•   tu sais bien, tu sais bien qu'un homme en vaut un autre ou peu s'en faut, genre je tombe les masques, et m'apparaît le parfait
      visage du déjà-vu.
      tu sais bien, tu sais bien disais-je qu'un mort en vaut le même, car qui distinguerait un mort
      de l'autre?
      tu sais bien, oui tu sais bien enfin, qu'une fois le pont levé le courant jamais ne retombera
      sur ses deux pieds...

     

     

      la nuit du temps c'est un soleil sans fin
      n'ai-je jamais fait qu'avoir vécu, ou pas encore, et qu'en moi le néant entre
      en ébullition?
      celle que j'aime a les dents devant au vent, et moi donc que veux-tu je traîne derrière, derrière et toujours
      en léger différé

     

     

      je suis l'homme qu'il ne te faut pas, mon dieu - mais je ne t'en veux de rien, purement rien
      fait nuit, fait jour, fait nuit - absolument débile. il ne fait jamais jour, ni jamais nuit non plus: l'espace public panique
      j'ai mal nulle part, et nulle part, ça fait mal...

     

     

      au fond j'en pense rien: je survis, c'est tout
      et je ne suis pas certain qu'il y faille un effort, ou que cela n'implique au contraire l'absence de tout effort, cette extrême endurance
      si je sais une chose c'est qu'avant tout demain, je serai belle...

     

     

    vivre, midi-trente


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  •   chienne de vie, pomme de basse terre. l'amour plus que jamais sort de terre et c'est d'en bas qu'elle prie, une rêche couverture recouvrant ses épaules maigrichonnes. oui on sortira nos mains de nos poches immunes, on se dégourdira les pattes en fumant des clous d'impures rêvasseries. on ira boire un coup ça s'trouve, et on s'interpellera les uns les autres par des noms interchangeables, même si d'essence atemporelle...

     

     

      ne me meurs-tu pas pendante, à la courte échelle ou selon des vœux tenus
      rigoureusement secrets, tu sais que tu n'atteindras jamais le terme de tes jours: on meurt avant la mort, rendant nos yeux à une vision
      radicalement alternative - il y a des gestes pourtant, tout simples
      qui nous rendent vivants, et qui parviennent ne signifiant rien
      à aggraver le réel...

     

     

      personne ne s'est mis au travers de ma route - ni le pont ni la rocade, ni le ventre féminal qu'on transgresse à cloche-pied
      rien ne ressemblant à rien il arrive sans doute qu'un œil s'ouvre sur un œil à son tour, et si franchir ce seuil
      est à la portée d'un mort exactement, quoi que j'en pense je ne suis pas
      mort ou encore - c'est quelque chose
      hors de mon champ vois-tu

     

     

      acculé, retranché, fourrant tout le ciel possible dans le corps d'une sirène empaillée
      sachant qu'elle était un peu nous, nous étant un peu elle, et qu'elle avait perdu la garde de son enfant parce que toi, se disait-elle, t'as une folie magique ma fille, une
      négligence de reine...

     


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  •   on s'appelait comme ci on s'appelait comme ça - je n'ai jamais compris comment on arrivait malgré tout
      à se reconnaître entre mille
      et une

     

     

      l'un de moi appelle l'autre mais qui osera se jeter le premier
      dans l'eau gelée? il faut pas dire au-revoir, il faut pas dire au-revoir comme ça, puisque on ne se reverra pas: d'un quai à l'autre balle ping pong
      par dessus le néant balle ping pong

     

     

      tous les amis sont morts, tous les amis, d'où ma haine viscérale
      des amitiés.
      nous retournons à nos pelles et de nos pelles retournons le vent - le vent quelle désolation
      n'amasse pas mousse

     

     

      chien borgne, bite funéraire - n'en as-tu donc pas assez
      de croire à ta propre ignorance, de boire à ton déboire, j'déchire ma ch'mise j'offre ma poitrine, j'offre ma poitrine, j'offre ma poitrine,
      et toujours pas de sein en vue, pas de bout pas de lait
      pas de cabine obscure...

