•   à hauteur
      de non-sens, un homme
      mérite enfin sa mort

      je parle à la brouette
      la brouette
      s'effeuille

     

      .

     

      coupable d'amour c'est renoncer à tout, épouser
      sa propre mort

      sa propre mort s'en fout
      elle se casse, la gueuse
      avec le premier v'nu

      le dernier confondu

     

      .

     

      je romps
      que dire de plus sinon que
      je me romps

      je tends la main, la main
      douleur vive, déme-

      surément vide
      - l'inouï reste inaudible

     

      .

     

      pas de colère, rien qu'une
      tristesse infinie, presque
      la désolation

      le bras finit par
      retomber, la poussière
      soulevée

      j'y retourne
      sans le pas je retourne à
      l'endroit

     


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  •   les yeux entament
      ma révolution

      si bien que
      je n'encours rien

      un chien crevé couché
      tout contre moi

     

      .

     

      me pourriras-tu
      la vie ainsi ?

      un homme se tient droit est-ce une pierre, vide en suspens
      il écarte les bras est-ce un goéland, au bec de carême

      j'ai mal pour lui
      j'ai mal pour soi, me dis-je

     

      .

     

      la chiasse de vivre
      et tu t'entends
      parler

      la dignité ne suffit pas
      la vérité
      ne suffit pas

      qu'est-ce qui
      m'attendrit comme ça, me ploie
      un degré au-dessous de
      zéro

     

      .

     

      tendre la gorge
      au vent qui glisse, lame s'immisce

      il paraît que c'est la norme:
      on ne se
      suffit pas

      quelque part j'ouvre l'air
      quelque part ne meurt pas

     

     

    menus obscurs (moindres recoins)


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  •   ceci est mon nom et mon nom dénomme un sadique hargneux
      je tire le rideau pas tout à fait à fond, laissant le lai d'une lueur pour me repérer la nuit, m'orienter au cas où le mal reviendrait...
      toute une vie à rêvasser, cauchemarder, casser du néant entre ses petits doigts de sable sous ses ongles rongés, rongés rongeurs, intrépides zéboueurs
      je lui lèche aussi la cuisse un peu, dès fois que...

     

     

      séduction maladive. ils et elles puent le sexe à plein nez - et c'est encore là qu'ils et elles mentent le moins
      rentre bredouille un sexe d'on ne sait où - probablement d'un amour qui
      ne s'y entend pas

     

     

      je marche et malgré moi je marche
      tu marches, et malgré moi de même, tu marches
      des milliers de corps nous cernent, nous frôlent nous assaillent, remettent nos pendules à l'heure
      à l'heure de la peur qui hérisse, des gouttières qui fuient
      à l'heure de plus d'heure du tout, la fameuse heure en rade
      à l'heure où je te parle tu meurs
      à supposé que tu en aies le temps...

     

     

      abstraction faite du col du fémur, il me dit mais c'est quoi ce truc-là, cette boîte à souvenirs sans souvenirs dedans - c'est ma vulve à broyer du pop-corn connard, et à le recracher mâché dans ta putain de bouche
      puis elle s'endort d'un coup, si frêle architecture au pied de l'ascenseur en panne...

     

     

      je m'imite mal et c'est à cela seul que je me reconnais - ce défaut-là, pale claudication d'un fœtus mal poussé
      les voix audiogéniques s'enfoncent comme dans du beurre, branlent la cervelle, la sidèrent, on peut plus s'en défaire
      alors on se retrousse les manches et on se fout des beignes en plein son propre visage, jusqu'à tuméfaction
      tu viendras donc et tu essuieras le sang de tes gestes lents, doux et assurés
      moi je ne bougerai pas - je resterai assis là, vide lessivé, évacué
      de tout mystère

     


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  •   l'absolu n'est pas crédible. entre néant et grâce un frisson me parcourt, un déchirement me déchire. un poème signerait l'aveu de la défaite, la résignation à la débâcle
      c'est à dire induirait l'habile confusion de la grâce et du néant mais je n'en peux plus, simplement je n'y
      arrive plus...

