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toute la mort meurt, et les gens avec eux
les gens meurent malgré eux, mais avec eux quand même. c'est dommage
c'est dommage évidemment mais ça pourrait, ça pourrait être pire évidemmentje sais pas pourquoi tu dis ça pourquoi tu dis ça je sais pas
c'es mieux avec la langue, avec la langue oui mais sans les dents. j'enlève les dents
voîlà, cômme ça. sans la langue ça ira mieux comme çale saignement de nez c'est pas pour faire joli: le saignement de nez c'est bien ça fait joli
et tous les saignements, les autres saignements, d'ailleurs les autres sur leur lit,
endoloristu me parles de ma maison et ma maison s'écroule
c'est comme ça ma maison: elle s'écroule de tout temps elle est
perpétuel écroulementle fait de revivre tout ça est-ce que ça t'embête pas
est-ce que tu veux vraiment tout effacer de ta mémoire pour ne revivre que ça, indéfiniment
est-ce que vraiment, vraiment tout ça, indé-
finimentle but c'est d'arriver de l'autre côté sans que l'autre côté s'en aperçoive
et lui faire l'amour à contre-courant, si on veut
si on veut pas on l'aura pas volé quand mêmesinon partir, partir derrière les vacances, plus loin encore que les vacances, là tout au fond des vacances
dans la vacance totale, éternelle et fragile, la
mort congédiée
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tu te figes là, quoi, prête à la non-riposte, et mise à déchanter
un peu de rayon vert, un peu de soleil borgne - une vague odeur de sexe ne réenchante rien
c'est promisla matinale des ploucs - déjà se dégonfle le jour.
en diagonale, de préférence en diagonale...
parce qu'au fond du manger y a plus rien à nourrir
c'est le jeûne, car c'est à jeun qu'on meurttu te fais une beauté, une beauté par où sinon?
et pour qui?
pour personne. pour l'image de personne. pour la nuit passée sans succès et rentrée la queue basse
entre les gouttes
toujours entre les gouttesle bon côté des choses, à l'envers de chacun
dieu trimbalant ses galoches en plein désert humain
soulevant la poussière d'âme, récitant son mantra
sur le bout de nos doigts, sur le gland de nos viesil ne manque rien, ou presque - il ne manque presque rien
petit homme sans gêne, cherche femme sans scrupule
si, il manque quelque chose, comme un trou à l'abandon
pour échapper au trou...
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ça n'a pas de sens, ça n'a pas de non-sens non plus les mains surfant
sur la vague du dos je crois que moi, moi aussi je vacille moi aussi je chancelle, béquille flottée
et bientôt je perds pied...je ne m'angoisse pas
je pensais seulement qu'entre nous ces choses-là n'ont plus lieu d'avoir cours
mais c'est encore le mou, frétillant, le mou
d'entre les cuissesbouge pas je te le fais
reste assise là, ne t'occupe de rien
je te rends compte de tout, n'en tiens pas compte si tu veux, si tu veux caresse-moi les dents
avec tes dents
- il plane comme un air de déjà-vu et ce sur
la terre entière, et ses tristes ressortsnos migrants ont les cheveux longs, ils traînent jusqu'à terre
nos gitans ont le bras long, ils fouillent les poches des gens, du ciel, et même les poules
de qui donc suis-je le juif, de quelle errance
introspective?je n'ai jamais couché dehors, c'est un paradigme perdu
ou seulement quand il gelait, que la marée montait,
la bébête tourmentait...
je n'ai jamais couché dedans: y avait pas d'place dedans
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la pluie nous unit morts. c'est bien
il en tombe comme il peut, c'est mieux - pleurer par en-dedans, à sec, pleurer de l'intérieur
je vais boire quelque chose, j'ai bien peur, jouissant à contre-pied,
d'aller boire quelque chosele poids s'en mêle, mais personne ne s'en mêle
le poids de personne et le vide sur sa chaise, jambes croisées, le nombril en stupeur
depuis que je suis né c'est toujours la même chose, la même chose
chantage à loup-y-es-tu
menace à qui-va-làil est mort mais là n'est pas la chanson, pas la question
il est mort et voilà, il n'est pas là quand même, sauf que les morts, sauf
que seuls les morts y sont vraiment et qu'ailleurs, ailleurs,
tâtonne la vision
d'un seul œil et clignantdes mines de grâce sur le chemin de croix
la vue fantastique qu'on a du golgotha
un jour magnifique, moisissant sous la bruine
les bras croisés dans l'dos et l'anus aux abois...j'évite de vivre, j'évite ainsi de naître
toute une éternité néanmoins me chie dessus, oiseau de sale augure
béquille pour sardine, le réel m'enfonce un doigt dans l'œil jusqu'au cœur
et ça fait mal au g'nou: je crois
je fléchis tout à coup...
