•  

      de toute une tombe n'est ressortie que la tête, les muscles ont lâché prise
      je t'embrasse par ailleurs, je t'embrasse en succion, je t'embrasse par le chemin le plus creux

     

     

      mes mains mesurent dix centimètres, dix centimètres de plus que mes pieds - mes pieds sous les genoux, accrochés aux genoux, pauvres genoux...
      j'endure toute une vie, j'ai besoin de repos. je sais pas où poser le trognon

     

     

      le cuir est chevelu, ma femme m'attend au portail. on a échangé nos cabines
      un jour je me suis mis nu. un autre jour c'est toi. se jeter par la nuit nous fut d'un grand secours

     

     

      parce que tout, même les nombres découlent de plus haut qu'eux, plus haut que soi. les petits alpinistes
      j'ai logé une bulle dans l'espace mental. pour le loyer premièrement. ensuite parce qu'il faisait un peu froid
      un peu froid partout, tout l'temps

     

     

      dormir à deux creusait un trop grand lit. on s'endort comme on peut, entre deux équinoxes on s'endort au milieu
      si je meurs tu m'embrasses le sexe, on s'arrange toujours pour ne pas
      mourir trop longtemps

     

     

      trois fois la mort fuit avec moi je n'ai pas
      tiré le rideau le rideau n'a pas
      été tiré sur moi, on se montre nos mains on respire nos mains on ose même et on finit par se
      lécher les mains, l'un l'autre, avec la langue

     

     


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      la nuit on fait un nœud. un nœud de nuit ou quelque chose comme ça, à peu près comme ça
      si je t'ennuie tu peux le dire hein, si je t'ennuie tu peux me tirer les cartes me prédire le désastre me faire un mauvais sort
      la nuit on fait un nœud. un nœud double pour être sûr
      que le jour sur nous ne fondra pas

     

     

      un jour une nuit, plus un jour
      et une nuit encore, parce qu'à la fin c'est toujours la nuit qui gagne - question de pudeur vois-tu...
      des poissons rouges descendent du ciel et nagent autour de moi. s'ils tombaient raides je m'inquiéterais mais non, ils ont l'air parfaitement
      insouciants comment dire
      insouciants c'est cela

     

     

      toutes les maisons de la terre explosées je me suis retrouvé dans
      un tout petit appartement. je refais le lit tous les matins, que je dorme ou pas
      je meurs les uns après les autres. les uns après les autres je rends l'âme, tout souvenir, chaque vie dérobée
      ce soir en guise de crépuscule, devant l'éternité j'épouse la dame-pipi

     

     

      les bulles qui s'échappent de notre esprit n'ont pas de parti pris. on s'éveille de bonne heure on s'éveille
      de plus en plus tôt, c'est vrai qu'on rigole pas souvent je te tiens tu me tiens
      par la nouille par l'huître. on ramasse quelque chose par terre mais jamais ne ramassons
      la terre entière

     

     

      au-dessus de nous l'univers étoilé, étonnement infini, s'ennuie
      ou même pas. il s'ennuie même pas. il écoute la musique
      il écoute la musique comme si le silence
      ne l'occupait pas tout entier...

     

     

    l'universel insignifiant


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      désencrassé de toute nostalgie, je m'envoie en l'air, m'envoie en l'air jusqu'à ce
      que je ne retombe plus - on rebondit si mal sur
      la bouse
      le béton froid
      le vide sans élastique

     

     

      on écrit nos noms sur des bouts de papier, n'importe quels bouts de papier
      qu'on chiffonne, avec nos noms dedans, écrits dedans, attendant
      d'être un jour dépliés, nos noms dedans

     

     

      sincèrement, je ne m'attendais pas à ça - tout ça, là
      on meurt pour si peu...
      il y a une limite à ce que nous pouvons supporter de beauté, et j'ai les pieds gelés
      les pieds dans l'eau gelée

     

     

      j'ai sorti ma boussole, pour voir
      s'agit d'une boussole bon marché, d'une boussole aléatoire, n'indiquant le nord que très approximativement
      je la tends vers le ciel elle me montre le ciel, pour une fois
      je la tends vers le nord elle me montre un quelconque bistrot, où l'on sert un café franchement dégueulasse

     

     

      à noël on perd ses dents. de raison d'être on n'en a guère alors non, à noël on ne perd pas sa raison d'être
      le jour de l'an on perd ses ch'veux. on embrasse sa mère sur les deux seins le jour de l'an on perd son âme
      alors même qu'on n'en a pas

     

     


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      la pluie ça fait la pluie, et autre chose encore, comme des creux dans le trous

      la pluie ne vient donc pas d'en-haut, mais d'en-dessous, même à Belgrade

      la pluie coule sur moi, qui ne coule sur rien, à pic

     

     

      on est mort aussi longtemps que l'on a pu. puis un jour, n'y tenant plus sans doute, on s'est réveillé, on s'est levé, on a marché. mais on s'est assis au bout de quelques mètres parce qu'on était un peu fatigué
      ou tout simplement déçu

     

     

      je voulus parler enfin, dire quelque chose or aucun son ne sortit, aucune voix ne gicla que des petits cailloux, dégoulinant d'la bouche et qui roulèrent à terre, comme ça direct

     

     

      les jours où je ne suis pas mort, je fais ma pleureuse je m'arrache les ch'veux, me lamente sur mon sort tandis qu'en mon esprit se combattent férocement la pensée de dieu
      et celle du repas du soir

     

