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un chien parmi un chien
se retient de l'aboi. qu'il est étrange
de vivre, plus encore d'y penser - je ne suis
l'homme de personne, et c'est en l'homme que je ne me reconnais pas, et c'est en dieu que l'homme
se reconnait en moi
lequel n'y ressembleje ne me parle plus. ou alors de travers, à tâtons et en off
je suis seul à présent, et pour l'éternité seul - j'ai trop mal pour mentir, trop tort pour avoir mal
un chien m'a crevé l'œil ce n'était pas
un chien d'aveugle cependantdepuis la mer on voit la mer, or la mer ne veut rien, aveugle et sourde à toute douleur muette ou perçante
la douleur est le seul contact authentique que je puisse établir avec moi-même: la douleur ne ment pas
dieu-le-sans-douleur douloureusement s'épanche sur ma douleur, ainsi suis-je la douleur d'un dieu qui ne connait la douleur qu'à travers moi
du coup je dirais pas que ça se fête, mais quand même...un chien me crève un œil, je lui tends l'autre: qu'ai-je besoin de voir?
que tout vaut d'être vu n'implique pas que voir vaille quoi que ce soit, alors je pisse un peu partout, au hasard
un peu à l'est, un peu à l'ouest
sur un genou de femme ou contre un mur de briques
un peu par terre en me grattant la couille
un peu en l'air aussi...
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les hommes désormais vivront seuls.
avec leurs mains sur leurs genoux, leur langue dans la bouche. les hommes désormais
ne se mordront plus les lèvres d'angoisse, ils ne savent pas ça, ils ne savent plus
où se tourner pour ne pas se croiseron peut mourir autant de fois qu'on veut, jamais oh grand jamais on ne
ressuscitera.
ou alors pour faire semblant, dans un faux bruit de couvercle, on se dira qu'on a raté le coche, qu'on s'est
trompé de porte
- ce genre de choses...on ne recense plus les bras. on ne recense plus les nerfs qui tendent ces bras, les ordres qu'ils transmettent aux mains en bout de bras. on ne s'adresse plus
aux illégitiimités. on supplie. on sait que ça ne sert à rien mais on supplie
parce qu'on sent, à la racine-même de sentir, que supplier
éclaire le néantma mère tape du tambour
laquelle de mère oh tant de mères - mille faces convulsées de mère...
par où commencer à se noyer? je
suis une ophélie. je suis deux ophélies. puis trois, puis quatre, des milliers d'ophélies
tant d'ophélies qu'elles encombrent le courant, et qu'on n'a plus qu'un lit
d'ophélies suffocantes, frétillantes, exultantes - de cassandres secouées sous les coups de boutoir du
violeur institutionnelchacun meurt dans sa tombe et dieu ressuscite de chacune de ces tombes.
et l'esprit, ou la culpabilité de l'homme, s'enquiert désespérément de sa pureté :
il pleure, il pleure, nulle innocence ne venant
le consoler de soi
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celui qui se rebelle, une fois mis hors combat, regrettera son ombre
il se mariera c'est certain, à une image au/en fond de soi, placardée à même la veine, le compost cellulaire
il en va de ci, de là, mais toujours autrementje ne recommence nulle part. je ressasse le nom dans l'espoir d'une moindre consistance à l'esprit - l'esprit tombe des nues
je me lève avant, je me lève après - vivre pendant reste au-dessus de mes moyens, diminués par les effets indésirables d'une originelle fausse coucheil le sort de la tombe comme ça, d'un claquement de doigts, d'un clignement de l'œil
et qu'est-ce que j'aime l'amour, pense t-il en se tortillant le zizi
d'ailleurs je voudrais être mort, parfaitement translucide, sans souvenir de moi
actuellement je me trouve, comment dire... fort démuniquand je me tais enfin, la voix n'ayant plus d'âge...
