•  

      derrière le baiser dur s'enchaînent les nuits. rien à redire, seul je transpire. ce à quoi cela sert ne sert à rien. derrière le baiser dur claquent les dents

     

     

      claque la route, au vent mauvais. que tu partes de ce côté-ci ou de côté-là, claque la route au cœur du sens. alors je plante l'auriculaire dans le trou de l'oreille et j'enfonce, jusqu'à ce que crève l'abcès

     

     

      il reluit sous ses loques. il donne à voir un pays qui n'existe pas, qui a manqué sa chance de faire surface. l'ont-ils foutu en l'air, l'ont-ils au contraire mis en terre, le pays racine abstraite

     

     

      de ce jour ininterrompu. de ce jour au long cours. il m'a suffi d'une fable pour nourrir un oiseau de sang froid. depuis disons trois jours je gis de côté nord, je gis en couche morte

     

     

      kermesse en terrain vague. on aurait du s'y attendre mais non, on avait d'autres poules à fouetter, d'autres extrêmes à réconcilier. un chien m'a mangé dans la manche jusqu'au coude. depuis je vais bras nu, bras nu jusqu'au moignon originel

     

     

      il s'envole. on ne dirait pas comme ça, il ne dit rien mais il s'envole. il s'envole au fond du trou. au fond du trou un ciel patauge. tu le retournes et vois : du fond du ciel un trou émerge...

     

     


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  •  

      il me reste quelqu'un à qui dire bonjour. croisé au hasard dans la rue. quelqu'un. qu'il me réponde ou non ne fait, bonjour, aucune différence
      passe devant

     

     

      elle s'amuse à ça. ça l'amuse. ça lui dit cours par ci, ça lui dit cours par là, surtout ne t'affole pas. je lui ferais bien quelque chose mais quelque chose m'a dit :
      pas touche

     

     

      il ou elle vent debout. vent couché quant à l'autre. j'absorbe les coups. les silences. j'absorbe les coups même quand ils sont en silence on les
      absorbe mieux comme ça

     

     

      je rentre à laval. une rame à la main et la rivière à vide. je rentre je. rentre à laval. il faut mourir un certain temps puis se. réveiller pour
      se voir mourir, un certain temps

     

     

      caresse la balustrade. par dessus la balustrade il n'y a rien. rien m'entends-tu comment. entendre le rien, le rien ne s'entend pas il se tire une balle dans
      le pied, la tête. le pied de la tête. le plein nulle part

     

     

      caresse la balustrade. par dessus la balustrade naît le vide. le vide à soi, le vide hors-sol. quelque chose m'a dit touche pas alors je lève les mains, je lève
      les mains au vide

     

      * tam, tady : ici, là (en tchèque)

     

    tam le vide, tady la rame *

     


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  •  

      on passait son temps assis, on passait son temps à ça. on passait son temps à rien. cela soulage un peu. enfin bon, cela soulage un peu. un peu quand même
      quand même malgré tout

     

     

      on pense ce qu'on veut ou on ne pense à rien. ou si peu. presque à rien. presqu'île de rien. on dit on pense à ça or c'est ça qui nous pense, le rien qui nous pense, se pense à travers on
      ou si peu

     

     

      elle mange partout. j'ai l'impression d'être table. pieds et miettes. je mange à part. ma part. ma part de rien. durant tant de silence je pense à rien
      ou je m'abstiens

     

     

      on pleure le temps de quoi, on pleure le temps de rien. et ça s'imbibe. se dessèche. on regarde la mer pour rien. la mer à l'intérieur. elle garde
      les jambes toutes serrées

     

     

      je vais m'étendre là-bas je crois je serais mieux tout seul, à m'étendre là-bas. je caresse une ordure, la main. dans le sac à ordures. au hasard je caresse je crois. quand la mer se retire je bande
      à marée basse

     

     

      un seul ennui, un seul. et la terre se rendort. arriver à penser que seule la mort est innocente. au fond. au fond comme à ras bord on se fout de l'innocence on saute
      par dessus bord par dessus...mort.

     

     


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  •  

      je me suis enfermé dans une chambre avec. vue sur la mer mais j'ai fermé les volets j'ai voulu. laisser flotter la mer en moi. lui épargner la brutalité de la réalité physique pour la plonger dans
      la pure brutalité du rêve

     

     

      on se mettait à dieu comme. on se serait mis au vert. le vide c'est pour se jeter, le vide où l'on se jette. puis je l'ai embrassée soudainement avant qu'elle n'ait le temps
      d'ouvrir les yeux

     

     

      tu parles de pisser sur les tulipes. les bulbes de tulipes. le terre qui recouvre les bulbes de tulipes. accroupie comme un garçon non pas comme un garçon mais
      comme une fille

     

     

      ton métier détruisait les sentiers, sabordait les autoroutes. ton métier consistait, consistait à gratter la litière, gratter la mélancolie. la litière, la mélancolie
      de se sentir un peu