     

     

      peut-être eus-je tendu la main, si seulement un bras
      en projetait l'élan - mais l'épaule cassée, la nuque nickelée, le charmant petit aspirateur que l'on prétend esprit...
      la lessive du dimanche, le fessier roucoulant de l'amante en mode dérélic-
      tionnel - je r'crache un ch'veu, un ch'veu de longueur
      inhabituelle...

     

     

    se donnèrent rendez-vous à la porte des lilas


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  •   parce qu'il ne saurait y avoir d'autre but à vivre que de vivre sans but, nous subordonnons tout état ou geste à cette liberté de n'être pour rien, de n'être que parce que rien, ruisselant de cette pure gratuité de l'être, non monnayable puisque inépuisable par définition - le néant n'étant jamais que le néant de l'être, ou la forme inversée de l'affirmation première et non préméditée cristallisée en chaque affirmation particulière de l'être en un être: le quelconque et le quiconque engendrant le divin...

     

     

      ma terre a les pieds tout autour et tout en l'air, d'où sa forme résolument sphérique. le prix du sang c'est le sang-même et la tête d'un souverain fait figure de gland sous le couteau du sacrifiant. rendre à césar ce qui appartient à césar revient donc à se délivrer de toute possession, à se déposséder, recouvrer son entière liberté rendant à dieu (l'anti-maître) ce qui est à dieu: son âme propre - s'y rendant comme à l'évidence implicite et présente, à savoir que la chute, ombre de l'aile, en est le support exclusif en vue d'un vol époustouflant

     

     

      je n'ai pas d'idée neutre, il faut mourir à chaque souffle. c'est à partir de rien qu'on se lève matin, imbu de tout un rêve. pour te parler d'aujourd'hui et de l'éternité d'aujourd'hui j'userai d'un langage inactuel, délibérément a-factuel, transversalement sensuel
      ou la route

     


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  •   la chose sans ombre n'existe pas - seule l'inexistence serait sans ombre, si l'inexistence était quelque chose. survivre à sa négation implique d'investir l'inexistence, c'est à dire en quelque sorte d'inexister, ou d'épouser son ombre, ne plus s'en distinguer.
      la lumière résulte de la fusion du corps et de la tombe: dieu le cadavre vivant, l'universel zombi, la vie sans l'ombre d'un vie, l'ombre sans vie de l'acte pur.

     

     

      chien de méfiance - tout se donne à détruire. ainsi naît l"amour entre la cuisse droite et la cuisse gauche, à l'intersection desquelles vagit le premier mendiant, l'aumône originelle, sodomie printanière...

     

     

      mon homme n'est plus un homme. n'est plus qu'une femme. l'ombre prend vie, et possession. je prends la forme d'une dépossession, j'achète un titre. non je n'achète rien - tout corps à vendre, en tout bien tout déshonneur. la mort purifie, ainsi dieu emprunte t-il les traits de noire hostilité.
      nous aimons or il ne s'agit que d'une chanson, d'une chanson c'est tout: tout c'est à dire tout plus le rien, tout moins le tout, tout plus que le tout qui n'est rien, que l'addition de soi à sa propre soustraction - pas l'enfer non, mais l'idée indélébile d'un paradis errant, en rupture de ban.

     

     

    la vie d'un j'ton

     

     

      


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  •   tête de flop, subtil mercato...
      dans le ventre un homme creuse, creuse son lit, feignant d'ignorer qu'il s'agit du sien propre d'ailleurs qu'importe, tant que creuser creuse et que s'enfoncer ré-
      sume à soi tout seul l'absence large, multiple
      de perspective...

     

     

      les petites bêtes s'enfuient, tant pis on mangera les grosses. mon corps se divise en deux parties égales et réciproques, et me voici occupant l'espace même de seul désunion. j'attache mon pied au pieu à l'aide d'une corde à toute épreuve. ma croix ne se tient pas bien droite - j'en profite pour m'échapper en pensée, me concevoir tout simplement nuage...