rien que t'embrasser te violerait, rien que l'idée de t'embrasser
te souillerait. je m'abstient donc - depuis l'éternité donc je m'abstiens
un ciel ressemble à un ciel. on voudrait mourir assis, trouvant en cela un bon compromis entre station debout
et posture rampante...ciel je m'en encombre. je regarde devant et le devant s'enlise
l'homme sans travail, noyé dans son propre souffle, récitant de travers,
l'homme réagit mal à la peur qui s'installe, à l'idée qui l'ausculte - il voudrait y échapper il n'y
échappe pas
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recommencer à zéro c'est toujours revenir à soi. la tombe du si peu d'amour ouvre les bras à dieu - ce qui reste quand il ne reste rien...
cet éclat-là, ce noir absolu dont l'éclair déchire notre perplexité
plus incroyable encore que de mourir: avoir été, être apparu mirage carné
j'en crains l'inconséquence...neige après neige, terrain conquis...
frappée au front l'étoile du néant, je traverse le temps
le retraverse en sens inverse sans n'avoir cependant fait un seul pas
il n'y a plus d'être en nous que l'amour qui s'effondresilence on s'émerveille, de ces seins nus sous les pulls rêches
quant à celui qui toujours nu, qu'aucune maille ne raccorde
j'aspire à autre chose qu'au moi raide, tombe immonde et blasphème contraire
nulle clarté ne vient inonder mon villageseul un décor s'écroule en moi, zone franche d'un universel en totale déroute
je pêche avec ma canne. et quand ma canne se rompt ou se noie dans le courant je pêche alors sans canne
je grave mon testament dans la neige simulacre - rien, je ne posséderai jamais rienlève la tête pigeon mort. sur les toits le ciel s'ennuie, la vie me pèse. il n'y a d'autre veuf que le mort-même
et la mort m'aime.
je ne me parle plus. c'est quelque chose de plus profond que moi qui parle et qui dit moi, qui dit quoi - qui dit que la mort l'aime...
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celui que l'on croyait vivant n'a jamais croisé de vérité. il s'est vautré dans la boue subterfuge, s'est arraché jusqu'à la racine des cheveux
nul membre du corps ne me sert. et je ne sers à rien, pas même à dieu. je sers l'angoisse et l'angoisse m'en ressert un
mais ai-je seulement le courage de l'angoisse?une bonté si simple, désarmée désarmante, un amour détaché
ici les christs sont légions - leurs croix balisent les routes, ces rampantes subversions s'arrachant à la forme
la bouche que j'embrasse me répare mille fois, la bouche que j'embrasse ni ne me crache, ni ne me mange
elle souffle sur ma douleurau bout du compte nous nous aimons, vidés totalement de nous-mêmes, récurés jusqu'à l'os
n'avoir besoin de pas moins que dieu, rebrousser la lame dans le manche, une éclaircie parfois
vient briser le paysage
et le fait jouirle ciel me parle entre tes genoux. entre tes genoux l'amour rend fou
ce que je fus, cette part d'inabsolu en moi, toute vouée au néant, constitue l'essence-même de la déité
je me rapproche inexorablement de moi, et quand du bord du gouffre je lui tends la main,
il me la mord...
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un chien sur les épaules d'un homme
ne le grandira pas.
je m'écarte du chemin, ou le chemin s'écarte de moi, il n'y a pas d'universel donc le particulier en soi
ne relève de rien
tout alors compte, quand désormais rien ne comptedu gouffre au sommet et du sommet au gouffre, il n'y a qu'un pas, qu'un souffle, qu'une histoire qu'on se raconte ou qu'autre chose se raconte à travers nous.
les yeux bandés je traverse le boulevard. j'ai peur. je sais que je mens. je sais dès lors que je ne mens pas, que mon mensonge ne parvient plus à voiler la vérité, la vérité sans objetje ressasse une vie. - est-il déjà trop tard? il me faut choisir une tombe. je ferme les yeux et je m'en remets à dieu. j'en appelle à la lumière interne. j'ai beau m'égosiller à tort et à travers le moineau du buisson ne me
répons pas. je chante où personne ne chante...mon petit doigt m'a dit: mange les barreaux de ta cage ils te repousseront dedans.
j'allume un cierge en l'honneur de je ne sais plus quelle vierge. un glaçon sur le gland éludera la question
le mort en moi n'implore pas grâce. le mort en moi écarte les bras, crucifié de lumièreà la fin il ne reste que dieu, en lequel rien ne finit.
il n'est dès à présent que dieu, et nos yeux s'écarquillent.
mon rêve est dieu, mon sang est dieu, ma cendre est dieu - je ne sais plus où je commence et où je finis en dieu:
d'ici-même dieu renaît à sa propre éternité...
