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la plage est morte, refluent les morts
je me présente vide face au vide. c'est à dire avec les bras devant non, avec les bras tendus sur les côtés, ouverts
des bras faute de mieux
des rames à jeunj'accours au bas-côté, le bas-côté coule au milieu. je crame tous les radars
où se retrouvent hagards les jolis suicidés, les suicidés sans ailes, ou bien ceux du dimanche
dans l'espace open airimagine la mort mais sans un corps, imagine
la mort mais sans la photo, imagine la mort
mais sans la morton s'approche de dieu, on lui touche les stigmates, on lui caresse les couilles - quatre fois faire l'amour
arrondit l'os
ceci dit noie le poissontout de moi croule, jusqu'à mettre à nu l'originelle foi, laquelle n'est pas moi et que moi ne suis pas, ou dont je suis l'ombre, ombre dont elle se prétend l'antidote
dans le meilleur des cas
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la vie ne me fait pas peur, elle me fatigue. elle me corrompt
l'extase me fuit
un jour ou l'autre l'aile vertige - qui que quoi donc
me procure ce vertige ?je ne recommence rien, et rien ne se souvient de moi. se retrouver en marge de l'histoire nous sauve littéralement la peau
et les os
- quant à ce qui goutte dans l'entre-deux...hors de toute règle, un principe nous mène
le soleil si haut parfois qu'il roule tout en bas
je m'assieds contre toi, je m'assieds contre toi. nos genoux s'entrelacent nos genoux
s'entre-tuentje voudrais penser à autre chose qu'au vide par exemple à
la sensation lunaire de mol rebondissement lorsqu'
on marche sur le vide...ça m'arrive tous les quat', tous les quatre matins, j'inspire en voix off
j'expire comme je peux, à la moitié du souffle
je règle les rétroviseurs sur le rien sidéralune joie de se revoir, on se touche la joue
le sexe carbonisé mais chut, on ne parle pas de sexe
on parle en bulles de silence, on parle à vide, on parle
du temps qu'il ne fait pas, puisqu'il n'existe pas
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demi doigt, demie flamme, c'est pas comme ça qu'on arrivera à jouir
d'accord je me comporte comme un universel bâclé et je résiste de toutes mes faiblesses
au poème, rien qu'au poèmeje suis venu voir et d'ailleurs. il faudrait
abolir le je, abolir tout pronom personnel ne laisser qu'un pronom
impersonnel personnel, un genre de on-je, un genre de jon
un genre de jonquilleje me suis retenu par la manche, ai-je embrassé un carnet de déroute ? écrasé ma bouche
contre sa bouche, squelette ambiant ?
je n'y survivrai pastu baisses ta culotte ne reste alors qu'un fleuve, le niger par exemple
un chien aboie - aboie c'est l'âme; le chien sert de mediumje me trouve dans la position de celui définitivement parti mais dépourvu de chemin, et dont le départ donc ne prend corps ni n'aboutit
un feu dont l'artifice n'explose pas, dans la nuit froide
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si je dis ce que je suis je meurs
alors je le dis pas
je meurs debout
je dis que je meurs debout
d'une toute petite voixje n'ai pas peur dans le noir. nul ennemi ne rôde dans le noir : le noir
est bien trop transparent pour y trouver où se cacher, le noir
nous broie les dents, nous rince l'œil dans le sens du cil dans le sens
de l'irréprochableje viens d'abord. je viens d'abord mais ne repars pas - venir
est ma façon à moi de ne pas repartir, d'aussi loin
que je revienne et ne revienne de
nulle part vers nulle part, du moment que j'y repartecomment mordre une main que l'on ne nous tend pas, comment
vivre de quoi, quand on n'a plus de soi comment
s'intervertir, se dévêtir quand peau nous fait défaut, nous manquent les os et les manières
prenant notre mal en patience et s'en frottant le sexede quoi se souvenir, à quoi bon espérer. la barbe pousse
je la taille je la rase, sans cesse elle repousse, tel moi-même chaque fois repous-
sant du néant et de moi repous
se le néant
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et puis chuis mort
à l'instant-même mort, rien qu'en levant la jambe
un homme plein d'histoire bien que l'histoire
débite son homme, lui rase la couennej'ai peur de quoi que ce soit, et si quoi que
ce soit n'est rien, il tombe avec fracas ou même
sans bouger une mouche - sachant qu'une mouche ne
connaît pas la peurvivre se révélant en-
core plus dur que mourir, ou bien fumer l'tabac - on pourra tou-
jours fumer le ta-
bac, en se frappant le sexe à coups de dictionnaire, de somme a-
théologiquej'avais une femme
j'avais un homme
or je glissai.