     

     

      je ne suis plus l'amant opaque, l'œuf pourri de pâques. j'achète tout à crédit, crédit compris. la veuve a tombé sa robe noire, elle apprête son deuil d'un autre tour de hanche - elle me rappelle quand j'étais jeune, c'est à dire quand
      je ne me rappelais encore de rien, raclant l'écuelle, pur médisant

     

     

      suis-je l'homme sans histoire, d'une roue libre le meunier dormant? j'ai mal au g'nou, j'ai mal au bide, j'ai mal à ma caduque naissance - au monocle resté coincé entre le présent et le présent, l'éternité et son absence, le fou hurlant
      et l'ange qui passe...

     

     

      être dérive d'un abus de confiance, et, paradoxalement, ne trouve sa confirmation qu'au travers de sa négation. ce n'est pas moi qui le dit mais le poème transversal, le poème-racole, les restes du festin que se partagent ceux qui ne furent conviés
      qu'à s'en passer et passer outre, tas de fumée sans feu...

     


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  •   qui s'est saisi de ce symbole (par exemple une croix), et s'est de fait relié à ce dont la mort ne peut venir à bout; a fait l'offrande rachitique de son souffle, sa petite mare de sang; et a rompu le désaccord clinique opposant au haut le bas, le tout sans
      contrepartie c'est à noter

     

     

      loin, très loin de ma patrie, que la terre est odieuse, à l'haleine fétide. je ne respire pas, j'ai l'impression d'avoir été réduit à la condition d'un poumon que l'on tond, sur moi la nuit déteint. tous les mensonges un à un, et tous les mensonges deux à deux, par la barbe se tenant tombent en masse - c''est la fête
      en phase terminale, l'apothéose tadam

     

     

      après soi nul déluge - à peine une déflagration dans le champ de quelque arrière-conscience... remettre son âme à dieu n'est pas un sport de combat, surtout quand on ne distingue plus vraiment qui de dieu,
      et qui de l'âme...

     

     

      charmante matinée - étendue noire des blés. un ancêtre en moi soulève le couvercle, les humains sur les toits s'assemblent et s'adonnent à de vertigineux ébats. tout est affaire d'équilibre, rappelle t-on à ceux qui tombent. hors sol leur demeure. le miracle ne survient décidément pas c'est vraiment comment dire, vraiment une
      charmante matinée...

     

     

    je suis là près de toi et je n'agite rien, sacré travail de sape


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  •   imitant le reflux, je me noie dans un bien peu profond soupir. on y laperait dans le creux l'ultime goutte de sève, la langue suant contre les grilles d'un paradis en plein renversement, par ailleurs étrangement survolé d'une mouette. de la viande de mouette. d'un élan à sceller. le retour à l'essence se fera finalement
      en fauteuil roulant

     

     

      qui de soi, ou de soi, prend la photo, et qui y pose? pâlement y figure? se plie à un revirement de fortune? entre en scène, l'investit, retourne se coucher tant il est vrai qu'une roue dans le ventre, ou qu'un corps livré à lui-même ne tient pas la route? nous émettons des signaux incertains à l'adresse inconnue, supputant un improbable écho, simple révélation de notre
      stupéfaction d'être

     

     

      dans la chambre du mort, un silence aux abois résonne particulièrement bas. il faut inspirer à pleines narines ces gouttelettes flottantes du brouillard matinal. j'avance dans la boue. des décennies durant j'avance dans la boue, non sans quelque réticence j'avoue. un homme porte l'hiver dans son cœur - un jour et sans pudeur le voici (l'hiver) qui éclot et c'est tout
      et même moins que ça

     

     

      pour être libre devant ma porte. me réduisant à ça, au dernier jour s'en va - l'azur en équilibre sur le sommet du crâne, de chaque crâne, du dernier crâne s'en va. brûlant ses voiles et lestant son savoir on dirait qu'il comète, en zone éradicale ou post-frontalière, sur le si bien nommé, en contre-bas,
      parking municipal

     


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