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le reste de l'ennui, gouttes d'une ombre qu'on essore, ou le sang qui pisse d'une dent arrachée
c'est quand j'oublie de mourir que je suis encore le plus mort et mon ex qui me dit tiens, t'es encore là toi tiens, t'es pas encore crevé toi tiens, tu t'es pas encore pendu toi tiens, y a pas d'arbre par chez toi tiens, tu manqueras qu'à tes puces le temps qu'elles en trouvent un
d'aussi pourri que toi je lui ai dit j'avais rendez-vous au dentiste mais je me rappelais plus quand, plus où
quel dentiste non plustous les trois on a grandi, lui en haut et moi en bas
l'un me tenait par le bras, l'autre essayait d'avancer plus ou moins droit enfin... de tenir debout
lorsque je suis arrivé sur place et que j'ai constaté les dégâts, je me suis dit bon, la mer récupèrera tout ça je me suis dit bon, la mer récurera tout ça je me suis dit bon, mais ça puait quand même un peu et la fête déversait son trop-plein - tu sais à quel point j'ai horreur des fêtes et toutes les angoisses qu'elles éveillent en moi alors je ne pouvais manquer ça, pas une goutte de ça
les petits matins on les finit seul, pâle comme un linge et c'est de ça qu'on parle, du dernier resté là, pas jusqu'à la fin mais après la fin, une fois tout délabré, tout laissé en plan, seul survivant et concentrant cette incroyable énergie de maudire le jour et tout ce qui s'ensuit
miraculés les maudissantsma chienne s'est fait piquer. elle ne pouvait pas le faire elle-même, à cause des pattes. il faut l'habileté des mains humaines pour pomper le produit dans la seringue et l'injecter dans un corps étranger, tout corps étranger. pouce index et majeur, droit poussés du cerveau d'un couteau
il ne suffit pas de sauter pour ouvrir un vide au-dessous de soi, mais un vide nécessairement provoque le saut, ou du moins le sursaut tant qu'on n'est pas vraiment prêt, pas vraiment prêt
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on avancera devant nous, et on ne saura pas quoi faire
on ne saura pas quoi faire, alors on avancera devant nous
on devant et nous derrière, sans savoir quoi faire mais dignes héritiers d'une quelconque condition, privés de rédemption
j'ai racheté le pain et une à une en ai retiré les arêtes, les épines
les aiguilles
droit devant soi et nous derrière, suivant fidèles notre
instinct de perditionun petit chat mourait tous les mercredis - il lui fallait son lait, sa fosse, sa branche ou bien sa mare c'est selon or moi les mercredis d'absence, je ne rentrais pas chez moi
jamais je ne rentrai chez moi
ni par le chemin du milieu ni par le chemin de traverse, par aucun chemin jamais je ne rentrai chez moi
et pourtant y en avait du chemin crois-moi, du chemin au milieu
du chemin de traverston petit frère m'a dit elle est vilaine, elle est méchante, elle est pas belle non c'est pas vrai, ton petit frère m'a dit
elle est gentille mais vois-tu la nuit, elle visite d'autres hommes, de bien plus beaux que toi, des sans cheveux des sans moustaches, des qui bavent pas
et comme je n'avais ni cheveux ni moustache, ni ne bavais je lui demandai mais alors quoi
ton petit frère m'a dit t'étais même pas né qu'on savait pas quoi faire de toi et ma sœur elle veut pasun chien m'a gavé mais alors m'a gavé grave, il arrêtait pas de pisser partout, tout l'temps, jour et nuit pissait partout, jusque sur mes g'noux
du vent sec aujourd'hui, comme à la mer quand l'vent souffle, à la mer par temps sec tiens ça c'est marrant, marrant comme quand il y a rien de marrant au fond
et que ce serait plutôt désespérant, s'il y avait encore matière à désespérer
mais quand on en arrive au chien, alors là c'est qu'on tombe sur de la matière grave
le chien, ou l'homme sans ses mains, l'homme qui a échappé aux clous
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la béquille d'un sexe, quand c'est dieu tout entier qu'il eut
fallu soigner - compresses bétadine, rappel antitétanique
lécher longuement la plaie (salive antiseptique), les onguents, le rhum...
