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fusil je tire sur un chien rouge, le même chien rouge
qui chaque jour m'attend sur le trottoir d'en face
et ne me parle pasmourir ne suffit plus pour accéder à l'immortalité il nous faudra
monter d'un ton en radicalité, tenter la caresse sur
les couilles du monstre endormi, chanto-
nner sous l'acierma participation au combat restera nulle, je tire les bottes des agonisants afin d'
en aérer les pieds, ultime confort et réconfort
d'un mégot rougeoyant dans
la bruine, piètre prière...c'est vivre les visages, et leur donner un nom
et je dis bien donner, tant ce qui n'est pas donné
valeur égale à nulle -
je suis la vie et son suicide
je suis la vie et sa hantise
je suis la vie
et sa résurrection (c'est dire si je parle du fond de
la tourbe...)(lécher l'os de ses morts, est-ce que
ça désaltère?) les hommes sont morts et ils ne disent rien - les morts
n'ont rien à dire, ils se
tâtent le pouls, le pouls leur dit
adieu ou comment dire
adieu
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les hommes font ci les hommes font ça, mais en fait même pas
je bande à ton passage, j'ai tout le reste du temps
pour débander, déboutonner, parfois me demander
quelque choseje marche comme je marche, plus ou moins droit, présumant
vaguement d'une issue
s'il n'y en a pas ça n'fait rien, on rebroussera
chemin, ou autre choseje veux bien que l'on m'aime mais pas trop
ou pas tellement
un jour ça change rien
là où la mer éclate, je ne suis rien
et où je me contente de n'être rien, la mer se calmeon ne peut pas être vrai on ne peut qu'
être déshabillé de son mensonge, violé en quelque sorte, trahi en son âme
on ne peut que se trahir, se dénoncer
à sa propre, très propre pulsion
de mortj'ai ramassé un chien dans la rue et depuis il me suit partout
je crois qu'il ne répond
qu'à mon nom, moi qui ne réponds
à aucun nom
tu me dis je suis chienne, je te réponds je suis de mèche - mais tu me dirais n'importe quoi je
te répondrais n'importe quoiun jour j'avais une huître dans la bouche
ou carrément c'était la bouche qui servait d'huître
la mer n'est jamais loin, l'au-delà borde l'ici, l'éclabousse même
je me mets un bavoir - par précaution d'abord, mais surtout parce
que c'est plus propre
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partir c'est hors la tombe, je ne me prédestinais
à rien, le chapiteau percé laissant
passer la pluie...nous éclairent nos morts - nous la tête contre l'mur, la cuisse en friche et le coït
ininterruptus or la fraternité des uns
fait la fraternité des autresun cheval c'est tellement rapide - surtout quand ça fout rien
surtout quand c'est un âne
que ça refuse d'avancer et que lolek le porte
sur son dos et parfois même, pour le faire rire le fait sauter
sur ses g'nouxnos cheveux sont plus longs par derrière, contournant les oreilles, on est tous d'amiens-nord
je m'appelle comme il faut, je sais plus trop comment, me tenant plutôt droit
penchant raide et des poux sur la langue
on en ramasserapetit prisonnier de nos rives si tu t'échappes ne reviens pas
si tu reviens t'es con, on se fait tous manger
là où on r'vientc'est juste dommage que la circonscription
aille pas jusqu'à la mer...
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blanc d'œuf: brûlent les tripes, la tête est froide
de même qu'en un seul jour, et d'une seule bouchée, les marées
hautes concluent aux marées
basses c'est comme ça, on essaime et on finit par s'en remettre aux
choucasêtre vivant c'est rien, mais remonter la pente...
vision apocalyptique d'une giclée d'arbres mouillés, et soi le rachitique,
l'enfant gâché de l'outre-face, la tête creuse entre deux claques
le sale bâtardla probabilité d'en vivre un autre
la seule unique mais toujours vierge
il se retourne, puis se retourne, se retrouvant ci-céans pris dans un écheveau d'horizons
une dent le perturbe, tombée jadis dans l'i-
négal combat de l'ombre
contre son campd'ailleurs le temps n'est plus à refaire, ni la vie par derrière
on te dit que dieu n'est pas un virus, mais bien au centre d'un système
éminemment immunitaire, la chaleur ci-devant
un peu partout les dents m'en tombent, un silence claqué
m'en a muré l'issue...
