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Par lolek le 14 Janvier 2019 à 08:03
chien c'est moins chien
mais c'est lui qui le dit
et la vie pouët pouët pouët... de chien
et la mort prout prout prout... dans l'âme
on sait répondre à tout ça, si ce n'est de tout ça
aussitôt dit aussitôt faux - ça ne rapporte
rienun homme a pris sa femme
dans ses bras
je crois bien qu'elle y fut
pour quelque chose elle aussi
un homme a pris sa croix
dans ses bras
comme on sort du PMU un dimanche midi, la démarche un peu
sanguinolente, l'œil légèrement
de traviole...je meurs debout
c'est pas vrai mais
je meurs debout quand même
et nul ne m'en
empêchera nul ne m'en
tiendra rigueur - surtout quand ça fout l'camp, quand ça se sort
la tête du cul, et qu'on sait plus vraiment
par quel bout se pendre...je me suis trompé en fait, je me suis trompé depuis le début, et tout trompé
ce n'est pas de mourir le plus dur, mais bel et bien la mort, l'idée claire du néant
mourir pour un bien serait beau biélorusse - mais mourir pour rien, concevoir ce rien-là: voilà le bois
dont toute croix est faite, le ver auquel
toute pomme sert à boire...
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Par lolek le 12 Janvier 2019 à 08:52
il ne s'agit pas de survie (qu'importe la survie) : les principes
vacillent sur leur droit, l'évidence arrachée sous
la valeur d'être, le sens du sens, ou encore le bien-fondé d'une
quelconque aspiration...
et si j'aime un destin, ce destin m'aimera t-il, se reconnaîtra t-il seulement dans
le vélo jaune d'anquetil?la mémoire procède bizarrement, reconfigurant la base de données perdues
ma vie elle est pas dedans
ma vie elle est pas dehors
je ne veux pas que l'on m'entende j'exige
que l'on m'octroie un silence
- d'ailleurs qui pourrait me soustraire (où irais-je)
à l'infinie distance?un chien méchant ça mange pas d'pain
un homme assis me dit merci
je n'ai pas d'âge, je m'rase la tête, je m'endette à tes frais
je parle à mon nombril mon nombril ne se rend compte de rien, agent fluide, ne me rend compte d'à peine
davantage...tu te promènes vêtue
du simple paysage, pas plus
que ça ni d'habitude - tu dis que je suis étranger, or ça n'excuse rien
par ce qu'en fait, tu n'es même pas un étranger, ce qui t'exclut de tout
: de toi-même, d'une patrie quelconque, de l'interminable liste des débaptisés
ramassant sur le bas-côté des routes
de jolis coquelicots monsieur, de jolis coquelicots padamqui me pardonnera?
quand t'es rien, et le seul à savoir que t'es rien, où trouveras-tu quelqu'un
pour te le pardonner?
faudrait être hall de gare
faudrait mourir debout, chantant contre le froid
rien, rien de rien - sur un rond-point l'éternité derviche
m'a pris de court
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Par lolek le 11 Janvier 2019 à 07:56
hors la force, et déchu de toute conviction
les doigts dans l'trou la tête en l'air
je ne crains rien de ma vie
je ne crains rien de ma mort
et si oui, non quand même
libre puisque mortel, aimant
puisque impuissant
limite inconséquent...la tête elle a basalte
l'enfant en toi bas-âge
tu meurs ainsi tu développes
un certain sens intime
de la fragilité.
d'où je viens je ne vois rien, je regarde et
à force de ne rien voir, je me nettoiele temps des fleurs est piétiné
le temps des gerbes aussi, des épitaphes sentencieuses
soit dit en passant un lèche-bonbon aura toujours besoin d'un bonbon
un dieu pense à envoyer sa fille cette fois - perverse méditation...je n'arrive pas à être l'homme, quoique dépouillé nu même attifé d'une peau de jonquille
j'ai perdu mon mystère - telle fut ma chance de rentrer bredouille
un dieu me bande les yeux et me fait tourner toupie
trois doigts sur cinq trois fois pour rien
et me voilàje ne sais pas si je t'aime, alors même que je soupçonne là l'unique question légitime
et responsable.
seul un poème sauve le monde mais le monde souhaite t-il
être seulement sauvé?...
