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mourir ne m'a rien fait. enfin... au début peut-être un peu, mais ensuite rien. rien à la fin
non pas d'un rien absent, comme on dit que l'obscur n'est qu'absence de lumière. mais d'un rien présent, comme par-dessus l'absence une absence d'obscurité qui viendrait approfondir ou parachever la première
un sexe en toute pureté
un sexe sans y toucher
un sexe qui ne tache pas
là exactement où ça fait malje refais les métiers
une deux trois quatre et à l'envers constitue un métier. le métier d'être beau, belle
et puis ceux se faufilant entre les gouttes et pourtant tout mouillés, même par temps sec mouillés
slalomant d'entre les attentions, habiles à ne pas éveiller le soupçon, se rendant invisibles, invisibles à tel point
qu'ils ne se reconnaîtraient pas assis l'un en face de l'autre
dans le métro par exemple, ou face à soi à travers le voile épais, le verre embué, le strabisme éberlué
la signature en sangtu taches ma robe tu taches ma cuisse, j'ai le doigt tout crispé
je parle à mes amis mes amis qui ne sont pas d'ici, pas de ce monde. oui je sais que je ne peux avoir d'ami, de commun, de sol ni de la
je décroche le téléphone et quand le téléphone me parle je n'écoute pas le téléphone - je m'écoute tomber, tomber, sans même arriver plus
à souhaiter m'écraserle balise
la balise, truande...
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il
fut un homme il ne fut pas un homme
pas un seul
ou si peule vide ne fait pas la différence entre flotter ou couler. jamais il ne bégaie.
c'est l'amour et c'est un champs, de pierres retournées, de pierres déterrées. nulle part de clôture.
au troisième avertissement je lâche les freins (cf les contre-indications), tous les freins sont dehors hélas, le banc se vide hélas, le banc
se videnuit qui ne m'appartient pas, ou pas seulement à moi, nuit
où l'on ne s'appartient pas
où l'on s'échange
où l'on se mire et se reflète dans les yeux du grand rien
lequel d'ailleurs ne saurait être grand
aux yeux si vastes néanmoins qu'ils ne
reflètent
strictement rientu pleures comme tu nies ou alors moi aussi, moi aussi le mille-pas
le mille per mui le mille per tui, radin des pommes, gercées les pommes
et qu'on me dise laisse-la, ne fais pas attention à ce qu'elle dit, ce que je dis, d'elle ou de moi c'est tout cousu
de fil rouge me dis-tu, tout décousu de moi, d'elle,
des accents millépinespour moitié les morts sont associés à l'autre
moitié
de ceux pas tout à fait morts encore, mais qui le deviendront, si les premiers en ont envie et qu'on leur tend gentiment
un os
à ronger
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la langue d'une fuite, la porte
également
s'est entrouverte
on y a mis le sel, la naissance et l'eau froide
glaciale même
des mauvais jours
j'étais certain
de ne pas vous revoir, vos gestes
à réparer les trous -
vos lèvres en filigrane
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chien méchant étincelle douce, mais ne me mords plus, je t'en supplie
demain j'immonde, or dès hier déjà je ne me sentais pas raccord
alors je marche. je marche je marchai. et je marcherai sans doute
jusqu'à rupture d'anévrisme ou bien la fin des temps. debout assis couché je marcherai têtu, quand bien même il n'y aurait
pas de fin au temps - rien qu'à la marche. ma marche. mon temps. et tout ce qu'il y eut
à quitter
à quitter seulementmon chien ma loupe, et pas plus gros que ça
ça, là
et ça, et là.
c'est jamais un soleil qu'on cloue à une croix, mais une loque
soleil réduit à un œuf pondu par une croix en loques - ainsi du moins se présenta t-il à moi, un soir que...
un soir, forcément.
et j'ai mis longtemps à...
longtemps, évidemment.