un petit trou un tout
petit trou et si petit
qu'il ruinait tout
- je, ne
m'apercevant de rien,
désamorçai le pleinil n'y a pas que la mort il y a
l'oubli qui
empiète sur la mort.
je t'encule à distance jusqu'à ne plus me, te, nous dis-
tinguer de la distanceil y a un pré
et dans ce pré un
homme broute, il n'y a
pas de pré, et dans
ce non-pré un non-
homme broutant
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les traces sur le sol ou
dans la boue d'un
dieu en pays pauvre.
je bois un coup
je bois deux coups pour être sûr je bois
autant de coups qu'on puisse m'infliger je me sens le
tonfa léger, ce soiril me pleut par derrière, je me dis
mon amour noire de pluie
ou de grise allégresse.
ayant perdu l'âge, j'embrasse un chemin - un chemin
me file entre les jambesj'ai mort debout
l'ennui dans l'incertain
je marche en plein dédale, le dédale se
nourrit de pas perdus. d'un autre côté l'oreille saigne
le moignon tourne en rondje ne rêve pas tranquille je rêve de
pisser entre les cils, il y a deux murs de ça
il y a deux murs de ça j'étais une ombre
entre deux murs de ça tanguais sans quillepréférant ne pas être aimé pour ce que je suis que de l'être pour ce que je ne suis pas, j'aimai sans jamais en
mesurer l'inconséquence
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fermé
fermé dedans
fermé dehors
fermé partout
en blocje serai là quand
plus rien ne sera là
- le courage d'être nu
l'absence en embuscadeni dedans
ni dehors
dans l'entre-deux fuyantinterstices par lesquelles
s'immisce le rien, se
crètement majoritaireou simplement suçant
nébuleux
le sein de la médusehors l'ombre
hors la clarté
dans l'intimité-maïtéla flaque ne
s'envole ni ne tombe, alors transparaît
l'étendue clandestinel'absence prend son temps
la chatte sans le doigt
le baiser sans pépin, l'espace
se recroquevilleje perds un os
je perds trois os, je perds
toutes mes eauxsosie mélancolique
les deux faces d'un trou
creusé à même le vide
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un but, sans sourciller. assis là à ma place. ma non-place
tu dors avec debout, tu dors avec doudou. tu te prends pour un sec, après tout
des gens pleurent à genoux, alignés par la têteon entreprend le pain, on entreprend la mie - rien de sournois rien de sublime : on se tâte le pouls, pas plus
j'aurais voulu m'appeler isabelle or c'était déjà pris. il y a comme un minuscule lézard, un doute s'insinue
un inhibateur de consciencetrait pour trait l'amour en cercle. on le lèche avec les dents
pull gris collant gratte, mais qu'est-ce qui déconne dans ma tête, ne tourne pas rond dans l'atmosphère
le voyage s'est fait la malle, l'immobile à bout portantcrois-moi si tu le veux, crois-moi si tu veux pas, je pousse contre nature
les gens ont tous une chambre, une armoire en faction - comment ne pas tourner en boucle dans un univers tendance courbe
je vole un jouet : ce jouet-là ne fonctionne pasreste avec moi, reste avec moi un peu, enfonce ta chemise
à la nuit succède la nuit, létale connivence. je ne reviens de rien
que je meure ou que je meure, j'abrite un parapluie
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