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tout ce que j'embrasse je l'embrasse comme ça, le sors de ma mémoire
je n'ai pas le compas
d'établir une circonférence, ma frontière est poreuse
ma mère n'est pas porteuse, la fourmi point prêteuse - ne fus-je donc appelé qu'en tant que témoin?
et d'où vient notre crime, que nous voulions mourir...?nous nous réveillerons demain, la gueule de bois, le cercueil en transit
la dalle est de béton
tranquilles travaillant, ou chômant, le croissant nous restant
en travers de la gorgeles morts sont dans la nature comme chez eux, mais moi je m'y sens mal
en abstraction lyrique, en ciel à la lucarne, je n'aspire pas au bonheur -
rien qu'à ce vent soufflant si haut,
si haut par-delà les avionsabolir la propriété ne suffit pas, la funeste illusion d'un sécurité rentière
abolir tout, tout abolir: simplement en ne bâtissant rien
laissant l'esprit croître hors les murs, l'esprit nu, la mort en coït de dieu
ma chandelle est morte - quel feu s'en soucie?est-ce vraiment par amour de l'éternel que je roule ainsi du versant mort, giratoires catacombes?
je ne t'accuse de rien, petit bonhomme - avec inconsistance pour unique voix de salut
l'insouciance nous délivrera t-elle
de l'acharnement des teignes?
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j'avance à travers champs
comme ça, par amour de la boue sans doute
par l'inavouable goût de la flétrissure dont est imprégné l'homme
ou la femme, sa forme subliminale, par forcément plus stable
et qui se dit où moi je vis
n'en vivra pas d'autre ou seulement
sur mon dosje ne ferais pas de mal à un pou certes, mais aucune grandeur à cela depuis que je me rase la tête, alouette...
tout le corps empalé sur son propre fémur - y a pas que la soupasse de bonne dans cette écuelle, y a aussi la fausse arrogance de quémander envers et contre
toute l'humiliante sollicitude
de l'aumôneje ne jouis pas: j'ai peur de perdre ma patrie, de laisser échapper un bref et odieux juron,
de malencontreusement parier sur le mauvais cheval, le canasson rachitique et pourri qui a perdu jusqu'à la dignité
de dissimuler sa déchéance sous quelque grotesque affabulation
et le voici crevant tant de dépit que de soif c'est tout, croulant sous leurs épluchures de graines de tournesol, leurs rognures
de blettes évidences...ta mère la mort
et puis on s'insinue en douce et malgré tout, jusqu'à trouver cela joli et pourquoi pas charmant
charmant ta face de pute, ton petit orgueil défait, la main qui jamais ne daigna se poser sur ton front et pourtant,
pourtant l'instinct si clair, l'humeur imprévoyante et qui sait... le destin qui répare tout ce qu'il a détruit
juste en y repassant, en soufflant par-dessus, juste en
se déminant la queue...
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trait de désunion entre l'ici et l'au-delà, cercle rompu où la figure se blesse: un homme, un homme seulement
errant dans l'espace vainc'est une raison
de vivre et cela me ressemble, abracadabra le verre
se désemplit, écartelé sur sa fracture tandis que le jour
s'augmente de la pensée qui s'en soucie
d'ailleurs il tombe
je crois je l'accompagne...mes mains
pleines de choses qui n'existent pas, de présents qui ne s'offrent pas,
de silences périmés mes mains
pleines de doigts croisés, de pouces élimés, de lignes défaites ou de fuite mes mains
débordant de caresses grinçantes, d'orgasmes soupirants,
d'une sûre pulsion de mort mes mains pleines
de mains vides, et s'agrippant au vide...je sais ils n'en ont pas l'air et pourtant ce ne sont
que de petits billets doux déposés dans les canaux
du grand réseau fictif et par eux acheminés
jusqu'au vide sidéral où ils finiront un jour, je l'espère,
par croiser le regard sans opprobre ni reproche
de l'éternité, la belle immaculée...j'aurais pu me contenter, bien-sûr, de fermer les yeux
et sur les yeux fermés de refermer les yeux, afin d'aboutir, instantanément,
au terme ainsi qu'à l'origine de tout(e) geste
si seulement j'avais eu les yeux de les fermer, et pour toute voix le grain
éraillé du silenceainsi me voici donc
maître d'un jeu sans règle
mat au premier quart de tour...
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vivre
ne servait à rien, enfin je veux dire, que vivre
ne servait qu'à survivre
c'était donc peu
soit énormément peuje n'ai plus de subconscient - qu'un vaste
cimetière militaire fleurissant la plaine de
mille croix synonymes...on a du mal à vivre, on se traîne sur le ventre, on se couche sur le dos
on traite le mauvais temps de mauvais temps, on en rajoute: et pas
une seule goutte - c'est la misère
totale...ça se cultive, mourir
: on creuse un trou en soi, on s'y enfonce, on se vomit dans le trou en soi jusqu'à
ce que plus rien de soi ne sorte ni ne dépasse, jusqu'à
être soi-même entièrement devenu
le trou en soi, espace libre
et souffrantl'espace là, entier
ou bien rester assis, se lever, se dégourdir
les jambes, l'esprit, se soulager d'une angoisse subite, sexe au poing
le souvenir vaincu, le revenir perdu...
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