que je sois encore là-présent ne faisant toujours pas
partie du miraclele bruit que ça fait quand ça tombe. j'écoute le bruit
quand ça se relève ça ne fait guère de bruit, ou si ça en faisait ça résonnerait comme une indistinction
d'aria et de pet foireux, ce genre d'indistinction. je n'ai rien dans les mains
je n'ai rien hors les mains
des clous entre les dents - pourquoi donc invariablement rouillés dans le poème ?
et le poème de quoi, de toute façon ?
le poème rouillé, le poème cloué
le poème troué
traduit d'on ne sait quoi
d'on ne sait où
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les cils de ta chatte mon amour
retombent en désordre.
il y a longtemps que je t'aime mais là j'ai mal au coude, sauvagement au coude
au coude d'avoir mal, au coude retourné, au trottoir sur son angle, le mauvais angle
mon pouce extrudé, le mineur détourné - j'ai dit pouce, dit le mineur
j'ai rien entendu, lui répond le majeurmaman s'est fait un beau manteau, même s'il lui restait peu de poils, maman s'est fait un beau manteau.
j'ai remonté la rue des pyrénées, du cours de vincennes jusqu'à rue de jourdain, rue de jourdain et pourquoi pas plus loin
c'est une courte rue, du moins dans le sens de la longueur, car elle a le cœur large
tout le contraire de la rue des pyrénées qui elle
est incroyablement longue
malgré son âgeayant toujours peur que quelqu'un me morde je ne sors
jamais sans mon masque.
d'ailleurs je ne sors pas. une vague
nostalgie de la mer un peu comme une envie de
dégueuler par-dessus bord, une affreuse gueule de bois. mais les ferries toujours
irréprochables, et le personnel des ferries
invariablement exécrable, les militaires si calmes
les militaires si tristes, peinant à s'endormir
sur le ferryon ne se ment pas, on s'aime encore
quand même un peu
on culbute la française.
je voudrais un toit tout au bout de mon ciel.
tu crois qu'on finit par se pardonner soi-même, de je ne sais quoi d'ailleurs ?
de ne pas avoir été aimé, ou pire encore, de
l'avoir été ?
mais de n'avoir pas pu ?
crois-tu ?
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la boca pleine de boue, la boca pleine de bouche, tu vas loin
assis là dans un coin, assis là tu vas loin
ou trop près
ou si près
assis là dans ta bouche
ta bouche la bocail y a un homme en toi qui ne renoncera pas
il y a un homme en toi qui refuse de crever, qui le refusera jusqu'au bout, qui ne peut pas ne pas le refuser
cet homme-là n'est pas le pire ennemi de dieu - admettons qu'il en soit le pire ami, à la rigueur
il y a un homme en toi qui ne sait pas comment on fait, ni comment chaque homme en soi
s'en sort, ou prétend s'en sortir bref, comment il continue malgré tout et fait pour continuer avec à l'esprit constamment présente l'idée
qu'il ne s'en sortira passortir du bruit, de la boîte à bruit
pour percevoir enfin la voix pure, très pure, parole unique imprescriptible
sans point sur les i, sans accent circonflexe, sans se barrer la route
sans se barrer la route cependant
parvient à s'échapperj'ai sale métèque, sale métèque t'as vu ça, ma gueule de
piètre contrefaçon, béquille de remous, et pourtant je battais les enfants moi quand j'étais p'tit, je les frappais avec le poing dans la gueule :
tout me sert de gueule
tout me sert de poing
tout me sert de poing dans la gueule
mon poing
ma gueulela boca pleine de sable, la boca pleine de merde
le sable, quoi, de la merde solaire disent-ils
ils en disent tellement...