     

     

      on s'appelle comment? après tout c'est vrai, je sais pas comment on s'appelle. pas de carte de visite; pas de visite du tout. dégoûté de lutter... je meurs par paresse, par inertie du poids. un jour je t'entends dire tu verras, ça ira... un autre jour je te crucifie, d'un seul clou, je te sépare en un

     

     

      je ne me suis jamais senti chez moi. on est toujours chez quelqu'un, pour se rendre finalement compte que sous chaque quelqu'un ne se trouve en fait personne. on a beau lui écarter les cuisses, sucer-pomper, il n'y a au fond
      jamais personne - si seulement on avait su avec élégance se laisser
      glisser à la surface... comme ça sans couler dès la première
      brassée...

     

     

      pas que me manque la pluie, ni la vague - mais juste l'art
      de faire naufrage. j'entends crier dans mon oreille. je peux pas savoir qui c'est évidemment: mon oreille n'est pas un œil. d'ailleurs mon œil reste sourd à tes avances. aveugle et sourd. il se roule une clope. même la mort ne suffit pas
      à le désencrasser

     

     

      je me plante des coups de couteaux dans le ventre. plusieurs fois par jour. ou des aiguilles à tricoter en divers endroits stratégiquement sensibles. à tricoter quoi d'ailleurs à tricoter l'néant j'imagine, je n'imagine même pas. je n'imagine plus. je n'arrive plus
      à m'endormir - ce qui explique sans doute que je n'arrête pas de rêver de mort

     

     

      je suis désormais habité par la certitude qu'il n'y a d'autre liberté pour moi qu'à travers la décision prise et assumée d'en finir, ou le renoncement inconditionnel à soi-même. sirène strictement aphone, empaillée là et posée nue sur le piano qu'on n'a pas accordé
      depuis combien de lustres déjà...

     

     

    furoncle


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  •   j'ai tellement été conditionné à survivre, rien d'autre que survivre, qu'il m'est devenu quasiment impossible de dissocier l'existence du but, et donc d'en attribuer un à celle-là. et tandis que l'avenir se disloque ou rétrécit, l'existence ne peut plus prétendre s'imposer comme but exclusif. le but se perd et l'idée d'exister, manquant de soutien, finit par s'épuiser

     

     

      je ne crois pas en leurs histoires. la seule histoire à laquelle je prête foi n'a ni début ni fin, à moins qu'elle ne soit définitivement close. la seule histoire à laquelle je puisse souscrire n'a pas de sens. elle ne subsiste qu'en moi, vibrant de toutes ses formes à chaque point de suspension - docte somnambulisme...

     

     

      je n'y suis pas, ou si peu. j'entre dans la maison et la maison est vide, les trous béants laissés sans fenêtres ni portes. je ne veux vivre dans la mémoire de personne - que dieu-même m'oublie: je ne prends conscience de moi que tombant dans l'oubli divin. je respire cet air frais, cet air enfin. le néant est
      irréprochable

     

     

      long le deuil, subite la mort y mettant fin. si je te frotte les couilles sur le visage ou si je te lèche la bouche, que me répondras-tu - de quel droit
      existeras-tu? quelle pitié s'empare de nous main dans la main, quelle pitié quand trouvant le vide sous nos pas nous nous lâchons d'instinct la main
      perdus, nous sommes perdus

     

     

      la petite taupe m'a dit, regarde-moi bien dans les yeux: ne me dis pas qui est la plus belle, je me fiche de la plus belle, le monde est trop petit pour un tel sexe
      que faire avec ses pouces? que faire pour oublier que faire pour subsister, si ce n'est passer outre, là que l'ailleurs n'exile pas...