     

     

      il y avait comme un loup il y avait comme. la laisse d'un loup. embrassés soudainement embrassés avant qu'elle n'ait le temps de
      fermer les yeux. ferme-les tout de même, à tout hasard

     

     

      je me suis refroidi. au début non, plutôt en cours de route. il vaudrait mieux que je me rende si seulement il y avait quelqu'un à qui, quelque part où
      se rendre

     

     

    elle va là-d'sous


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  •  

      j'existe
      un peu après minuit j'existe
      d'une courte tombe

     

     

     

      le premier jour, on la tond ras
      on dépose les barrettes
      sur la table, le buffet

     

     

     

      j'habite un bateau et ce bateau
      prend l'eau, un nuage
      et le nuage fond

     

     

     

      sur le rivage d'un homme
      on a beau dire
      il casse devant

     

     

      beauté que l'on divulgue
      cela n'empêche pas
      la mort d'aimer, de susurrer

     

     

     

      puis on rentre à la nage
      battant l'air des mains
      des pieds et du ressac

     

     

     

      d'une main saisissant
      le savon, la barre et l'horizon
      - dedans se cherche encore

     

     

     


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  •  

      j'habite là
      ou pas très loin de là
      disons dans l'ombre de là

     

     

     

      je ne suis d'un homme ni d'ailleurs
      juste l'os
      d'un enfant non désiré

     

     

     

      la demie d'un poisson-lune
      l'autre voguant
      vers le plus bas néant

     

     

     

      sous-la-pluie jour de l'an
      ouvre la gueule en grand
      tombent les dents

     

     

     

      caresses d'un instant
      profondes éphémères
      j'en ai perdu le compte, rompu la sonde

     

     

     

      au bout d'un an ou deux
      un an ou deux pas plus
      l'oubli s'installe, l'ennui régresse

     

     

     

      d'une main saisissant
      le savon, la barre et l'horizon
      - dehors se cherche encore

     

     

     

    qui touche le fond et l'horizon


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  •  

      six heures trente, un trou dans le béant
      pas grand chose de plus à attendre, à creuser
      - à part peut-être la levée d'un miracle...

     

     

      à la plupart des yeux je cède un champ de vue miné
      quelqu'un dort auprès de moi, une ombre
      que je ne parviens pas à rattacher

     

     

      j'étais là, mais jamais qu'à moitié
      on meurt tranquille un soir de pluie - on se dit ça, discrètement
      à peine plus que de ne rien se dire

     

     

      moitié homme moitié seuil, j'ai marché sur la queue d'un silence
      la nuit regagne du terrain
      en toute circonstance me précède t-elle

     

     

      puisque l'amour va sans se dire, on a réservé un miracle
      ou alors on s'est mis nu sous un œil en plan fixe
      un œil irréversible

     

     

      en sortant de la ronde, de la cohorte des hommes
      qui ne tiennent pas debout
      ni à rien, pour la forme

     

     

      une vie
      restée là en travers, un aboiement qui
      aurait perdu son chien, rien qu'un écho
      coincé entre deux dents - ça se termine ainsi
      ... tout se termine ainsi

     

     


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  •  

      plus précieux que dieu, la douleur de dieu
      - nomme
      la douleur de dieu

     

     

      ne demeure qu'un pour soi, vraiment, les autres étant vraisemblablement
      partis en vacances.
      ne demeure personne à aimer, d'où soudainement la fuite, la fuite récidive
      la fuite survenant en chacun, dont chacun d'entre soi

     

     

      la mort d'un enfant diurne est, je ne sais pourquoi, sensiblement plus choquante que celle d'un enfant nocturne
      bien que l'enfant nocturne n'existât pas, hormis dans notre imagination et un peu après minuit
      si l'on commence par là

     

     

      et tu cherches en vain qui léchera ton silence
      comme si un silence prolongeait son homme, et non seulement le devançait.
      si vivait une vérité n'éclaterait-elle pas là, ici-même, maintenant au minimum - je ne nous avais jamais imaginés
      si petits, si tassés

     

     

      il n'y a pas d'yeux pour moi il n'y a que des yeux
      pour la toute fin de moi, les fâcheuses conséquences. je me suis jeté dans un vide
      qui n'existait pas. ainsi précipitamment demandai-je à mon voisin :
      "mais qui existe vraiment ?"

     

     

      dans le dieu qui court encore, un dieu se retenait. on a voulu l'embrasser comme on embrasse quelqu'un, quelqu'une.
      on ne se rappellera plus de soi quand on ré-ouvrira les yeux quand on
      laissera juste sa main traîner là, au cas où
      quelqu'un, quelqu'une éprouverait le besoin, un jour, un temps, sait-on jamais, de s'en saisir

     

     

    avant d'y aller il faut y aller, assis là sans bouger


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