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je ne rentre pas à la maison. trop obscures les raisons qui m'y ramèneraient, quand si claire l'irraison qui de fait m'en éloigne.
c'est qu'il existe entre nous le champ borgne d'un retour qu'aucun pas ne relève de sa torpeur. ce à quoi rien ne me relie a déclenché la pannemais dans quel sens
du vent c'est une aubaine, j'ai perdu quelques siècles. assis là contre un arbre, un mur à bout de bras, l'ombre chinoise d'un
arrêt de car sec. le temps nique mon accent je crois je ferais mieux de
déboucler ma ceintureje me débine
voyez-vous moi aussi j'ai une vie après la mort, le cœur en rade et la ville en morceaux
car on ne sait jamais non on ne sait jamais. on ne sait jamais ce dont on ignore tout, le cœur en rade
et le nord à l'encan...désormais je reste seul, je ne
me proportionne pas - les oreilles du néant dressées en coups d'ciseaux, j'ai la crasse un peu crade, et de doctes discours notamment
arrachés à la bouche de gosses dont l'haleine morve, contre une pièce de deux balles
ou une souris morte...remarque du bout mort. et sauve qui peut le pneu, servant de bouée à une salve de vague creuse
jusque là j'adhérais, mais dès lors et depuis ce temps-là, oh depuis ce temps-là que dès lors, j'adhère pas
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nous nous silenciâmes. or nous nous quittâmes. et depuis ce temps-là rien ne peut venir à bout
de notre indéterminationde notre mélancolique attrait pour tous ces jours-arrache, ces herbes mi-folles mi-gazon, mauvaises et mauvais ne manquant cependant
d'humilité, ni d'absence ferme de
convictionet moi je mange avec quoi. avec une cuillère ou quoi. et j'ouvre ça avec quoi, en m'arrachant les doigts ou quoi. quelle porte flaque, quel vent me malmène - tu dis amen ou tu dis quoi
alors tu trais la vache. tu perds une dent. tu zappes la date de naissance de tel ou tel enfant chétif. paisse ton genre sous un ciel crayeux: enfin tu vis...
je ne me mords pas la queue je
n'amasse pas de butin. d'où cela vient ça m'est égal. je me laisse flotter sur un matelas de pierres rugues, un tout petit chien couché, pour ainsi dire couché
contre mon flancje ne me rends compte de rien - mais que le fil est lent
du temps des queues d'cerises et qui s'étire, s'évase, projette de vastes horizons en marge des progrès
et s'emmerde tout seul...
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ce qui fait qu'il n'a pas vraiment vécu, laissé aller... certains s'abîment en route. d'autres tombent déjà tout esquintés, tout flippés d'entre les cuisses infanticides. d'autres enfin s'en sortent indemnes, mais y succomberont quand même...
tu n'y échapperas pas - à quoi? à la rose en parka: elle a des épines tout le long de sa vulve et dans sa bouche. elle parle une langue mystérieuse, que les gens d'ici-bas n'entendent pas. il y a des jours où tu cherches vainement à te persuader de son inexistence
je n'ai pas mis d'eau aux plantes. j'ai oublié. ou j'ai eu la flemme. et puis je m'en foutais après tout. si je vais me chercher à manger ce n'est pas parce que j'ai faim, c'est juste que je n'ai pas la patience d'attendre que j'aie faim. je n'ai pas le courage d'avoir faim
une autre fois sans doute... celle-ci fait la part belle: aux idées sans suite, fumeuse inconséquence; aux fausses confidences, jeux de main jeux de vilain me diras-tu; aux visites sans surprise, les pentus golgothas du dimanche...
on se contentera de tourner la tête vers le large - vers le large c'est ça...
et puis nous soupirâmes. vous soupirâtes nous soupirâmes. nous soupirâmes c'est ça...
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ne sachant où il va, l'aveugle sait d'autant plus clairement qu'il va. il est comme qui dirait l'ombre du chemin
la canne ouverte, le ventre videpartage avec moi la chaleur inhérente, subhumaine, le gant sur les yeux parce que ça pique. on s'est toujours efforcé de se soustraire au réel, au sentiment pâteux ou visqueux, plâtreux ou boueux du réel. on traînait une laisse au bout de laquelle
manquait son chien...toute la nuit j'écris des mots, des mots sur le plafond. ce sont mes amis morts - des trous dans le silence, dans le béton crispé
des anus en plein vide...quarante fois tu digères un bonbon. ou donc as-tu encore dégoté ce bonbon. ça te fait les doigts tout collants, tu ne peux rien toucher sans y coller. mais tu y touches quand même. faudra tenir comme ça jusqu'à la toussaint
après c'est bon, on lâche touton lâche d'un geste. je n'ai pas apprivoisé chaque mimique, régulé chaque émotion. je n'ai pas pris toute la mesure, par quel bout ai-je commencé
ni de rien suis-je la fin...un abruti me lira le destin dans les plis de ma main braille... jusqu'ici je n'ai pas eu à attendre - le temps s'évacuait sereinement de moi, en chiasse refroidie
faut dire qu'il faisait froid
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une seule pierre soulevée
et aucune ombre dessous.
j'ai un homme dans l'homme, à l'écoute
de ses propres pas, et je ne sais
quoi en faireles chiens ont des dents, c'est vrai les chiens ont des dents.