j'ai la croix molle, les manches m'en tombent
et coiffé comme un gode ...en bas la terre, en haut le ciel
je marche à côté de ma tombe. ou bien ma tombe me suit partout, taupe en GPS
la nuit pareil je reste tranquille - quand y a lune on voit à peu près où on va, même sans les verres, en bas la terre
en haut le ciel mais pas systé-
matiquement, plus ou moins haut que ça
- ça quoi, et comment ça ? il n'avait l'air de rien et c'est à ça
qu'on le reconnaissait, il avait beau
inspirer l'air à pleins poumons çok bok, y avait pas d'air, nul air
n'entraitles sucettes rondes, les lollipops - quelques sueurs froides par ci
par là
comment me pardonnerais-tu d'avoir eu honte de moi face à l'alterophyle, le surmoi constipant. je n'ai encore
jamais fait l'amour entre corps éthérés, j'ai perdu mon corps astral, je sais même plus où j'ai foutu - pardon,
égaré ma croix, mon slip
sur quelle plage arrière, au resto
de quel cœurj'avançais, mais j'avançais de travers
je regardais, mais pas au-delà de mon propre regard
jambes arquées quelqu'un pleurait vraiment à ma place
on est tous l'étranger d'un autre après tout - de tous les autres en fait, dieu compris
entre l'amour contraint et l'amour prédestiné, tu t'acharnes comme un taré sur la machine à café tu fous des pièces dedans tu te plantes dans les boutons c'est la gare vaugirard
t'aurais jamais du venir ici, ni en arriver làpuis il y eut un homme
un trou à la place d'un homme
puis il y eut rien
qui hurlait les mains closes, la braguette au radar le poignet raide
on s'est dit bonjour ça n'engage à rien de se dire bonjour
on n'est pas vraiment du genre à s'engager
on n'est du genre à rien, gare vaugirard
ou n'importe quelle autre
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mon chien est mort à midi-vingt (prononcer le t de vingt) et je n'ai rien mangé
il n'y a pas de vie pour toi
des chrysanthèmes pour chrisostome, beauté des yeux auxquels on a ôté la vue, et cætera
et cætera
et cæterala joue contre la vitre, embuée
d'un paysage morne - dis, c'est encore loin belgrade ? une ombre
peut en cacher une autre, on plonge en l'une et c'est en l'autre que
l'on se réveille transi, chair de poule et coccyx foulé
on trouve enfin quelqu'un de gentil c'est un piquet en fer planté dans ce sol stérile, ce brouillard mouje ne suis même pas moi, zéro virgule des poussières, faut pas pousser le vent
le fil dans le chas d'un zéro on a déjà vu ça, mais de quelle couleur
en ressort-il, et vivant ressort-il ?
je me promène sans toi. sinon à quoi bon se promener ? se promener c'est définitivement
sans toi quel que toi que ce soit, cheveux sales ou cheveux bleusla chèvre de monsieur seguin je la connais par chœur, je l'ai mangée cent fois
ma vie se résume à cela: un masque de loup, un bêlement de mouche
la prochaine fois qu'on se raclera la gorge on n'oubliera pas de
se raser la langue...infâme tristesse mon amour, un mille-pattes dans le vagina (prononcer le dj de vagina)
l'oubli commence par les mots, les couleurs par le blanc, puis s'attaque aux visages - j'espère que tu
ne me distingues pas d'entre les morts ou quoi, que la vue ne cille pas - aspirerais-je encore à cette nudité
dont les yeux d'un aveugle nous donnent l'idée claire ?
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mourir ne se fera pas assis, rien que pour ça il faudra se
lever, décoller de
son banc
avec ou sans l'aide de dieu le suprême to-
boggan
mourir ne se fera pas assisexpirer ne se fera pas sans aspirer
la taffe. la nudité des pieds: un départ d'ailes déjà, coup sans férir
- c'est ainsi que
lever de soleil sur des seins fatigués
on pleure nos veuvesdu milieu de la bouche un trou s'échappe. nos journées
ne ressemblent à rien. ce n'est pas ressentir.
un banc, donc
cercueil à l'air libre
à l'air libre ou en plein jour, au vu du pire
un tronc qui mouille
les fesses or les fesses
sèchent-elles ?fais pas semblant de rien, ni de quoi que ce soit. d'toute façon on t'a vu
te faufiler de bon matin, nourrir les bêtes, bénir de sperme
un bouquet décati.
ça miaule au fond des cours et ça miaule de partout. et de partout parti
avant même d'être là
de nulle part revenu
- nu se coucher sur la mine et ne plus s'en re-
leveril fera nuit même en plein midi il fera nuit, ou le contraire peut-être
avec un peu de chance
et toute la nécessité.
tout nu face à la mer tout nu - est-ce donc moi
qui ai pissé tout ça, ou la goutte tombée s'apprête t-elle
à remonter la pente ?
