•  

      tu recouvres ton corps de carton il faut bien qu'on se protège
      tu fais caca à l'extérieur des maisons, c'est déjà ça

     

     

      manger avec les doigts, ne pas se faire d'ami
      on a vécu tranquille, comme en villégiature - les doigts
      pas vraiment propres non plus

     

     

      si tu manges quelque chose dans ma main, ne plante pas tes dents dans la chair de ma main
      demeure un animal paisible, un animal entre les clous

     

     

      je crois que les hommes ont disparu. et même les femmes ne semblent
      servir à rien. on les voit dériver en pleine
      déréliction

     

     

      je boucle ma ceinture, c'est plus prudent, je ne l'attache à rien
      à rien ne m'attend pas

     

     

      soif de je ne sais quoi, quels postillons de source
      soif d'une salive élémentaire. la fusion en sourdine

     

     

      le ciel est venu à moi le geste large, le sexe fluide, et je l'ai laissé faire
      un équilibre instable sur la terre en roue libre m'a mené là

     

     

      chaque jour je saigne du nez. je me tourne de l'autre côté ou je tende la joue opposée, toujours je saigne du nez
      je sais plus comment faire

     

     

      cela ne fait plus d'effet, qu'on tape tant qu'on veuille
      une détresse persistante par ailleurs, et se passant de cause

     

     

    j'aime pas les petites filles


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  •  

      tout un halo d'éternité lancinante au-dessus de moi
      et même au-dessous, quand je penche la tête

     

     

      ne sachant pas où vivre, je ne vivais pas
      ne sachant où dormir, je me couchais ivre là-même où je tombais

     

     

      je me métamorphoserais soudain en animal fabuleux devant tes yeux que tu ne me verrais pas. du coup je ne me change en rien, tout comme on butte
      sur une transparence aiguë

     

     

      genre plus loin. n'importe où mais plus loin - un pas
      au-delà de l'ailleurs, qui nous tournait le dos

     

     

      que j'aie traversé toute la ville à pied ou que je n'aie bougé d'un pouce, je ne me suis
      jamais senti si mort, pour autant que mort se sente

     

     

      dormir délimitait les îles, dormir faisait la mer
      dormir tout cru, à peine nu

     

     

      je me mange. quand je n'ai rien à manger, je me mange
      je me recrache aussi, quelquefois

     

     

      il ne te manque rien. s'il te manque quelque chose, tu fais mine de le chercher, sans savoir vraiment au fond
      de quoi il est question

     

     

      je n'ai pas rougi lorsque tu as pissé ton regard nu sur moi, j'ai juste continué à attendre d'être
      enfin
      délivré du dégoût de moi

     

     


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  •  

      un toi comme issue à un moi, ça pourrait être toi mais en aucun cas
      ne saurait être moi

     

     

      j'ai senti beaucoup de douceur
      et beaucoup de douceur me heurte

     

     

      il y a des trous dans la mémoire, sombres flaques dans lesquelles on
      évite poliment de marcher

     

     

      j'ai vu le ciel se lever ce n'était pas le ciel mais
      seulement mon regard vers lui

     

     

      il y a une femme dans ma chambre je lève les bras, il y a une chambre si
      lourde sur mon corps

     

     

      quelqu'un est passé par là, puis quelqu'un d'autre, et encore quelqu'un - personne cependant
      n'a laissé de pourboire

     

     

      un ciel pur, un ciel sans
      météo ni toit, un ciel fe-
      nêtre grande ouverte

     

     

      un message non je ne perçois pas de message, ce que
      tait le silence, ce qu'
      ouvre le silence

     

     

      je me suis pendu à la branche la plus basse en effet je
      ne
      sais pas grimper aux arbres

     

     

    des poux sur la tête à yoyo


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  •  

      homme dans ma ville. homme
      tout autour de moi. homme
      comme une bulle de béton, qu'une simple libellule
      perce, éclate, sans même s'en rendre compte
      ou par jeu

     

     

      de quoi ai-je l'air maintenant, maintenant que je n'ai plus
      l'air de rien, ni de quoi ?
      un homme s'est fait la malle un homme
      s'est retrouvé enfermé
      dans la malle. y a pas d'quoi

     

     

      y en avait marre de toujours revenir renifler
      les mêmes vielles crottes
      alors je suis sorti le premier, le pas léger, l'esprit quasiment déifié, l'angle étroitement mort même si
      les angles finissent par s'arrondir, les morts se rétablir

     

     

      j'ai vendu ma maison, ma montre, dénoncé mon harceleur. il n'y
      a plus d'eau chez moi, plus de chez moi. la boîte aux lettres ne ferme plus
      je voudrais m'asseoir sur une goutte de pluie, une goutte
      suspendue, arrêtée dans sa chute

     

     

      il pleut souvent chez vous ? ça va, il pleut souvent, j'ai tendu
      la gamelle - la gamelle d'où
      l'homme s'est retiré, afin que ne demeure
      que le son de la pluie sur le fer blanc et dans l'oreille de ce
      qui fut un homme, une nébuleuse

     

     


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  •  

      dans la vie il y a des gens qui partent, bon, on en déduit machinalement qu'il y a des gens qui arrivent quelque part, ou dans une autre vie, par exemple
      quant à ceux qui se donnent la mort, ils forment des trous noirs dans la conscience humaine
      ou dans la conscience pure, pour faire plus court

     

     

      je n'ai peur de rien, si ce n'est de rien
      quelque chose me détourne de mon non-objectif premier
      la nuit entoure la nuit alors quel genre de nuit entoure la mort qui entoure la nuit? je ne sais pas
      j'ai beau déverser des kilos de sperme dans le mon animé, je n'en sais pas davantage

