micro, je parle dans le ventre du cheval, je prends
      le vent du nord en pleine face, me voilà tout ébouriffé, j'abandonne: j'ai déjà
      abandonné tout le monde en fait, jusqu'à dieu - parce que je ne désire au fond
      que d'être abandonné
      . je suis la bête

     

     

    un rien me corrompt, je m'touche la guerre
      


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  •   je n'ai
      que les mots pour ne rien dire, il est bancal, le trou
      que l'eau pour avoir soif, j'y puise un anneau
      forcément vide

     

     

      d'abord j'annonce la couleur: grise, de couleur bleue
      la régressivité pôle nord la régressivité, pôle mort
      ces chats qui se posent sur l'épaule, toujours la même épaule

     

     

      sans gêne côte à côte: touche-pipi serre-pipi and co
      le banc a faim, c'est la banc et il a faim - les pigeons
      me balancent des miettes
      seulement des miettes
      toutes ces
      petites miettes

     

     

      maître d'un second souffle, et quand on retombe on retombe sur rien: le sol s'est défaussé, où s'écraser de fait
      la mort même ne sera pas de fait, d'où l'ultime rebond - si extensible l'
      idée de n'être rien le néant pur
      et pur

     

     

      je sais désormais qui je suis, quelle veine m'irrigue, quelle
      souche me taraude - j'ai peine pierre sommeil et je roule avec ça toutes voiles dehors
      voiles blanches éperdument, tachées crottées néanmoins blanches

     

     


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  •   à force de tourner le vent finit par tomber, et c'est au centre de ça que je vis
      si tant est que je vives
      avec un trou au bord, et dans l'accord
      - un trou de soi

     

     

      surligne l'indifférence, ton indifférence indifférente à
      ton propre sort
      par ailleurs ni tien ni propre.
      l'hospitalité n'a pas de lieu
      rejoint-elle l'échappée

     

     

      à mâchonner machinale-
      ment son cordon
      ombilical, ça cale.
      tomber d'absence, raide d'absence, tomber d'aisance, j'y crois pas un
      instant - d'inanition c'est mieux

     

     

      la bouche pleine
      de gadoue ça racole mou.
      c'est bon je dors, tu peux y aller maintenant, t'en aller pour de vrai
      ou bien abuser
      sexuellement transmissible pas trop humain au premier abord, pas trop raccord, pas franchement
      d'accord

     

     

      mourir en fusion ardente
      ou geler, de long en large
      en rond d'poisson.
      la bague vide, la bague sans le doigt
      quelque part il reste un peu de place
      où étendre son ombre

     

     

      piteux état des lieux, mourir précaire.
      dans le noir échouer à retrouver ses deux mains, l'une à tâtons de l'autre
      il faux-semblant, il faux-semblant de rien
      - c'est ça

     

     

    un champ de mines à chaque semelle


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  •   je me suis blessé en voulant ouvrir une huître
      rien de bien grave, je ne me suis pas entaillé la veine, qui du pouce jusqu'au cou
      j'ai enculé la porte aussi, restée raide
      j'aurais pu la traverser pour me mettre à l'air libre sur l'autre versant
      mais j'ai cédé avant, rompu

     

     

      un autre sceau
      sceau d'eau courante
      cette fois c'est pour les pieds, ceux du renoncement
      peu de valise en ce temps-là, la vilenie de posséder faisant défaut
      nu face à la sirène hurlante, que veux-tu que je fasse ?

     

     

      le poids de l'autre rive
      des barrières plus (+) un cri
      peut-être quelques épluchures de cacahuètes encore, sur les cuisses mais qui donc s'accroche, encore,
      aux cuisses ?
      je patine. quelqu'un patine. quelqu'un dit je patine

     

     

      ne reste plus qu'à
      dégringoler, se briser le pouls
      le retour verrouillé
      la rue béante
      ravalé par mon ombre, qui se lèche la chatte, se nourrit
      de sa propre nausée
      : il neige à singapour...

     

     

      dernier réveil, la paquet vide
      tiens, je traîne encore sur cette terre, les astragales
      trempant dans une bassine vide
      peut-être qu'il ne pleut pas
      peut-être que rien
      sans doute
      sans doute rien
      il ne pleut pas

     

     


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  •   nos actes de bravoure, nos pièges à déboîter le temps
      et je te rejoins là, épuisée, ratatinée en bout de lit, le nombril arraché
      la chute insonorisée

     

     

      un sceau
      un sceau d'eau commun
      et une rouille, qui affecte la moelle
      le talon droit qui se cale devant l'orteil gauche et le pied s'aplatit, puis le talon gauche qui repasse devant et se cale à son tour... on ne voit pas la mer monter
      ni le sceau déborder

     

     

      il y a des milieux desquels on ne peut déborder, en forme d'entonnoir
      je niche en mon absence
      si tu regardes bien mes mains tu finis par t'apercevoir qu'elles ne sont pas réelles - un peu de vent froissé
      le désir qui s'oxyde

     

     

      chacun son bout, de laisse
      son arpent de terrain vague
      mais j'y pense
      et quand je refais le chemin inverse, personne en bout de course
      un vide sidérant
      une chaise éventrée

     

     

      grimpe un barreau, puis une autre barreau
      je discerne le sommet de l'échelle quelques barreaux plus haut, dont on ne saurait redescendre
      ni s'élever plus haut
      plus haut il n'y a rien, qu'une houle mauvaise, espace désaffecté
      plus bas c'est encore moi, décidément peu doué
      pour les échelles
      pareil pour les marelles
      ou les échecs avec leurs histoires de fous

     

     

    tu vaux ce que vaut ton amour


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  •   je suis resté là-bas, au mitard du départ. je parle à mon naufrage
      je caresse la ronce à revers, j'enfonce
      un doigt dans l'marécage...

     

     

      du vent, il y a du vent
      en haut-lieu mais ici, à ras de terre, au sol-défèque, où les miroirs s'engouffrent
      pas un souffle non, pas une once de brise. la bête s'enivre

     

     

      le mur en paille, la mort en braille - on va pas faire long feu, non je crois pas, ferraille ferrailleur
      un peu d'eau au goulot, si peu
      d'eau au goulot

     

     

      on se guette de travers, et toi tu trou
      si on creuse d'ailleurs, au fond duquel rien ne jappe
      . nous avons fini de nous regarder

     

     

      genre un ciel petit chagrin, qu'on sirote avec une paille en fer
      je descends quand tu montes, quand tu descends je remonte - c'est comme ça qu'on finit tout trempé
      raccommodé au fil de l'absence...

     

     

      je m'arrache un soupir, c'est un soupir de moite. un soupir du fond des choses
      du fond d'la trappe
      si j'abandonne disons que tout n'est pas perdu, avec un peu d'retard

     

     


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