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vacances. tuberculeuse. on sourira le moment venu de sourire. on se ravisera. vraisemblablement, on se ravisera. on ira à la rencontre d'un tel, d'une telle. on se précipitera vers ce qui n'existe pas, pourchassé par ce qui existe vraiment, comme si on pouvait exister faussement. or faussement jurait le roi
un chien. son os. c'est bien plus qu'un destin: c'est l'ordre donné au destin. s'oublier comme si mourir de vivre, se soumettre. je ne t'embrasse pas non je ne t'embrasse pas - même en rêve, je ne t'embrasse pas. je résorbe la violence
un jour j'écrierai un poème. un jour: quand je ne serai que mourir. là j'ai ma bouillotte. ici mon arrosoir. un jour j'écrierai un poème la vérité ne me fera plus peur et donc la vérité ne m'atteindra pas. regardant dans le miroir je ne verrai plus que le miroir. regardant dans le vide je ne verrai plus que moi
la dernière vie, pourquoi la dernière vie? quelle étrangeté d'avoir honte de son innocence, et d'en vouloir à toute innocence de nous renvoyer à cette culpabilité de l'innocent. un chien ne fait pas le loup. un chien ne se définit que par le fait de n'être pas un loup. un loup quant à lui ne se définit pas. il suggère la présence muette de la mort, la justice sans coupable ni innocent - le visage de ce qui ne porte pas visage...
d'ailleurs je rentre chez moi. ce qui signifie que je sors de tout refuge, que je m'expulse abondamment. qui ne me recueillera pas sera mon tôlier, ma tôlière, et les enfants de la tôlière. le chien de mon tôlier. qui ne me comprendra pas se prendra pour moi-même - quant à lui déjà loin, arpentant les ombres vives, séquences vides
des chênes qui s'ignorent...
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des fois j'oublie que certains hommes sont des femmes, je ne le fais pas exprès. des fois aussi j'oublie que certains arbres sont des ours, et que les ours n'existent pas. dans les calins d'enfant, à la rigueur. à la rigueur les enfants sont les êtres les plus malheureux au monde mais ne le sachant pas, pour accoucher d'une ombre qui, détroussée du malheur, n'en sera que le savoir - ou le souvenir pieux, sagement horrifié
tu pleures après quelque chose mais tu ne sais pas quoi, tant la cause d'une chose n'en est que le prétexte, et la douleur vaut plus que la raison de la douleur. tel un cheval sans tête lancé au grand galop. qui voudrait de la tête tranchée d'un cheval dans son lit, et de plus vous fixant?
je m'arrête là. je reprendrai le train demain, ou le car. tout dépend des distances or la distance est infinie, autrement dit infranchissable, et l'on n'y rebrousse pas chemin. je massacre mon nom au marteau-piqueur, et ce dans l'assourdissant silence de la mémoire. la mémoire en noir et blanc. même pas: la mémoire monochrome. toute de boue séchée, d'alarme veuve. je crie tout en ne supportant aucun écho, à ce cri
la dernière fois j'étai hier. et je ne suis présent qu'en tant que je me souviens de moi, c'est à dire que je me reconnais. je me suis déjà vu. j'ai déjà reniflé cette odeur. déjà craché à cette face. déjà sombré à l'hécatombe. heureux - nous avons pourtant tous été heureux, au moins une fois. une fois ou deux, qu'importe. qu'importe en effet, à ce stade...
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