     

     

      toute la bonté, je l'ai laissée tomber
      j'ai embrassé un marteau, avant même d'embrasser un anus
      de toute ma vie, je me suis retenu
      j'attrape mes ch'veux, je tire mes ch'veux. j'arrache mes ch'veux, de tout mon corps absolument rien ne sort
      juste une migraine, d'avoir trop bu encore, d'avoir jeté
      les plombs par terre

     

     

      un crapaud sur les genoux, un crapaud sur l'épaule gauche, on se sent bien
      le si peu d'amour dans l'univers et la haine que provoque ce si peu nuisent incontestablement à la réputation de dieu
      j'ai installé une balançoire dans le jardin - enfin, rien qu'un pneu pendu à une branche
      ne manquent que les enfants

     

     

      chien et violettes, violettes et chien, dans n'importe quel ordre
      on a pissé ensemble sous le même pommier
      je défais mon cartable, je rends la serpillière
      j'aurais voulu habiter avec toi, pour toi bien-sûr, mais aussi pour habiter quelque part

     

     

    ne manquent que les enfants


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      je ne vis pas pour grand chose, pas pour grand chose et ça fait mal - ça fait
      mal à l'être, de n'y être pour grand chose, ou seulement quand il pleut
      le train je ne le prends pas. les épaules, je ne les hausse même plus
      il y a un trou et au fond de ce trou je rêve de palmes en caoutchouc

     

     

      j'ai un homme, j'ai une chambre, et je n'ai rien du tout
      si je regarde par ci je vois par ci, si je regarde par là je vois par là
      or je ne regarde nulle part, les yeux étalés comme des nénuphars
      j'embrasse la terre la terre me r'crâche, j'embrasse le ciel le ciel me chie, je sais vraiment plus où me tourner

     

     

      les chiens n'aboient plus, le ventre est vide
      on s'approche l'un de l'autre et plus on s'approche l'un de l'autre, plus vaste la béance
      alors on pisse dedans
      de toute façon on pisse, de toute façon béance, alors on pisse dedans

     

     

      mon âme me fait mal. je lui raconte n'importe quoi, elle ne s'en laisse pas conter
      mon âme m'ordonne sésame ouvre-toi, pourtant je m'appelle pas sésame
      on s'est trompé de numéro, d'adresse et même de nom, j'ai voulu t'embrasser mais la bouche
      ne m'a pas reconnu, reconnu l'autre bouche

     

     


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      la mort ne me manque pas. et à toi elle te manque ? non, la mort ne te manque pas. ni à moi ni à personne - la mort
      manque à la mort, la mort
      manque aux morts, la mort
      me manque tellement

     

     

      j'ai abruti mon personnage
      j'ai abruti mon personnage au point d'en faire un non-personnage. et une fois réduit à ce non-personnage je me suis mis
      à presque l'aimer, à presque le prendre en pitié ce qui dans ma légende
      revient au presque-même - c'est à dire non même sans pour autant divergeant, ce qu'on peut qualifier de
      presque-même

     

     

      faire des bulles en soufflant dans un mégot, j'arrive pas. j'ai essayé réessayé, si fort que je soufflais j'arrivais pas, je mélangeais les ixes
      et les ygrecques, je mélangeais les alphas
      avec les omégas, les roses avec les pissenlits les pédales
      avec les orties. j'arrive pas

     

     

      je me suis mis à courir, à courir parmi vous, le néant. et le néant semblait si vaste, le néant
      à la mesure de ma riquiquinesse, si vaste
      j'aurais grandi dedans j'aurais
      rapetissé jusqu'à si vaste, si néant - si vaste qu'il en était néant si néant
      que je m'en servais comme tapis de douche

     

     

    la serviette pour les pieds


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      on s'est mis pas mal à genoux contre terre, ces derniers temps. on a même pensé à balader le vide-à-l'intérieur-de-la-valise
      quand on se relève tout est blanc comme neige, alors on se dit tiens, tout est blanc comme neige
      tant ça nous avait manqué

     

     

      le toit s'effondre. la nuit du toit s'effondre et je me parle
      de moins en moins.
      avec du bois mouillé on fera un feu, de peu de joie un feu, de feu mouillé.
      on s'en tiendra là, à ça, qui nous glisse entre les doigts et ne nous
      reconnaît pas

     

     

      des gens partent là-bas, ou se réfugient dans des trous de ver - on nous avait bien prévenu que l'espace était tordu
      quelque chose nous manque, indécemment quelque chose nous manque, sur lequel on ne peut
      mettre un nom, un visage

     

     

      ne plus jamais, oh grand jamais, sortir du lit
      sauf pour aller promener son chien, s'il s'avère qu'on ait un chien
      donc éviter les chiens. éviter quoi qu'il en soit tout ce qui se fait en-dehors du lit
      que l'on creuse
      là où inexorablement le courant passe

     

     

      s'asseoir par terre, où mais par terre. ne pas
      se trouer la main, avec n'importe quoi susceptible de
      trouer la main. non, un trou dans la main définitivement ne nous avancerait à rien, ne nous
      procurerait aucun plaisir ni avantage. par terre se montre assez dur comme ça

     

     

      je n'ai plus envie de moi. j'ai tiré le rideau sur ma face. je lèche
      le plâtre de mon mur, c'est tout
      ce que j'ai trouvé à faire de ma vie, de mon temps, tel un petit animal inquiet je lèche
      le plâtre de mon mur

     

     


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