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Par lolek le 9 Janvier 2019 à 08:04
je prie sur le temps long
je n'ai qu'affaire de mourir: je suis le mort en marche
le vivre à tout vent, à tout bout d'champ, le vivre à bout portant
mais tout cela de loin, de si loin
que ça me brûle encoreun homme n'est pas un homme, une femme
n'est pas une femme, un chien
l'ombre d'un chien
et la laisse traîne à terre
ne rattachant l'un à l'autre
ni l'un à soi - on voit des couples
s'enlacer aux ronds-points...je n'ai vu personne de vieux - l'éternité discrètement se rapprochant
des yeux baissés, des raccourcis de la mémoire, des fils à haute tension à travers desquels on allait
transformer l'élan en un échec retentissant
et c'est la gloire à petit prix, la petite joie du pauvre...on ne veut plus de croix, on aura plus besoin
de croix, de clous, de gens armés jusqu'à la racine de mordre
plus de lèche-bites d'apparat - il faut de la sainteté
pour mériter le mal. j'avale un coup
et si ça va pas mieux, et comme ça va pas mieux, j'avale
un autre coupnotre fraternité mamie
notre petit champ de bruyère...
l'histoire fait fi de la personne, et de ce fait l'élève à une forme - fut-elle cabossée, tarabiscotée, cabotine ou perverse - d'universel
l'histoire ignore les personnes qui ne veulent pas d'histoire, comme si elles n'en avaient
pas assez comme ça
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Par lolek le 7 Janvier 2019 à 12:27
le revenu universel a fait de moi une entité quasi métaphysique - pas seulement prêt ou disponible, mais avant tout sensible
à son propre néant.
il n'est pas revenu. il n'est pas universel. il a posé son sac sur la table et s'est déclaré
absent aléatoire...si tu tâtes le large, une femme quant à elle, une femme simplement se conçoit en racine - elle
plante le décor, retient le paysage, sans cela plus fuyant qu'un ciel finistère.
tu t'endors à côté dans le berceau, tu t'endors les yeux grand-ouverts, acculé à prédire le présent...c'est une histoire d'amour, mais pas que. ou si ce n'est qu'une histoire d'amour, ce n'est RIEN qu'une histoire d'amour
ce rien-là t'occupant de long en large, et toi-même dérivant en ce rien-là, occupé à tout autre chose sans doute
tout autre chose que l'amour...toute une frontière s'émiette. la ligne gommée de l'horizon.
un saut cependant jaillit de dans mon corps, et la révulsion rattrapant puis ravalant ce faux bond.
tendre la main pour caresser la joue de cet aphone infini me manque déjà
tout me manque déjà, depuis le début tout me manqueune grosse pomme. grise ça va de soi. la prière s'enroule sur elle-même et ne distingue plus son premier mot du dernier. une vie a bien été prévue à cet effet.
ce n'est pas tant d'être rassuré que l'on demandait, mais plutôt que l'on ôte devant nous
tous ces petits cailloux formulant le chemin...