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personne en ce pays ne déterre les ancêtres, ne les toilette. personne en ce pays ne mouille son doigt, n'ouvre sa langue. c'est un pays de sage rectitude, où de faméliques survivants promènent un visage dévasté, communiquent en morse. je crois que mon ancre y brisa le tabou d'une surface immobile limpide, mais n'en retira rien.rompu le charme, flagrante l'attente. on s'y touche la dent, vérifier qu'elle ne chancelle pas, qu'elle ne cède à son tour. on ne court pas se laver après l'amour, on garde les odeurs, on macère. je sors des gros cailloux de mon corps des gros cailloux je ne sais pas où les jeter pour m'en débarrasser - aucun clébard en vue.
pauvre garce, tes positions extravagantes, ton érotomanie chronique. tes poils sous les bras. je regarde ailleurs comme depuis toujours je regarde ailleurs, et nulle part ici. ici me congère. et trait pour trait je n'y gagne pas un visage - une nébuleuse à l'air libre, tout au plus. convulsive apathie.
les barreaux descellés, le vent pourtant ne s'y engouffre pas. je parle avec les arabes, même si je ne comprends pas la langue. leurs quelques mots de grec ne suffisent pas à établir le dialogue. les chalutiers vont à la mer; les morts retournent à la terre, comme reprenant du service. entre les deux circulent le goulot, passant de bouche ne bouche, ressoudant les esprits.
à quoi bon marcher, nager ou pédaler quand on peut circuler en voiture, en sublime usager des transports en commun ? je t'ai prise en photo c'est déjà quelque chose. ça fait sans doute un peu moins mal aussi. les liens sont défectueux. les lacets traînent par terre. quelqu'un met de la musique que personne n'écoute. je t'ai prise en photo, en sublime usager des transports en commun.
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on ne s'entend plus parler de mort et moi non plus. à peine suis-je parti tu remets des draps propres, une nouvelle taie, de fraîches giroflées dans le vase. à peine suis-je sorti on n'entend plus parler de moi, tout-au-fond ne constituant décidément pas une priorité.l'odeur des géraniums me souffle le cerveau. me sidèrent sa brutalité, son indécence - sodomie olfactive. je parle de/à tous les hommes les hommes jouent aux dés. ils les lancent ils s'exclament, les ramassent. tous les vers ne luisent pas: certains paraît-il, ne repoussent que d'un côté.
les cernes sous les ongles c'est le mal du pays. je me raccroche au trou, qui n'est trou que par ce qui le cerne, ce qui le distingue du néant qu'aucune limite ne vient contenir, définir. quantité négligeable au vu de l'expérience humaine, d'avoir pisser sur tes seins ne me confère aucun droit, aucune dignité - pas même une quelconque illusion de puissance.
l'existence s'écroule, par moments, par dépit. l'attente à son chapelet, la masse nuageuse affaissée sur des résidus de paysage. j'offre si peu de résistance. c'est la raison peut-être pour laquelle je ne tombe que rarement malade, la raison sans doute pour laquelle l'existence cède sous l'inertie d'un petit vent de biais, d'une mauvaise soupe.
je ne me lasse pas de toi te matant des heures durant la vulve à l'aide d'un miroir de maigre vertu. il se passe des choses dont la finalité d'un bout à l'autre m'échappe. d'un bout à l'autre je m'évacue, les racines: des ronces, et du noir sous les ongles. lorsque je me retourne et qu'évidemment nul regard ne surprends, les miroirs sans surprise me fuyant.
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si tricher n'est pas jouer, alors en quoi consiste le jeu ?
le feu n'prend pas, la route s'embourbe, tu connais le lieu précis où l'on perd tout, le centre de gravité de tout naufrage
où l'on ne prend la peine ne serait-ce que d'un au-revoir
entre deux quais la marche est large, ou le temps long
d'un suicide érotique - d'un suicide quoi ? d'un suicide é
ro
tiqueil n'y en a presque plus. j'ai tout vidé la gourde, l'encrier, la bourse
et me r'voilà à faire la manche. je n'ai jamais été très doué pour ça - carrément lamentable je dirais - mais la seule chose que je sais faire: j'ai la manche longue comme ça
la poubelle sur le port le port contre le large, une épave a toujours soif, tout l'océan du monde
ne saurait l'éponger, une épave
se meurt de soifne me parle pas comme ci, ne me parle pas comme ça, fous-moi des claques ça sert à rien: j'y suis devenu parfaitement insensible
indifférent
comme qui ne diffère pas, ou ne fais pas la différence
entre ce qu'il est et ce qu'il n'est pas, le déni de vérité déclenchant
le déclin du mensonge, ou un truc dans le genre
le genre piquet à moule mais sans la moule
sans le bouchot
marée rentrée
soleil couchéj'avale un pneu
un pneu ça n'a pas d'os
ça siffle un peu, un filet d'air...
le fond de moi aboie mais ça sort pas
le fond de moi n'mord pas
il te lèche le mollet il se
branle sur ton mollet, mais il mord pas, le fond de moi
aboie
mais ça sort pas
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