     


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  •   je ne suis là pour rien. où que je sois, je ne suis là pour rien. nulle part ne trouvant place, n'accueillant nul lieu. il n'est pour moi d'autre refuge, d'autre issue que le néant. le néant est
      résurrection

     

     

      je donne un signal de haine. pas de celle qui pourrait s'assouvir d'une quelconque destruction, transférant son désir d'anéantissement sur un bouc émissaire, mais d'une haine ne pouvant se rassasier que de la disparition totale, au-delà de son objet, du sujet-même de cette haine. le néant est
      délivrance

     

     

      où ai-je envie de dire adieu à dieu? sur quelle pathétique route de campagne, vladimir en mode mineur, sous quel ciel chancelant? ne s'agirait-il ici que d'un ultime
      recours en grâce?

     

     

      pierre pomme purée. à cet adage semblent se réduire mon existence, ma personne, mon petit train de nuit

     

     

      ma télé est morte
      l'image, le son... kaputt!
      j'ai bandé les yeux à mon chien et l'ai abandonné sur la livide nationale
      puis à mon tour j'ai fermé les yeux, serrant très fort
      il ne s'est rien passé
      il ne se passera plus
      jamais rien -
      morte est ma télé

     

     

      faut pas dire que se mentir ne sert à rien - se mentir sert
      à se cacher le trou, se cacher qu'il n'y a
      rien sous le mensonge: rien dans la main droite, rien dans la main gauche: tout
      reste dans le dos, l'invisible sans lequel
      on ne supporterait simplement pas
      je ne supporte pas
      et rien ne me supporte
      devant, derrière, dessus dessous et en-dedans: rien
      ne me sépare de la mort que l'acte stupide et héroïque de mourir - le seul acte possible le seul acte véritable, le seul pas
      hors le mensonge

     

     

    recours en grâce


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  •   tu ne me nourris de rien
      j'ouvre grand la gueule mais non, rien ne s'y engouffre
      je tombe d'énormément haut, je rapièce mon linceul
      j'ai peur du noir quand tu te tournes, j'ai peur que tu t'aperçoives de mon
      érection coupable

     

     

      un chien, pourquoi un chien, mais parce que je fus chien, tout homme est d'abord chien
      et le paysage, que vient faire ici le paysage, quand se passe t-on
      de paysage
      la langue m'a colonisé l'esprit, me voilà pauvre dorénavant
      j'aime pauvre
      le sexe est pauvre
      l'ardoise légère

     

     

      protégeons
      nous qui sommes nés du danger, protégeons
      protégeons les slips, protégeons les êtres, les séquelles de vie
      ne nous abandonnons pas l'un à l'ennui de l'autre, dérive formelle
      ce qui tombe s'élève, un travail à mi-temps
      lui suffit amplement

     

     

      je crève debout tu sais bien
      que je crève toujours debout. alors tu m'apportes une écharpe, un bonnet je n'sais quoi - quelque chose dont tu m'emmitouflerais
      mais non je ne vais pas attraper froid le froid déjà vient du dedans
      mes os refroidissent la chair, l'existence le monde - mes os sans moelle de dure hargne
      je n'ai plus la force de cette hargne
      entre le viole et l'amour, la limite a été fracturée

     

     

      les hommes ne s'appellent pas
      les choses ne s'appellent pas
      personne n'appelle
      ça fait comme un écho
      et l'écho s'amplifie...

     


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  •   mort à son comble, c'est quoi - il faut y aller. ça m'fait tellement suer que j'en crève la nuit, que j'en chie tout un rat. supporte une lieue, deux lieues, tu vois bien que je suis à personne

     

     

      il n'y a plus cette terre. seule la mer, morte inédite, tanguante indivisible, répare l'irréparable. et je t'entends dire toi le taudis, ouais mais moi j'ai des piles - ouais mec moi il me reste, des foutues piles

     

     

      j'adore une jambe. je me frotte tout contre, le long. lui trépane un anus. depuis que je sois né o ma vie je sois né, et je saigne de l'arcade. sourcilière ça ne développe rien, mais je saigne de l'œil

     

     

      tu représentes rien. ni demain ni d'hier, tu représentes rien. tu te forges un destin à la force du poignet ou la traction arrière, tu t'efforces de rien. t'arrives là gueule ouverte, langue pendante et tu t'amuses à quoi, hein, tu t'amuses à joujou

     

     

    lacrymogène


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