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Par lolek le 6 Janvier 2019 à 08:24
du point de vue de l'homme et toutes ces nuits, plus bas encore toute la nuit...
s'abîmer en prière, aveugle et sourde prière - réintégrant ce qui simultanément préexiste à l'unité
et subsiste à son démantèlementau volant d'une idée traverser un ciel misérablement creux. éclaircir au passage une absence, avec toute l'aisance d'un canard boiteux, d'une béquille en marche
croiser un homme sur la passerelle, parler à une femme
d'une autre femme encore, la lâche confidence...je n'ai pas de secret, tout est en soi secret, le garde d'un secret
je n'ai pas de secret
l'homme au bout du quotidien, pour entrer dans la grâce,
devra renoncer au miracleje me suis réfugié au cœur d'une parole, évanescente bulle de savon, radeau mélancoliquement naviguant hors concours
j'ai pu circonscrire le naufrage en dedans, réduisant le moi à l'espace de cette débâcle
ne débordant pas d'un ongle, ne faisant
pas de vague...l'incertaine ligne de flottaison...
on voudrait être mort avant même de mourir, passer ni vu ni connu et contourner la croix, l'air de rien comme revenu de tout
je pose mes deux mains sur ton corps couché, ne sachant s'il vit encore ou s'il est mort. l'absence au bord de l'implosion
désamorce-moi donc
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Par lolek le 4 Janvier 2019 à 09:22
c'est une dure journée
un jour dur de janvier
si peu de vivant pour tant de mort
et le vivant souffre du froid.
le temps nous sépare de la mort et de nous-mêmes, morceaux épars
débris d'orgasme
c'est une dure journée
il faudra, quitte à ce que,
la recommencerles orphelins aux doigts rouillés, leurs mains molles
yeux sur la route, route déborde
un nom continue de sortir, maigre vomissure. un chien ronge sa corde, un cheval son mors.
dieu ne suffira pas
à m'apaiser
me consoler
me réparer
- m'absoudre...la porte s'ouvre - il faut
que la porte s'ouvre, c'est une question
de respiration
de circulation.
j'entends un mort et un mort vaut un arrêt de car. un souffle vient de la mer, on rentre la tête dans ses épaules
ça ne protège pas vraiment
à partir de je ne sais quoi ni comment, rien ne protège de rien
à peine un souffle...on ne parle plus au frère comme on se parle à soi - on passe à autre chose, et autre chose toujours
nous renvoie
à notre propre absence, dessus laquelle on glisse.
parfois un genre humain
nous hèle de loin, d'un signe étrange de la main
sans raison apparente avons-nous fini par lâcher
les couilles du destinje n'habite nulle part - qui donc m'a conduit là?
qui donc hésita
entre moi et l'anus, l'anneau marial
et le vomissement éthylique?
nos sexes pleurent, il arrosent les tombes, les tombes de nos frères, frères d'un jour en hiver.
quoi de neuf parmi soi, quoi de vieux?
tu ne me
regretteras pas
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Par lolek le 2 Janvier 2019 à 07:50
de vivre plus haut que soi, disons cinq-six mètres au-dessus de
sa cerne tombale - un silence immémorable posé entre le sommet de son crâne et la
plante de ses pieds.
le poème philosophal se retrouve partout. il soulève. d'un simple battement
d'aile
ou de paupièreje parle au
ras des pâquerettes, et de plus bas encore
appuyé sur un gouffre, la mort accrochée aux boyaux, et dans sa mâchoire notre rêve
tourne au vert.
de là, si bas, le ciel sembla infini ma mère
d'un non-espoir, tout est permis...et je reviens toujours à cette source nue, fécond tarissement, cette déracine-là, ce chemin à rebours...
évidemment que j'aime
évidemment que mon amour me dépasse éperdument, me traverse, me déporte
m'agglutine, me réduit à néant pourquoi pas
: me destine à la gloire sublimeje m'achète un cheval et le cheval crève en route. je caresse ce cheval-
là.
il ne me plait pas
de vivre sans monture.
seul chantera l'aveugle - et l'aveugle chantait, chantait
sans qu'on y prenne garde...j'aime cette main, glissant sous le décor
et que son propre geste déshabille.
j'irai à contre-courant
d'un lit à sec: il ne s'agira pas de moi bien entendu
ni de toi
mais d'une fosse moelleusement commune, oh dès lors si commune
qu'on y jette son nom, obole mémorielle,
petit printemps-nichon...
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