     

      rien ne me manque en ce bas-monde que l'eau courante, en trombes ou crachin sur nos tombes
      depuis peu rien ne remonte, rien ne remonte en soi

     

     

    peau d'ogre


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      dieu m'empêche de voir dieu, je l'éradique donc. dieu m'empêche de voir la pologne, la grande plaine de pologne, jusqu'à lublin. dieu est bien trop lumineux et il faut toute la transparence nocturne pour voir jusqu'à dieu, quand on n'a pas de lune

     

     

      j'ai acheté des verres à pied à la boutique d'occases. il me faut maintenant une bouteille au moins pleine pour emplir ces verres vides. tant vide était mon âme. un peu le glas, un peu le creux, mais ça sonne bien. si vide était mon âme

     

     

      les voitures sont évidemment faites pour la casse. les humains pour se tromper les uns les autres, se fourrer un doigt dans tel ou tel trou le reste du temps. le reste du temps c'est très commode. le reste du temps on ne prend pas la peine de dire ce qu'on pense, de penser ce qu'on dit ni même, de penser du tout

     

     

      tu m'oublies. et tu m'oublies en me regardant fixement dans les yeux. tandis que moi je louche, il faut bien l'avouer, moi je louche à droite, je louche à gauche. tu m'oublies bien en face

     

     

      elle avait un projet alors je l'ai tuée. elle a mis ses baskets alors je l'ai tuée. elle avait une sensibilité artistique alors je l'ai tuée. seulement le temps venu je n'ai pas su la ressusciter. j'arrachai les clous, récitai les mantras, mais je ne la ressuscitai pas

     

     


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      on s'est rangé du côté est, comme ça, pour faire de la place. pour contempler le coucher de soleil avec le recul nécessaire. depuis des mois qu'on ne mange plus, des mois qu'on ne se lave plus, on ne se touche plus

     

     

      je baise par procuration. le plus discrètement possible je caresse les vieilles dents. d'un homme je suis finalement parvenu à faire une anguille, une loutre. je ne raisonne plus. t'ai-je raconté que je baisais par procuration ?

     

     

      il n'y a pas de mal à ça. il n'y a pas de mal à ci, donc pas de mal à ça. on en reparlera plus tard. non pour en dire quoi que ce soit de définitif, ni même de sensé - on en reparlera comme ça, tout simplement, juste pour en reparler

     

     

      je ne me déshabille plus, je dors tout habillé. je me douche tout habillé. je n'enlève plus mes chaussettes - rien que mes lunettes, pour ne pas les casser. c'est si vite arrivé ça, pendant son sommeil de casser ses lunettes

     

     

      les hommes finissent leur repas debout. ils n'ont nulle part où se rendre, certes, ils n'ont cependant nulle part où se poser. je ne retire aucune gloire, je ne retire aucun bénéfice de tout cela non - moi je fais seulement le pied de grue

     

     

    le fond du trou s'en va

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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      j'ignore où je vais mais au fur et à mesure que je découvre le chemin, je reconnais le chemin. où j'appartiens me mène à lui quasiment à mon insu. en conséquence de quoi, que dieu m'oublie ne me fera pas l'oublier

     

     

      j'appuie sur le bouton rien ne se passe. j'appuie sur le bouton : aucun son. je m'appuie pas sur le bouton rien ne se passe, hormis le possible. un silence s'étire, prêt à craquer. j'appuie sur le bouton le bouton sonne creux

     

     

      toute ma famille est morte, d'un seul coup, sous le même arbre. je saigne du nez je le fais pas exprès, à tout moment je saigne du nez. au bout du compte je n'accouche que d'un sapin sans guirlande

     

     

      la nuit je rentre seul. je conduis saoul je rentre seul. aucun numéro ne s'affiche. ou les numéros qui s'affichent ne m'évoquent plus rien. je pourrais sauter par la fenêtre, s'il y avait une fenêtre au vide

     

     

      je parle de mes tout petits animaux. j'ai garé mes tout petits animaux dans la ruelle derrière. je t'ai attendue après minuit, jusque deux heures, jusque trois heures je t'ai attendue. on part de rien pour n'arriver à rien, soit, , mais à l'heure pile

     

     


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      ce n'est pas le même prénom ce n'est pas à cause de cela que l'on se cherche. il pleut. c'est tout ce qu'il y a à savoir pour l'instant : il pleut. les églises ferment rigoureusement leurs portes. et les maisons de même

     

     

      tout ce que j'ai dit je l'ai redit, et tout ce que j'ai dit sonnait faux. tout ce que j'ai dit je l'ai sorti de mon slip. j'ai failli embrasser une femme cet après-midi. j'ai failli l'embrasser tant il était visible sur son visage que personne n'y songeait

     

     

      au cou de ma vie j'ai passé un collier, comme à un chien. un collier anti-puces, avec mon numéro dessus. et un anneau. un anneau surtout. plus qu'à la liberté elle-même, j'étais accro à l'idée de la liberté

     

     

      on s'échange nos puces, on s'échange nos vermines respectives. quoi que l'on fasse et de quelque manière que l'on s'y prenne, c'est toujours simultanément qu'on décroche l'orgasme. quand l'un ferme les yeux c'est toujours soi qui geint, et le monde sans raison

     

     

      ne chiale pas. jusqu'à présent tu n'as jamais chialé alors tu vas pas t'y mettre maintenant. ta robe est trop serrée bon, on mettra pas de robe. ta vie est trop étroite bon, on n'y reviendra pas

     

     

    les fondamentaux


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