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tout roule un peu vite - il nous faut camper
sur nos pieds, nos petits pieds tordus
bots et rabotésquand on ne peut plus échapper à dieu, quand ne reste que ça
craquent les digues
sous un râle de mouetteje ne m'ennuie pas, je crève
d'affliction
un petit bassin me tend sa flaque, un petit bassin
m'aspire au fond de luila neige dans le cou ou le poil à gratter il faudra tout, tout
pardonner
dégivrer le rétroune vie part en couille, une autre
exécute sur place
quelque saut de grenouille
retombant sur son flasqueje voudrais convenir, convenir avec toi
d'un cheminement facile, de par les berges noires, et pas seulement
- ne mourons pas
sans se l'avoueron ne se
dit presque rien, et si dans ce presque
s'immisce une allusion, ne rebroussons pas
chemin si tôtje m'en vais quelque part
d'un pas creux, je n'y crois plus vraiment j'attends
désespérément dieu, désespérément rien, désespérément c'est toutil manque à mon oreille
une boucle, la voix douce de l'écho, un silence
répandu sur la cendre
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j'irai cracher mes dents, chier ma langue dans ton trou o dieu vagin fétide, des fois je me sens juste au fond de toi tel un
stérilet désappointémais pourquoi mon amour, pourquoi ne veux-tu pas
faire
partie de ma famille - est-ce parce que
je
n'ai pas de famille est-ce parce que
je
mange tout seul
et dans mon trou, si profond trou
tombe dedans, dedans tout seul?je mange pas d'os, ronge pas mon frein - j'aime pas la viande
un temps me maltraite, foutu temps, je le traite de
foutu temps, il me crache à la gueule
il me crache tout l'temps, que veux-tu, que puis-je faire, je me trouve tout
nu, nu dans le glairej'apporte un espoir - à toi
de le réanimer, néant
souffle sur les cendres, néant, et prends en plein le nez, plein la vue
une bouée ne suffit pas, siphonner l'océan ne suffit pas, pleurer
n'est pas assez
je remonte mon slip, et droit devant je vais traversant
la fouleje n'irai pas plus loin, je tombe dehors
la nuit nettoie tout
marcher main dans la main, dire qu'on marchait
main dans la main, le dodo clandestin
un cyprès a poussé, très haut cyprès - plus l'arbre monte, plus la voix
porte loin
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ma vie ne tient qu'à un poème, fil fébrile
j'encule un chien, un chien aura
t-il pitié de moi? je pleure debout, je ne sais plus quel
sens se tient debout, j'accueille un mort, un
trou tout au fond de moi - je suis ce trou
je suis ce morton pourrait rire, rire à profusion - je ne ris pas
je ne ris plus
le rire a quitté ma bouche, ma gorge, mes côtes, et s'en va rire plus loin.
une fois quitté de tout, le creux
cherche un milieu, un œil, des yeux
pas seulement pour savoir
: d'abord pour s'arrêter, pour que
ça s'arrêteest-ce en mourant qu'on tue la mort
comme en baisant on tue l'amour - je bois un litre, puis deux
et la bouche reste sèche, la langue pâteuse
je casse une noix, deux noix - aucune image
ne survientj'éteins la lampe - à quoi pourrait encore servir une lampe? la lampe
aveugle, trouble la lim-
pide obscurité, sa transparence innée, de me la main droite je m'touche la queue, de la main gauche
- toujours de la main gauche -
je tâte le vent, questionnant le
sans-réponse...or la mort est
une utopie
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comment expliquer la nuit, celle qui t'enserre, te noie - celle qui t'affame aussi de l'intérieur, ver extrême
solitairecomment expliquer l'attirante répugnance, la pulsion répulsive - sombre t'on dans un
effroi lucidecomment réconcilier le mort à sa maigreur, le bonhomme à sa laideur, comment lui
préserver sa pudeurcomment se supporter, supporter d'être, embrasser le lépreux sur la pustule, la
bouche venimeuseil y a une illumination. une humiliation heureuse il y a une illumination
crucifiée - vermine
ronge ta planchepas porter de chaîne autre que celle qui te lie à ta sale et inhumaine condition
pas traîner de boulet autre que celui de vivre, succombant sous le poids du non-sens dans sa version abjecte
aborder l'étranger en l'apostrophant de toute fraternité, et le laisser te faire les poches, le cœur tant qu'on y est, tandis qu'au ciel muettement hurle
un désespoir plus grand encorequand seule l'exécution délivre de la condamnation, ne sommes-nous pas
damnés?
j'ai un temps pour tout mais je n'ai pas de temps pour ça - je navigue en flottant je coule
en me noyantpartir partant mais partir où? les îles aboient ti-
rant sur leur laisse - un monde s'effondre, laissant du coup
l'air respirer
respirer bien profond, s'enivrer somp-
tueusement de videor l'instant
est la mort
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