à force d'être nu, nu dans ma coquille
j'ai perdu ma coquille
- je suis pas mort dedans
mais c'est tout comme...en un sens giratoire, ou par un
retour à soi - s'il n'est pas convenable l'amour
laissera tout au moins
des traces sur le mur, des taches sur les draps, peut-être même une ride sur
la mer morte de l'âme - faut-il être amoureux
pour s'essuyer à l'âme, essuyer donc tout çaun ange sur le déclin, un chien de maigre rut et pas le pire
de mes ennemis - je lui tourne le dos, c'est fou
comme un dos sert à tout
et à n'importe quoi.
moi je ne sers à rien
sauf à dieu quitte ou double, à l'horloge cassée bref
à pisser dans l'écuelle ou sur ton corps malade, à sucer des bonbons là
où tombent les bonbons...j'avais un œil sur vous, oui mais j'avais un œil sous vous aussi...
le sens de l'unité préserve les naissances, polisse les angles morts, aiguise de même
les facultés de décevoir, d'anticiper les décès, les retarder d'un jour
tous les décès c'est moi. je suis la croix. manquent les clous
urgent les clous
ils sont tout dorés les clous
tout dorés tout rouillés
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chien c'est moins chien
mais c'est lui qui le dit
et la vie pouët pouët pouët... de chien
et la mort prout prout prout... dans l'âme
on sait répondre à tout ça, si ce n'est de tout ça
aussitôt dit aussitôt faux - ça ne rapporte
rienun homme a pris sa femme
dans ses bras
je crois bien qu'elle y fut
pour quelque chose elle aussi
un homme a pris sa croix
dans ses bras
comme on sort du PMU un dimanche midi, la démarche un peu
sanguinolente, l'œil légèrement
de traviole...je meurs debout
c'est pas vrai mais
je meurs debout quand même
et nul ne m'en
empêchera nul ne m'en
tiendra rigueur - surtout quand ça fout l'camp, quand ça se sort
la tête du cul, et qu'on sait plus vraiment
par quel bout se pendre...je me suis trompé en fait, je me suis trompé depuis le début, et tout trompé
ce n'est pas de mourir le plus dur, mais bel et bien la mort, l'idée claire du néant
mourir pour un bien serait beau biélorusse - mais mourir pour rien, concevoir ce rien-là: voilà le bois
dont toute croix est faite, le ver auquel
toute pomme sert à boire...
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il ne s'agit pas de survie (qu'importe la survie) : les principes
vacillent sur leur droit, l'évidence arrachée sous
la valeur d'être, le sens du sens, ou encore le bien-fondé d'une
quelconque aspiration...
et si j'aime un destin, ce destin m'aimera t-il, se reconnaîtra t-il seulement dans
le vélo jaune d'anquetil?la mémoire procède bizarrement, reconfigurant la base de données perdues
ma vie elle est pas dedans
ma vie elle est pas dehors
je ne veux pas que l'on m'entende j'exige
que l'on m'octroie un silence
- d'ailleurs qui pourrait me soustraire (où irais-je)
à l'infinie distance?un chien méchant ça mange pas d'pain
un homme assis me dit merci
je n'ai pas d'âge, je m'rase la tête, je m'endette à tes frais
je parle à mon nombril mon nombril ne se rend compte de rien, agent fluide, ne me rend compte d'à peine
davantage...tu te promènes vêtue
du simple paysage, pas plus
que ça ni d'habitude - tu dis que je suis étranger, or ça n'excuse rien
par ce qu'en fait, tu n'es même pas un étranger, ce qui t'exclut de tout
: de toi-même, d'une patrie quelconque, de l'interminable liste des débaptisés
ramassant sur le bas-côté des routes
de jolis coquelicots monsieur, de jolis coquelicots padamqui me pardonnera?
quand t'es rien, et le seul à savoir que t'es rien, où trouveras-tu quelqu'un
pour te le pardonner?
faudrait être hall de gare
faudrait mourir debout, chantant contre le froid
rien, rien de rien - sur un rond-point l'éternité derviche
m'a pris de court
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hors la force, et déchu de toute conviction
les doigts dans l'trou la tête en l'air
je ne crains rien de ma vie
je ne crains rien de ma mort
et si oui, non quand même
libre puisque mortel, aimant
puisque impuissant
limite inconséquent...la tête elle a basalte
l'enfant en toi bas-âge
tu meurs ainsi tu développes
un certain sens intime
de la fragilité.
d'où je viens je ne vois rien, je regarde et
à force de ne rien voir, je me nettoiele temps des fleurs est piétiné
le temps des gerbes aussi, des épitaphes sentencieuses
soit dit en passant un lèche-bonbon aura toujours besoin d'un bonbon
un dieu pense à envoyer sa fille cette fois - perverse méditation...je n'arrive pas à être l'homme, quoique dépouillé nu même attifé d'une peau de jonquille
j'ai perdu mon mystère - telle fut ma chance de rentrer bredouille
un dieu me bande les yeux et me fait tourner toupie
trois doigts sur cinq trois fois pour rien
et me voilàje ne sais pas si je t'aime, alors même que je soupçonne là l'unique question légitime
et responsable.
seul un poème sauve le monde mais le monde souhaite t-il
être seulement sauvé?...
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