il y a tant de choses avec lesquelles on doit vivre
et pléthore de consolations pour supporter toutes ces choses avec lesquelles on doit faire
avec lesquelles on doit supporter de vivre
toutes ces consolations, la boca pleine d'orties, de vipère
le colon plien d'oursins, oh les mauvais coussins
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j'ai repeint ta vie en bleu - un genre de bleu gris, très triste, plutôt morne. je me suis dit que ça cacherait au moins les taches, tout en restant discret. car tu restes discrète avant tout. tu te coiffes toujours de telle sorte qu'on ne remarque pas de quelle sorte tu te coiffes, et ça rend parfaitement. je ne sais pas vraiment ce que ça veut dire, parfaitement - quelque chose qui te répugne j'imagine
quand ainsi tu te défaistu as tes règles et le ciel tranquille aujourd'hui, baleine éventrée couchée sur le côté. de cette tranquillité-là. tandis qu'on s'endort seul, s'éveille seul, marche seul sans pour autant toucher sol on dit qu'on n'a plus pied, qu'il n'y a de toute façon plus rien à gérer et qu'on a tout le temps, puisque ne reste que ça, le temps - ce vide tranquille, baleine échouée, et là comme une portée de chiots tétant quelques moments encore
leur mère mortej'ai cru que tu ressentais quelque chose, que lorsque tu me présentais sournoise le miroir, il s'agissait d'autre chose que de ton cul, ni n'écartais pour rien les jambes à angle droit, d'équerre et comme une injonction pesante. je n'y suis pour rien tel que j'en tremble encore un peu, et si je croise de même un semblant de regard, de ce regard-là qui
nous arrache à nous-mêmesdes chiens errants j'en ai croisés pas mal, quoique très individuellement. je m'accroche à tes basques l'odeur doit y être pour quelque chose je pense mais que ferais-tu sans une ombre à piétiner, ni t'embrouiller les jambes ? je veux bien faire quelques pas avec toi et descendre le parc, toi sur tes talons moi sur mes gardes. le soir tombe déjà et on a tous à prendre un tram, un car ou un ferry - tout dépend de l'intensité souhaitée
à perte, et du sens de l'éloignementj'arrive à quelques zéros près. où je tourne plus rien ne se retourne: tout va déjà à l'envers, le ciel sens dessus dessous, ou alors très bas. c'est sans émotion que le singe reconnait qu'il n'est pas singe, ainsi qu'il a pu le penser des années durant cela dit, que la queue tombée, le masque puis la grimace. il eut fallu avant toute chose et qu'il ne soit trop tard
t'embrasser sur la bouche au minimum
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et quand je mourrai, puisque c'est le genre de choses qui finissent par arriver malgré tout et sans qu'on ait à s'en prendre à soi-même, je ne voudrais alors personne entre moi et dieu - tout juste le néant, jusqu'à ce qu'il enfin
s'illumine...ce n'est pas grave si tu es un peu ébréchée sur les bords, ou peut-être légèrement fêlée. ce n'est pas grave si tu n'es pas vraiment carrée, ni tout à fait propre non plus. ce n'est pas grave si ton chewing-gum n'a plus de sucre et colle mal à la langue. pas grave si ton chewing-gum de langue, et si parfois tu doutes encore. non, franchement, ce n'est
pas grave crois-moimélo mais drame aussi, tu t'es tordu le pouce. le reste à l'avenant, fragile débordement, ou linge au vent gentil. tu sais qu'on ne me parle pas sur ce ton-là, ni sur aucun: chaque carte un souffle, se bâtit la tourmente. après on écarte les doigts, pas trop si ça fait mal. je ne veux pas trop te faire mal - juste de quoi m'assurer
de ton attachementrépare ton âme. répare ton âme d'abord. on verra après si je te lèche la fente. je ne peux pas éternellement colmater les brèches, m'enduire de ta douleur. je dois respirer de temps en temps, même si je ne respire rien. je t'ai fait un pansement avec ce qui me restait de pitié
et de désinfectanttu appuies sur mon dos et si légère sois-tu (à peine le poids de détourner le regard), toute la force de gravité ne s'en est pas moins concentrée dans ma colonne vertébrale - ce qui me pousse à te demander, peut-être à te redemander une fois de plus: t'es-tu sur mon dos posée nue
et me dénudes jusqu'à la moelle ?
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